LA GROTTE DES VOYAGEURS – Chapitre 14

Chapitre 14
284° jour de la sison d’automne de l’an 1

Dès le lendemain, nous nous affairâmes aux préparatifs de cette nouvelle expédition, fatigués mais heureux comme nous ne l’avions jamais été. Nous avions enfin un projet commun qui allait nous éloigner de tous quelques temps et nous permettre de nous découvrir vraiment.

J’avais le sentiment de connaître tout d’Alex, tout en sachant que j’avais passé plus de temps à l’attendre, à me désespérer de lui et à le chercher, que nous n’avions passé de temps ensemble. Mais nous avions atteint un stade où le langage n’était parfois plus nécessaire. Nos yeux se parlaient, nos esprits se comprenaient sans avoir besoin de se sonder.
Alex chargea son cheval d’outils de base. Hache, scie, marteau, clous…virent remplir les compartiments de sa besace. Dans un petit sac à dos, il glissa quelques vêtements mais il refusa de trop charger son cheval pour ne pas l’épuiser. Il remplit mes fontes d’objets utiles et m’enjoignit d’être raisonnable sur mon paquetage.
– la route est longue et vers la fin, le chemin est difficile et escarpé. Les chevaux ne pourront pas porter notre poids et celui des sacs.
– bien. Pull ? Couvertures ? Maillot de bain ?
– pull, ça peut servir, couverture, c’est utile, maillot de bain ? Pourquoi faire ?
– on ne pourra pas se baigner ?
– si bien sur, mais on n’aura pas besoin de maillot, crois moi !
Je ris malgré moi. Je n’avais jamais été seule durant presque toute ma vie. Même durant ma période de célibat, le village se rappelait à moi quotidiennement. La perspective d’une solitude à deux me tentait autant qu’elle m’effrayait.
– mais on ne va pas s’ennuyer au bout d’un moment ?
– je ne pense pas, dit-il en coulant vers moi un regard lubrique qui me donna le sentiment d’être nue.
Je souris, un peu gênée et il m’embrassa tendrement.
– tu as dit au revoir à tout le monde ? ajouta-t-il.
– oui, et ça n’a pas été simple avec Martial, tu t’en doute.
– et Joshua ?
– oh lui ! Son bébé doit naitre d’un jour à l’autre. C’est à peine s’il m’a regardé quand je lui ai annoncé notre départ. Il a dit : encore ! Mais je croyais que vous étiez déjà parti ! Et il est rentré dans sa maison quand il a entendu Daïa l’appeler. Celle-là, elle me détestera toujours !
– ça a de l’importance ?
– oui et non, ça me touche et en même temps, ils ne font plus partie de ma vie. Quand nous reviendrons, ils seront probablement partis vivre avec Shebaa et Horacio.
– tu verras, un jour tout cela n’aura plus d’importance. Vous vous parlerez comme de vieux amis, dit Alex qui voyait que le sujet me contrariait.
– souhaitons-le, on y va ? dis-je, pressée de changer de conversation.
Joshua resterait toujours un sujet complexe et douloureux pour moi, je le savais. Son nom provoquait irrépressiblement un petit pincement douloureux quelques part dans mon cœur. Quant à Daïa, je ne l’aimais pas. Dès le première jour, elle m’avait déplu, et même si elle m’avait aidé en son temps, je ne l’aimerai jamais !
« D’ici quelques années, tu auras oublié tout ça » dit doucement la voix d’Alex. Je me tournais vers lui en colère :
– sors de ma tête !
– mais je n’y peux rien, j’entends tes pensés quand tu es troublée. On dirait que tu veux me les faire partager.
– en aucun cas !
– aller grimpe, me dit-il en désignant gazelle qui tentait désespérément d’attirer mon attention en piaffant d’impatience. Ses gros yeux roulaient dans ses orbites. Elle savait que nous partions pour un long voyage et elle en était heureuse. Je l’avais sentie en me collant contre son flanc. Si je devais communiquer avec toutes les créatures vivantes, j’avais intérêt à surveiller mes pensés !
