A LA LUMIERE FROIDE DE LA TERRE – Première Partie – Chapitre 6

Chapitre 6

Le temps passait et nous avions pratiquement terminé d’élaborer Materia, revenant parfois inutilement sur des détails travaillés à de nombreuses reprises. Il me semblait que nous craignions d’annoncer la fin de notre travail commun. J’avais pour ma part de multiples autres tâches qui m’attendait, comme celle de créer le mobilier des deux palais de façon plus spécifiques – nous n’avions jusque-là travaillé que sur des parties visibles des édifices ou sur des « logements  témoins ».

Il me fallait concevoir des meubles qui puissent être rapidement réalisés, de façon rationnelle, afin que chacun soit équipé et puisse s’installer dans son logement dès que le gros œuvre serait terminé. Je devais aussi, et c’est pour cela que nous continuions à travailler ensemble, réaliser tous les plans de la superbe cité qui n’existait que sur une maquette virtuelle. Elle devait se traduire en plans métrés et chiffrés, permettant aux maitres d’œuvre et aux contremaitres de guider les ouvriers dans l’édification de la ville.

Maitre Wong pour sa part, en plus de ses fonction d’urbaniste, je le découvris lors d’une de ces confidences, occupait le poste de Ministre de l’environnement et de la gestion des villes. Ces fonctions impliquaient qu’il travaillât sur d’autres projets dont il ne pouvait visiblement pas partager la réalisation avec moi. Cependant, je le sentais souvent désireux de me mettre dans la confidence. Il fut sur le point de s’en ouvrir à moi à quelques occasions mais dans un soupir rapidement contenu, il retint ses mots et retourna contempler Materia qui rayonnait à la lumière réaliste de la table d’illusion.

– ce sera magnifique dit-il à la place.

– oui, j’en suis persuadée et je brûle d’impatience que nous arrivions pour que les travaux commencent. Il me tarde tant que la ville soit finit et qu’elle brille doucement dans le coucher du soleil. Vous imaginez quelle splendeur ce sera…Nous n’avons connu que noirceur et obscurité depuis si longtemps ! Je ne me rappelle pratiquement plus de la dernière fois où j’ai vu le soleil, pas vous ?

J’ai le souvenir d’une splendide après-midi, durant mes étude à l’École Politique, où le soleil était si chaud et si dangereux que nous avions du rester enfermé toute la journée. Mais sa lumière était un véritable réconfort pour nos âmes tristes et tourmentées. Mais vous avez raison, la ville sera resplendissante et nous pourrons enfin la contempler sous un soleil qui ne menacera pas de nous anéantir si nous nous y exposons plus de quelques secondes. Enfin, si nous y parvenons un jour, ajouta-t-il d’un ton soudain las.

– pourquoi dites-vous ça ? Bien sûr que nous y parviendrons et nous réaliserons toutes ces splendeurs. Nous avons été formé pratiquement toute notre vie dans ce but !

– j’aimerai tant avoir votre optimisme mais ça n’a jamais été dans mon tempérament et puis les nouvelles ne sont pas bonnes, vraiment pas bonnes.

– que voulez-vous dire ?

– je ne devrais pas vous en parler, vous n’êtes pas censé être en possession de ces informations. La contrôleuse de censure deviendrait folle si elle apprenait que je vous confie les petits secrets de l’état-major, mais je travaille avec vous tous les jours depuis des mois et j’ai confiance en vous. De plus, après tout ce que nous avons accompli, il me semble juste que vous sachiez que notre vaisseau est en bien plus mauvais état qu’on ne le dit à la majorité de la population qui l’occupe. Au demeurant, cela ne servirait à rien. Si les équipes mécaniques et techniques ne parviennent pas à le réparer rapidement, nous risquons nous aussi de nous retrouver dérivant comme beaucoup d’autres. Vous savez, nous n’étions pas prêt pour ce départ, pas prêt du tout ! Ce n’est pas dix mois qui nous ont manqué, mais probablement cinq années, si ce n’est plus ! Les vaisseaux n’ont pas la résistance suffisante pour effectuer un voyage aussi long…beaucoup d’imprévus nous sont arrivés depuis le départ : nous avons traversé une nuée de météorites dérivants et les impacts ont causés de gros dommages que les techniciens s’efforcent de réparer actuellement. Mais nous n’avions pas non plus anticipé l’usure liée à la vitesse, aux couches de gaz acides que nous traversons, ainsi que beaucoup d’autres évènements tout aussi effrayants que nous ne pouvions imaginer. Le vaisseau tient pour le moment mais l’état-major s’inquiète énormément. Il reste encore presque six mois de voyage et la structure est déjà en piteux état.

