ILS SE REGARDENT – Chapitre 2

Chapitre 2

Ils se regardent en silence. Monsieur Wayan fulmine d’une rage qu’il contient à grand peine et François, tête basse, attend la sentence.

Il lui a tout raconté. Il ne voyait pas comment faire autrement. Il lui a parlé de son amour pour Komang qui s’est construit au fil du temps et il lui a dit qu’il souhaitait l’épouser. Mais il a aussi dû lui parler de Chloé qui vient de réapparaitre et de la nouvelle dont elle est porteuse.

Monsieur Wayan a besoin de temps pour digérer toutes ses informations. Il aime énormément cet occidental qui a débarqué chez lui un beau jour et lui a demandé de l’aide. Il est attachant. Il sait écouter les conseils qu’on lui donne. Il ne pense pas tout savoir comme les autres qui débarquent ici et voudraient apprendre à vivre à un peuple aux traditions ancestrales ! Il a donné du travail à une bonne partie de sa famille parce qu’il est généreux, parce qu’il a de l’argent et parce que ses projets sont intelligents et lucratifs. Tout semble simple pour cet homme maisà cet moment,Wayan découvre la face cachée, le côté sombre et tourmenté de cet occidental souriant et toujours de bonne humeur. Il avait déjà entendu parler de ses visites au salon de massage mais cela ne le dérangeait pas ! Lui-même le fréquente de temps en temps, c’est un truc d’homme ça ! On ne peut pas lui reprocher d’avoir besoin de se détendre. Mais de là à lui permettre d’épouser Komang !

Et pourtant c’est bien ce dont il le supplie, assis face à lui, déférent, attendant une réponse. Wayan mesure les conséquences de sa réponse. S’il refuse, il fera le malheur de sa nièce peut-être même s’enfuira-t-elle avec cet homme, rompant avec toutes les traditions, quittant sa famille pour toujours ! Ged ne le lui pardonnera pas. S’il accepte ce ne sera pas mieux. Elle sera mise au ban de leur société, elle devra vivre en exclue mais elle pourra demeurer sur l’ile et avec le temps, peut-être les choses s’amélioreront-elles ?

Il tourne et retourne ses différentes options dans sa tête puis finalement dit :

– et Komang ? Que veut-elle ? 

Il voit bien que François est désemparé mais ne capitule pas. Il répond d’une voix qui manque de conviction :

– Aujourd’hui je ne sais pas. Elle avait accepté de m’épouser mais quand Chloé est arrivée, elle a pris peur et elle est partir. Je suis sans nouvelle d’elle depuis hier et je ne sais même pas où la trouver…

Monsieur Wayan regarde les larmes couler sur les joues de son ami et cet accès de tristesse qu’il sait sincère, emporte finalement sa décision.

– d’accord, je vais vous aider mais nous laisserons Komang choisir ce qui est le mieux pour elle. Si elle souhaite toujours vous épouser malgré ce qui s’est passé, alors je parlerai à sa mère pour vous ! 

– merci Monsieur Wayan, sincèrement merci. J’ai si peur de la perdre, je l’aime tant ! Je vous en supplie, dite le lui ! 

– rentrez chez vous, allez mettre de l’ordre dans votre vie ! 

– une dernière chose, ajoute François en se levant péniblement, j’aurai besoin que vous me trouviez une villa à louer très rapidement, pour aujourd’hui ce serait fabuleux. Je ne peux pas laisser cette femme s’installer chez moi. Certes je suis responsable d’elle dans une certaine mesure et je ne la laisserais pas tomber, mais je ne veux pas vivre sous le même toit qu’elle ! 

– je m’en occupe, je vous appelle dans la journée.

– merci infiniment ! Répond-t-il plein de respect pour Monsieur Wayan qui l’a toujours écouté et a soutenu ses projets les plus fous sans ciller.

François se lève et sort, le cœur un peu moins lourd. Il va reconquérir Komang et mettre Chloé à l’abri. Après on avisera jour après jour. Son seul regret est de ne pas faire la connaissance de son fils dans de bonnes conditions. Il espère le voir rapidement mais les circonstances se prêtent peu à la découverte d’un père qu’il n’a jamais vu et dont on ne lui a peut-être jamais parlé. Une bouffée de haine l’envahit quand il pense à tout ce temps perdu. Cet enfant, son fils, a cinq ans bientôt six, et ils ne se connaissent pas ! Chloé n’avait pas le droit de faire ça ! C’est injuste, arbitraire ! Il n’a eu aucun choix ! Elle lui a imposé cette absence d’enfant dont il ressent cruellement le manque maintenant qu’il existe, tout en sentant confusément quelles difficultés il va devoir surmonter pour l’aborder, le connaitre, se faire aimer de lui. Il n’a pas de doute sur ses sentiments à lui. Le simple fait que cet enfant existe rend ses sentiments évidents. Il est le père d’un enfant de cinq ans qui s’appelle François et rien ne pourra jamais changer cela ! Quand à ce deuxième bébé qui arrive, qui grandit dans le corps de Chloé, il réalise soudain qu’il n’y a pas pensé un instant en lui faisant l’amour, comme si il s’agissait de deux corps différents. Celui qu’il a baisé et fait jouir, et celui qui abrite le minuscule fœtus qui deviendra bientôt un petit être de chair dont il sera le père officiel. Il y tient et ne la laissera pas le priver de cette nouvelle paternité.

Il se sent rassuré de ne pas en avoir pris conscience pendant qu’ils faisaient l’amour, il n’aurait pas pu ! Cela ne se reproduira plus jamais il le sait maintenant, il doit résister à Chloé ! Savoir que son ventre est empli d’un petit être, va l’y aider ! 

Quand il rentre chez lui, Chloé l’attend dans le salon, inquiète. Elle est pâle et ses traits tirés attestent des difficultés qu’elle a dû affronter toute seule. Il la regarde et son cœur se remplit de tendresse pour elle, enfin !

Il l’aime, il l’aimera toujours. Mais il sait qu’il ne l’aimera plus jamais comme il l’a aimé auparavant. Il entre et la prend dans ses bras pour la rassurer mais quand elle se colle à lui langoureusement, il la repousse. Il doit garder le contrôle de la situation.

Il la précède dans la cuisine où il s’active assez inutilement à préparer un café qu’aucun des deux ne boit. Debout,de l’autre côté de la belle table de cuisine, Jeff se sent suffisamment protégé pour lui expliquer :

– j’attends des nouvelles dans la journée. Nous allons te trouver une maison dans les environs, je ne veux pas que tu sois trop loin d’ici. Je pense que tu pourras emménager dès aujourd’hui, au pire, demain. Je ne te laisserai pas tomber Chloé, jamais ! Je serais toujours là pour toi, je te le jure ! Si tu veux, nous pouvons aller chercher François ou attendre que nous ayons trouvé la maison, comme tu veux. 

