JE LE REGARDE – Chapitre 10

Chapitre 10 

Je le regarde parler ; il déambule dans la chambre, téléphone à l’oreille et énonce patiemment les dimensions d’un objet qu’il veut visiblement faire fabriquer.

Il donne des mesures, des références de bois…Je me prélasse dans mon bain et me désintéresse finalement de cette conversation qui n’a aucun sens pour moi.

Depuis que nous sommes rentré, notre relation est à la fois plus directe et paradoxalement, plus complexe. J’ai perdu une partie de ma liberté et Jeff se conduit comme s’il avait conquit un territoire.

J’ai repris mon travail et intégré mon poste de façon officielle ; je me tiens maintenant tous les jours derrière le grand comptoir en marbre de la réception. Celle-ci étant ouverte en permanence, Monsieur Dumont m’a demandé de modifier mes horaires; j’alterne donc des semaines où je travaille de jour et des semaines où j’officie la nuit. Au début Jeff a râlé car il aimait bien le rythme que nous avions pris précédemment ; puis il s’est résigné. Moi, j’aime bien travailler de nuit. Cela me rappelle le club ; tout y est plus feutré, plus discret. Les gens crient beaucoup moins et se plaignent moins. Leurs demandent exigent plus de discrétion de part et d’autre ; Ils veulent des taxis pour les conduire dans des lieux discrets ; Ils veulent savoir si nous pouvons leur recommander des jeunes femmes pour finir la soirée ; Ils veulent manger quand la cuisine est fermée, mais finisse par se contenter d’un sandwich, seul denrée que nous pouvons leur proposer au bar. Ils veulent des préservatifs sophistiqués ; qu’on change leurs draps en pleines nuits ; pleins d’oreillers supplémentaires…

Une nuit, un client demande même à changer de matelas et devant notre refus, à changer de chambre, ce que nous ne pouvons accepter car personne n’est disponible pour refaire ses bagages, les transporter et réinstaller ses affaires. Il se met très en colère et demande à parler immédiatement  à la direction; ce que nous déclinons. On ne réveille pas le Directeur en pleine nuit pour une histoire de chambre. Finalement, Monsieur Dumont règle le problème au matin en lui suggérant d’essayer un autre établissement. Ce matin là, je rentre à la maison fatiguée. Jeff est déjà au travail et je prends à peine le temps de l’embrasser avant de monter dans ma chambre où je me couche et m’endors instantanément.

Vers quatorze heures, Jeff m’apporte mon petit déjeuner au lit et me dit :

– j’ai une surprise ! Je l’ai fait fabriquer spécialement pour toi. Déjeune et je te montre !

Il revient peu après, porteur d’un carton assez volumineux dont il extrait rapidement diverses pièces de bois. Je bois lentement mon café en le regardant poser par terre deux éléments qui ressemblent à de longs pieds de table, auxquels il fixe deux tiges en bois, une à chaque extrémité. Puis il sort une planche incurvée, comme une sorte de boomerang qui semble constituer l’assise d’un petit banc. Il emboite la planche sur les pieds qu’il visse solidement. Il sort ensuite deux petits arceaux qu’il fixe à chaque bout  du banc. Puis il me regarde.

–  qu’est-ce que c’est ? Lui dis-je interloqué. Je dois m’assoir dessus ? À quoi ça sert ? 

–  attend me répond-il, il manque la pièce principale, tu vas comprendre ! 

Il extrait du carton un godemichet en bois qu’il me tend.

–  regarde la ! dit-il, elle ne te rappelle rien ? 

Je fais tourner la pièce de bois entre mes mains et soudain je la reconnais. C’est la sienne ! Jeff a fait sculpter une réplique de son sexe !

–  mais tu es fous pourquoi as-tu fais un truc pareil ? 

– parce que je veux être le seul à te donner du plaisir ; viens l’essayer, tu n’as pas idée du plaisir que cela procure ! Allez viens ! répète t’il devant mon air peu enthousiaste. Il me tend la main et me fais sortir du lit.

Puis il fixe la verge au centre du banc incurvé, le gland vers l’extérieur.

– Tu peux le changer de sens si tu veux ; ne crains rien, ce truc est très stable. Je vais t’explique comment ça marche.

Pendant qu’il ôte mon débardeur et fait glisser ma culotte jusqu’au sol, il me dit :

– tu vois, tu t’assieds sur le god et tu le laisse entrer. Après, libre à toi de bouger ou de rester comme ça ; de toute façon, quoi que tu fasses, tu finiras par jouir ! Comme ça, c’est toi qui décide du temps que tu veux prendre ! C’est génial !

– mais Jeff, je préfère faire l’amour avec toi ! Tu me comble entièrement ! Pourquoi veux-tu que j’ai besoin de ce truc un peu pervers ? 

