A LA LUMIERE FROIDE DE LA TERRE – Deuxième Partie – Chapitre 4

Chapitre 4

Quelques jours plus tard, après en avoir fini avec mes corvées quotidiennes, je me rendis à l’atelier de Martial.

Après le premier moment de sidération passé, j’avais pris le temps de réfléchir et même si j’étais encore un peu ébahie par les responsabilités qui venaient de m’échoir sans que je les ai demandées, je me sentais de taille à les affronter à condition, et Joshua ne s’y était pas trompé, que je ne sois pas seule.

– alors, madame la chef, tu te sens bien ce matin ?

– ça va, je te remercie d’avoir eu cette idée stupide !

– je n’ai jamais d’idée stupide, tu devrais le savoir !

– tant mieux parce que tu ne vas pas t’en tirer comme ça. J’ai besoin d’aide.

– qu’est ce que je peux faire pour toi ? demanda-t-il affable.

– je ne sais pas. Je ne veux pas être seule à prendre les décisions. J’ai besoin de former un petit groupe qui réfléchisse avec moi au devenir du village et de la communauté.

– tu sais, je suis électrotechnicien, pas politicien.

– et moi alors, tu crois que j’ai reçu une formation particulière pour assumer cette charge ? Alors tu vas arrêter de râler et tu vas assumer avec moi !

– oui, mais en faisant quoi ?

– je ne sais pas encore. Dis oui et nous verrons le moment venu.

– oui.

– merci ! Je te laisse, j’ai d’autres gens à voir.

Je fis une rapide tournée du village. Dans la boutique, je discutais un moment avec Julianne qui me fit quelques suggestions que je notais soigneusement dans un de mes derniers petits carnets – quand je les aurais tous couverts d’une écriture que je rendais de plus en plus petite au fil des pages qui s’amenuisaient, la rendant pratiquement illisible, je serais désespérée.

Ensuite, je rendis visite à Mafalda et Solion qui tenaient le dispensaire. Eux aussi avaient des demandes à formuler dont je pris notes. Tamina me démontra l’intérêt de lui construire une petite nursery et une crèche. Les premiers bébés s’annonçaient et les mamans auraient besoin d’aide et de soutien. Les enfants avaient cruellement manqués dans nos entourages respectifs et nous avions tous l’impression d’avoir tout à apprendre. Je lui promis de m’en occuper rapidement. Son époux, Copland, qui attendait impatiemment de pouvoir ouvrir la première classe de l’école qu’il avait en projet, me dit que le bâtiment pourrait attendre, mais qu’il avait besoin de papier pour rédiger des manuels scolaires et qu’il souhaitait préparer des cahiers d’exercices pour ses futurs élèves. Nous étions tellement habitués aux ordinateurs que nous ne possédions plus de papiers. Même si nous n’étions pas pris par l’urgence, je lui promis d’essayer de répondre à ses besoins. Il se porta volontaire pour la fabrication du papier et je lui déléguais volontiers cette tache.

– dis-moi juste ce dont tu as besoin et on veillera à te le fournir.

– je savais que tu serais la personne la plus qualifiée pour occuper ce poste. Tu n’es opposée à rien, à condition que cela ait un sens.

– je ne vois pas pourquoi je m’opposerai à la fabrication de papiers, nous en auront besoin pour beaucoup d’autres choses que l’école : la gestion des stocks par exemple, il va falloir tenir un registre plus rigoureux. Nous devons revenir à des pratiques plus anciennes mais qui ont fait leurs preuves.

Je le quittais sur cette réflexion. En effet, il fallait revenir à des savoir-faire que nous avions perdus. Il nous fallait réapprendre à fabriquer du verre, à travailler la terre glaise, le métal, les métaux semi-précieux si nous en découvrions, le cuir de nos bêtes…

Je retrouvais ensuite mes amis cavaliers et nous partîmes dégourdir les pattes des chevaux et ma tête aussi qui bouillonnait sous la masse d’informations et de demandes recueillies.