Je grimpais sur la bête impatiente et serrais fortement mes jambes contre ses flancs. Si je voulais l’emmener avec moi, il fallait que notre contact soit le plus grand possible. Alex fit de même avec son cheval et, malgré l’inconfort de la position, se tint fortement à mon bras. Avant de poser mes mains sur la paroi en bois de l’écurie, je visualisais longuement la grotte de Materia. J’avais peur d’être parasitée par les images extérieures, en particulier celle du renfoncement dans lequel j’avais passé une nuit lors de mon périple avec Moya. Nous ne pourrions nous y retrouver tous sans dommages. Je parvins cependant à retrouver une image nette de la grotte et j’apposais fortement mes mains en fermant les yeux. L’éclair fut tardif, mes paupières closes le perçurent cependant. Quand j’ouvris les yeux, nous étions dans la grotte. Les chevaux se cabrèrent de surprise et nous dûmes les calmer en les flattant. Alex leur tendit une friandise qu’il avait gardée dans sa poche. Peu à peu rassuré, ils se laissèrent guider jusqu’à la sortie. Il faisait beau et l’air était à peine rafraichit par une brise venant des lointaines montagnes.
– tu es prête ?
– allons-y, je déteste trainer par ici, lui répondis-je inquiète de me trouver aux abords de Materia.
Alex prit la tête et nous guida le long d’un chemin pratiquement enfoui dans les buissons qui s’éloignait plein nord, vers l’intérieur des terres. Au bout de quelques kilomètres, il se retourna et dit :
– à partir de là, je pense que nous ne craignons plus rien. Je n’ai jamais vu un garde par ici. Nous sommes loin de tous les camps.
– continuons encore toute la matinée avant de nous réjouir. Je n’aime pas cet endroit, ne pus-je m’empêcher de répondre.
Pourtant, en regardant autour de moi, je ne pouvais nier que la région était belle, hostile mais splendide. La terre rouge de Materia ne laissait pousser que des épineux dont les branches vertes torturées se tordaient à angles droits, donnants aux buissons des allures d’attaquants armés de pointes douloureuses, même pour les chevaux qui peinaient en les traversant. Mais une fine herbe jaune s’accrochait en touffes têtues dans le moindre méplat de la terre poussiéreuse, et le ciel bleu semblait infini dans ce paysage sans relief, ce qui donnait l’espoir d’une vie dans ce lieu déroutant. D’ailleurs, de petits animaux crissaient et stridulaient sur notre passage. Nous marchâmes encore deux heures durant, puis les chevaux commencèrent à montrer des signes de fatigue. Nous n’avions croisé aucun cours d’eau, pas le moindre ruisseau, rivière ou source dans ce désert aride. Alex ralenti l’allure et me dit :
– encore quelques kilomètres et nous trouverons un point d’eau. En cette saison, il devrait être plein. Les pluies tombent assez régulièrement en automne.
Nous poussâmes donc les bêtes pour qu’elles reprennent la route, ce qu’elles firent d’un pas lourd. La fatigue était tangible et à plusieurs reprises, elles butèrent sur des cailloux qui semblaient sortir de nulle part. Finalement, une butte rouge veinée de jaune apparue et quand nous arrivâmes à son sommet, nous découvrîmes une véritable petite oasis. Autour d’un point d’eau d’une vingtaine de mètre de large, poussaient des arbres bas mais feuillus aux palmes larges et protectrices. Véritables capteur de pluie, celles-ci semblaient toutes diriger leurs longues feuilles vers le bassin, comme de multiples récupérateurs d’eau.
– que la nature est intelligente ! ne pus-je m’empêcher de m’exclamer.
Au sol, une herbe rase mais verte offrait une nourriture réconfortante pour les chevaux et un tapis douillet pour nous qui nous y installâmes en remplissant nos gourdes. Si Alex ne m’avait pas promis un paradis lointain, j’aurai volontiers proposé que notre route pris fin en ce lieu parfait, mais il semblait que la vallée d’Alex recela beaucoup plus de beautés et de trésors naturels que cet oasis pourtant miraculeux.
Alex sortis des fruits secs d’un papier soigneusement plié et me le tendit. J’en piochais quelques uns que je mâchouillais en regardant l’eau du bassin, à peine troublée par les longues aspirations des chevaux qui, du bout de leurs lèvres charnues et foncées, s’abreuvaient avec délicatesse. Autour d’eux, une kyrielle de petits animaux aquatiques s’agitaient, dérangés par cette intrusion inattendue. Je me demandais comment ce microcosme résistait aux fortes chaleurs de l’été. La terre rouge qui recouvrait le fond, donnait à l’eau une teinte bleu foncé. Elle détonnait dans ce paysage si rouge, comme si un morceau de ciel sombre était tombé à terre. J’avais envie de m’y plonger mais l’eau n’était pas aussi limpide que dans tous les cours d’eau que j’avais rencontrés jusqu’à présent et une peur irrépressible me retint. Pour la première fois depuis que nous étions sur Matria, je rencontrais un point d’eau dont je ne distinguais pas le fond.