– pervers ? Chloé ! C’est la Rolls des god ! Viens essayer et tu me diras après ce que tu en pense !

Il me pousse doucement mais fermement vers le petit banc et pesant sur mes épaules, me force à venir me poser sur le sexe en bois. Je ne suis pas prête et l’engin, bien que parfaitement patiné, ne rentre pas.

Jeff sors alors de sa poche des rubans de velours noir.

– tu vas voir, dit-il, avec ça ce sera mieux !

Puis, délicatement, il place ma main droite sur l’arceau et l’attache ; il répété l’opération avec la main gauche qu’il entrave sur l’arceau opposé. Me voilà ligoté à ce stupide truc. Il n’a pas serré très fort mais je ne peux pas bouger. Je suis d’abord gagnée par un sentiment d’exaspération, mais je m’aperçois en même temps que mon sexe se mouille et que la verge en bois commence à me pénétrer. Il répète l’opération avec mes chevilles, qu’il attache en m’écartant les jambes pour que mes pieds se trouvent au même niveau que les pieds du banc. Mon sexe, ainsi offert, ne résiste plus, et la verge glisse entièrement à l’intérieur de mon vagin. Je reste un moment sans bouger regardant Jeff avec colère :

– Je croyais qu’on en avait fini avec tout ça, Jeff ! 

– détends toi Chloé, tu vas adorer, fais moi confiance !

Il sort de sa poche un foulard de soie noire qu’il fait délicatement glisser sur mes seins, sur mon visage, puis autour de mon cou ; il finit par le nouer prestement sur mes yeux.

– Jeff, non ! Pas ça ! lui dis-je en m’agitant, provoquant ainsi une monté de plaisir. Je pousse un gémissement, tant la sensation est inattendue. J’ai l’impression d’être seule et vulnérable et pourtant je suis de plus en plus excitée. Jeff s’approche de moi et se met à me lécher doucement les seins pendant que de ses mains, il m’invite à bouger mes fesses. Je reste immobile, essayant de prendre pleinement conscience de ce que je ressens. Malgré la colère qui prédomine, j’arrive à me concentrer sur les sensations purement physiques. Je n’ai pas le choix ; je connais Jeff : il ne me libèrera que quand il aura mené son jeu à terme.

Je suis dans le noir, pieds et mains ligotés, mon sexe est empli et une langue parcoure mon corps. Le god en bois est chaud et la tentation est trop grande. Je me trémousse légèrement sans pour autant obtempérer aux mais pressantes de Jeff. Je sens le bois chaud frotter contre mes muqueuses ; c’est bon ! Alors, n’y tenant plus, je commence un lent mouvement du bassin pour monter et descendre le long de la verge et je ne peux taire un profond gémissement. C’est un plaisir étrange. Je suis en train de me masturber dans le noir, devant Jeff qui me regarde et me touche. Plus mon mouvement s’accélère et plus il descend sa langue. Quand elle arrive sur mon clitoris, je pousse un cri de plaisir. Je suis offerte et à sa merci, et je n’ai rien connu d’aussi excitant depuis longtemps. J’arrête un moment mes mouvements pendant que Jeff pratique un cunnilingus parfait. Lent, précis, exactement sur la pointe de mon clitoris qu’il a dénudé de sa gangue de peau. Il l’attrape entre ses lèvres et le suçote doucement, le tète délicatement. Le plaisir s’intensifie et se transforme rapidement en un orgasme ponctué de gémissement vibrant. J’aimerai le toucher et le voir, mais je ne peux pas, et cela accentue encore le plaisir que je ressens.

J’entame ensuite un rapide va et viens le long de la verge. Jeff s’est retiré et je l’entends qui gémit lui aussi. J’accélère le mouvement. Ce sentiment de vulnérabilité et d’accessibilité est intolérable, mais représente un puissant excitant. J’ai pris appui des deux mains sur les arceaux et, m’arcboutant de toutes mes forces, je me projette maintenant violement sur l’artefact. Je n’arrive plus à contrôler mes mouvement tant le plaisir est intense. J’ai l’impression que mes cuisses ne vont pas me soutenir très longtemps. La douleur dans mes jambes, la friction des liens sur mes poignets et mes chevilles, accentuent encore la violence du plaisir qui monte, comme une gamme chromatique, chaque fois un peu plus intense ; chaque mouvement, chaque sensation sur mes mains, l’absence même de caresse sur mes seins, leur ballotement lourd, leurs pointes durcies, toutes ses sensations sont démultipliées. Ma vulve est en feu et s’embrase en un orgasme d’une force sidérante. Je pousse de longs cris aigus qui redoublent quand je reçois plusieurs giclés de sperme chaud sur le visage et sur les seins. Je retombe lourdement sur le banc, empalés par la verge en bois et renonce à faire des efforts pour me libérer. Jeff le fera lui-même quand il l’aura décidé. Il me laisse un moment seule, satisfaite mais agacée par ce traitement, agacée par ce sexe qui me rempli et que je ne peux m’empêcher de sentir. Je ne veux pas recommencer à me trémousser ridiculement dessus, mais je dois me faire violence pour y résister.