Chloé le fixe un instant et son regard s’embue. Elle masque difficilement ses larmes et sa voix tremblote quand elle prend la parole.

– j’aurai aimé rester ici, avec toi. J’aurais aimé que nous formions enfin une vraie famille, Jeff ! Tu es sur que tu ne veux pas ? 

Il sait qu’il doit tenir bon malgré le petit menton qui tremble et les cils embués de Chloé. C’est pourquoi il lui répond d’une voix douce mais ferme :

– je l’aurais souhaité de tout mon cœur, Chloé ! Il y a encore quelques semaines, j’aurais accueilli toutes ces nouvelles avec un indicible bonheur mais depuis Ubud, tout a changé ! J’ai réalisé à quel point je m’étais égaré. Pas en t’aimant, s’écrit-il en voyant ses yeux s’emplir de larmes, mais en t’aimant de cette manière absolue, totale, dévorante ! C’était de la folie, j’étais probablement fou, et en un sens, Steve m’a rendu service. Les deux semaines que j’ai passé dans cette clinique à dormir tout le temps, m’ont purgées. J’en suis ressorti nettoyé de tout ce qui me parasitait depuis des années. Tu n’en faisais pas partie Chloé mais l’amour que j’avais pour toi n’était pas sain. Je t’ai intégré à cette spirale infernale dans laquelle je m’étaiségaré quand je t’ai rencontrée.

– tu ne m’as jamais expliqué ce qui s’était réellement passé quand nous vivions ensemble…répond Chloé qui préfère ne pas relever la distance que Jeff a mis entre eux et qui pense encore avoir raison de son inflexibilité.

– c’est vrai, c’était difficile de t’en parler à l’époque parce que j’avais peur qu’on t’enlève ou qu’on essaie de te faire du mal et je me disais que moins tu en savais, moins tu les intéresserais. Répond Jeff pour lequel tous ces évènements semblent si lointains.

– mais qui ? interroge Chloé dont les larmes s’estompent.

– les hommes avec lesquels mon père était en affaire, répond Jeff qui se détend et se laisse tomber sur une chaise.

Il reprend :

– il faut que je te raconte tout depuis le début, du moins ce que j’ensais parce qu’il y a des choses que j’ignore. Sonia semble en savoir plus que moi mais elle refuse de parler.Je reconnais que tu as droit à la vérité. Quand je t’ai rencontré, mon père avait commencé à faire du trafic d’arme avec la mafia russe. Je ne le savais pas encore mais je l’ai appris très peu de temps après notre première rencontre ce qui explique les évènements qui ont suivis. Bref, mon père donc se contentait de blanchir l’argent de la vente des armes. Puis il a traité directement avec les russes, devenant le seul intermédiaire entre les marchands d’armes et la mafia. Ensuite, il s’est aperçu que toutes ces armes étaient destinées à la rébellion tchétchènes, aux terroristes si tu préfères. Alors, il a pris contact avec eux et il s’est mis à leur vendre des armes directement. C’était bien plus lucratif que la commission que lui donnait la mafia. Mais on ne rigole pas avec ces types ! Quand ils s’en sont aperçus, ils ont menacé mon père et lui ont demandé de restituer tous l’argent qu’il avait gagnés avec les Tchétchènes. Il l’aurait probablement tué si nous n’étions pas intervenus Martin et moi… 

– Martin était aussi dans la combine ? s’exclame Chloé qui n’a pas oublié sa relation tumultueuse et trouble avec cet homme.

– Non, Martin a servi de négociateur ! À nous deux, plus quelques appuis dans différents gouvernements qui nous devaient des services – je pourrais t’expliquer ça plus tard si tu veux, nous avons réussi à négocier un remboursement des sommes perçues par mon père, avec les intérêts, bien sûr ! Cela représentait beaucoup d’argent. Je pense que c’était pour être sûr que nous allions payer qu’ils nous ont agressé mais je n’en suis pas certain. Je n’ai pas très bien compris ce qui se passait à cette période. Les hommes qui te suivaient en voiture, l’agression à Dubaï…Beaucoup de ces choses n’avaient pas vraiment de sens mais ses gens étaient imprévisibles. Pourtant j’ai toujours pensé qu’il s’était produit quelque chose d’étrange car nous étions entrain de finaliser l’accordet nous n’aurions pas dû subir de violences. Ce sont des gens extrêmement dangereux. Quand nous sommes allés à Dubaï, nous avons négocié les intérêts. Les sommes qu’ils demandaient étaient exorbitantes, disproportionnées par rapport au préjudice. C’était vraiment une sale période parce que j’essayais de sauver la fortune de mon père tout en préservant la mienne ! 

– mais nous n’avons rencontré que des vieux types en costumes, on aurait dit des banquiers ! réplique Chloé qui se souvient parfaitement du repas passé avec ces messieurs condescendants.

– il y en avait en effet,lui répond François et des avocats aussi, surtout des avocats. Personne ne négocie directement de nos jours et si la vie de mon père n’avait pas été en danger, j’aurai laissé nos avocats se débrouiller.Maispremièrement, tout ce que nous traitions à moment-là était illégal, ce qui ne dérange pas outre mesure les banquierset les avocats avec lesquels on traite et deuxièmement, l’enjeu était trop important. Quand tout a été signé, nous sommes rentrés en Franceet, alors que la situation allait s’améliorer considérablement, tu as disparue !

– si j’avais su tout ça, s’écrie Chloé, je ne serais pas partie. Quand j’ai su que j’étais enceinte, j’ai pensé qu’il fallait que je j’éloigne cet enfant de toi et de ta folie ! Tu aurais dû m’expliquer les choses simplement comme tu viens de le faire. Jeff, pourquoi n’as-tu pas jugé utile de me le dire ? Nous nous serions évités tous ces malheurs ! Se lamente-t-elle en mesurant les erreurs de jugements que les silences de Jeff ont générés.

– tu as raison Chloé, répond-il attristé, mais j’étais tellement préoccupé, tellement angoissé par ce qui risquait d’arriver si je me plantais que je n’ai pas pensé aux conséquences te concernant. Tu comprends pourquoi j’ai eu si peur quand vous avez disparues dans le désert ? J’avais beau espérer que tu étais avec Sonia, je n’en avais pas la certitude et les choses étaient tellement tendues, que quand tu n’es pas rentré de la nuit, je suis devenu fou ! Je te demande pardon ! Je n’ai jamais eu l’occasion de m’excuser vraiment pour tout ça. Je n’étais pas moi-même ! 

