29 Mai 2014
Au soleil de cette après midi calme j’ai mis mon esprit au repos. J’ai regardé la plage vide de baigneur, j’ai admiré les petits galets mouillés que les vagues faisaient rouler à mes pieds, j’ai soupiré de plaisir en enfonçant mes orteils dans le sable sombre et humide. J’ai profité de cette journée hors du temps pour rafraichir mon cerveau. J’ai oublié mes souci, mon travail, mes enfants, le temps d’un temps.
Au loin, le vieil hôtel ressemblait à une invite pour des vacances sans fin. Son charme désuet devait sentir la cire et le citron, les vieilles dames suçant des pastilles à la menthe. Derrière le comptoir de bois, un jeune homme en tenue de groom attendrait dans le silence étouffant que quelqu’un ouvre enfin la porte, que de l’air frais pénètre et aère le vaste hall remplis de fauteuils crapaud et de canapés au velours râpé patientant en vain pour qu’on les investisse d’une présence vivante. Dans le craquement du bois centenaire, l’escalier geindrait l’ennui au rythme du grincement régulier des pales en paille tressée d’un vieux ventilateur. Si le temps me le permettait, j’entrerais et je me dirigerais vers l’accueil. Sur le bois patiné du comptoir je poserai insolemment mes coudes en attendant ma clé. Je pianoterai du bout des doigts pour faire résonner l’immense meuble endormi. Le groom s’empresserait. Enfin une cliente ! Une clé lourde de métal, un macaron de céramique avec un numéro inscrit en bleu sur l’émail blanc écaillé. 12, toujours 12. L’escalier qui craque de plaisir, enfin une cliente ! La chambre blanche et bleue dont le lit de cuivre travaillé aurait perdu sa patine malgré de nombreux lustrages. Il grince quand je m’y allonge et je m’enfonce un peu. La chambre sent la poussière mais le soleil qui passe à travers le voilage me donne envie d’ouvrir la fenêtre et de contempler la mer.
Je ne l’ai pas fait. J’ai pris un instantané, j’ai immortalisé l’instant et je l’ai oublié.
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