Finalement, Jeff me délivre et me porte comme une enfant jusqu’au lit, où il me laisse me rendormir. A mon réveil, il dort profondément, soudé à moi. Quelques semaines auparavant, je l’aurais probablement réveillé en lui embrassant le sexe ou en le chevauchant, mais notre relation a dérivé vers une sexualité plus sophistiquée, bien que moins tendre. Je rêve souvent que nous revenions à nos corps à corps passionnés, mais Jeff ne semble plus s’en satisfaire. Il multiplie les positions acrobatiques et je me sens de plus en plus utilisée ; comme si mon corps lui permettait d’assouvir tous ses fantasmes. Pourtant, je ne parviens pas à lui résister ; il m’apporte tellement de plaisir et mon amour pour lui est si fort que je ne trouve plus rien de dégradant dans ce qu’il me demande. Notre relation houleuse avec Martin a, malgré nos efforts, laissé des traces et affecte notre sexualité de plus en plus fréquemment. La prudence du retour à la maison à laissé la place à une sexualité sans limite où Jeff prend, donne à sa guise, sans que je ne puisse lui opposer aucun refus. J’ai brisé des interdit en couchant avec Martin qu’il a ensuite fait voler lui aussi en éclat. Je me demande si cette quête éperdue du plaisir physique ne vient pas de là. Jeff semble à la recherche de quelque chose qui le comblerait en moi et qu’il ne trouve plus totalement ; je l’entends dans ses cris retenus quand il jouit, je le sens dans sa façon de me faire l’amour, toujours plus complexe et fébrile. Plusieurs fois déjà, il m’a obligé à le regarder se branler, à genou devant lui, sans avoir le droit de le toucher ni de bouger, récipiendaire de son sperme, tel un trophée qu’il regarde couler avec délectation sur mon visage et sur mes seins.

A d’autres moments, il ne se contente pas d’une seule d’un seul de mes orgasmes et me manipule plus ou moins délicatement jusqu’à ce que je jouisse plusieurs fois à la suite. Mon corps vit des paradoxes effrayants ; il est endolori et pourtant ne se rassasie jamais. J’ai l’impression d’être devenue insatiable ! Je suis excitée à longueur de journée et de nuit et chaque orgasme en appelle un autre jusqu’à l’épuisement. Je me vois comme un fruit mur et juteux que Jeff dévore, dont il pompe le jus jusqu’à l’anéantissement. Je me traine au travail, ce qui n’est pas sans conséquence, et rentre ventre à terre à la maison pour me soumettre à ses volontés. Notre vie n’a plus comme objectif que d’abattre le plus de travail possible pour s’épuiser, puis se retrouver pour s’essayer encore et encore à une communion qui s’estompe au fil des jours, remplacée par des affrontements sexuels. Jeff me lance des défis stupides comme un enfant dans une cours de récréation. Il décide par exemple que je dois jouir un nombre de fois donnée à la suite. Il me demande de m’allonger sur le  lit et il me fait l’amour jusqu’à ce que je jouisse, puis, il me retourne sur le ventre et il recommence ; à chaque orgasme, dont il tient alors un compte rigoureux, il change de position ou de technique. Je jouis une première fois sur le dos alors qu’il me pénètre en me regardant attentivement dans les yeux. Il ne veut pas que je le lâche du regard mais je n’arrive pas à garder les yeux ouverts quand je jouis et Jeff m’accuse de vouloir le priver de mon plaisir. Puis je me retourne sur le ventre et il m’enfile sans ménagement. Mon cul s’embrase vite car il est toujours aussi réactif et après peu de temps je cris de plaisir. La troisième fois pose plus de problème car j’ai sommeil et même si la brulure dans mon ventre est toujours présente, je suis lasse de ses jeux et préférerai de loin que nous parlions, que nous nous caressions tendrement comme nous le faisions avant. Je m’installe donc comme Jeff me le demande et le laisse s’agiter un moment en moi, mais l’excitation est tombée. Je suis fatiguée. Mais il ne veut rien entendre ; il écarte mes jambes résolument et y fourrant sa bouche, entreprend de me lécher. Il en oublie de stimuler mes tétons tant il est concentré sur mes gémissements. Je cherche au plus profond de moi, de ma mémoire, un souvenir heureux, et me revient à l’esprit notre première nuit, amoureuse et passionnée, où nous avons étanché notre soif l’un de l’autre dans de grands cris de plaisir. Je finis par geindre dans un orgasme sans attrait qui éclate en moi comme une petite bulle de savon. Jeff s’énerve. Je ne suis pas assez concentrée, je ne fais aucun effort. Il n’a toujours pas jouit, il se retient. Il a prévu son final, son apothéose, mais je ne résisterai pas à une quatrième prise, alors je me redresse, l’attrape par le bras et malgré sa force largement supérieure à la mienne, parvient à le faire tomber sur le lit. Je m’assieds sur ses jambes pour le bloquer et commence à le sucer. Il se débat en criant :

