ILS SE REGARDENT – Chapitre 1

Chapitre 1

Ils se regardent. Jeff tient Komang par le bras de peur qu’elle rompe le contact. Komang regarde Chloé avec des flammes dans les yeux et Chloé implore Jeff, ses yeux rouges et bouffis débordant de larmes qu’elle ne peut contrôler.

Chacun d’eux attend et personne n’ose être l’instigateur de l’explosion imminente. Finalement, Komang brise le silence et réitère sa question :
– qu’est ce qui se passe ici, François ?
– je vais tout t’expliquer mon amour mais je te demande de m’écouter jusqu’au bout, s’il te plait.
– parle alors !
Sa voix est froide et cassante, et la peur monte encore d’un cran dans le cœur de Jeff, déjà bien éprouvé.
– C’est Chloé dit-il sobrement. Elle vient de revenir, elle est rentré plus tôt que prévu.
– je me doute bien que c’est elle, mais pourquoi pleure-t-elle ?
Jeff est au désespoir. Il sait que quand il aura répondu, elle va probablement le détester, peut-être même refuser de le voir et il ne veut pas la perdre. Il a enfin trouvé son équilibre, il a enfin trouvé l’amour, le vrai, celui qu’il espérait depuis si longtemps, cet amour serein et heureux qui le comble sans le rendre dingue.
– Chloé est enceinte et l’homme qu’elle devait épouser l’a quitté. Elle est rentrée à Bali parce qu’elle ne savait pas où aller, et elle est venue me voir…parce qu’elle n’a plus de travail ni de maison.
Komang contemple Chloé attentivement. Elle aurait presque de la compassion pour cette belle occidentale aux longues jambes à peine masquées par une petite jupe courte qui révèle ses cuisses musclées. Mais elle sait que c’est une rivale et pas des moindres, de celle qui vous enlève un homme avant même que vous ayez eu le temps de vous retourner. Alors elle réfléchit vite, très vite. Elle a plusieurs options. Elle peut s’en aller, fâchée et espérer que François lui revienne ou rester et se battre. Alors que les pensées s’emmêlent dans son crâne, Chloé relève la tête et plante ses yeux dans les siens et elle sait que le combat a commencé et qu’elle ne va probablement pas être de taille. Alors son esprit se clarifie et elle se souvient : en amour, il n’y a pas de règle, on se bat jusqu’à la mort. Seul le résultat compte ! Elle se redresse, bombe le torse et vient se coller contre François qui l’accueille avec soulagement. Il dépose même un baiser sur ses lèvres et cela lui fait chaud au cœur.
Cholé sèche ses larmes du dos de la main, s’installe plus droite dans le confortable fauteuil, puis déclare d’une voix douce bien que voilée tant elle a pleuré :
– ce que Jeff ne vous a pas dit, c’est que l’enfant que je porte est de lui. C’est la raison pour laquelle mon fiancé m’a rejeté quand il a compris que je portais l’enfant d’un autre, l’enfant de Jeff !
Elle martèle ces mots comme une sentence et Komang se sent rétrécir sous le choc. Elle se pensait de taille à affronter le dragon mais pas une mère décidée à protéger son enfant. Elle semble fondre dans les bras de François qui la serre plus fort contre lui.