Il dévida tout cela dans un seul souffle saccadé et je sentis un frisson glacé parcourir mon corps. J’aurai aimé qu’il me dise que c’était une blague mais ce n’était pas dans ses habitudes et son air désespéré amplifiait, si cela était nécessaire, l’angoisse qui me serrait le cœur. Nous avions donc œuvré pour rien, espéré pour rien ! À quoi servait cette tentative désespérée d’échapper à une planète en perdition si c’était pour mourir lentement en dérivant dans l’espace ? Nous serions déjà tous mort à l’heure actuelle et notre mort aurait été rapide, probablement immédiate et tout cela n’aurait plus aucune importance.

Je retrouvais Joshua, totalement démoralisée et je l’entrainais sous la douche pour lui faire part des confidences de Maitre Wong. Fort étrangement, il ne sembla pas étonné mais il me laissa terminer puis me répondit :

– j’espérais que tu ne l’apprendrais pas trop tôt parce que je ne voulais pas que tu t’angoisses inutilement. Au demeurant ce n’est pas aussi dramatique que te l’a dépeint Maitre Wong. Écoute, j’ai un plan. Un plan auquel je réfléchis depuis déjà quelques temps, enchaina-t-il sans que je comprenne où il voulait en venir. Nous ne sommes pas seul, Zellana…Nous ne sommes pas seul à ne pas apprécier la manière dont on nous infantilise. Les secrets qui entourent Sobia et son gouvernement sont problématiques pour tous ceux qui se posent des questions. Enfin, il serait trop long de tout t’expliquer maintenant, mais sache que nous sommes un petit groupe qui réfléchit à la manière de nous tirer de ce guêpier si les choses tournent mal.

– Mais, si nous dérivons en orbite, je ne vois pas ce que tu pourras y faire ! répondis-je plus agressivement que je ne l’aurais voulu.

Cela me mettait en colère qu’il ait été au courant mais qu’il ne m’ait rien dit. J’avais l’impression de détenir un secret très important que je m’empressais de partager avec lui pour découvrir qu’il en savait déjà beaucoup plus que moi et qu’il avait anticipé une solution sans rien m’en dire. Sauf que dans le cas qui nous préoccupait, je ne voyais pas quel type de solution il pouvait avoir !

– Maitre Wong ne t’as pas réellement dit la vérité Zellana. Certes, le vaisseau n’est pas en très bon état mais le problème principal réside au sein du gouvernement lui-même. Certains détracteurs de Sobia trouvent que Materia est une véritable folie. Attention, je ne remets pas en cause ton travail mais tu sais comme moi que nous avions pour objectif de ne pas commettre les mêmes erreurs. Et que sommes-nous en train de faire sur ce vaisseau ? Nous travaillons tous à fabriquer un palais somptueux et une cité magnifique pour l’élite de cette nouvelle planète, là où tous devraient participer à l’effort d’installation. Tu ne trouves pas cela injuste toi ? Nous allons peut-être bénéficier, grâce à la qualité de ton travail et à ta créativité, d’une jolie maison sur les pourtours de la ville, mais comment vont vivre les autres ? Tu te souviens des consignes que tu avais reçues pour l’édification du village agricole ? Des maisons spartiates et rudimentaires disposant du confort minimum car tous nos efforts devaient être concentré sur « la tâche », enchaina-t-il avec une véhémence que je ne lui connaissais pas. Ça ne te révolte pas de savoir que la quasi-totalité de la population va vivre dans des baraquements pendant que le gouvernement et une fraction de la population triée sur le volet vivra du labeur des autres dans une ville disposant de tout le confort ?

Je restais sans voix. Prise par l’enthousiasme de la création de Materia, j’avais occulté cette réalité qui pourtant m’avait traversé l’esprit au début de mon travail. Mais que pouvais-je répondre à Joshua, cet homme habituellement prudent et réservé que je découvrais révolté et déjà prêt à l’action ?

– j’avoue que je suis perdue, Joshua. Sommes-nous en danger ?

– probablement oui, me répondit-il d’une voix apaisante. Mais pas pour les raisons que Maitre Wong t’a donné. Le vaisseau résistera, les moteurs probablement aussi. J’ai beaucoup parlé avec des techniciens, tu sais le petit peuple que l’on ne voit jamais ! Ils ne sont même pas conviés aux réunions auxquelles nous assistons !