– non Chloé, je n’ai pas fini, tu dois encore jouir, encore plusieurs fois avant !  mais je suis lasse alors je me rebelle :

– c’est fini, Jeff, ces jeux stupides sont finis ! Je ne dois pas jouir encore une fois ! Je ne peux plus jouir encore une fois ! Je ne défends pas un titre pour le livre des records, je suis épuisée, mon corps est fourbu, j’ai mal partout ! Je ne te sens plus quand tu me baise, alors il faut que tu arrêtes ! Je vais te sucer parce que tu aimes ça et qu’il faut que tu jouisses pour te calmer, puis nous dormirons ! 

Il se laisse faire, mais je sais que même s’il se rend à la raison, je l’ai blessé et cela ne se terminera pas aussi facilement. Au demeurant, il se livre à moi et je m’applique à lui donner le plus de plaisir possible en lui prodiguant toutes les caresses qu’il aime. Il éjacule finalement dans des grognements satisfaits et me regarde avaler son sperme comme un propriétaire regarde un animal domestique obéissant.

 J’espère que le voyage à Dubaï, qui se prépare durant ce mois de février, va nous apporter un peu de sérénité. Jeff est fébrile. Il doit y signer d’importants contrats et son stress est au maximum durant les jours qui précèdent.

L’avant-veille de notre départ, je travaille de nuit. Les clients sont peu nombreux en ce mois de février froid et peu ensoleillé ; la nuit est calme. Deux hommes entrent vers trois heures du matin et demande des boissons. Je m’empresse de réveiller Benjamin, le barman, parti se reposer dans une pièce attenante. Il se traine derrière le grand comptoir de bois et leur sert deux vodkas. Les deux hommes taciturnes s’installent à une table proche de l’entrée. En repartant vers l’accueil, après m’être assuré que benjamin reste éveillé jusqu’à leur départ, je les entends parler en russe. Celui qui me fait face est grand et brun ; le visage fermé, il m’observe quand je passe devant lui et je sens son regard me suivre pendant que je traverse le hall pour rejoindre mon poste, comme une brulure dans mon dos. Je suis parcourue par un sentiment d’angoisse que je chasse en me disant que je suis complètement paranoïaque. Je ne vois aucune raison pour que ces hommes me veuillent du mal et je suis en sécurité à l’intérieur de l’hôtel où malgré le calme apparent, le personnel travail à tous les étages. Je me calme complètement en me rappelant que le système de surveillance est très perfectionné et que nous sommes filmés en permanence par des caméras positionnées à tous les points stratégiques de l’hôtel. Je les vois cependant s’en aller avec soulagement. Je quitte mon service vers six heures du matin et sors de l’hôtel en voiture par la rampe qui dessert les parkings souterrains. Je roule depuis déjà quelques minutes quand j’aperçois des phares dans mon rétroviseurs. Ils se rapprochent à vive allure et le véhicule, que je ne peux distinguer tant ses lumières sont puissantes, se colle pratiquement à ma voiture. J’accélère légèrement pour tenter de prendre un peu de distance, mais il en fait autant. J’ai peur qu’il me percute malencontreusement et j’espère avec impatience le moment où il changera de trajet, me permettant ainsi de reprendre mon allure normale. Malheureusement, la voiture semble emprunter le même trajet que moi, et nous entamons la côte, toujours collés l’un à l’autre. J’appuis fébrilement sur les commandes de mon téléphone installés au volant et appelle Jeff que je réveille visiblement.

– qu’est ce qui se passe Chloé ? 

– j’ai peur, Jeff. Il y a une voiture qui me suit depuis que je suis partie de l’hôtel ; elle est collée à moi et je n’arrive pas à la semer. J’ai peur qu’elle me rentre dedans et qu’on ait un accident ; peut-être que je suis folle mais cette voiture est vraiment collée à mon pare choc, je ne vois même plus ses plaques !

La vois de Jeff est réveillée et tendu quand il me répond :

– ne t’arrête sous aucun prétexte ! Tu m’entends Chloé ? Roule, ne rentre pas à la maison continu à rouler, j’appelle la police. Ne t’arrête pas ; n’ouvre pas les portières. Roule, on te localisera ; surtout sois prudente. Continue à rouler on arrive ! 

Et il raccroche.