– c’était avant ! dit-il pour se justifier. C’était avant que je te connaisse, avant que je sache que tu étais l’amour de ma vie ! Komang, je t’en supplie, il me faut un peu de temps pour réfléchir mais…
A ces mots Komang a capitulé. Elle s’échappe en courant et il a à peine le temps de franchir les escaliers de la véranda à sa poursuite que la mobylette pétarade déjà et disparait sur la route. Elle est partie. Jeff se laisse tomber dans le sable. Les larmes coulent malgré lui sur son vidage penché. Tant de pensées confuses lui viennent à l’esprit. Il ne peut pas la perdre maintenant, ils doivent partir ensemble ! Ils doivent visiter le monde. Il veut partir avec Komang, sa douce Komang et oublier Chloé et ses problèmes. Mais une part de lui a gardé une information primordiale en réserve : Chloé porte à nouveau son enfant ! Un enfant qu’il pourrait enfin avoir la chance de voir naître, de voir grandir. Cette chance qu’il n’a pas eue la première fois lui est apportée maintenant sur un plateau. Chloé est là, elle pleure et supplie qu’il la garde et il la veut. Pas pour elle, mais pour l’enfant qu’elle porte. Cet enfant qui lui revient de droit, lui qui a été lésé du premier. Mais il veut aussi Komang. Tout cela est inconciliable ! Ses larmes coulent le long de ses joues et ils les regardent tomber dans le sable, disparaitre parmi les grains qui les absorbent en marquant d’une trace ronde et parfaite, l’endroit exact où elles les ont percutés. Il s’absorberait bien dans la contemplation éternelle de ces larmes qui s’échappent, mais il doit agir, il le sait. La question qui tourne et retourne inlassablement est : pour faire quoi ?
Quelles sont les priorités ? se dit-il, pragmatique. Komang en est une ! L’enfant de Chloé en est une autre ! François fait partie des priorités aussi ! Comment organiser tout ce merdier pour que tout le monde y trouve son compte ? Finalement il se lève et retourne dans le salon où Chloé, épuisée, s’est endormie dans l’immense fauteuil qui a recueilli son corps lové. Il la contemple un moment et bien qu’il la trouve absolument séduisante malgré ses yeux de lapin rouge, il ne ressent aucun désir pour elle à cet instant. Tout cet amour qui l’a obsédé si longtemps s’est évaporé comme les larmes dans le sable. Il a l’impression que la même trace subsiste dans son cœur, comme la marque parfaite de la larme dissoute par les grains réunis. Chloé a tué son amour et Komang l’a conquis. Elle le mérite !
Il l’abandonne à son sommeil et traverse le jardin intérieur pour accéder à une des chambres de l’aile Est. Il choisit la plus éloignée de la sienne, celle qui forme l’ange nord-Est. Les meubles sont là, prêts à être montés. Il défait consciencieusement les cartons qui emballent le lit et commence à assembler pieds et châssis, lattes et cadre. À la fin de l’après-midi, le lit est posé contre le mur.Les tables de nuit qu’il n’a eu qu’à déballer, trônent de part et d’autre, garnies de lampes et des différents objets de décoration qu’il a choisis avec soin, aidé de Komang. Il ne reste plus qu’à débarrasser le matelas de son emballageplastique, à trouver des draps et la chambre sera prête. Soudain une pensé fulgurante le traverse : il n’a pas de lit d’enfant. Pour ce soir ça ira. Chaque chose en son temps ! Quand il retourne dans le salon, Chloé n’est plus là mais il l’entend bouger dans la cuisine. Durant un instant, l’immense espoir que ce soit Komang, le traverse, comme si tout ça n’était jamais arrivé, comme si Chloé n’avait pas fait irruption dans sa vie en détruisant tous ses projets ! Mais elle est là ! Elle réchauffe un plat surgelé qu’elle a dû trouver dans le congélateur. Il s’assied à la table où il a si souvent contemplé Komang en train de leur préparer à manger et il aimerait pouvoir revoir Chloé avec les yeux de l’amour mais il sent bien que quelque chose s’est brisé, que plus rien ne pourra être pareil entre eux. Cette femme, la mère de son fils, porte un deuxième enfant de lui et il ne l’aime plus. Celle qu’il aime est partie et il craint de ne plus jamais la revoir.
– tu as faim ? dit Chloé d’une voix neutre.
Il pense à un vieux couple. Sont-ils devenus un vieux couple, eux qui n’ont jamais réussi à en former réellement un ?
– je vais aller manger dehors, je te remercie. Je dois réfléchir.
– c’est aussi ce que tu as dit à cette jeune fille. Elle est vraiment très jeune, bien trop jeune pour toi !
– elle n’a que quatre ans de moins que toi et puis je ne te permets pas de parler d’elle, tu ne la connais pas !