– quel gâchis, Jeff ! lui rétorque la jeune femme. Tu mesures les ravages que ton silence a causés ? Nous n’en serions pas là aujourd’hui, à chercher une solution pour cohabiter, pour que tu puisses voirtes enfants ! Je t’aime Jeff, je t’aime toujours ! Je sais que je t’ai fait payer cher en disparaissant mais j’étaisterrifiée. Et quand tu es arrivé à Bali, je ne voulais pas que tout recommence. J’avais peur pour mon fils.

– je suis tellement désolé Chloé, répond Jeff qui maintient cependant une distance physique avec la belle jeune femme dont le chagrin gonfle les yeux, la rendant absolument adorable.

– j’aimerai que ce soit aussi simple. Ajoute-t-il, je t’assure. Je ne m’excuserai jamais assez pour tout ce qui est arrivé mais il nous faut vivre avec maintenant. Je ne peux pas revenir en arrière. J’ai pris des engagements que je dois honorer. C’est important pour moi comme quand tu as décidé de partir épouser Steve. C’était ce que tu voulais et même si je suis parti en vrille pendant un moment, je l’ai accepté, je t’ai laissé partir. Tu te doutes bien que je savais exactement où tu te trouvais, regarde !  ajoute-t-il en ouvrant un tiroir d’où il sort des dizaines de photos de Chloé avec Steve, avec François. Certaines ont été prises dans le Connecticut, d’autre à New York. Sur l’une d’elle, ils sortent tous les trois d’un immeuble dont l’adresse est visible.

Chloé n’en revient pas, elle les regarde une à une, ébahie.

– tu m’as fait surveiller ? lui demande-t-elle finalement.

– non je voulais voir mon fils, je venais d’apprendre son existence par hasard. Je suis allé voir Sonia pour en avoir le cœur net et elle m’a dit qu’elle désapprouvait ton choix mais qu’elle l’avait respecté. Elle m’a expliqué qu’elle avait elle-même perdu un enfant alors elle ne se sentait pas le droit de s’opposer à toi. Je voulais voir à quoi il ressemblait, s’il avait l’air heureux. J’aurai pu t’envoyer dix avocats si je l’avais voulu et tu aurais immédiatement perdu la garde de ton fils. Mais je ne l’ai pas fait parce que cela ne me semblait pas être la meilleure manière de faire sa connaissance. Je ne voulais en aucun cas te priver de ton enfant et si tu avais estimé que je ne devais pas participer à sa vie, alors je devais m’effacer et attendre. J’espérais qu’un jour nous ayons l’occasion de nous connaitre. J’avais le temps.

Après un silence assez long il reprend finalement :

– Je vais te demander de faire pareil Chloé. Respecte mon choix. S’il te plait ! 

Chloé s’est décomposée à la vue des photos, et les paroles de Jeff lui font atrocement mal. Elle réalise à quel point elle s’est trompée sur cet homme, à quel point elle l’a mal jugé. Son erreur a été de ne rien dire mais il ne lui a jamais voulu de mal, il l’a aimé toutes ces années et maintenant que son cœur est pris ailleurs, elle réalise ce qu’elle vient de perdre. Mais il est trop tard, elle l’entend bien alors elle se résigne.

– d’accord, dit-elle finalement. Trouves moi une maison, je n’en ai pas la force actuellement, après ça ira. J’ai des amis ici, je ne suis pas seule. En France, je n’ai plus rien.Et puis je ne veux plus t’éloigner de François. Je veux que tu le connaisses. Il faut qu’il sache à quel point son père est un homme bien. Tu sais, je lui ai déjà longuement parlé de toi. Il te connait, je lui montré des photos de toi et de nous. J’en ai quelques-unes.Je ne te demande qu’une chose, sois présent pour la naissance du bébé et reconnait le. Je veux qu’il porte ton nom. Tu es d’accord ? 

Jeff aimerait l’embrasser tant ses paroles lui font plaisir mais il doit garder ses distances. Il en viendrait presque à douter desa détermination, mais le joli visage de Komang s’impose à lui et il ne regrette pas.

– bien sur Chloé, je serai là. Compte sur moi et si tu es d’accord, quand j’aurai rencontré François je l’adopterai pour qu’il porte mon nom…s’il est d’accord lui aussi, bien sûr ! ajoute-t-il précipitamment.

– je pense que c’est une excellente idée, d’autant plus que j’ai dû le reconnaitre sous mon nom d’emprunt et ça m’a toujours dérangée. Un jour, je reprendrai mon identité. Mais il faudra que je quitte Bali pour cela.

– nous en reparlerons ultérieurement. On peut faire tellement de choses quand on a de l’argent…dit Jeff qui oublie un instant l’homme sage et raisonnable qu’il est devenu.

– merci Jeff. Merci d’être si compréhensif, répond Chloé qui semble avoir retrouvée des forces. Je pense que les choses vont aller mieux maintenant ! 

Il a un petit rire triste, puis il conclut :

– chaque fois que j’ai dit ou pensé ça, tout est devenu catastrophique alors je me contente de souhaiter que les choses n’empirent pas. C’est plus réaliste.

À ce moment-là le téléphone sonne et il part répondre dans son bureau.

– Allo François ? C’est Wayan.

– bonjour Monsieur Wayan, je suis content de vous entendre.

– bon, écoutez, pour la villa, s’est réglé. Je vais vous envoyer Nyoman avec son camion, il pourra aider votre jeune dame à s’installer.

– c’est très aimable à vous Monsieur Wayan, mais ce n’est pas ma jeune dame. Je vous remercie d’avoir pris la peine de vous en occuper. La maison est loin de chez moi ? 

– non, à quelques minutes. Elle va vous couter très cher parce que le propriétaire la loue à la semaine et il a annulé toutes ses locations.Mais vous verrez, elle est splendide.

François hésite puis finalement, il se lance :

– et Komang, vous avez pu lui parler ?

Un long silence suit qui lui fait craindre le pire :

– elle veut bien vous voir, mais pas chez vous. Elle vous propose de la retrouver à Denpasar, au Museum NegeriPropinsi, vous voyez où il se trouve ? 

– oui, je suis passé devant très souvent. Quand m’attend-elle ? dit-il presque haletant.

– Demain à onze heures. Elle sera avec sa mère. Bonne chance François ! Et il raccroche.

Jeff retourne dans le salon où Chloé l’attend. Elle s’est assise dans un canapé.

– Mon ami t’a trouvé une splendide villa à quelques kilomètres d’ici. Veux-tu que nous allions chercher François tout de suite ? 

– non, je préfère attendre d’être installée. J’irai le chercher plus tard. J’ai faim, Jeff, u n’as rien à manger ? 

– laisse-moi dix minutes, dit-il soulagé que les choses se mettent en place si rapidement.