Qui ça on ? Qui arrive ? Pourquoi Jeff ne m’a-t-il pas rassuré ? Pourquoi avait-il l’air préparé à ce que je viens de lui dire ? Je suis assailli par ces multiples questions quand un véhicule surgit devant moi, sortant d’une petite route sombre. Après s’être stabilisé, il ralenti, m’obligeant à freiner pour ne pas le percuter. Nous roulons ainsi quelques mètres et le gros engin ralenti toujours; la route étroite et sinueuse ne me permet pas de me dégager. Soudain, le véhicule freine et s’immobilise brutalement devant moi ; je ne peux arrêter ma jolie petite voiture à temps et viens le percuter de plein fouet, déclenchant l’ouverture des air-bag qui me plaquent violement contre le siège et m’emprisonnent les jambes. Le choc est si soudain, que je mets un moment à reprendre mes esprits. Les air-bag se dégonflent rapidement mais je peine à retrouver ma respiration, encore traumatisé par la violence de l’ouverture des coussins de protections. Je regarde autour de moi, je ne suis plus très loin de la maison et je rêve d’aller me coucher dans mon grand lit protecteur, quand des coups violents me font tourner la tête. C’est le type du bar. Il frappe sur la vitre avec son poing comme s’il voulait la briser à main nue. Il s’acharne mais la vitre résiste. Je vois son acolyte s’approcher comme au ralenti. Il tient à la main une barre de fer et je comprends que la vitre va exploser. Je ferme les yeux et j’entends, tétanisée, une violente déflagration puis une deuxième, puis deux autres encore. Je n’ai pas bougé, je suis restée sur mon siège, immobile, attendant à tout moment d’être extirpée du véhicule, mais il ne se passe rien. J’ouvre les yeux et j’ai l’impression d’être seule ; soudain le visage de Jeff apparait à la portière passager. J’entends sa voix qui me demande de lui ouvrir la porte mais je n’en ai pas envie. J’ai envie de dormir et d’oublier. Je ne veux ouvrir à personne mais Jeff supplie et me raisonne. Il m’enjoint de reprendre mes esprits et me dit que je dois partir de là au plus vite ; alors, à contre cœur, je déverrouille les portes. Jeff se rue à l’intérieur et me traine dehors. Il jette sa veste sur moi, pratiquement sur ma tête, et m’entraine en courant jusqu’à sa voiture qu’il a laissé, portes ouvertes, phares allumés, au beau milieu de la route. Il me pousse à l’intérieur et grimpant au volant, effectue un demi-tour rapide et précis et me ramène à la maison, alors que retentissent dans le lointain les premières sirènes des voitures de police. A peine garé sur l’esplanade,  il me traine dans la maison et m’oblige à grimper les escaliers jusqu’à la chambre. Il m’allonge sur le lit et me déshabille fébrilement. Non ! Il ne va pas me faire l’amour maintenant ! Il arrache presque mes vêtement et m’ayant ainsi dévêtu, m’ausculte longuement des pieds à la tête. Enfin, constatant avec soulagement que je n’ai rien, il se calme et m’embrasse fébrilement.

– c’est fini Chloé, c’est fini ; tu as eu le bon réflexe. Tu as eu raison de m’appeler ! Il faut toujours que tu pense à m’appeler quand on s’en prend à toi ! 

– mais pourquoi ont-ils fait ça ? Que me voulaient-ils ? Tu sais, ils étaient au bar de l’hôtel cette nuit ; je peux les reconnaitre ; je peux les identifier ! 

– ce ne sera pas nécessaire. La police s’en occupe. Ils ne te feront plus de mal !

– mais comment tu peux dire ça, ils n’étaient plus là quand tu m’as fait sortir de la voiture ! Ils n’étaient plus là n’est-ce pas ? 

 Et soudain, comme un voile qui se déchire, je vois ce que je n’ai pas voulu regarder quand Jeff a jeté sa veste sur ma tête ; je vois des corps par terre et Sonia debout, un long pistolet tendu à bout de bras.

Comment ais-je réussi à occulter cette image ? Pourquoi Sonia était elle armée ? Pourquoi a-t’elle tiré sur ses hommes ?

– ils sont morts, c’est ça ? Elle les a tués ? 

– écoute Chloé, Sonia a fait ce qu’elle avait à faire. Ne t’inquiète pas de tout ça ; c’est fini ! Tu dois te reposer maintenant. Regarde, le jour se lève, il faut que tu dormes. Tu dois être épuisée.

Il me borde délicatement puis s’allonge à coté de moi et me tient tendrement dans ses bras, comme s’il me berçait.