– il me semble que cela ne t’as pas empêché de me dire des horreurs sur Steve, mais tu as la mémoire courte !
– écoute Chloé, tu es venu me demander de l’aide, je veux bien t’accepter dans ma maison parce que c’est toi, parce que tu es enceinte et visiblement toute seule mais je ne pense pas que tu sois en position de me chercher querelle !
– excuse-moi, Jeff, répond Chloé d’un ton d’excuse. J’ai vécu des jours très éprouvants et je suis encore sous le choc des évènements que je viens de traverser. Quand je pense que ce salopard était stérile est qu’il ne comptait pas me le dire alors que nous allions nous marier ! Je n’en reviens pas ! Je ne lui ai rien caché moi ! Je lui ai parlé de toi et de François !
– tu l’aimais ?
– je ne sais pas.Être avec lui était simple et agréable.Je pensais en avoir fini avec les sentiments violents. Je l’espérais en tout cas. Mais je ne l’aimais probablement pas. C’était une relation confortable.Être avec lui était confortable, faire l’amour avec lui était simple et agréable.
– et c’est tout ? Tu te serais contentée de « simple et agréable » !
– après toi, tout était bon Jeff ! Tout était préférable ! Cette passion dévorante que nous avons vécue ensemble nous a presque détruites ! Alors, oui ! Je m’en serais contentée.
Elle reste silencieuse un moment, puis elle s’approche de la table et reprend, les mains posées sur le plateau, serrant ses seins entre ses bras, les écrasant un peu sous le regard fasciné de Jeff qui ne peut s’empêcher de les regarder :
– je t’accorde que faire l’amour avec toi a été la meilleure expérience que j’ai vécue de toute ma vie. Tu m’as apporté tant de plaisir qu’aucun autre homme ne pourra plus jamais me combler. C’est notre destin, notre croix !
– ce n’est pas le mien Chloé !
– ne me dis pas que ta petite balinaise te fait autant jouir que moi ! réplique-t-elle, provocante et fâchée.
– c’est différent et au risque de te blesser, mais nous n’en sommes plus à ça près,je l’aime vraiment. Pour la première fois je suis réellement amoureux ! Attention, ne t’y trompe pas, je t’ai aimé !Mais ce que j’ai aimé en toi, c’était une chimère !
– ah bon ? Et ça c’est une chimère ? Dit-elle, en déboutonnant son chemisier froissé et en dévoilant une belle dentelle noire transparente qui ne cache rien de ses seins déjà gonflés. Elle les prend dans ses mains mais ils n’y tiennent pas tant ils sont gros. Elle les pressent l’un contre l’autre pour les faire ressortir encore plus et Jeff se lève, mu par un instinct primaire. Il contourne la table et pose les mains sur cette poitrine qu’il a tant idolâtrée. Il caresse les seins lourds et durs et Chloé ferme les yeux et gémit déjà.
– j’ai tellement besoin de baiser ! Baise-moi, Jeff, baise-moi ! Je n’en peux plus ! Depuis que je suis enceinte, j’ai l’impression d’être en feu !
Ses lèvres se posent malgré lui sur les tétons dont le volume a doublé. Il lèche la dentelle, laissant des traces mouillées et il pense aux larmes qui tombaient dans le sable. Il pense à Komang et il s’arrête. Il la repousse doucement et dit :
– ça ne va pas être possible. Je ne peux pas vivre dans la même maison que toi Chloé. Je ne peux pas combattre cette attirance sexuelle, c’est comme une drogue. Tu es ma drogue et j’étais sevré de toi mais dès que tu réapparais je redeviens accro ! Il faut que nous trouvions une autre solution. Je vais te louer une chambre d’hôtel, une villa, ce que tu veux, mais il faut que tu sois loin de moi !
– d’accord, dit-elle dans un murmure rauque, massant toujours sa poitrine, tout ce que tu veux, mais après, quand tu m’auras baisé !