– tu t’es déjà baigné dans ce bassin ? dis-je à Alex.
– non, et je ne le ferai pas si j’étais toi.
– pourquoi ? C’est dangereux ?
– non, je ne pense pas, mais tu vas perturber un éco-système qui se maintient grâce à son isolement. J’ai vu beaucoup de ces sources naturelles polluées par les hommes, leur végétations à jamais détruite et leurs animaux disparus définitivement.
– tu as raison…
Nous restâmes un long moment aux frais des palmes dont le lourd bruissement chantait à nos oreilles quand le vent léger les secouait. Puis Alex se déplia et me tira de la douce torpeur dans laquelle je m’étais progressivement enfoncée.
– il faut y aller. Nous devons encore parcourir une bonne distance avant de nous arrêter pour la nuit. J’étais sur que nous ne le ferions pas en une seule journée.
– mais nous avons le temps !
– oui et non. Tant que nous ne serons pas arrivés, je craindrais toujours que nous rencontrions une patrouille en maraude. Il en reste encore dans l’immensité de ce territoire. Ils manquent de tout. Nous serions des proies idéales pour eux : des chevaux, des provisions, des outils…
– ok, j’ai compris, allons-y !
Les chevaux reposés reprirent leur route à pas plus vif et au coucher du soleil, nous avions parcouru une distance impressionnante, me sembla t’il.
Nous nous arrêtâmes dans un creux de dunes dures et pierreuses, parcouru par un petit ruisseau. Un mince filet qui creusait le sol de son cours transparent. Il disparaissait quelques mètres plus loin, se perdant dans quelque anfractuosité rocheuse qui lui offrait une échappatoire.
– nous sommes encore loin ? demandais-je en descellant les chevaux et en les débarrassant de leurs lourdes fontes.
– si nous maintenons le rythme de cet après midi, nous devrions arriver demain, en milieu de journée. Quand tu penses que j’ai parcouru cette route à pied en une seule journée ! ajouta t’il en se parlant à lui-même.
– oui, mais tu n’étais pas encombré de deux chevaux qui nous ralentissent et d’une horrible bonne femme qui ne fait que rechigner…lui répondis-je avec humeur.
Il me plaqua au sol et m’embrassa fougueusement :
– j’aime quand tu rechignes, me dit-il en faisant courir ses mains sur mon corps.
– oh, Alex ! On pourrait nous voir, tentais-je dans un dernier sursaut avant la reddition.
– qui, les chevaux ? Je crois que ça leur est bien égal. Ils sont trop occupés à manger.
– bon, s’ils mangent…alors…
Et je me rendis.
Nous nous installâmes ensuite sous une roche plate soutenue par de gros rochers. Alex fit un petit feu avare dans un foyer préexistant, protégé par de grosses pierres noircies, sur lequel il réchauffa un ragout de viande et de légumes cuisinés pour le voyage. Nous avions des rations pour quelques jours.
– on peut voir la lumière du feu à des kilomètres. Il faut rester prudent. Dit-il sobrement.
– bien, on l’éteindra pour dormir.
– on l’éteindra avant de dormir et tu pourras contempler le ciel. Dans cette immensité il semble si proche, on voit parfaitement la terre. Mais en attendant, j’ai d’autres projets…
– oh non, pas encore !
– comment, on se rebelle ? Femme soumise, tu dois obéissance à ton homme ! dit-il en riant.
– pffff, fut la seule réponse qui me vint.
Elle était stupide parce que j’avais tellement envie de lui que je ne pouvais résister malgré mon énervement. J’avais l’impression que depuis que l’implant avait quitté mon organisme, ma libido était décuplée.
La nuit fut donc courte car le ciel nous accapara longuement et l’aube nous réveilla de sa fraiche rosée. Nous reprîmes la route après un petit déjeuner frugal. Le paysage ne se modifiait toujours pas et je commençais à craindre que nous nous rendions dans une version protégée de ce désert hostile, malgré sa beauté. Quand le soleil fut au zénith, je commençais à désespérer. Soudain Alex dit, en montrant un point que je ne distinguais pas à l’horizon :
– tu vois ces collines ? C’est là !
– oui, je vois, dis-je pour avoir la paix, car j’étais fatiguée et démoralisée.