– ma petite Chloé, tout va bien, c’est fini ;

Sa voix qui murmure tendrement m’entraine dans un sommeil lourd et profond, peuplé de rêves agités dont je ressors groggy quelques heures plus tard. Je me lève et me traine jusqu’au salon où Jeff me rejoint immédiatement, sortant de nulle part. Il devait me guetter. Il m’installe à la table de la cuisine et me sert un café serré et délicieux, accompagné de pain frais et de croissants. On dirait qu’il ne s’est rien passé, que c’est une journée comme les autres. Mais ce n’est pas le cas. Hier soir, j’ai été attaqué par des hommes ; combien étaient t’ils d’ailleurs ? Je n’en ai pas la moindre idée ! Probablement trois ou quatre. Je me souviens des détonations. Il y en a eut quatre. Il devait donc être quatre ! Pourquoi les a-t-elle tués sans sommation ? Il n’y a eut aucun bruit, aucune discussion ! Jeff et Sonia ont du arriver, sortir du véhicule et Sonia a ouvert le feu, décimant mes assaillants.

– est-ce que Sonia est en prison ? 

– non, pourquoi y serait-elle ? 

– elle a tué ces hommes cette nuit ! 

– pourquoi dis tu qu’elle les a tué ? Elle les a immobilisés, c’est tout !

– Jeff, quand tu m’as sorti de la voiture, ils étaient allongé sur la route et plus personne ne bougeait ; il n’y avait plus aucun bruit. S’ils étaient blessés ils auraient crié. Je me souviens du silence ; un silence de mort ! 

– C’est vrai Chloé, je les ai tué, mais il ne pouvait en être autrement ; dit la voix calme de Sonia qui vient d’entrer dans la pièce et se tient debout devant moi.

– il y a une chose qui m’échappe : qui étaient t’ils et pourquoi n’êtes vous pas en prison ? Pourquoi la police n’est pas là en train de m’interroger ? Pourquoi vous ne m’expliquez vous rien ? Jamais rien ! Comme pour le cambriolage…vous pensez que je ne sens pas qu’il se passe quelque chose ? Vous me prenez pour une imbécile ? J’ai été attaquée hier soir, j’ai eu terriblement peur, je mérite une explication ! 

Sonia jette un coup d’œil à Jeff qui hoche imperceptiblement la tête.

– en effet, vous avez droit à une explication. Ces hommes sont en affaire avec Monsieur Charles Vaucanson. Ils ont attaqués Jeff pour lui soutirer des renseignements et je suppose qu’ils essayaient de vous enlever pour faire pression sur lui. Je les ai tués parce que je n’avais pas le choix. La police ne viendra pas vous interroger parce que l’affaire est déjà réglée. Je les ai débarrassés de gens encombrants ; c’est mon travail. Voilà ce que vous avez besoin de savoir.

Elle repart, silencieuse.

Jeff, qui a écouté ce discours sans broncher, me propose de finir mon déjeuner et de partir nous balader. Il me suggère de prendre un jour de congés et me montre un certificat médical et un arrêt maladie signé par un médecin que je ne connais pas et que je n’ai jamais vu.

– Tu as fais venir un médecin ? 

– oui, il est passé ce matin ;

– mais je ne l’ai même pas vu ! 

– peu importe Chloé. Tu peux t’arrêter un moment ; cela te fera du bien et nous permettra de préparer notre séjour à Dubaï ;

– mais je ne peux pas m’absenter comme ça ; et puis je pensais qu’avec tout ce qui nous arrive, nous allions annuler ce séjour ! 

– non, c’est impossible Chloé ; justement, à cause de tout ce qui arrive je dois impérativement aller à Dubaï. Cela réglera probablement le problème !

– est-ce que tu pourrais m’expliquer clairement ce qui se passe Jeff ; je nage en plein brouillard. On vit comme des princes, ne se souciant de rien et soudain, tu te fais agresser, des hommes essaient de m’enlever ; Sonia les tue ; je suppose qu’elle a aussi tué les précédents. J’ai besoin d’explication parce que je commence à avoir très peur et je ne me sens plus en sécurité ni dans cette maison, ni au travail, ni avec toi !  Ma voix, que je ne contrôle plus, est montée dans les aigus.

– ne dis pas ça Chloé, tu es en sécurité ; tu ne pourrais pas l’être plus que ça ! Tu as à tes cotés la personne la plus compétente et efficace qui soit ! La preuve : nous allons bien tous les deux !

– mais comment fais tu pour vivre avec cette menace permanente ? Je ne pense pas pouvoir y arriver Jeff ! 

– je t’en supplie Chloé, ce n’est pas le moment de compliquer la situation. Pour une fois, fais ce que je te demande. Reste avec moi ; allons nous changer les idées, allons faire les boutiques, allons où tu veux, mais reste avec moi ! C’est la seule solution pour te garder en sécurité. Je veux que tu sois avec moi. A l’hôtel, je ne peux pas te protéger. Sonia ne peut pas être partout ; Alors, s’il te plait reste ! Quand nous rentrerons de Dubaï tout sera fini, je te le promets ! 