Et elle se déshabille si vite qu’il n’a pas le temps de fuir. Elle est nue devant lui, sublime ! Son corps a perdu son bronzage et il retrouve la blancheur qui l’a rendu fou quelques années auparavant.Alors il ne réfléchis plus et plonge sur elle de tout son corps.Ses mains, sa bouche, tout s’active pour la couvrir de baiser, pour la lécher. Il retrouve son gout, son odeur. Il devrait en être comblé, mais plus il approfondi ses investigations sur ce corps qu’il a parcouru des centaines de fois et plus la tristesse le gagne. Il ne ressent plus rien d’autre qu’un désir irrépressible. Du sexe et rien que du sexe !Peu importe, c’est ce qu’elle demande et c’est ce qu’elle aura !
Il l’assoit sur la table et fait glisser son pantalon de toile. Son sexe tendu attend déjà. Il la pénètre profondément. C’est tout ce qu’il peut lui donner. Il n’a plus d’amour, juste une queue qui palpite et la désire si fort que dès les premiers mouvements, il crie de plaisir. Elle le ralenti, elle n’est pas prête.
– attend moi ! dit-elle en roucoulant de plaisir. Attends-moi mon amour.
Alors il freine, il se force à retenir toute cette jouissance qui pulse déjà dans sa queue. Elle s’allonge sur la table et ses seins sont si gros qu’ils tiennent dressés.Leur seule vision l’excite tant qu’il éjacule sans bouger, sans pouvoir retenir l’orgasme qui le submerge. Il crie de frustration et de plaisir mêlé.
– Jeff, je n’ai pas jouis, je t’en supplie, bouge ! Implore Chloé en se tortillant sous son corps.
Mais il ne peut pas, il ne peut plus, il aimerait tant la ramoner encore, comme avant !Il aimerait tant avoir du désir pour elle, un vrai désir, fait d’amour et de tendresse. Elle geint de frustration, roulant son bassin dans tous les sens pour le sentir encore en elle mais il ne peut plus, sa queue l’a abandonnée. Elle ne peut plus suivre le rythme effréné de Chloé. Son sexe mou sort du vagin palpitant et Jeff se laisse tomber entre les jambes écartées de la jeune femme gémissante. Aucune femme ne pourra dire qu’il l’a laissé tomber au moment de l’orgasme ! De la langue, il cherche son bouton et le retrouve, doux et gonflé. La grossesse a déjà un peu épaté son sexe dont les lèvres sont plus charnues. Il lèche, aspire, suce, et elle crie de plaisir. Finalement, dans de long gémissement, elle jouit enfin et il se pense libéré mais Chloé n’en a pas fini. Elle le veut lui !Elle veut sa queue et elle le lui dit :
– baise-moi maintenant ! Je t’en prie !
– Chloé nous ne devrions même pas même pas être là, arrête, je ne peux pas !
– si tu peux !C’est moi, Chloé, ta Chloé !Tu ne peux pas me dire non ! Tu n’as jamais pu alors arrête de perdre du temps, et baise moi maintenant !
Comme si elle venait d’appuyer sur un bouton secret qu’elle seule connait, un mécanisme s’enclenche en lui et il obtempère parce que refuser et s’éloigner d’elle, de son sexe brulant qui l’appelle, de ses seins qui le fascinent, est impossible, physiquement impossible. Son cerveau n’a plus aucun contrôle sur son corps.
Il s’enfonce en elle si profondément qu’il a l’impression de disparaitre. Il bouge comme s’il se noyait et la fusion opère à nouveau, comme avant ! Le corps de Chloé redevient un prolongement du sien, une partie de lui qu’il absorbe à grand coup de rein. Il sait bien que ce n’est pas de l’amour, même plus du sexe, uniquement du désir pur et du désespoir. Un désespoir si profond qu’il en pleurerait si le plaisir ne le submergeait pas et il a honte de ressentir ça. Il se sent sale mais sa bite s’agite, autonome, déconnectée de son cerveau et Chloé crie de plus en plus fort et quand elle jouit enfin, dans des hurlements de possédée, il éjacule bruyamment en se disant que c’est la dernière fois qu’il cède.