– Tu veux dire qu’il y a une partie de la population que l’on ne connait pas ? m’exclamais-je, sidérée que tous ne soient pas représentés.

– bien sûr ! Dans les étages inférieurs vit une autre frange de la population du vaisseau. Ils n’ont pas accès aux infrastructures dont nous bénéficions tous les jours et leurs cabines ressemblent à des dortoirs, mais ils sont là et ils travaillent pour que le vaisseau fonctionne correctement ! Ils élèvent le bétail pour que nous puissions manger à notre faim, ils cultivent les plantes pour que nous ayons des fruits et des légumes, ils recyclent l’eau pour que nous puissions boire, nous doucher, aller à la piscine !

– mon dieu, mais comment es-tu au courant de tout ça ?m’écriais-je horrifiée de me sentir comme une enfant gâtée.

– parce que j’ai eu l’occasion de descendre au fond du vaisseau ! me rétorqua-t-il avec vigueur. Ils avaient un problème parasitaire sur leurs récoltes qui menaçait de se répandre à l’ensemble des plantes. Ils ont du faire intervenir quelqu’un en urgence. Étant de plus basse extraction que tous ceux qui m’entourent, ils ont dû juger que je pouvais me rendre dans cette partie du vaisseau sans que cela porte atteinte à mon grade. On n’allait pas exposer un ingénieur sortant de l’école politique pour un stupide parasite !

– je suis désolé Joshua, lui dis-je en voyant à quel point cela l’avait touché.

– non, ne le soit pas. J’ai apprécié ces gens qui travaillent sans se plaindre. Ils sont heureux d’être là, d’avoir été sauvé malgré leurs origines. Ils ne savaient même pas qu’ils étaient sur le vaisseau présidentiel ! On leur avait fait croire qu’ils étaient sur un vaisseau usine et que personne ne résidait dans les étages supérieurs. D’ailleurs, il faut une accréditation et un passe spécial pour s’y rendre. J’y suis allé avec Daïa, tu sais le garde qui nous a accueillis lors de notre arrivée. Celle qui nous a trouvé cette suite. Elle m’accompagne chaque fois qu’elle peut. Nous trouvons toujours un prétexte pour descendre car nous avons commencé à stocker des outils, des graines et du matériel en tout genre. Nous envisageons de transformer plusieurs navettes en bétaillère. Enfin, le plan prend forme. Je t’en parlerai quand nous serons plus avancé, finit-il dans un murmure.

– mais pourquoi faire tout ça si le vaisseau ne rencontre pas de difficultés particulières ? lui répondis-je avec une agressivité née de la jalousie soudaine qui m’avait envahie.

Joshua le silencieux avait tissé des liens avec des gens, avec une femme en particulier et avait gardé tout cela secret.

– parce que nous ne sommes pas sûrs de ce qui se passera au moment où nous arriverons su Matria. Qui nous dit que ces gens ne seront pas réduits en esclavage sans rien pouvoir y faire ? On a déjà commencé à leur mentir, pourquoi s’arrêterait-on à l’arrivée ?

– mais dans quel but, Joshua ?

– toujours le même, la cupidité ! Ces gens sont cupides. Ils veulent toutes les richesses pour eux et ne tiennent en aucun cas à ce que le partage soit équitable. Tu crois qu’ils vont abandonner leurs privilèges parce que nous changeons de monde ? Non ! Tout restera pareil, rien ne changera sur cette nouvelle planète.

Ce seront toujours les mêmes qui travailleront pendant que d’autres profiteront de leur labeur, sans rien faire d’autre que de la répression quand cela sera nécessaire. Nous allons recréer le même monde Zellana, et ça, nous sommes de plus en plus nombreux à ne pas le vouloir.

– mais que comptez-vous faire pour l’empêcher ?

– il est trop tôt pour en parler. Je te fais confiance, tu le sais, mais moins il y aura de gens au courant de notre plan, moins il courra de risque d’être découvert. Tu es trop près du pouvoir. Maitre Wong n’est pas celui que tu crois. Je veux bien croire qu’il soit gentil avec toi et qu’il te traite comme une égale, mais ne t’y trompe pas, Zellana, il fait partie de leur monde, pas du notre !