Il sort son téléphone et appelle le restaurant de madame Soda. En quelques mots, simples et explicites, il commande leur repas et lui demandeà être livrérapidement. Son service de livraison marche de mieux en mieux et elle va devoir embaucher une deuxième aide à la cuisine. Elle en est enchantée. François raccroche, heureux pour elle. Il se retrouve face à Chloé. Tous les deux assis dans des canapés différents. Ils se regardent gênés. Ils ont assouvis leur frénésie sexuelle, du moins c’est le cas de Jeff et Chloé semble apaisée pour le moment. Ils ne se sont jamais retrouvés dans cette situation. Sans sexe, sans conflit, sans amour passionnel. Ils ne savent pas se parler, ils ne l’ont jamais fait. Chloé s’installe plus confortablement dans le canapé et François contemple fasciné un tout petit bourrelet sur son ventre qu’il ne lui connaissait pas.

– tu es enceinte depuis combien de temps, Chloé ? 

– Jeff, tu as si mauvaise mémoire ? rétorque-t-elle.

– le temps est passé incroyablement vite, j’ai l’impression que ce weekend à Ubud date d’il y a un siècle ! Marie n’est plus qu’un vague souvenir ! 

– ça fait deux mois et demi, Jeff. Un peu plus de dix semaines. 

– tu as un petit ventre rond, je ne l’avais pas remarqué, dit-il prudemment.

– tu veux le toucher ? lui propose la jeune femme.

– je peux ? Il hésite.

– bien sûr, il s’agit de ton bébé Jeff, viens, pose ta main là…lui dit-elle en l’invitant de la main.

Il déplie lentement son corps presque enrobé par le grand canapé et s’approche. Chloé guide sa main et la pose sur sa robe souple etmoulante, juste sur le petit renflement.

– je croyais que ça ne se voyait pas avant au moins quatre ou cinq mois, dit-il, étonné de ne rien sentir d’autre que le corps chaud de Chloé.

– le premier, oui, mais pour les suivant, le ventre est déjà plus souple. L’utérus est plus gros alors ça se voit plus tôt,lui répond doctement Chloé. Mais c’est venu d’un coup, il y a à peine quelques jours.

Jeff masse doucement l’arrondi à peine perceptible, situé presque à la limite du pubis de Chloé. Elle ferme les yeux, réceptive à cette caresse inattendue. Jeff, tout à la découverte de ce petit ventre qui renferme un précieux petit être vivant, n’a pas vu Chloé s’alanguir. Ce n’est que quand elle pousse un profond soupir, qu’il réalise que sa main est descendue jusqu’à la lisière de son sexe. Chloé lève légèrement le bassin et tire sur sa robe qui remonte, révélant son string. Alors il remarque le décolleté rempli et moulé par le tissu ajusté. Même ses aréoles proéminentes sont distinctes. Il pose sa bouche sur le ventre de Chloé et y laisse courir ses lèvres. Il voudrait rentrer en contact avec son bébé mais l’enveloppe maternelle ne le lui permet pas encore. Il rêve du moment où il tiendra enfin ce petit être dans ses bras mais Chloé se trémousse, excitée. Jeff se redresse. Il ne veut pas faire l’amour avec elle. Cet enfant qu’elle porte pourrait en souffrir.

– ne me laisse pas comme ça, Jeff, s’il te plait ! supplie-t-elle.

– non, pense au bébé. Il ne faut pas lui faire de mal !

Chloé éclate d’un rire moquer, presque méprisant qui le vexe.

– tu crois qu’on ne fait plus l’amour quand on est enceinte Jeff ? lance-t-elle avec ironie. Tu as tort, c’est le meilleur moment !Mes hormones sont en folies et j’ai des orgasmes délirants. Tu ne peux pas me priver de ça ! Et puis je ne risque pas de tomber enceinte, ajoute-t-elle dans un dernier sarcasme.Comme Jeff tarde à réagir, elle gémit presque :

– Je t’en prie, ne me laisse pas dans cet état-là ! lui dit-elle en lui montrant sa fente rebondie. Elle écarte les jambes et Jeff contemple la fine bande de tissu blanc qui recouvre à peine la chatte de Chloé. Il glisse un doigt sous le tissu et le ressort luisant de sécrétions. Chloé s’est cambrée à son contact. Alors, cédant à l’habitude et au désir, il pose sa main sur le tissu et masse la fente huilée du bout des doigts. Très vite, le tissu disparait entre les grandes lèvres et Chloé se tortille de plaisir. Comment résister à une femme qui vous offre son sexe, jambes écartées, brulante de désir ? Il ne peut pas ! C’est du moins ce qu’il se dit, oubliant Komang, oubliant le bébé qui grandit à chaque seconde dans l’utérus maternel, pour se concentrer sur des parties plus extérieur de l’anatomie de la jeune femme. Son doigt masse le bouton dont le rose foncé glisse à chaque caresse et Chloé gémit de plus en plus fort. Il aimerait rentrer en elle, redevenir le fœtus qu’il a été lui aussi, bénéficier de cette protection parfaite, mais il n’ose pas y mettre sa queue. Cela lui parait déplacé, obscène.

– tu peux y aller Jeff, il ne risque rien, il ne fait même pas la taille d’un petit pois. Tu peux me prendre sans aucun risque, halète-t-elle. Vas y Jeff, s’il te plait, prend moi ! 

La voix suppliante à raison de ses dernières résistances. Il déboutonne son short qu’il descend en même temps que son caleçon, et son sexe rouge et dur apparait, pressé de trouver le confort de sa chatte accueillante. Il s’y glisse avec aisance et délicatesse. Dire qu’hier encore il la laminait sans se poser de question. Maintenant, il bouge prudemment et Chloé geint d’agacement.

– je ne suis pas en sucre et lui non plus, tu peux y aller plus fort !Putain Jeff, baise-moi plus fort, tu me rends dingue ! 