Il s’affale sur la table à côté d’elle, sortant son sexe mou presque immédiatement. Il sent le sperme couler le long de sa jambe comme il s’écoule de Chloé qui gémit encore sur le plateau de bois. Il se relève et l’abandonnant là, file dans sa chambre pour prendre une douche et faire disparaitre les odeurs de baise qui ont envahi ses narines. Plusieurs savons et huile de douche lui sont nécessaire pour l’absoudre de ce qu’il vit maintenant comme un péché, une trahison envers Komang.
Enfin propreet rapidement rhabillé de vêtements protecteurs, il retourne dans la cuisine. Elle est partie. Il fait le tour de la maison et la découvre nue, endormie sur le lit qu’il a monté pour elle. Il faut qu’il la réveille, il faut qu’ils mettent les choses au point. Il s’assied prudemment sur le bord du lit puis se ravise et file chercher un plaid léger. Couverte, elle représentera moins de danger. Puis il secoue son épaule. Elle grogne mais finalement ouvre les yeux.
– qu’est-ce que tu veux ? lui dit-elle d’une voix ensommeillée.
– il faut qu’on parle. Je veux bien que tu restes là cette nuit, mais tu ne dois pas récupérer François ?
– non, mon amie me le garde quelques jours. Il est bien avec elle, il la connait depuis toujours. Il faut que je dorme, le décalage horaire ajouté à la grossesse, je suis épuisée !
– écoute, tu peux dormir ici cette nuit mais tu ne pourras pas rester plus longtemps. Je dois reprendre le cours de ma vie ! ajoute-t-il pompeusement.
Elle s’est redressée pour lui répondre et la couverture a glissée, dénudant sa poitrine. Jeff tente d’en détacher ses yeux sans succès.
– Je ne crois pas que tu puisses reprendre le cours de ta vie comme tu dis, parce qu’elle vient d’être irrémédiablement modifiée !J’attends ton deuxième enfant et j’espère bien que tu vas participer à sa vie cette fois ci !
Comment peut-elle avoir de telles exigences alors que c’est elle qui l’a privé de son fils !
– Chloé, comment oses tu me dire un truc pareil ? crie-t-il.J’aurai volontiers participé à ta vie et à celle de ton enfant si tu ne m’avais pas écarté de vous ! Tu ne peux pas débarquer et foutre en l’air tout ce que j’ai patiemment reconstruit !
– ah, bon ! Et qu’as-tu fais toi, depuis que tu es arrivé à Bali ? Tu m’as obligé à retomber amoureuse de toi alors que j’avais trouvé quelqu’un qui me convenait, tu m’as mise enceinte, encore une fois en me forçant à faire l’amour dans une situation délirante et tu me demandes de ne pas perturber ta petite vie ! Va te faire foutre, Jeff ! hurle-telle avant de retomber sur le matelas, visiblement épuisée et de murmurer :
– laisse-moi dormir maintenant, je suis fatiguée, je ne veux plus me battre avec toi. Pas maintenant.
Mais elle s’est tant agitée que son corps est dévêtu à nouveau. Jeff voit ses seins, son ventre, ses cuisses musclées, les poils de son sexe presque totalement épilé…Il contemple cette petite bande sombre et douce qui ne masque pas la vulve charnue et sans savoir comment cela s’est produit, il est allongé sur elle, léchant ses seins gonflés, tétant ses mamelons sensibles, s’abreuvant à ce corps qu’il a tant chéri, palpant, malaxant. Ses mains sont autonomes. Sa bouche est libre. Il est nu si vite !
Elle gémit elle aussi, réceptive à ses caresses et il la pénètre sans difficulté. Il est fatigué, son corps n’a plus la résistance nécessaire mais son sexe ne lui laisse pas d’autre choix que de se soulager en la baisant encore une fois, sans violence mais avec une force dont il ne se pensait plus capable. Il sent sa poitrine rouler, comprimée sous son torse puissant, il sent sa chatte si chaude, il sent sa peau dont le parfum lui est si familier, il sent ses cheveux qui le chatouillent. Tout pourrait être comme avant ! Elle et lui ne formant qu’un seul être palpitant. Une famille déjà constituée !Il aimerait tant que ce soit si simple.