Nous talonnâmes nos montures dans une longue cavalcade dans les herbes hautes des prairies alentours durant laquelle je ne fis qu’un avec mon cheval. Gazelle semblait totalement en phase avec mes pensées et mon humeur et elle me mena d’un galop égal et ininterrompu qui me vida la tête jusqu’à ce que je sois en mesure de penser à nouveau de façon plus constructive. Je l’en remerciais en lui flattant l’encolure et en lui murmurant des mots doux dans ses oreilles réceptives et mobiles.

– et vous, vous n’avez besoin de rien ? demandais-je à mes deux amis, lors d’une pause à l’ombre de grands arbres à la lisière de la forêt.

– si, il faut construire cette palissade !

– très bien, vous êtes embauchés, répondis-je sans hésiter. Trouvez les personnes qu’il vous faut. On délimitera le périmètre ensemble sur la table si ça peut vous aider, et mettez vous au travail. Vous avez raison, il est temps de protéger le village. Nous sommes installés depuis suffisamment longtemps pour commencer à nous préoccuper de notre sécurité.

 Puis, après un moment de silence, j’ajoutais :

– et si nous construisions des bateaux ? Nous pourrions en construire quelques uns pour remonter le fleuve. Nous n’avons jamais exploré ses rives et peut-être un, plus costaud pour naviguer en mer…on ne sait jamais, ça pourrait nous servir un jour…

Mais, mes camarades ne répondirent pas. Cette proposition ne semblait pas les intéresser. Je pris ce silence pour ce qu’il valait et me promis de soumettre cette idée au conseil ultérieurement. L’océan ne semblait pas particulièrement attirer les habitants du village. Je devais être la seule à m’y baigner régulièrement. La rivière recueillait un peu plus d’intérêt et certains avaient installé un ponton de bois dans une anse un peu plus large et profonde où l’eau limpide et le fond clair permettait de distinguer de petits animaux aquatiques qui disparaissaient dès le premier remous. Nous n’avions pas été habitués à nous baigner dans des eaux vives et nous continuions, malgré le temps qui passait, à nous protéger du soleil avec de grands chapeaux. Il y avait des habitudes qui se perdaient difficilement !

Nous galopâmes un long moment en silence, puis, au cours d’une halte durant laquelle nous nous reposions sur la plage, pendant que les chevaux mâchonnaient quelques herbes sauvages qui poussaient dans le sable, regardant sans savoir qui les produisait, des jets d’eau s’élever au dessus des vagues à intervalles réguliers, Nuncio demanda :

– pourquoi es tu tout le temps en mouvement Zellana ? Tu n’as pas envie de te poser, de faire des enfants, d’avoir une famille ?

Je restais un moment silencieuse. Je n’avais pas envie de partager mes incertitudes. Je les savais tout les deux amoureux de leurs épouses et Julianne attendait elle aussi un enfant. Je n’étais pas sûre qu’ils comprennent mon envie de voyager, de chercher ailleurs ce que je ne trouvais pas ici.

– j’y pense, mais je ne suis pas prête. J’ai l’impression d’avoir tellement de choses à accomplir avant ! Je ne voudrais pas avoir un enfant dont je ne m’occuperais pas comme il le mérite.

– je comprends, mais Joshua et toi avez beaucoup donné à la communauté ; nous savons tous que sans vous, sans votre travail à l’un et à l’autre, nous serions morts pour certains d’entre nous, ou réduits en esclavage pour les autres ! Peut-être serait-il temps de vous accorder une vie de couple.

Alors Amozzo s’interposa :

– je ne comprends pas ce qui te permet de lui parler comme ça ! Elle fait ce qu’elle veut ! Elle vient de te dire qu’elle ne se sent pas prête ; tu ne vois pas les taches que nous venons de lui confier ? Excuse-moi Zellana, je sais que tu es de taille à te défendre toute seule mais je suis étonné que Nuncio refuse de comprendre.

– je ne refuse pas de comprendre, dit-il en se redressant brutalement, je voudrais juste que mon épouse passe moi de temps avec son mari !

– quoi ? Ce cri d’effarement nous échappa en même temps.