Comme elle donne de grands coups de bassin pour s’empaler sur sa queue, il cède et renforce légèrement la pression. Mais Chloé est déchainée. Elle veut le sentir au plus profond de son vagin, elle veut que ça tape fort, qu’il la lime, qu’il la ramone. Elle veut du sexe, du vrai, pas de la baisouille. Elle attrape sa robe qu’elle fait prestement passer pardessus sa poitrine. Mais gêné dans son mouvement, le tissu reste coincé sous son menton. Elle s’en fout. Elle veut qu’il lui tête les seins. Ses seins qui sont devenus, en quelques semaines, de véritables bombes à retardement. Elle peut se faire pratiquement jouir toute seule rien qu’en les massant. Quand elle suçote un téton, exercice un peu douloureux mais réalisable, elle mouille instantanément. Mais Jeff est là. Pas besoin de contorsion. Il suffit de lui en fourrer un dans la bouche. Elle soulève brutalement son soutien-gorge qui vient comprimer le dessus de sa poitrine déjà gonflée et Jeff se jette sur ses seins qu’il lèche avec avidité, passant de l’un à l’autre sans arriver à arrêter son choix. Ils sont doux et chaud dans sa bouche, si gonflés et volumineux. Jamais les seins de Chloé ne l’avaient autant excité. Il tète comme un enfant et l’effet est immédiat. Chloé commence à chanter et Jeff sent le sperme pulser dans sa queue et comme la veille, il jouit en les mâchouillant, laissant Chloé en rade. Elle en pleurerait, mais cette fois ci il se ressaisit aussitôt et recommence à bouger. Elle essaie d’attraper sa bouche pour l’embrasser goulument mais il s’y refuse. Sa bouche est à Komang. Quel imbécile, se morigène-il. Comment peut-on faire de telles distinctions ? Ne pas embrasser Chloé n’oblitèrera pas sa queue s’agite dans le vagin de Chloé.Mais il ne peut se résoudre à lui abandonner ses lèvres. Il veut bien lui rendre service en la baisant de temps en temps, mais sa bouche, non ! Il a bien conscience de l’absurdité de son raisonnement, mais c’est tout ce qui lui reste, lui qui s’enfonce si profondément en elle, dans sa chaleur, dans sa tendresse, la bouche accroché à son sein, pendant qu’elle commence à crier de plaisir sous les coups de boutoir. Enfin, ils jouissent à l’unisson, Jeff pendu à un téton, hurlant son plaisir, Chloé dont les cris stridents ne désenflent pas pendant de longues minutes. Il voudrait arrêter de bouger, mais elle le presse de continuer, ses deux mains plaquées sur son cul pour qu’il conserve le rythme. Il bouge encore et encore, même quand son sexe n’est plus très dur et elle continue à hurler, la tête renversée en arrière, les yeux révulsés. Ses seins sont si durs qu’on dirait des pastèques. Il a l’impression qu’ils sont recouverts d’une croute épaisse et lisse. Puis les cris décroissent lentement et elle s’abandonne enfin, détendant son corps peu à peu. Il se laisse aller sur elle, nue et comblée et il s’en veut d’avoir encore cédé à la tentation de ce corps si désirable. Il ne faut plus que cela se reproduise.

Soudain, il entend du bruit. Il se redresse prestement en se rhabillant et aperçoit le livreur et Nyoman qui arrivent ensemble par le sentier dallé qui donne sur le salon.

– vas dans ta chambre, vite, rhabille toi, je t’en supplie ! 

Chloé entend la peur dans sa voix et file au moment où les deux hommes, absorbés par la contemplation du trou laissé parle bulldozer, se retournent pour monter sur la véranda. Jeff les accueille, et même s’il trouve Nyoman un peu distant, il fait bonne figure. Il lui propose de se joindre à eux pour manger et après avoir hésité un moment, celui-ci accepte. Le livreur repart, pressé de servir les clients des bungalows pour terminer sa course.

Jeff est en train de déballer le contenu du panier-repas quand Chloé apparait, vêtued’une longue robe qui traine presque au sol. Mais quand ses yeux se posent sur le corsage, Jeff a un coup au cœur. Les deux triangles brodés de perles colorées qui masquent sa poitrine ne parviennent plus à la couvrir en totalité. Ses seins débordent de part et d’autre comme deux ballons coincés dans un filet trop petit. Nyoman semble songeur. Est-ce la contemplation de cette poitrine plantureuse et très dénudée, ou bien est-ce le simple fait de voir Chloé pour la première fois, cette femme dont il a tant entendu parler par le passé, cette femme qui a rendu son ami complètement fou et qui se tient là devant lui, avec l’air gêné d’une petite fille timide ? Jeff n’en sait rien et Nyoman non plus, dont les yeux peinent à se détacher des seins de Chloé. La voilà donc celle par qui le scandale familial est arrivé ! Il y a de quoi en être vraiment très amoureux. Il en comprendrait presque son ami finalement. Difficile de renoncer à une femme aussi somptueuse et pourtant, il a choisi Komang.Nyoman en est heureux car sa cousine court un grave danger. Si François l’abandonne pour cette sublime créature, elle sera traitée en paria et ne pourra trouver refuge que dans quelques villages très isolés de l’ile où de la famille éloignée l’acceptera pour travailler dans les rizières. Il ne lui restera plus qu’une vie d’esclave, sans mari, sans enfants…

Jeff a fini de déballer la nourriture et Nyoman s’arrache à sa rêverie. Chloé le salut et s’assied à table, près de François, bien trop près de lui. Mais il s’en aperçoit et feignant de se lever pour prendre une bouteille d’eau, en profite pour s’assoir en bout de table, les laissant face à face. Nyoman en éprouve une grande satisfaction. Son ami est un homme honorable, il en est sur et cette jeune femme a des charmes qui rendent un repas plus qu’agréable. Sa culture lui interdit même d’imaginer lui faire l’amour et pourtant, son jeune âge l’empêche de refréner ses pensées vagabondes. Il se voit, s’introduisant doucement dans le sexe de la belle et l’honorant pour son plus grand plaisir. Il doit faire un effort considérable pour s’intéresser à la conversation de François qui lui parle de la piscine. Il aimerait savoir quand celle-ci sera commencée. Après avoir reprisses esprit, Nyoman calcule les délais, puis il dit :

– Les ouvriers reviennent demain. Ils vont préparer les coffrages et la piscine sera coulée dans quelques jours. Il faudra attendre le délai de séchage puis les mosaïques que tu as achetées arriveront, et le carreleur pourra commencer. La technique est prête. Ben s’est occupé du moteur et de la filtration, il t’expliquera tout ça la prochaine fois qu’il passera. Mais figure toi que grâce à toi, à la résidence et à ta maison aussi dont beaucoup de monde parle par ici, il a décroché un gros contrat du côté de Seminyak. Une villa à reconstruire complètement. Il est emballé ! 

– je suis vraiment content pour lui, réplique François. Il mérite d’être reconnu pour son travail. Regarde cette maison, elle est magnifique ! C’est exactement ce que je voulais. J’espère qu’il aura du temps à consacrer à mon nouvel hôtel !

– tu vas construire un hôtel ?  disent en cœur Nyoman et Chloé.

Ils se regardent interloqués d’avoir parlé en même temps puis éclatent de rire. Jeff est heureux de les voir se détendre.

– oui, je suis entrain d’acheter le terrain sur la falaise, à droite d’Istana. Je vais aussi partir quelques temps en voyage, se hâte-t-il d’ajouter en profitant de l’effet de surprise de sa première annonce. Je vais aller visiter quelques complexes hôteliers innovants, poursuit-il. Mon départ va être un peu différé mais je pars dans quelques jours, dit-il en regardant Nyoman pour ne pas voir la réaction de Chloé.

– ah, c’était pour ça le voyage ! Je ne comprenais pas ce que vous alliez faire, Komang et toi.

