UN BAISER OU LA MORT Chapitre 11

Je me réveillais le lendemain au milieu de la matinée. Je m’étirais comme un chat heureux et profitais encore longuement de la chaleur du lit, du moelleux des oreillers et du bonheur d’être en sécurité dans ma maison.

J’avais 16 ans et je venais de passer le plus fabuleux des anniversaires. Ma première pensée fut pour Jacob. Je me sentais si différente ce matin, comme si je venais d’ouvrir les yeux sur un nouveau monde. Un monde de tendresse et d’amour. (Ho ! Ne t’emballe pas, tu sais que rien de tout ça ne va durer, personne ne peux t’aimer…dit la voix mesquine. Ce garçon te fera souffrir comme tous les autres garçons le font et le feront toujours…NON ! Pas aujourd’hui. Tu n’as plus ta place dans ma tête, vas t’en ! La voix ne répliqua pas). Je retournais à mon lit chaud et protecteur. Aujourd’hui je ne laisserai rien ni personne gâcher mon bonheur, j’avais 16 ans et je venais de passer la plus merveilleuse nuit de ma vie et toutes les Alicia du monde ne pourraient défaire ce que nous avions fait et toutes les vilaines voix du monde ne pourraient salir ce que nous avions partagé. Je m’enfonçais encore plus profondément sous ma couette comme si c’était une cabane magique et je laissais courir mes doigts le long de mes bras là où les doigts de Jacob s’étaient posés la veille…Mon corps me semblait différent ce matin, vigoureux et plein d’une force nouvelle.

Mais je vous raconte tout dans le désordre, revenons à la nuit dernière.

Après être rentrée chez moi, j’avais filé dans ma chambre et enlevé ma robe et mon maquillage. Après avoir enfilé mon pyjama je comptais aller me mettre au lit rapidement pour savourer cette soirée et les cadeaux que j’avais reçu, oubliant volontairement la proposition de Jacob de peur d’y céder. Je jouais un moment avec le médaillon précieux de mon collier et le souvenir de celui de Jacob me traversa l’esprit. Je le revis disparaitre à l’intérieur de sa chemise et je me pris à rêver à ce qu’il donnerait sur lui si…

(Colette ! Arrête ça tout de suite, tu ne vas pas faire ça ? Tu ne vas pas aller retrouver ce garçon en pleine nuit ? Et pourquoi pas, je rétorquais à la voix, qui va m’en empêcher ?)

 Ma mère était partie se coucher dès qu’elle m’avait vue rentrer et je me doutais qu’elle allait passer une bonne nuit. D’ailleurs quand je me levais pour aller chercher un verre d’eau, je vis que la lumière était éteinte sous sa porte. Je descendis les escaliers en chaussettes, je me rendais juste dans la cuisine après tout…Pendant que je buvais, je vis la lumière de la chambre de Jacob. Il ne dormait pas…peut-être attendait-il que je vienne ? Il faudrait que j’aille lui dire que je ne viendrais pas, pensais-je absurdement. (Tu peux aussi lui envoyer un texto, ça t’évitera de sortir…). Ce serait quand même mieux si je lui disais moi-même. (Lui dire quoi ? que tu ne vas pas venir alors que tu es dans sa chambre ? ma pauvre Colette, ce que tu peux penser comme bêtise !). Au moins aller le voir pour lui expliquer…que je ne pouvais pas rester, ça c’est mieux, me dis-je. Alors, silencieusement j’ouvris la porte de la maison et tout aussi silencieusement je longeais le trottoir jusqu’à sa maison. Mon cœur battait fort dans ma poitrine comme si je commettais un crime et je tremblais un peu, j’avais froid alors que la température était tout à fait clémente pour un mois d’Octobre. Arrivée devant sa porte j’allais renoncer. Je ne me sentais pas le courage d’entrer. Si ses parents étaient encore là ? que diraient-ils en me voyant débarquer en chaussettes en pleine nuit ? Que penseraient-ils de moi ? Mais je n’eus pas le temps de réfléchir plus longtemps ni de changer d’avis car à mon grand effroi, la porte s’ouvrit silencieusement et Jacob apparu. Il était vêtu d’un tee-shirt gris et d’un short de sport noir. Sans me laisser le temps de me remettre de ma terreur, il m’attrapa par la main et me fit entrer pour refermer la porte aussi silencieusement. Puis il m’entraina dans les escaliers. Ce n’est qu’une fois arrivés dans sa chambre qu’il me lâcha.

