JE LA REGARDE – Chapitre 1

Chapitre 1

 

Je la regarde parler. Elle est debout à une cinquantaine de mètres de moi. Elle est toujours aussi belle, mais elle a changé. Ce n’est plus la jeune fille amoureuse que j’ai connu mais une femme sérieuse et affairée. 

Devant elle, le personnel semble au garde à vous. Elle parle, mais de là où je suis, je n’entends pas ce qu’elle dit. Elle doit probablement leur donner des consignes. Je me suis renseigné depuis que je suis arrivé à Bali. Elle est directrice de ce splendide hôtel dans lequel je prends mon petit déjeuner, caché à l’intérieur du restaurant. Je n’ai pas pris de chambre ici, même sous une fausse identité ; je craignais qu’elle ne me démasque et disparaisse à nouveau. Maintenant que je l’ai enfin trouvée, je ne sais plus ce que je veux. Je veux lui parler mais elle va avoir peur. Je veux la regarder. Finalement, la regarder est plus important. Elle est si belle dans son petit ensemble strict ; toujours juchée sur de talons qui mettent en valeur ses longues jambes. Elle a bronzé. Je ne l’ai jamais connue bronzée. Elle protégeait toujours sa peau pour la garder laiteuse et j’en étais fou. Mais le bronzage renforce l’impression de bonne santé qu’elle dégage en permanence. J’ai l’impression d’être en pleine confusion. J’ai mis si longtemps à la retrouver et maintenant que j’y suis, qu’elle est si proche, je suis tétanisé. Je n’arrive pas à avaler une bouchée de mon déjeuner dont les œufs se figent dans l’assiette. Je m’en fous. Si je pouvais la regarder toute ma vie, je le ferai ; mais elle bouge. Elle est si mobile ; ses mains parlent, son corps parle. C’est une chose que je n’ai jamais oublié non plus : à quel point elle est mobile quand elle parle. Elle semble heureuse, épanouie ! J’en crève de la voir si proche et de ne pouvoir la toucher. Sa peau, sa bouche, ses seins pleins et fermes, ses fesses, son ventre plat et musclé, son sexe savoureux. Il faut que j’arrête ; c’est ce qui m’a perdu. J’étais fou ; fou d’elle ; fou de son corps ; fou de son sexe ; fou de sexe. Je ne pensais plus qu’à ça : lui faire l’amour tout le temps. La posséder ; la baiser, la laminer, la pénétrer, la sucer, la lécher…je recommence !

Je ne dois pas penser à elle de cette façon, mais la voir, me fait perdre le contrôle. Ce contrôle que j’ai mis tant de temps à retrouver après son départ.

Il m’a fallut trois années longues et douloureuses pour me reconstruire, donner un nouveau sens à ma vie et repartir serein ! Je suis serein maintenant. Du moins je l’étais jusqu’à ce que je la voie.

Là, j’ai peur de perdre tout mes repères, de péter à nouveau les plombs et de replonger dans la dépendance. Son corps est ma drogue et je dois à tout prix m’en tenir loin ; je devrais m’en aller, la laisser à sa nouvelle vie. Elle est surement mariée, mère de famille, qui sait ; non, elle est trop jeune pour ça ; peu importe ce qu’elle est ; elle l’est sans moi et elle n’a pas besoin que je vienne à nouveau la détruire. Mais je ne peux détacher mes yeux de son visage souriant.Je la revois rire aux éclats dans mes bras et mon cœur se serre, mon ventre se noue, elle me manque tant ! Je voudrais encore qu’elle me sourit à moi, rien qu’à moi ; qu’elle rit avec moi, qu’elle crie sous mon corps ! Non ! Ça, c’est défendu !Je ne peux plus penser à elle de cette façon où ça ne marchera pas !

Elle a fini de parler au personnel qui se disperse pour retourner à son travail. Elle reste un moment, contemplative. La vue est superbe ; le soleil commence à briller haut et la mer est bleue turquoise. Je sais à quel point elle aime la mer. Je comprends qu’elle ait choisit ce lieu, cet hôtel sublime, dont la décoration exotique et moderne à la fois doit lui plaire par dessus tout. Chloé a des gouts simples, mais elle a très bon gout. C’est une chose que j’ai tout de suite remarqué chez elle. Même vêtue d’un survêtement ou d’un jean, elle est belle parce qu’elle rayonne. Rien n’est vulgaire chez elle. Elle n’abuse pas du maquillage, quand elle en utilise ; elle se coiffe simplement, et s’habille sobrement. C’est moi qui l’ai déguisée comme un mannequin. Elle a du aimer ça au début ; quelle femme n’aimerait pas être couverte de bijoux et s’habiller chez de grands couturiers ? Mais j’ai vite vu que ça l’ennuyait. Et plus elle s’en désintéressait, plus je voulais la parer comme une princesse. Elle s’est prêtée au jeu et je vois maintenant toute la patience et l’amour qu’il lui a fallut pour renoncer à ce qu’elle est fondamentalement.