–  J’emmène Komang parce qu’elle a plein d’idée. Si la résidence tourne si bien, c’est grâceà elle. Elle y a apporté beaucoup. Je voudrais qu’elle voie ce que l’on faitailleurs pour en tirer des idées nouvelles. Enfin, maintenant, je ne sais plus si elle va vouloir partir avec moi.Ajoute-t-il avec tant detristesse dans la voix que Chloé ne peut s’empêcher de demander :

– c’est à cause de moi ? 

– oui, je pense que ton arrivée fracassante, au moment délicat où nous étions entrain de négocier ce voyage, a beaucoup perturbé Komang.

– je suis désolé Jeff. Je lui parlerai si tu veux. Je lui expliquerais ce qui s’est passé avec Steve. Je t’aiderai. Je ne voudrais pas que tu la perdes à cause de moi ! 

Chloé s’entend parler et se demande ce qui la pousse à dire cela. Est-ce la présence de ce charmant jeune homme qui la dévore des yeux ? Est-elle réellement triste pour Jeff ? Est-elle prête à se sacrifier pour son bonheur ? Il l’a bien fait lui ! Ça lui a pris du temps, mais il s’y est résolu. Alors elle lui rendra la pareille si elle en a la possibilité. Une part d’elle sait que cette magnanimité est en partie dictée parce qu’elle connait son pouvoir sur Jeff et qu’elle vient juste de faire l’amour avec lui mais elle s’espère plus altruiste qu’elle ne s’en sait capable pour le moment.

Nyoman a fini de manger. Il écoute Chloé parler et ses yeux la couvent. Il la trouve si belle qu’il en perd le fil de ses pensées. Il doit l’emmener visiter la villa que François vient de louer pour elle et il rêve d’y aller seul avec elle. Mais François le regarde et il se sent obliger de baisser les yeux. C’est sa femme après tout, du moins ça l’a été et elle porte son enfant. Il ne peut pas se permettre de penser à elle de cette manière se morigène-t-il. Et puis il est marié lui aussi, et père de famille ! Il se trouve soudain bien jeune pour cette vie. Il aimerait pouvoir être libre comme Jeff, pouvoir envisager de séduire cette belle jeune femme, l’aimer peut-être, sans trahir sa famille et ses engagements.

Jeff, dont les pensées suivent un cheminement totalement différent, s’inquiète de la rencontre avec Komang. Le fait qu’elle ait choisi un lieu public n’est pas pour le rassurer, la présence de sa mère, encore moins. Va t’il pouvoir lui parler ? La toucher ? Toutes ces questions tournent en boucle dans sa tête et il aimerait déjà être au lendemain pour la revoir. Malgré ses récents dérapages avec Chloé, il aime profondément Komang et il sait que si elle était restée, tout cela ne se serait pas produit. Chloé a un effet aphrodisiaque sur lui auquel il ne peut résister. Pourtant, il va bien falloir, s’il veut reconquérir cette fière jeune femme.

Chloé, quant à elle, toute à l’ébullition de ses hormones, regarde Nyoman a la dérobé et rêve d’une petite partie de jambe en l’air avec ce beau garçon à la peau café au lait, dont les yeux ourlés de longs cils lui donnent un air doux. Son visage presque enfantin amplifie l’impression de jeunesse. On dirait un grand adolescent. Pourtant sa musculature bien visible sous le débardeur noir, atteste de sa force et de sa robustesse. Mais Chloé sait aussi, pour avoir fréquenté des balinais, qu’elle perdrait toute respectabilité si elle s’abandonnait à cette tentation. Sa réputation serait éternellement entachée par cet écart et aucun homme ne la regarderait plus qu’avec concupiscence et mépris. Si Jeff ne veut plus d’elle, elle va devoir se résoudre à un célibat qui lui semble très difficile à envisager, où à trouver un amant moins compliqué que ce jeune homme, ami de Jeff, marié de surcroit.

Finalement, Jeff, conscient du silence pesant qui s’est installé entre eux, propose d’aller visiter la fameuse maison. Tous approuvent, soulagés de pouvoir se lever de table. Ils s’entassent tous les trois dans le camion de Nyoman. Chloé est assise au milieu, serrée entre les deux hommes. Leurs présences, la chaleur de leurs corps, la rend pratiquement dingue. Elle aimerait écarter les jambes et que l’un d’eux glisse sa main entre ses cuisses et la branle pour éteindre le feu qui s’est emparé de son sexe et remonte maintenant jusqu’à ses seins qui durcissent douloureusement. Jeff qui la connait biens’en aperçoit et détourne la tête, préférant concentrer son attention sur les rizières qui déroulent leurs rubans sinueux et le miroitement de leurs eaux brunes, de part et d’autre de la route. Le riz est encore très jeune et les pousse verts tendres affleurent à peine. C’est un spectacle dont il ne se lasse pas.

Après quelques virages entre les rizières sur une route relativement abimée, la camionnette stoppe au pied d’une colline. Là, posée comme une fleur au milieu de l’eau, trône une magnifique villa en bambou et en chaume. Un petit sentier assez raide permet d’atteindre un grand escalier. Au sommet, une véranda surplombe la vallée et la vue est à couper le souffle. La maison, bien que tournée vers le sud, est situé sur une colline qui ne fait pas face à l’océan, mais l’eau des rizières en compense largement l’absence. À l’intérieur, tout est luxueux et conçu pour le confort et le bien-être. D’immenses canapés clairs sont répartis dans le salon qui couvre toute la surface de la façade. À l’arrière, donnant sur une forêt de palmiers et de frangipaniers, trois chambres sobres mais d’une beauté parfaite, complète la maison. Sur le côté gauche, une piscine pavée de pierre noire offre un bassin aux formes irrégulières qui suivent le contour de la colline. Le lieu est magnifique et Chloé bien qu’habituée aux luxe de son hôtel, n’en revient pas de s’installer dans une maison aussi belle. Mais Jeff ne semble pas satisfait.

– ça va pour quelques temps mais il faudra que l’on trouve autre chose rapidement, dit-il soudain, à la grande surprise de ses deux comparses.

– elle me va très bien cette maison. Elle est belle et confortable et la piscine est magnifique ! répond-elle étonnée de la réaction de Jeff.

– oui mais le chemin est défoncé, le sentier trop raide et l’escalier bien trop long. La véranda est dangereuse pour les enfants, sans parler de la piscine qui n’a aucune protection ! 

Chloé se met à rire.

– et bien, il ne t’a pas fallu longtemps pour réfléchir en papa poule. Il est vraiment temps que tu rencontres François. Je t’assure qu’il va adorer vivre ici. Quant aux escaliers, ça ira. Peut-être vers la fin, je reconnais que ça peut poser problème mais pour le moment, elle me convient parfaitement.Ne te fais pas autant de souci, le rassure-t-elle en contemplant la vue.