– j’ai eu si peur, Jeff ! Lui dis-je en me serrant contre lui et en me mettant à pleurer. C’était si effrayant d’être seule en pleine nuit sur cette route déserte avec cette voiture qui ne me lâchait pas ! 

– je sais Chloé ; mais on va faire en sorte que ça n’arrive plus ; fais-moi confiance ! 

Il me laisse pleurer un moment puis fini par me convaincre de m’habiller et il m’emmène passer l’après midi à Monaco. Nous nous promenons, main dans la main dans les ruelles pavées des allées commerçantes, suivis comme une ombre par une Sonia calme mais vigilante. Jeff me couvre de cadeaux luxueux auxquels je ne prête qu’un intérêt limité, puis m’emmène manger dans un splendide restaurant, perché sur la grande corniche et dont une partie, construite en surplomb de la falaise, offre une vue plongeante et splendide sur la mer. Les rochers rouges et ligneux des falaises environnantes font ressortir le bleu profond d’une mer calme et apaisante. La vue me rassérène momentanément. Je ne pourrais pas vivre loin de la mer. La savoir proche, me rassure ; la voir, me calme totalement. La méditerranée est une splendeur. Un bijou ; une mer parfaite ; quelque fois agitée mais toujours belle. Elle offre une image de tranquillité incomparable. Les déchainements des océans sont splendides mais n’apporte pas ce sentiment de pérennité, de continuité.

Nous rentrons tard à la maison, chargés de paquets que je ne défais pas, laissant à Sonia la charge de ce qui est devenu peu à peu une corvée.

Je rejoins Jeff sous la couette après un long bain. Je n’ai même pas pris la peine de m’habiller tant je suis habitué à nos ébats nocturnes. Mais Jeff me serre dans ses bras et posant un doux baiser sur ma bouche, me souhaite une bonne nuit. Surprise et momentanément contente, je m’installe confortablement pour dormir mais je peine à trouver le sommeil. Les premières sensations de manque apparaissent dans mes seins, dont les pointes se dressent et stimule mon sexe au repos. Mon ventre est instantanément envahi d’une chaleur intense qui irradie de mon vagin à mon plexus solaire. Je tente d’apaiser ce besoin de sexe en respirant calmement mais l’envie et l’excitation augmentent malgré moi. Il faut que je baise ; il faut que Jeff me baise. Est-ce une réaction de survie, une manifestation hystérique ? Je n’en sais rien et dans l’immédiat je m’en fous. Il faut que Jeff me remplisse, qu’il comble le manque.

Je me tourne vers lui ; il dort d’un sommeil agité qui le fait cligner des yeux et agite sa bouche de torsions violentes. Je le secoue doucement.

– Jeff ! Jeff ! Réveille-toi ! Il grogne mais ne réagit pas.

– Jeff, mon amour j’ai besoin de toi ! Il sursaute et se redresse d’un bond.

– qu’est ce qui se passe Chloé, qu’est-ce qu’il y a ? 

– j’ai besoin de toi mon amour ; lui dis-je câline, en me collant à lui et en glissant une main jusqu’à son sexe endormi.

– quoi ? Qu’est ce que tu veux ? 

– j’ai besoin que tu me fasses l’amour, Jeff, vraiment besoin ! J’ai besoin de te sentir en moi !

– d’accord, dit-il d’une voix molle comme son sexe qui ne semble pas décidé à se réveiller. Je me glisse sous la couette et l’enfourne dans ma bouche, dont les muqueuses me semblent brulantes. Jeff durcit un peu mais peine à atteindre une rigidité satisfaisante. Je le suce longuement et passionnément et quand je le sens enfin assez raide pour me satisfaire, je m’allonge et écarte les jambes pour l’attirer ensuite vers moi. Il s’installe en soufflant et me pénètre avec un peu de difficulté. Il commence à bouger mais je ne le sens pas ; son sexe ramolli se déplace difficilement et fini par sortir, recroquevillé.

– Jeff, qu’est ce qui t’arrive mon amour ? 

– je ne sais pas Chloé, je crois que j’ai eu très peur pour toi et ça semble affecter mes capacités ;

– oh, mon amour, s’il te plait, fais un effort, j’ai tellement besoin de ta bite ! Je ne peux pas rester comme ça ; s’il te plait, fais le pour moi, baise moi ; j’en ai besoin, baise moi ! Je roucoule à son oreille autant pour le stimuler que parce que j’ai du mal à tenir en place. J’ai l’impression d’avoir des fourmis dans la chatte, et la présence de son sexe qui s’y est tenu un instant, a attisé la brulure.

– putain, Chloé, je fais de mon mieux, mais je n’y arrive pas ! 