Son petit tailleur simple à la coupe parfaite, la met bien plus en valeur que les robes de couturier que je lui ai fait porter. Elle a l’air détendue et à l’aise. Son poste de directrice semble lui aller comme un gant. Ça ne m’étonne pas. Elle est forte, très forte ! C’est grâce à ça qu’elle a pu s’enfuir loin de moi.

Mais maintenant que je l’ai vu, j’ai un problème : je ne sais plus comment m’y prendre. J’avais tout préparé dans ma tête ; une rencontre fortuite au détour d’un couloir de l’hôtel et, bonjour Chloé, comment vas-tu ? Tu travaille ici ? Etc. Je me voyais déjà réussissant à la convaincre de m’écouter, la charmant, la captivant, et elle tombait dans mes bras, folle d’amour. C’était beau, mais c’était faux ! ça ne peux pas se passer comme ça, parce que pendant que je la regarde, je me sens tout petit, ridicule devant la femme pleine d’assurance qu’elle est devenue, qu’elle a probablement toujours été, et je ne sais plus ce que je dois faire. Alors je paie mon addition et je m’en vais. Je dois réfléchir.

Au moment où je quitte le restaurant, elle se retourne, et durant un instant, nos yeux se croisent. Je continu à marcher mais mes jambes me portent à peine et mon cœur s’emballe. Je tiens le coup jusqu’à la sortie de l’hôtel et m’affale dans un taxi. Elle m’a vu !Maintenant elle sait que je suis là, que je l’ai retrouvé et je suis mort de peur !

Je donne l’adresse de mon hôtel au taxi, qui conduit comme un fou sur une route à peine goudronnée et pleine de nid de poules. Je suis secoué comme un sac jeté à l’arrière du véhicule. Ca tombe bien, je me sens exactement comme ça à l’intérieur ! Sur la route, j’aperçois de loin, les sommets pointus d’un temple, avec ces magnifiques toits superposés, comme des petites cloches carrées empilées les unes sur les autres, couvertes de chaume gris. Je crie au chauffeur de s’arrêter et lui paie royalement sa course. Il repart dans une gerbe de boue qui constelle mon pantalon d’eau maronnasse. Dans d’autres circonstances j’aurais râlé, mais là, je le prends comme une sorte de punition et me dirige vers le bâtiment sans plus y prêter d’intérêt.

Le temple est niché au cœur d’une végétation foisonnante. Les palmiers et les frangipaniers se mêlent, enrubannés de lianes tenaces qui s’agrippent à eux pour survivre et grimper au dessus de la canopée ; pour atteindre la lumière et le soleil. Les sous bois forment des murs de verdure autour du vieux temple usé et majestueux. Il y règne une pénombre renforcée par la mousse qui pousse partout et recouvre la moindre parcelle de terrain, de pierre et d’arbre. Les grandes racines des arbres forment des lignes sinueuses sur le sol, et certaines ont pris d’assaut les quelques marches de pierre noire qui mènent à la plateforme, leurs centrescreusés par les multiples pieds qui les ont érodés. Je grimpe sur la l’esplanade qui fait le tour du temple et enlevant mes chaussures, pénètre à l’intérieur. Des banderoles jaune vif ornent le sommet de l’autel sur lequel sont posées des statues étranges, mi-homme, mi-animal, figurines dansantes, figées dans des postures inquiétantes ; elles sont couvertes de colliers de fleurs ; des écuelles de nourritures trônent à leurs pieds, grouillantes d’insectes affamés et affairés ; des fleurs fraiches en bouquets éparpillées, et le silence partout. Seule la jungle qui nous entoure bruisse d’animaux invisibles. Il fait chaud et lourd mais à l’intérieur du temple, la fraicheur me saisit et un long frisson me parcoure des pieds à la tête.

Je m’agenouille devant une des statues et je me recueille. Je n’ais pas appris à prier au sens religieux du terme, parce que je ne crois en rien, mais j’ai compris comment faire le vide en moi et me concentrer sur l’essentiel.