– oui, vous avez très bien entendu : Joshua et Daïa passent beaucoup de temps ensemble et ça fait longtemps que ça dure. Au début, j’ai pensé qu’il ne s’agissait que d’entraide. Nous étions sur le vaisseau et nous avions besoin les uns des autres pour faire aboutir notre plan de fuite mais depuis que nous sommes installés, Daïa n’a aucune raison de passer tout son temps avec Joshua et pourtant c’est ce qu’elle fait.

– Nuncio, tu ne crois pas que tu exagères ! Nous aussi nous passons beaucoup de temps ensemble depuis quelques mois, et personne ne s’imagine que notre relation soit autrement qu’amicale, lui dis-je pour m’en convaincre autant que lui.

– je les ai vus, Zellana. Je ne voulais pas mais je les ai vus ensemble, dit-il en baissant la tête. Ils étaient dans la réserve à outil et il n’y avait aucun doute possible sur ce qu’ils étaient entrain de faire, malheureusement. Depuis ce jour, je me tais. J’espère qu’elle va me revenir mais le temps passe et je vois bien qu’elle s’éloigne de moi sans que je n’y puisse rien. J’ai essayé de lui parler mais elle a nié. Quand je lui ai dit ce que j’avais vu, elle m’a répondu qu’elle était libre, que nous nous étions marié trop jeune et qu’elle avait envie de vivre un peu avant de fonder une famille. Quand je t’entends parler, j’ai l’impression d’entendre Daïa !

– je suis désolé, Nuncio, je ne savais pas. Joshua et moi avons conclu une sorte d’arrangement. Il me laisse ma liberté et il espère que je lui reviendrai un jour.

J’étais surprise d’accueillir cette nouvelle avec tant de détachement, j’avais le sentiment que les relations de Joshua ne me regardaient pas.

– mais toi, tu vois quelqu’un d’autre ? m’interrogea Nuncio avec une légère irritation.

– non ! Vous êtes tous en couple et puis, ce n’est pas ce que je cherche pour le moment. Je suis mariée depuis si longtemps que j’ai l’impression d’être nait avec Joshua à mes cotés ! Alors, j’ai besoin d’espace…et de temps. Je suis désolé pour Daïa, je ne sais pas quoi te dire.

– je sais, tu n’y es pour rien. Mais tes choix affectent mon couple malgré toi. J’aimerai que quelque chose change. Je n’arrête pas de penser à eux, riant et faisant l’amour pendant que moi je m’occupe d’une clôture ou d’une palissade pour nous protéger.

– je comprends…

– vous savez, moi aussi j’ai eu des doutes par moment, dit soudain Amozzo. J’ai eu peur de passer ma vie avec la même femme sans jamais en avoir connu une autre ; mais c’est Julianne et je l’aime. J’ai eu de la chance. Alors, même si je sais que je ne connaitrais jamais la passion et l’amour fou, je suis heureux de ce que j’ai.

– tu as beaucoup de chance, Amozzo. Lui répondis-je. Attention, ajoutais-je, Joshua est un homme bien ! J’ai beaucoup de respect pour lui. C’est la personne en qui j’ai le plus confiance. Je le connais aussi bien qu’il me connait, mais je ne ressens pas cet élan, cette passion amoureuse que j’espère. Nuncio, je vais parler à Joshua. Je suis sure que ce n’est pas une relation sérieuse. Nous avons tous été mariés trop jeunes et tous n’ont pas la chance d’avoir réellement trouvé leur âme sœur. Le programme n’était pas infaillible. Il fonctionnait sur des affinités et des compatibilités, pas sur des sentiments amoureux. Il nous a mis par paire pour nous rendre plus efficace et plus fonctionnel. C’est ce que nous sommes. Nous fonctionnons très bien ensemble. C’est le cas de tous les couples que je connais ! Mais il n’a jamais été question d’amour, de coup de foudre ou de passion. Et moi, je veux connaitre ça au moins une fois dans ma vie !