– je n’étais pas sûr que tu viennes, dit-il en chuchotant.

– moi non plus, je répondis sur le même ton.

– alors pourquoi tu es venue ?

– pour te dire que…non, laisse tomber. Je vais rentrer chez moi…

Jacob ne bougeait pas, il me regardait et j’étais tétanisée. J’avais autant envie de fuir que de me réfugier dans ses bras. Sentir son corps si proche affolait mon esprit qui n’arrivait plus à réfléchir. Alors je fis la chose la plus simple. Je m’approchais de lui et me calant contre son corps chaud, je l’embrassais tout en murmurant :

– je vais rentrer chez moi maintenant…

– vas, pars…répondit-il en me rendant mes baisers fiévreux.

Nous tombâmes pesamment sur le lit et nous nous abandonnâmes un moment à une étreinte passionnée. Qu’il était bon d’être là, dans les bras de Jacob, couverte par ses baisers ! Je repensais à mes doutes et à mes hésitations et je me demandais comment j’avais pu en avoir. Mais cela me revint en mémoire quand Jacob posa malencontreusement sa main sur mon bras, exactement .

Je me redressais immédiatement et le repoussais.

– Je ne peux pas…il faut que je parte !

– pourquoi Colette ? Dis-moi pourquoi ? J’ai besoin de comprendre ce que je fais qui te fait peur.

– ce n’est pas toi…murmurais-je. J’aurai tellement voulu être une adolescente normale, j’aurai tellement aimé que mes démons ne viennent pas s’interposer entre Jacob et moi. Je sentais des larmes emplir inexorablement mes yeux. Je fermais mes paupières pour essayer de les chasser mais elles étaient trop fortes et trop nombreuses et je ne pus les empêcher de ruisseler sur mes joues.

– je suis désolées, je murmurais en m’essuyant avec ma manche, je suis désolée, il faut que je m’en aille…

– non,  dit Jacob, parle-moi, dis-moi, j’ai besoin de savoir, je t’en supplie Colette parle-moi.

– je ne peux pas…

– viens, dit-il en me prenant dans ses bras comme on prend un enfant pour le consoler, viens là et pleure si tu veux, ça m’est égal.

Je laissais mes larmes couler un moment, je ne pouvais pas les arrêter. Finalement elles se tarirent d’elles même. Je me sentais à la fois honteuse de m’être ainsi laisser aller devant Jacob et en même temps je ressentais un sentiment très étrange, quelque chose qui ressemblait à du soulagement. Et si c’était le moment ? Et si je pouvais lui dire à lui ? Peut-être pas tout mais au moins ce qui était visible ?

– je me reculais un peu, juste pour voir son visage et je m’excusais d’avoir mouiller son tee-shirt avec mes larmes. Jacob sourit et il dit :

– aucune importance, l’essentiel c’est que tu sois toujours là.

Puis il enleva son tee-shirt aussi facilement que la fois précédente et je regardais le collier pendre le long de ses pectoraux. J’attrapais le pendentif du bout des doigts puis le laissais tomber en reposant ma main sur le torse de Jacob, sa peau était si douce. Il soupira et déposa un baiser sur mes lèvres.

– tu peux éteindre la lumière ? Je demandais.

– oui, je peux la régler comme tu veux, répondit-il en jouant avec le bouton du variateur qui se trouvait à sa tête de lit.

– éteins complètement s’il te plait.

– d’accord dit-il en tournant le bouton.

Durant quelques instants nous restâmes dans le noir puis la lumière de la rue entra dans la pièce. Elle était faible mais nous pouvions tout de même nous voir.