Seulement aujourd’hui, j’ai du mal à déterminer « l’essentiel ». Est-ce moi ? Est-ce Chloé ? Est-ce cette rencontre que j’ai provoquée et que j’attendais et redoutais tant ?

Un regard ! Qui avait-il dans ses yeux ? Je n’ai pas eu le temps de le voir parce que j’ai fui ; j’ai baissé les yeux et je suis parti. J’avais l’impression d’avoir pris un énorme coup de poing dans l’estomac ; comme quand elle est partie. J’étais sonné et j’ai mal réagis. J’aurai dû aller vers elle, lui dire bonjour courtoisement pour qu’elle voit que je n’étais plus le même, pour qu’elle sache qu’elle n’aurait plus jamais à fuir ! Mais c’est moi qui ai fui ; c’est moi qui ai eu peur. Peur d’elle, de son regard, de son jugement. J’ai eu peur de voir de la haine dans ses yeux. Au lieu de ça je n’ai rien vu et je ne sais pas ! J’espère ne pas l’avoir effrayé à tel point qu’elle reparte à nouveau, qu’elle disparaisse une deuxième fois ! Et soudain, sans que je puisse les réfréner, des images d’elle me reviennent en mémoire. Des images de son corps frémissant sous ma caresse, se contorsionnant pour que je la prenne, contracté de spasme pendant que ses cris de jouissance emplissent mes oreilles et me procurent presque autant de plaisir que l’orgasme que je sens monter en moi ; geyser de sperme qui ne demande qu’à sortir et que je dois retenir encore pour qu’elle crie plus longtemps, pour qu’elle jouisse à nouveau quand j’éjaculerai. Je connais tout d’elle. J’ai arpenté chaque millimètre de sa peau et je les ai tous fait vibré. Je lui ai apporté plus de plaisir qu’elle n’en a jamais eu et qu’elle n’en aura jamais. Je l’ai amenée au sommet de l’orgasme de multiples fois. Je l’ai harassé de plaisir, inlassable, infatigable ; je l’ai baisé si fort que j’ai cru la traverser de part en part; et elle en redemandait encore, toujours. Elle ne se lassait jamais. Rien ne lui faisait peur…enfin, tant que je ne dérapais pas. Et j’ai dérapais souvent.

Je repense à la première fois où nous avons fait l’amour. Quand je l’ai serrée contre moi, enfin nus tous les deux, que je l’ai soulevée et que je l’ai pénétrée lentement pour la toute première fois. La première fois que ma bite entrait en elle. Jamais je n’ai ressenti ce plaisir depuis, avec aucune autre, ce sentiment d’aboutissement suprême. Elle était à moi, enfin !

Je n’ai jamais dit à Chloé que je l’avais déjà vu avant le premier soir au club. L’homme chez qui elle travaillait, Maitre Leglère, était un de nos avocats et je lui avais rendu visite de façon impromptu. Il m’a reçu, mal à l’aise de faire rentrer un client dans sa belle demeure sans âme. Nous parlions boulot quand elle est passée devant la baie vitrée du salon. Elle ne devait pas savoir que nous étions là car elle a commencé à nettoyer la terrasse avec un tuyau d’arrosage. Elle dirigeait adroitement le jet vers l’herbe verte de la pelouse pour ne pas salir les vitre ni faire couler de l’eau dans la piscine. Pourquoi ais-je remarqué ce détail ? Je n’en sais rien. Elle semblait tellement maitresse d’elle-même, de ses gestes posés, méthodiques et efficaces, de son corps mobile et gracieux. Elle dégageait tellement de calme et de beauté, que j’ai arrêté de parler pour la contempler. Cela n’a pas troublé son patron qui lui aussi la dévorait des yeux. Je lui ai demandé si c’était sa fille et il m’a répondu que c’était sa femme de ménage.

Comment pouvait-on employer une fille comme elle pour faire le ménage ? Avec le recul, je me rends compte à quel point cette pensée était stupide mais c’est ce que j’ai ressenti sur le moment. Je la regardais, fasciné. Une grâce féline émanait de chacun de ses gestes. On devinait ses seins à travers le tee-shirt ample qu’elle portait ; ses fesses étaient moulées dans un pantalon de jogging gris qui s’arrêtait à mi mollet. Elle était pied nu. Elle était sublime ! A un moment, elle s’est penchée en avant, dévoilant une partie de sa poitrine. J’ai aperçu la blancheur d’une dentelle et j’ai retenu mon souffle face l’assaut des émotions qui m’envahissaient ; l’homme à mes côtés a laissé échapper un soupir répugnant. Comment pouvait-il avoir le moindre espoir avec une créature aussi sublime ?