– mais c’est ce que je ressens pour Daïa ! Je l’aime vraiment ! Ce n’est pas un sentiment qui s’est installé par habitude. Quand je l’ai vu pour la première fois avec ses cheveux flamboyants, son petit air sévère qui cachait son humour et sa fantaisie, j’ai été ébloui ! J’avais tellement peur qu’elle me trouve terne, qu’elle me rejette, que je lui ai fait la cours comme si nous nous étions rencontré par hasard, et je croyais que ça avait marché.

– je suis désolé, Nuncio. Sincèrement.

Allez, rentrons, dit Amozzo qui semblait las de cette conversation.

Nous nous levâmes et retrouvâmes nos chevaux reposés, prêts à se lancer dans une longue course pour rentrer aux écuries.

J’étais vraiment triste pour Nuncio et ce sentiment réveilla la jalousie que j’avais ressentie sur le vaisseau. Joshua le sage cachait bien son jeu. Il entretenait donc bien une relation avec Daïa, comme je l’avais soupçonné dès le début. D’un autre coté, j’avais été la première à faire état de mon absence de sentiment amoureux. Je pouvais difficilement lui tenir rigueur de chercher ailleurs ce que je ne lui apportais pas. C’était tout le problème de cette communauté constituée exclusivement de couple. Nous étions liés les uns aux autres et tout écart risquait de provoquer des réactions en chaine totalement incontrôlables. Nous ne pouvions nous permettre d’avoir une révolte au sein du village pour des histoires de cœur.

Le soir, quand je retrouvais Joshua, j’attaquais immédiatement. Je n’avais pas envie de tergiverser et je voyais les risques que leur relation extraconjugale faisait courir à tous.

– écoute Joshua, je sais que tu as une relation avec Daïa, ne le nie pas, quelqu’un vous a vu.

– je ne le nie pas, j’attendais juste que tu m’en parles, répliqua-t-il calmement.

– contrairement à ce que tu pourrais penser, je ne vais pas te faire une scène même si j’avoue que ça me rend jalouse. Je ne te dirais pas que je me sens trahie, mais je ne pensais pas que tu ferais une chose pareille.

– quoi, coucher avec une autre que toi ?

– oui, je te pensais plus raisonnable.

– j’aurais pu le rester. Notre relation amicale, quelques fois amoureuse, aurait pu me convenir mais je suis comme toi Zellana, je veux plus ! Je mérite plus qu’une femme qui reste avec moi parce qu’elle n’a personne d’autre à aimer !

– je comprends, répondis-je même si j’étais estomaquée par la violence des paroles de Joshua. Je ne t’en veux pas, ajoutais-je, enfin, je m’en accommoderais, ce n’est pas moi le problème, c’est Nuncio. Il est vraiment très malheureux parce qu’il aime passionnément son épouse.

– moi aussi je t’aimais passionnément ! J’ai du apprendre à vivre sans ton amour. Il fera pareil ! s’écria cet homme que je pensais connaitre.

– Joshua, tu ne peux pas dire ça ! Tu ne peux pas décider pour Nuncio ce qu’il peut accepter ou non !

– alors elle est où la solution d’après toi ? s’exclama-t-il en  se redressant comme un animal prêt au combat. Je dois renoncer à une femme qui me rend mon amour pour apaiser Nuncio ? Daïa ne l’aime plus, elle est comme toi, elle veut autre chose et je pourrais bien être celui qui le lui apporte.

Je restais silencieuse. Joshua était en train de me lâcher et je ne l’avais pas anticipé. Je pensais que ce serait moi qui le quitterais pour un autre. Un autre qui n’était pas là mais que je rencontrerais surement plus tard, lors de mes voyages, parce que je comptais bien voyager, partir…et l’envie devenait encore plus forte maintenant que Joshua déclarait pratiquement son amour pour la femme d’un autre, pour une autre que moi !

– mince, Joshua, c’est dur ce que tu fais là. Tu détruis deux couples en même temps !

– tu as bien détruis le notre, ça ne t’as pas posé de problème. Tu peux froidement me déclarer que tu ne m’aimes pas et qu’il n’y a rien à y faire et je dois patiemment attendre un jour hypothétique où, ayant enfin fait de nouvelles  expériences, tu me reviendras ?