Je n’ajoutais rien. Il fallait que je digère tout ce que mon mari venait de m’apprendre. J’avais l’impression de découvrir un homme que je ne connaissais pas ; un homme en colère et révolté, loin du gentil jeune homme conciliant que j’avais connu. Cela le rendait-il plus séduisant à mes yeux ? J’avais du mal à l’appréhender. Je pensais que le temps m’aiderai à démêler les sentiments confus et bouillonnant que je ressentais, tant pour Joshua que pour tout ce qu’il m’avait appris, mais je m’aperçus que je ne décolérais pas. Femme futile que j’étais, je restais accroché à l’image de Joshua côtoyant la jeune Daïa quotidiennement et fomentant avec elle je ne sais qu’elle révolution dont j’étais exclue. Mon travail s’en ressentit et Maitre Wong me rappela à l’ordre un jour que je faisais inutilement tournoyer un lampadaire virtuel sur le bout de mon doigt, tant j’étais perdue dans mes pensées.

– Madame Folong ? Quelque chose ne va pas ? Vous semblez de fort mauvaise humeur et je crains que votre créativité ne s’en trouve affectée, me dit-il d’un ton plutôt froid.

Ma créativité en était plus qu’affectée, elle était totalement ensevelie sous les tonnes de ressentiment qui m’envahissaient chaque fois que je les imaginais ensemble. Comment avait-il pu me faire une chose pareille ? Comment pouvait-il me tenir éloignée de ce qu’il tramait dans les entrailles du vaisseau ? Mais je me repris rapidement, reposais le lampadaire et souris à mon « ami ».

– non, tout va bien, ne vous inquiétez pas. Je réfléchissais à tout le travail que nous avions accomplis et à sa mise en œuvre quand nous arriverions. Je me fais du souci pour la réalisation du mobilier. Il va falloir couper la forêt aux abords de Materia, et même si je sais que cela laissera de la place pour les cultures, je regrette que nous devions couper tous ces arbres. Nous en avons tellement manqué sur terre !

– cette réflexion est tout à votre honneur, reprit-il avec plus de chaleur dans sa voix, mais il faudra dégager le plateau de toute cette végétation sauvage. Cette foret emmêlée serait une insulte à la beauté de la ville et puis, comme vous l’avez si justement dit, où mettrions nous les cultures qui vont alimenter la ville ?

– je me demandais, Maitre Wong, dis-je en changeant volontairement de sujet, où allons-nous construire les habitations des agriculteurs, des pécheurs, et des ouvriers…enfin de toutes les personnes qui vont œuvrer pour que la cité soit ravitaillée en nourriture, en eau, en électricité…

– c’est un problème auquel nous ne nous somme pas encore attelé, vous avez raison. J’attendais que nous en ayons terminé avec la ville à proprement parlé, me répliqua-t-il sans sourciller.

– vous savez, derrière cette butte, ajoutais-je, en faisant bouger le relief de Materia du plat de la main,  nous pourrions construire un charmant petit village, vous voyez, là ! dis-je en lui montrant un tertre d’assez grande envergure à l’intérieur des terres, à quelques kilomètres de Materia. Nous pourrions construire un de ces beaux villages comme on en voit sur les vieilles photos. Ces villages avec des ruelles en pentes, des fontaines et des maisons colorées. Un lavoir sur le bord du fleuve, un petit port de pêche. Ça pourrait être charmant, vous ne trouvez pas ?

– vous devriez me laisser me charger de cela, je vous rappelle qu’il est dans mes attributions de régler ce type de problème, répliqua-t-il en plissant ses beaux yeux jusqu’à qu’ils ressemblent à deux fentes sombres et peu amènes.  

– bien entendu, maitre Wong, je ne voulais pas être impolie, je rêvais à voix haute, répondis-je en baissant du nez.

– je ne vous en tiendrai pas rigueur, mais abstenez-vous à l’avenir d’imaginer autre chose que ce que l’on vous a demandé, répliqua-t-il d’un ton sec que je ne lui avais jamais entendu. Sous son apparente gentillesse se cachait une âme de chef.

– bien sûr, je me remets au travail immédiatement, répondis-je servilement en masquant de mon mieux la colère qui bouillonnait en moi. Je retournais à mon lampadaire dont je fignolais le pied durant de longues minutes, cachant autant que possible l’exaspération croissante qui m’envahissait. Je ne devais pas me mêler de concevoir un village ? Je ne voyais pas où étais le problème, si ce n’est que cela donnait encore une fois raison à Joshua qui m’avait prévenu que la population active risquait fort de ne pas être traitée comme on le lui avait fait croire au moment de l’embarquement.