Nous avançâmes encore une bonne heure et je vis finalement des collines terreuses apparaitre. La végétation y était encore rare mais en arrière plan, leur succession semblait de plus en plus verte, ce qui me rassura.
– allez, encore une heure et nous y sommes.
– tant mieux, dis-je dans un regain d’énergie.
Les chevaux sentant notre excitation, accélérèrent le pas jusqu’à ce qu’enfin la pente s’annonce. Devant nous, tel des monuments, les collines commençaient et je savais grâce aux cartes, qu’elles montaient de plus en plus haut, comme si elles servaient de premier bastion aux infranchissables montagnes pointues et dentées qui grimpaient à l’assaut du ciel. Un sentier, principalement emprunté par des animaux, partait en serpentant, au gré du relief. Nous attaquâmes la côte douce au départ mais qui devint rapidement trop raide pour que nous demeurions sur le dos des chevaux. Marchant devant pour ouvrir le chemin, Alex nous guida à travers le lacis des collines, dans une végétation qui se densifiait, jusqu’à ce que nous arrivions à ce qui ressemblait à une passe fermée par un éboulement. J’allais me décourager quand il poussa un soupir de soulagement. Loin de l’effrayer, cet amas rocheux semblait le rassurer.
– personne n’est venu. C’est parfait ! déclara-t-il en affichant un immense sourire.
Il déplaça les plus gros blocs en les faisant pivoter sans grandes difficulté. Ils étaient plus légers qu’ils n’en avaient l’air. Il fit passer les chevaux de l’autre côté et m’invita à les suivre, puis il remit soigneusement les rochers en place. Devant nous, un chemin taillé dans la roche semblait pénétrer dans la montagne. Nous l’empruntâmes et soudain j’aperçu une végétation verte qui couvrait un flanc de la vallée. Quelques mètres plus loin, nous arrivâmes sur une sorte de plateforme qui dominait l’ensemble. Comme me l’avait dit Alex, tout était là. La forêt sur le flanc nord, la grande rivière qui s’ouvrait en un bassin large et profond dont l’eau était si limpide que même vue de notre promontoire, j’en apercevais le fond clair et des prairies au sud, parcourues d’une végétation fleurie et verdoyante.
– c’est un miracle !
– oui, je sais. C’est ce que j’ai pensé quand je l’ai découverte.
– pourquoi n’es-tu pas resté vivre là ?
– à cause de la solitude. C’est trop dur de vivre seul. Je ne suis pas un ermite ! J’ai besoin de compagnie, et même à l’époque, je préférais encore côtoyer mes semblables, aussi violents soient-ils, que de rester seul.
– je te comprends mais je suis là maintenant, lui dis-je en glissant ma main dans la sienne. Je l’aimais tellement, qu’en cet instant, j’aurai pu sans peine envisager de passer ma vie dans ce paradis sans parler à personne d’autre que lui.
« Moi aussi ! »
Je lui jetais un regard courroucé mais il haussa les épaules en signe d’impuissance.
– viens, dit-il, descendons ! Je vais te faire visiter ton nouveau domaine !
Nous empruntâmes le chemin abrupt qui serpentait à flanc de colline. Du regard, j’embrassais l’ensemble de la vallée. Elle n’était pas immense. La plaine devait couvrir une vingtaine d’hectares tout au plus, sans compter les flancs de montagnes verdoyants. Mais tout y semblait paisible, comme protégé. Après une longue descente, raide mais plaisante car elle nous rapprochait de notre but à chaque pas, nous arrivâmes au milieu d’arbres dont certains étaient encore chargés de lourds fruits et je me fis la réflexion que nous ne manquerions pas de nourriture.
– nous pourrons pêcher et chasser, ajouta Alex qui décidément suivait mes pensées pas à pas, et puis il reste peut-être encore quelques plans sauvages dans mon potager.
– tu avais un potager ?
– oui, il fallait bien que je mange et les bois sont pleins de fruits et de baies. Il y a aussi les grosses cosses sombres que vous mangez au village.
– mais nous sommes à des centaines de kilomètres de l’océan !
– je sais. C’est une sorte de miracle écologique. Tout pousse à profusion et les espèces se côtoient sans se détruire.
– c’est magnifique ! dis-je alors que nous arrivions dans la plaine. L’herbe était épaisse et les chevaux semblaient surexcités. Alex les descella et les laissa s’éloigner libres.
– ils ne risquent rien ?
– non, pas dans la journée. Il doit y avoir probablement quelques prédateurs mais cette nuit, nous les mettront à l’abri dans une grotte.