– je ne te demande pas ça, tu le sais bien…

– tu ne le demandes pas, mais tu espères que c’est ce qui va se passer !

– c’est vrai. J’aurais aimé pouvoir y croire mais tu as raison, ce n’est pas juste, je ne peux pas te demander ça. Mais là, je te parle de Nuncio.

– mais c’est pareil ! Tu parles de lui pour ne pas parler de toi. Daïa est libre autant que toi. Elle m’a choisi parce que j’étais disponible. Si ça peut te rassurer, ça ne fait pas longtemps que nous nous voyons. Je me sens bien avec elle. Elle s’intéresse vraiment à moi, elle ne me fait pas la conversation par obligation et puis elle est tendre et amoureuse, ça me fait du bien !

J’étais anéantie. Je n’avais jamais imaginé Joshua avec une autre et je me sentais trahie et abandonnée même si je savais que j’avais provoqué ce qui nous arrivait. Je sortis de la maison. Je ne m’y sentais plus chez moi. Tous nos chimériques projets de vie s’effondraient avec la découverte de l’infidélité de Joshua. Je marchais jusqu’à l’océan et j’écoutais le bruit des vagues en espérant qu’elles m’apaiseraient. Ce ne fut pas le cas. Alors je trouvais refuge dans un baraquement où subsistaient encore des éléments d’habitation. Je me jetais sur le lit et je pleurais longuement. Que pouvais-je faire d’autre ? Je dormis mal et me réveillais très tôt. Je ne tenais pas à ce qu’on me découvre là. Je me rendis à l’atelier de Martial où je savais que je trouverais du café. Il me découvrit en se levant, une tasse à la main, soufflant sur le liquide brûlant.

– Tu es bien matinale !

– Bonjour, monsieur malpoli !

– bonjour madame mal-embouchée !

– laisse tomber, j’ai passé une sale nuit…

– vous vous êtes donné le mot. Nuncio et sa femme se sont disputés toute la soirée. On les entendait crier dans tout le village.

– j’en suis désolée pour eux…

– et toi, qu’est ce qui t’arrives ?

– rien dont j’ai envie de parler pour le moment. On en est où avec le satellite ?

– bientôt fini. Serarpi est passée ce matin et elle a fini par jeter un œil à sa programmation, dit-il d’un air détaché.

– Elle a accepté ?

– il semblerait. Elle n’a pas dit grand chose mais dès qu’elle a vu les écrans, elle s’est métamorphosée…Pour autant, ajouta-t-il en douchant rapidement mon enthousiasme naissant, le problème reste le même, il faut le mettre en orbite et pour ça il faut prendre une navette et monter dans un vaisseau. Celui qui nous a amené ou un autre, peu importe. Le problème sera de les localiser. Il faut souhaiter que les vaisseaux émettent toujours et qu’on puisse en localiser un, grâce à la navette. Nous nous y mettrons rapidement. Mais il va falloir compter encore quelques jours, après il faudra des volontaires pour embarquer dans la navette…

– j’en suis !

– non, tu ne peux pas, c’est dangereux et tu as des responsabilités ici. Tu ne peux pas prendre ce risque !

– c’est mon idée, je veux y prendre part. Je veux remonter dans le vaisseau pour voir ce que l’on peut y trouver. J’aimerai avoir des infos sur les premiers colons…et sur une forme de vie évoluée sur Matria. J’ai du mal à croire qu’aucune espèce vivante ne se soit développée comme nous l’avons fait sur terre.

Je vis que Martial me regardait comme si j’étais folle alors je poursuivis :

– Pourquoi serions-nous les seuls à avoir évolués au point d’en arriver à détruire notre habitat originel ? Pourquoi ne pourrait-il y avoir une forme de vie évoluée sur Matria ?

– justement parce que la planète est intacte !

– peut-être on-ils développé une intelligence respectueuse de leur environnement ?