J’ai repris mes esprits ; j’ai mis rapidement un terme à la conversation et je suis parti. Je me suis garé un peu plus loin sur la route et j’ai attendu. Dans mon rétroviseur, je voyais le portail. Quand la petite voiture bleue toute cabossée est sortie, j’ai su que c’était elle. Je l’ai suivi sans difficulté, même quand elle slalomait entre les voitures sur l’autoroute, et je l’ai vu se garer dans le parking du club. J’ai attendu la moitié de la nuit jusqu’à ce qu’elle ressorte, presque au levé du jour. De nouveau je l’ai pistée jusqu’à la maison de Saint-Jean-Cap-Ferrat. Mais là c’était facile, je savais où elle allait.

Je ne sais pas pourquoi j’ai eu besoin de faire ça. Je ne me l’explique toujours pas, parmi tant d’autres choses ! Mais j’ai recommencé fréquemment. La voir, savoir où elle était me calmait. Et puis un jour,j’en ai eu assez de l’espionner et j’ai décidé de me rendre au club. La suite, c’est toute notre histoire.

Quand je l’ai vu dans son déguisement d’hôtesse, sa petite veste mettant en valeur sa poitrine excitante, sa jupe révélant ses jambes immenses et fuselées, j’ai eu envie de rire en même temps qu’une irrépressible érection menaçait de faire exploser mon pantalon. C’est venu d’un coup ; j’ai bandé si dur que j’avais mal à la queue. Je me suis dépêché de m’assoir pour masquer la bosse énorme et les danseuses sont arrivées, nous donnant une raison valable d’avoir la trique. Alors je me suis détendu ; Jusqu’à ce qu’elle se glisse derrière le rideau et vienne prendre ma commande. Vanessa, que je voyais pour la première fois, a tendu ses lèvres vers elle et pendant un instant, j’ai cru qu’elle allait l’embrasser. Ma bite à fait un bond dans mon boxer. J’avais mal. Je rêvais de pouvoir la sortir et l’astiquer vigoureusement pour qu’elle devienne moins douloureuse, mais je n’avais pas envie de me donner en spectacle.

Les autres ne s’en privaient pourtant pas et mon ami Antoine avait déjà enfilé la danseuse devant lui et la tringlait sans retenue. C’était excitant à voir mais je savais bien que mon excitation n’avait rien à voir avec son accouplement avide et légèrement bestial.

Ce soir là, il m’est arrivé un truc incroyable ; un truc d’adolescent ! J’ai attrapé sa main pendant qu’elle me tendait mon verre et j’ai éjaculé, comme ça, sans pouvoir me retenir. Le contact de sa peau a provoqué une onde électrique qui m’a fait jouir ! J’ai réussi à ne pas broncher, mais je suis resté poisseux toute la soirée ; soulagé de la pression physique mais frustré et agacé. Ça non plus, Chloé ne le sais pas. Comment lui dire qu’elle m’avait fait jouir en m’effleurant les doigts ?

Puis je l’ai attendu dans le parking et j’ai enfin trouvé le courage de l’aborder.Et nous avons vécu la plus belle histoire d’amour de tous les temps ; et ce devrait être la fin ; une fin de contes de fées : ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants…sauf que je l’ai tellement maltraitée !Les évènements de cette périodes étaient si chaotiques et violents que je l’ai fait fuir à l’autre bout du monde et qu’elle a du changer d’identité pour m’échapper !

C’est d’ailleurs un des points que je ne m’explique pas : comment a-t-elle réussi à faire tout ça toute seule ? Je ne savais pas qu’elle avait le réseau de connaissances nécessaires pour obtenir de faux papier. Sans parler de ce voyage planifier comme un véritable agent secret ! Même la DGSE ou la CIA n’aurait pas réussi à faire disparaitre quelqu’un  aussi radicalement! Pour que mes russes ne la retrouvent pas, eux qui ont accès aux bases de données d’un des services secrets les plus puissants et renseignés au monde !

Toutes ces questions ont pollué ma tête trop longtemps et je dois m’en débarrasser pour avancer. Il faut que j’y retourne et que je trouve le courage de l’aborder. Demain !

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