– où sont-elles ?
– viens ! dit-il en portant nos deux sacoches. Je reviendrais chercher les selles tout à l’heure, ajouta t’il en suivant mon regard. Personne ne va rien nous voler ici, reprit-il en souriant.
– au village non plus, personne ne vole rien !
– je sais, je plaisante.
– j’aurai dû emmener boulette, dis-je soudain, prise de remords d’avoir abandonné mon chat.
– tu pourras aller la chercher dès demain. Quand tu te seras familiarisée avec les lieux.
– tu as raison. C’est formidable, nous allons être si heureux ici !
– et tu sais ce qui est le plus incroyable, c’est qu’en hiver, nous aurons de la neige sur le flanc nord alors que de ce coté, dit-il en me montrant la partie encore ensoleillée, nous aurons un printemps permanent !
– de la neige ? J’en rêve, j’en ai si peu vu !
– c’est là, dit-il en montrant deux entrées larges qui ouvraient sur des grottes au sol plat, légèrement surélevé cependant. La première était très vaste et pouvait aisément servir de maison, un renfoncement protégerait notre lit et quelques tentures bien placées pourraient faire des séparations bienvenues, pensais-je en imaginant immédiatement l’aménagement intérieur d’un regard. Je vis Alex sourire mais je ne dis rien. S’il lisait en moi comme dans un livre ouvert, grand bien lui fasse, je ne pouvais passer mon temps à surveiller mes pensées !
L’autre grotte, plus petite, permettrait de parquer les chevaux à l’abri des prédateurs et de stocker les réserves et les outils.
– nous n’avons même pas besoin de nous construire une maison ! dis-je finalement après avoir arpenté l’espace dégagé et ouvert sur le lac et la forêt. La vue est splendide d’ici !
– si tu en a envie, nous en bâtirons une, répliqua Alex, craignant que cela me manque.
– oh non, pas du tout ! J’adore l’idée de vivre là ! Il suffira de l’arranger un peu. J’irai chercher des meubles dès demain !
– et si nous les fabriquions nous même ? me répondit-il. J’aimerai que cet endroit ne soit qu’à nous, peu importe que le mobilier ne soit pas luxueux, ce sera le notre. Tu veux bien ?
– bien sur !
Puis je réfléchis un moment et ajoutais :
– j’irais quand même chercher de la literie et des draps. Le reste, nous nous débrouillerons, ça te va ?
– d’accord pour le matelas et le linge. Nous fabriquerons tout le reste. Viens, allons faire le tour du terrain.
Il m’entraina à sa suite jusqu’à la rivière qui coulait non loin de la grotte. Elle était si pure et transparente que l’on aurait pu croire à une illusion, si son chant continu n’avait pas confirmé sa présence. Quand nous arrivâmes au pied du bassin naturel, pratiquement entièrement constitué de roche blanche, la vue de l’eau fut irrésistible. Je me déshabillais prestement et m’enfonçais avec délice dans l’eau claire et fraiche qui me lavait de la saleté du voyage et de la fatigue.
– viens…dis-je à Alex qui avait toujours des réticences à entrer dans l’eau. Viens, ne crains rien, regarde, on voit le fond ! C’est magnifique ! Même la piscine du vaisseau présidentiel n’était pas aussi luxueuse !
Il me regarda flotter un moment puis n’y tenant plus, ôta ses vêtements et se jeta dans l’eau d’un bond pour conjurer sa peur. Il vint coller son corps musclé et frissonnant contre le mien et nous nous étreignîmes jusqu’à ce que le désir soit trop fort et nous pousse sur la rive où nous nous retrouvâmes longuement dans un corps à corps passionné. Nos corps nus se couvrir du sable fin qui tapissait le bassin, là où la roche lui en laissait la possibilité. Le soleil se couchait quand nous nous séparâmes, haletant et enfin rassasié. Je replongeais dans l’eau une dernière fois puis nous retournâmes à la grotte où Alex avait déposé nos affaires. Un foyer déjà existant servit à nous réchauffer et à cuire la nourriture que nous avions apportée. Enfin, après que les chevaux eurent été rentrés et protégés par des branchages d’épineux, nous étendîmes une couverture mince mais protectrice sur la dalle de pierre et nous couvrant d’une autre, nous passâmes notre première nuit dans ce qui allait devenir notre habitation principale sur Matria, lovés l’un contre l’autre, habités d’un sentiment de sérénité et de sécurité que nous n’avions encore jamais ressenti.

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