– j’aimerai te donner raison mais, s’il existait une forme de vie plus évoluée que celles des animaux que nous avons recensés, nous le saurions. Ils auraient laissé des traces ! On les aurait vu, tu ne crois pas ? Si des aliens avaient débarqués sur terre, nous l’aurions su et nous aurions réagi. Pourquoi resteraient-ils cachés ? Pourquoi ne se sont-ils pas manifestés ? Nous envahissons leur territoire  tout de même !

– d’abord, ils ont peut-être disparu. Ensuite, toutes les espèces vivantes ne sont pas aussi belliqueuses que les humains. Ils ont peut-être décidé de ne pas se montrer à nous.

– oui, mais on aurait trouvé des traces de leur présence !

– pas forcément ! Imagine qu’ils vivent dans un endroit auquel nous ne nous sommes pas du tout intéressé ?

– comme quoi ? Nous avons exploré tout le continent !

– l’océan, les montagnes, il ne manque pas d’endroits sur cette planète auxquels nous n’avons prêté aucune attention.

– toi non, mais ceux qui ont pensé notre exode, l’ont exploré de fond en comble.

– oui, virtuellement, mais concrètement, qui s’est rendu dans les montagnes ? Qui a navigué sur cet océan immense ? Bon, je t’accorde qu’il est plus probable qu’il n’y est pas de forme de vie évoluée plutôt que d’envisager qu’elle se cache, mais j’aime bien cette idée et je continuerai à chercher parce que nous ne pouvons pas être les seuls organismes ayant développé une intelligence supérieure.

– bref, tu veux aller sur un vaisseau pour accéder aux bases de données.

– oui, tu penses que nous pourrons avoir accès à tout ?

– non, il y a énormément de fichiers cryptés qui nous seront inaccessibles sauf si Serarpi est une véritable hackeuse !

– je l’espère mais il va falloir qu’elle parte avec nous. Je ne suis pas sure qu’elle soit emballée par l’idée.

– on verra. Si elle ne vient pas, on peut peut-être lui faire parvenir les fichiers. On avisera quand on sera prêt.

– dépêchez vous. J’ai vraiment envie d’en savoir plus.

– alors, sors de mon atelier et va jouer ailleurs !

Mais je n’ai rien à faire ! m’écriais-je en me souvenant de ma situation.

– va te promener, occupe-toi un peu de ton mari…

– oh, tu ne va pas t’y mettre toi aussi !

– non, je ne te dirais rien, mais je n’ai pas pu ne pas entendre la dispute entre Nuncio et Daïa, comme tout le monde autour d’eux d’ailleurs, et je déplore ce qui vous arrive.

– il ne faut pas, c’est un choix que nous avons fait, Joshua et moi. Je suis désolé des conséquences qu’il a pour Nuncio, mais je n’y peux rien.

– tu as toujours été une rebelle, Zellana. Quand Joshua parlait de toi, on voyait bien que tu été différentes des autres femmes. Tu n’as pas accepté de te soumettre à la règle. Je t’admire pour ça même si les conséquences sont fâcheuses.

– j’ai été soumise bien trop longtemps, m’écriais-je comme si je préparais ma défense. Au début parce qu’il n’y avait pas d’autre solution et ensuite, parce que c’était plus facile…Mais maintenant, je n’arrive plus à faire semblant. Nous avons conquis notre liberté en partant de la terre et en fuyant le vaisseau, ce n’est pas pour vivre asservi ici !

Martial resta silencieux et je le quittais peu après. J’étais triste et pourtant il fallait que j’assume mes choix. Il était trop tard pour revenir en arrière. Joshua avait probablement trouvé la personne qu’il lui fallait et Nuncio…je comprenais que ce soit très difficile pour lui. Il n’avait rien choisit. Il subissait sans pouvoir intervenir. Je n’allais quand même pas m’installer avec lui pour compenser la perte de son épouse. Et pourquoi pas finalement ? Nous pourrions peut-être cohabiter comme des amis ? Et puis, il était plutôt bel homme bien qu’un peu petit. Je me fis la réflexion que tout ça n’était qu’extrapolation, je ne pouvais pas en plus lui imposer ma présence. C’était un ami formidable mais je n’avais aucun sentiment pour lui. Il ne fallait pas tout mélanger.

 

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