– de toute façon, tu ne peux pas rester seule ici, reprend Jeff, impérieux. Avant tu avais Sonia mais maintenant qu’elle s’est volatilisée, il faut que quelqu’un vienne habiter avec toi. Ton amie, celle qui garde François, elle ne voudrait pas s’installer ici ? 

– elle travaille à l’hôpital de Denpasar. Elle est sage-femme. Elle ne pourra pas effectuer le trajet tous les jours, lui rétorque la jeune femme que cette soudaine agitation irrite.

– parfait, une sage-femme. Voilà exactement le genre de personne qui doit vivre ici avec toi, réplique Jeff, insensible à la colère qui monte dans la voix de Chloé.

– Jeff ! Tu ne peux pas organiser la vie des gens de cette façon. Elle refusera ! crie presque Chloé, exaspérée de le voir si vite retomber dans ses vieux travers.

Jeff sourit dans sa barbe et n’ajoute rien, il a désamorcé la bombe Chloé assez facilement et il s’en félicite. Voilà comment la calmer, se dit-il, la colère lui fait vite oublier le sexe.

Chloé pénètre dans la maison, traverse le somptueux salon, longe la cuisine moderne et suréquipée, jette un œil aux immenses salles-de-bain, puis elle se dirige vers l’arrière de la maison et, après avoir longé le couloir à plusieurs reprise, arrête son choix sur la plus grande chambre dont l’immense lit l’attire irrésistiblement. La chambre la plus proche de la sienne conviendra parfaitement à François. Il faudra lui installer un lit plus petit et lui racheter des jouets. Toutes ses affaires sont dans un garde meuble dans le Connecticut et elle n’a pas envie de s’en préoccuper pour le moment, pense-t-elle en agençant déjà les meubles dans sa tête.

– tu sais Jeff, il manque juste un lit d’enfant dans cette chambre et il faut que j’aille racheter des affaires pour François. Je n’ai presque pas de vêtement, non plus. J’ai tout laissé aux États-Unis.

– on va s’occuper de tout ça, lui répondJeff qui a finide faire le tour de la maison et teste maintenant la solidité des rambardes qui donne sur le vide.

Le voyant faire, Nyoman intervient d’une voix calme :

– moi je peux aller acheter le lit si vous voulez, puis je reviendrai le monter.J’ai vu un cellier sous la maison. Je pourrais y ranger tousles meubles que vous ne voulez pas comme ça votre fils aura de la place.

Chloé et Jeff le regardent, jaugeant l’intérêt de la proposition puis Jeff réplique :

– il faut d’abord que tu nous ramène chez moi pour que je prenne ma voiture. Après nous irons à Denpasar acheter tout ce dont tu as besoin Chloé, puis nous prendrons François et je te ramènerai ici.Il faudra aussi que je te trouve une voiture. Tu ne peux pas rester ici sans voiture avec un enfant en bas-âge. Tu n’en avais pas une avant de partir ? 

– si, répond Chloé, mais elle appartenait à l’hôtel.

– nous irons en acheter une demain. Non, demain, je ne peux pas !Se souvient-il en sentant monter à nouveau l’angoisse de la rencontre à venir.

– je peux m’en charger, si vous voulez,reprendNyoman qui garde ses distances mais quitte rarement Chloé des yeux. La robe longue enveloppe son corps sans le mouler vraiment et rend la jeune femme terriblement séduisante.

– on verra si on a le temps tout à l’heure, lui répond Jeff absorbé par les différentes obligations qui s’imposent soudainement à lui. Sinon Chloé t’appellera demain pour que tu l’y emmène. Ça te va Chloé ? ajoute-t-il en se souvenant qu’elle a son mot à dire.

– vous êtes des amours tous les deux ! Je vous adore ! dit cette dernière en les embrassant tous les deux du regard puis elle les serre l’un après l’autre dans ses bras, écrasant sa grosse poitrine de femme enceinte sur leur torse respectif. Jeff se détourne, gêné par une érection qu’il souhaiterait voir disparaitre rapidement. Nyoman est aux anges. Son parfum est sublime, sa peau est douce, ses cheveux sentent si bons. Il est définitivement conquis par cette occidentale qui le dépasse d’une bonne tête.

Jeff a hâte d’en finir. Toutes ces préoccupations purement matérielles l’agacent et lui donnent le sentiment de perdre son temps. Il presse tout le monde de reprendre la route et en quelque minutes, Nyoman les ramène à la résidence où Chloé et Jeff embarquent dans le tout terrain plus confortable de Jeff pendant que Nyoman les suit dans sa camionnette. Il doit se rendre dans la zone industrielle pour trouver un lit à barreau puis revenir à la villa pour le monter et cette pensée le tient tellement en haleine qu’il ne voit pas la route passer. L’idée de se retrouver en présence de Chloé le trouble terriblement. Cette femme l’attire comme jamais aucune occidentale. D’ailleurs il ne les a jamais regardées. Mais celle-là est différente de toutes les autres. D’abord elle est très grande et elle est particulièrement belle pour une occidentale. Sa peau est un peu pâle mais elle ressemble à la chair d’un litchi. Peut-être est-elle aussi douce et aussi odorante que la chair du litchi ?

Pendant qu’il rumine ses pensées emmêlées, Jeff et Chloé cheminent plus sereinement vers Denpasar.

– je te remercie de tout ce que tu fais pour moi, Jeff, lui dit Chloé dans le calme de l’habitacle qui feutre toutes les conversations. Je suis désolée de tous les désagréments que t’a causée mon arrivée un peu théâtrale.

– ne t’inquiète pas, répond Jeff magnanime. Tu te rends compte de tout ce que nous avons réussi à nous dire depuis hier ? Nous avons enfin pu nous expliquer sur tout ce qui nous a séparés. Je suis heureux que tu sois là, ajoute-t-il après un long silence. Je vais enfin connaitre mon fils.

– j’ai un problème que tu pourrais peut-être résoudre, dit abruptement Chloé.

– dis-moi ! Si je peux t’aider je le ferais, lui répond-il sans réfléchir.

– donnes-moi ta main, tu vas comprendre. Sa voix et calme et ne déclenche aucune alarme.

Jeff qui conduit, tend la main vers Chloé, ses yeux fixé sur la route. Il sursaute quand celle si rencontre le sein dénudé de Chloé.

– mais qu’est-ce que tu fais ?  dit-il sans pour autant retirer sa main dont les doigts massent machinalement le téton turgescent.

– en fait, mon problème se situerait plutôt là, ajoute-t-elle en faisant descendre la main entre ses cuisses. La voiture fait une embardée et Jeff évite de justesse une moto dont le klaxon retenti longtemps. Il finit par arrêter la voiture dans un petit sentier qui s’enfonce fort heureusement dans une jungle dense et sauvage.