– tu veux que je tire les rideaux ? demanda-t-il.

– non, c’est bien comme ça.

Puis je recommençais à l’embrasser. Chaque baiser me redonnait confiance et à un moment je le repoussais un peu et en me tortillant, j’enlevais mon pantalon. Je ne savais pas vraiment pourquoi je le faisais mais je me sentis mieux après. Jacob me regarda et murmura :

– tu es sure ? C’est ce que tu veux ?

– je ne sais pas…je crois…

– je préférerais que tu sois sure, dit-il en recommençant à m’embrasser. Puis lui aussi enleva son short. Il portait un boxer noir en dessous.

Nos jambes se mélangèrent et c’était une sensation délicieuse. Finalement, dans un soupir je dis :

– attends…Je tirais sur mon tee-shirt et le fis lentement glisser par-dessus ma tête. Le regard de Jacob s’attacha d’abord à ma poitrine puis il dériva vers mes bras et il s’immobilisa.

Dans la lumière jaune de la rue, les cicatrices qui zébraient ma peau ressortaient encore plus qu’en plein jour. On aurait dit que je m’étais battue avec du fil de fer barbelé et dans un sens, ce n’était pas loin d’être vrai. Ma peau ressemblait à une zone de guerre, pleine de creux et de bosses.

– c’est affreux, je sais mais ce n’est pas douloureux…je murmurais pour devancer la question qui n’allait pas tarder.

– Comment ?

– je suis tombée sur une table en verre et je me suis tailladée les bras…

– et c’est ça que tu caches ? S’exclama-t-il presque à voix haute, mais il s’interrompit quand il vit les brulures.

– c’est…

– des cigarettes, je dis avec brusquerie.

– mais qui…

– mon père !

Il resta silencieux. Que pouvait-il demander de toute façon ? Pourquoi ? Je n’avais pas la réponse.

Je peux ? dit-il à la place en levant lentement sa main.

– je ne sais pas…pas là…lui dis-je en lui montrant le creux du coude où les brulures étaient les plus profondes et les plus rapprochées. On aurait dit de petits cratères comme si on avait dessiné la lune dans ma peau. Il posa le bout de ses doigts sur mon poignet et je retins ma respiration. Très lentement, sans cesser de me regarder avec tendresse, il remonta le long de mon avant-bras. Finalement, je repris mon souffle. Je n’aurais pas dit que la sensation était agréable mais elle n’était pas aussi horrible que je l’avais craint. Jacob était la première personne qui touchait mes bras. Ses doigts avançaient toujours. Il évita le creux du coude, comme je le lui avais demandé et arriva finalement à mon épaule qu’il embrassa. Puis il posa ses lèvres sur mon poignet et remonta à nouveau le long de mes cicatrices, couvrant mon bras de baisers légers et délicats si lentement que je fus parcouru de longs frissons. Enfin, il laissa sa bouche glisser jusqu’à la lisière de mon soutien-gorge puis il s’arrêta et me regarda dans les yeux. Alors je posais ma bouche sur la sienne et d’un geste rapide, dégrafais mon soutien-gorge. Il stoppa net ses baisers pour murmurer :

are you sure ?

yes I am.

Nous nous enlaçâmes à nouveau puis nous ne fîmes plus qu’un et le monde devint merveilleux. Jacob était tendre et attentionné et je regorgeais d’amour à donner.

Cette nuit fut magique et je ne sortis de son lit qu’à regret, quand je vis la lumière blanchir dehors. Jacob dormait paisiblement et il était splendide. Dans la lumière sublime du petit matin, je me glissais sans bruit jusqu’à ma chambre où je m’abandonnais à un sommeil bienheureux.

Making love with Jacob wasn’t a big problem. It was easy actually, me disais-je en me pelotonnant dans mon lit. Mais je me demandais tout de même comment nous allions nous comporter en public après cette nuit. J’avais tout le week-end pour y réfléchir et je n’étais plus seule maintenant. Nous pouvions réfléchir à cela ensemble…

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