– Jeff, ne me laisse pas comme ça, je t’en supplie, je suis toute mouillée tellement j’ai envie de toi, regarde ! Et je colle sa main dans ma fente où d’un doigt, il peut constater la véracité de mes propos. Il colle sa bouche sur mon sein et je gémis immédiatement tant la sensation est pure et brulante. Sa main, déjà en place, frotte ma vulve vigoureusement et je m’écarte pour mieux le sentir. Il introduit un doigt dans mon vagin, puis un deuxième, et cet ersatz de sexe me masturbe un moment. Je gigote frénétiquement pour tenter d’amplifier la sensation mais la frustration est grande. Jeff s’en aperçoit. Il lâche mon sein et d’une langue déterminée, il attrape mon clitoris qu’il entreprend de faire reluire. Je gémis dès le premier contact et je me laisse rapidement emporter par un orgasme bruyant mais qui ne parvient pas à assouvir mon envie de sexe. Quand il s’allonge à mes coté, je l’embrasse et attrape sa queue molle.

– laisse tomber Chloé, pas ce soir, je n’y arriverai pas ! 

– Jeff je t’en supplie, j’en ai besoin !

– je sais mais je ne peux pas ; dors maintenant ! S’il te plait dors et laisse moi tranquille ! Puis il me tourne le dos et j’entends rapidement sa respiration ralentir et un léger ronflement s’échapper de ses lèvres entrouvertes. Je rêve de le violer mais j’y renonce finalement et d’un mouvement rapide et précis du doigt, je me fais jouir pour tenter d’éteindre le feu qui brule dans mon bas ventre. Je n’y parviens que partiellement, suffisamment pour arriver à m’endormir tout de même.

Je suis réveillé au petit matin par les poussées vigoureuses et répétées de Jeff qui ahane au dessus de moi. Immédiatement mon excitation renaît, décuplée par la sensation d’être prise, tenue et possédée ; je m’abandonne à son membre qui me ramone longuement et puissamment jusqu’à ce que je le supplie de me faire jouir tant le plaisir est fort. L’orgasme me tord et me disloque ; mes hurlements étouffés dans les coussins résonnent dans mes oreilles et m’assourdissent momentanément. Jeff éjacule bruyamment et s’affale sur moi.

– ça va mieux comme ça ? 

-oui, merci mon amour, ça va mieux ! 

– je t’avoue que j’ai eu un peu peur hier soir quand j’ai vu que je n’arrivais pas à bander malgré tes suppliques si excitantes ; dit-il, alors que sa queue toujours raide s’agite dans mon vagin. Je ferme les yeux et lui murmure à l’oreille :

– encore ! 

Il reprend ses mouvements et son sexe qui m’empale me fait jouir vite et violement. Quand nous nous séparons enfin Jeff dit :

– c’est bon cette fois ci ? 

– ça devrait aller, merci ! Mais ne m’en parle pas trop sinon tu vas devoir y retourner !

– Que l’on fasse immédiatement revenir une bande de truands s’il vous plait, ça rend ma copine dingue de sexe !  rigole Jeff, mais ça ne me fais pas rire et je le lui dis en me blottissant dans ses bras.

– ok, Chloé, j’arrête ! Nous devrions dormir encore un peu ; ensuite nous nous préparerons. Nous décollons en début d’après midi. Il m’embrasse et se rendors instantanément.

Je déteste ça. Je reste éveillé longtemps et fini par somnoler puis m’endormir juste au moment où Jeff s’étire et me fait savoir qu’il est temps de se lever et de se préparer.

Après un repas rapide, nous allons nous doucher, chacun dans sa salle de bain, et nous habiller, chacun dans son dressing – je pense que Jeff a décidé d’être prudent et se tient à distance de moi et des mes envies soudaines. Nous trouvons nos bagages chargés dans la voiture et Sonia au volant, quand nous redescendons. Je tombe de sommeil quand nous décollons finalement de l’aéroport de Nice et dors durant tout le voyage. Le vol est relativement court et quand nous atterrissons sur le tarmac, l’avion roule un moment sur de longues pistes, pour enfin s’arrêter devant l’aérogare réservé au jet privé. C’est un bâtiment gigantesque, formés d’immenses voiles de béton blancs tendues dans le ciel. Quand la porte de l’avion s’ouvre, l’air brulant du désert s’engouffre dans l’habitacle, nous coupant le souffle. Nous descendons sous un soleil de plomb qui contraste avec les douceurs hivernales de la côte d’azur. Une voiturette climatisée et glaciale nous prend en charge pour nous amener jusqu’au terminal où nous devons passer la douane. Je grelotte de froid dans le petit engin électrique qui nous dépose devant l’entrée. Chaleur ! Puis les portes s’ouvrent dans un chuintement ; nous passons le sas et de nouveau la climatisation me saisit. Nous attendons un moment avant de passer la douane et j’ai froid. Je me couvre d’un gilet en laine que Sonia a fort opportunément glissé dans mon sac de voyage.

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