– Chloé, tu ne peux pas faire ça ! Tu ne peux pas m’utiliser chaque fois que tu as envie de sexe !

– tu es mal placé pour dire ça. Continue et tais-toi ! lui ordonne-t-elle les yeux déjà clos et le corps tendu.

– Chloé !  dit-il mollement, alors que sa bouche se dirige sans résistance vers le clitoris proéminent qu’elle a découvert à son intention. Des gémissements retentissement immédiatement dans l’habitacle, faisant momentanément taire les singes et les oiseaux qui nichent, invisibles, au cœur des feuillages. Jeff, enfoui dans une autre jungle, lèche avec délice la chatte béante de Chloé qui torture ses seins pour accentuer encore le plaisir qui monte. Enfin, dans un long cri de délivrance, elle jouit. Jeff se redresse, luisant de son sexe et Chloé sourit.

– attend, dit-elle, j’ai ce qu’il faut !

Elle sort un paquet de lingette de son grand sac et en détache une avec laquelle elle lui essuie consciencieusement la figure, laissant sur son visage une indélébile odeur de bébé propre.

Elle avise ensuite son pantalon bombé dont elle défait prestement la braguette et glissant sa tête entre son ventre et le volant, enfourne son membre tendu sans lui laisser le temps de réagir. Jeff soupire. Ça recommence. Mais c’est si bon ! Ça ne devrait pas être mal d’avoir autant de plaisir avec une femme. Elle le connait si bien ! Elle le suce avec une précision telle qu’il jouit dans une explosion de plaisir qui lui coupe le souffle.

– merde, dit-il en la regardant avaler son sperme voluptueusement, Chloé, nous ne pouvons pas continuer ce petit jeu ! Je peux comprendre que tu ais envie de sexe mais tu ne peux pas te servir de moi toute les cinq minutes. J’essaie de reconquérir une femme que j’aime profondément. Je ne vais jamais y arriver si tu m’oblige à baiser avec toi tout le temps. Elle ne l’acceptera jamais ! Qu’est-ce que je dis-moi ? bien sûr qu’elle ne l’accepterait jamais, mais elle ne doit jamais le savoir et ça ne doit plus jamais se reproduire !D’accord ? 

– d’accord ! On va se dire au revoir alors, tu veux bien ?Susurre Chloé qui se trémousse sur son siège.

– comment ça, se dire au revoir ? réplique Jeff qui se pensaittiré d’affaire.

– tu vas comprendre ! Elle retrousse sa robe qu’elle fait passer par-dessus sa tête puis s’installe confortablement dans le siège qu’elle fait pivoter vers lui et dont elle descend le dossier.

– viens me dire au revoir pour la dernière fois mon amour, murmure-t-elle alanguie, les jambes déjà écartée, les pieds reposants en hauteur, le sexe luisant et offert. Ses seins forment deux montagnes impossibles à contourner. Ils sont dressés et tendus comme le sexe de Jeff et barrent toutes possibilité de voir au-delà.

– ne m’appelle pas mon amour, dit finalement Jeff en se laissant glisser dans le véhicule pour se positionner entre ses jambes. Tu n’as plus le droit de m’appeler mon amour, ahane-t-il. Sa bite est déjà rentrée et il bouge comme il peut, les jambes un peu entravées par le levier de vitesse et la grande boite à gant qu’il trouve très pratique habituellement. Il trouve finalement une position moins inconfortable. Au demeurant il s’en fout. Chloé gémit déjà, ses seins roulent juste sous ses yeux et il s’arrime à l’un deux avec les lèvres pour ne pas la perdre pendant que sesmainss’accrochent frénétiquement à ses hanches arrondies. Putain que c’est bon de baiser avec elle se dit-il. Je ne vais pas pouvoir m’en passer. Puis il pense à Komang, sa douce Komang qui lui apporte des plaisirs plus subtils et il débande momentanément mais Chloé est attentive à la moindre défaillance et les contractions de son vagin le remettent dans la course. Ils la terminent ensemble dans une embardée échevelée et leurs cris font s’envoler quelques oiseaux farouches que le bruit inhabituel dérange. Les lingettes font leur réapparition et Chloé a vite fait de nettoyer tout ce qui se présente à sa portée. Jeff bande encore un peu au contact de la main humide qui lui nettoie le gland, mais il réfrène l’envie de recommencer et après avoir refermé son pantalon, se réinstalle devant son volant, attendant que Chloé est rajusté sa robe.

– c’était la dernière fois, d’accord ? dit-il du ton le plus sérieux possible.

– d’accord, répond-elle, mais il entend bien que le ton de sa voix dit le contraire et il se fait la réflexion qu’il devra être prudent à l’avenir dans ses relations avec Chloé.

Ils arrivent rapidement à Denpasar malgré la circulation toujours très fournie et Chloé le dirige vers l’extérieur de la ville où elle a trouvé un magasin qui vend des vêtements et des jouets.

Elle remplit un plein panier de différents vêtements utiles pendant que Jeff, comme un enfant, entasse tout ce qui lui tombe sous la main au rayon jouet. Chloé doit effectuer un tri plus raisonnable mais elle le laisse payer sans protester. Le coffre enfin rempli, elle le guide dans les petites rues extérieures et lui montre en passant, la maison dans laquelle elle a mis François au monde, cette maison qu’elle avait louée avec l’argent de Sonia suivant scrupuleusement ses consignes. Jeff est ému de découvrir l’élégante maison balinaise au toit d’alangalang qui a accueilli Chloé et son fils durant les premiers mois de leur vie à Bali. Il se prend à songer qu’il aurait pu y être, être là avec elle, participer à cette vie de couple, cette vie de famille qui était en train de se construire…et il regrette le temps perdu, les silences qui ont trompé Chloé et l’ont fait fuir. Il regrette le temps où être avec elle semblait si naturel, si évident qu’il n’envisageait pas un instant sa vie sans elle. Il regrette même la boite et les tenues aguichantes, la jupe courte et les talons aiguilles, le décolleté si excitant. Chloé était si belle, si jeune, si passionnée. Elle était à lui et ne voulait que lui.Il l’a perdu par bêtise, par manque de confiance en elle, par excès de suffisance, parce qu’il voulait tout régler tout seul.

La maison semble habitée et ils la dépassent lentement. PuisChloé lui en indique une autre un peu plus loin dans la rue légèrement en pente et Jeff stoppe enfin le véhicule devant une allée bordée de bassins où poussent de hauts bambous qui protègent la maison. Il attendait ce moment depuis silongtemps et maintenant il a peur. Si son fils ne l’aimait pas ? S’il ne voulait pas de lui comme père ? Comment réagirait-il ?

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