Quand je retrouvais Joshua, je le rejoignis sous la douche pour un long conciliabule au cours duquel je l’informais des dernières directives de maitre Wong. Devant ma colère, il me serra tendrement dans ses bras et m’exhorta à garder mon calme et à être patiente. Les choses ne se passeraient pas comme le gouvernement l’avait prévu, il m’en faisait la promesse.

– je ne peux pas t’emmener en bas pour que tu rencontres mes amis, ce serait trop dangereux pour toi comme pour eux. Tu es trop en vue et tu es surveillée en permanence. Soit très prudente dans tes propos et dans ton travail. Maitre Wong peut se permettre de te dire ce qu’il veut, il ne court aucun danger. Par contre toi, tu n’es pas à l’abri qu’ils débarquent dans ton laboratoire et t’emmènent pour un « interrogatoire ». Plusieurs personnes ont ainsi disparues en quelques mois. Je t’en supplie, je ne veux pas te perdre. Je sais que tu peux être impulsive par moment mais il faut que tu te contrôles. Tu te mets en danger et tu mets en danger tout ce que nous sommes en train de faire. Nous sommes sensé atterrir dans trois mois et nous ne sommes pas encore tout à fait prêt. Il serait dramatique que tout cela capote parce que tu t’es emportée contre ton maitre.

– ce n’est pas mon maitre. C’est juste un titre ! m’écriais-je outrée.

– tu en es sure ? Qui s’attribuera la gloire de la conception de Materia d’après toi ? Tu crois que vos deux noms figureront sur la plaque qui commémorera les architectes de la cité gouvernementale ?

– Joshua ! Je t’interdis de dire ça. Wong est loyal ! J’en suis sure ! essayais-je de me persuader.

– et bien, ne teste pas trop sa loyauté, s’il te plait, tu risquerais d’être déçue…

Il sorti de la douche en se ceignant d’une serviette qui laissait l’eau dégouliner de son torse. Je le regardais s’éloigner et j’admirais, malgré ma colère, la beauté de son corps musclé. Pourquoi n’arrivais-je plus à ressentir d’amour pour lui ? Ce n’était pas ma relation professionnelle prolongée avec Wong car depuis cette unique et troublant baiser, plus rien ne s’était passé entre nous. Mais tellement de certitudes volaient en éclat, que je compensais mon angoisse par une colère que je dirigeais principalement contre mon mari qui semblait gérer la situation bien mieux que moi. Je le revoyais le premier jour, cherchant le meilleur endroit pour ranger ses précieuses graines et je me fis la réflexion qu’il avait été bien plus avisé que moi qui m’étais jetée à corps perdu dans cette aventure sans m’interroger une seule seconde sur mes valeurs. Joshua était un roc ; quelqu’un de sûr. Je devais calmer cette colère en moi et lui faire confiance. Je ne l’avais jamais vu commettre d’erreur. Il ne faisait jamais rien sans l’avoir soigneusement réfléchis, tout le contraire de moi qui me fiais toujours à mon instinct pour créer mais aussi pour vivre. Joshua était le pilier auquel je devais m’accrocher pour ne pas perdre le cap. Je résolu d’être très prudente à l’avenir et de lui obéir. C’était une décision très nouvelle pour moi qui avait toujours était l’électron libre de notre couple. Mais Joshua m’aimait comme cela, il disait même qu’il m’aimait pour cela, parce que j’avais des impulsions, des élans et des envies qu’il était incapable de ressentir. J’aurai aimé participer à ce qui ce qu’il était en train de réaliser mais je m’abstins de lui en reparler. Il avait été très clair, je les mettrai en danger. Je me glissais donc sous les draps à côté de lui et cherchais le réconfort de son corps chaud qu’il m’offrit avec le sourire.

À partir de ce jour-là, je restais sur mes gardes. Je laissais maitre Wong parler tant qu’il voulait mais je me cantonnais à mon travail tout en m’interrogeant régulièrement sur ce que nous allions devenir une fois que nous aurions atterri à Materia. Maitre Wong aurait-il encore besoin de moi pour la réalisation de la cité ou me jetterait-il aux oubliettes pour récolter les lauriers ? J’étais incapable de répondre à cette question qui de toute façon allait rapidement s’avérer totalement superflue. Mais je ne le savais pas encore.

 

 

 

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