Pendant qu’il la baise et que leur plaisir monte, il se plait à y croire, à espérer que ce soit possible et il jouit de cette idée dans de longs cris de plaisir pendant que Chloé s’époumone sous lui.
Il s’endort instantanément, presque heureux et Chloé le repousse pour pouvoir respirer et les recouvre tous les deux de la fine couverture. Lovée contre lui, elle s’abandonne enfin à un sommeil réparateur qu’elle espère depuis de longs jours.
Au matin, ils sont aussi étonnés l’un que l’autre de se réveiller enlacés, comme s’ils ne s’étaient jamais quitté. Il la repousse, essayant d’éviter l’attraction fatale de son corps alangui par le sommeil et il n’y parvient qu’en sautant prestement du lit. Mais elle a bien vu sa verge dure et dressée et elle l’appelle :
– Jeff, mon amour, juste un petit coup pour se réveiller. Tu te rappelles ? Pour se dire bonjour !
A ces mots il part en courant se réfugier dans sa salle de bain et il doit se branler sous la douche pour éviter de retourner dans cette chambre diabolique où il ne pourra lui résister. Finalement lavé et habillé, il se rend dans la cuisine où il prépare du café pour eux deux. Puis il l’appelle mais elle ne répond pas. Alors, sur la pointe des pieds, il traverse la bibliothèque et rejoint le couloir où, par la porte restée ouverte, il contemple Chloé allongée sur le dos dans la pénombre de la chambre, jambes écartées, un doigt agile caressant son clitoris pendant quelle pince fortement un téton dressé. Elle se branle et gémit au rythme de son doigt. C’est un spectacle fascinant. Il admire la façon délicate dont ses yeux roulent sous ses paupières closes, la dextérité de ses mains pour trouver les zones sensibles, il écoute le chant de son plaisir qui monte de plus en plus et finalement il la voit jouir fiévreusement, le corps secoué de spasmes, dans des cris rauques de plaisir frustré. Puis elle ouvre les yeux et l’aperçoit.
– tu aurais pu m’aider ! Hulule-t-elle. Je n’y peux rien, c’est quasiment une nécessité ! Il faut que je jouisse sinon je ne pense qu’à baiser toute la journée.
Elle a un petit rire triste puis elle ajoute :
– je suis devenu toi !
– non, c’est faux ! J’ai changé, je ne suis plus comme ça ! réplique-t-il, cinglant.
– il me semble que depuis hier, tu n’as pratiquement fait que ça pourtant ! Lui renvoie-t-elle perfidement.
– C’est vrai mais tu réveilles quelque chose de bestial en moi que je ne veux plus jamais ressentir ! Je vais aller à Denpasar ce matin. Dès cette après-midi, je t’aurai trouvé un endroit où t’installer ! Ne t’inquiète pas, tu ne manqueras de rien et tes enfants non plus ! J’aimerai faire la connaissance de mon fils mais pas dans ces circonstances !
Et il tourne les talons sans lui laisser le temps de répondre ou de le provoquer à nouveau. Chloé reste allongée un moment. Une immense vague de tristesse la submerge. Elle l’a perdu et cette fois-ci c’est pour de bon.
Avant de partir aux États Unis, elle était sure de pouvoir le récupérer à n’importe quel moment. Marie ne représentait aucun danger. Elle était si fade, si insipide qu’elle pouvait la balayer d’un geste de la main. Quand elle est partie avec Steve, elle souhaitait sincèrement l’oublier et laisser derrière elle cette partie tourmentée de sa vie, mais rapidement elle s’était ennuyée. Steve était un bon amant et son membre démesuré la comblait facilement mais il n’avait aucune fantaisie, jamais rien qui sortait de l’ordinaire. Il aimait respecter un certain ordre dans leurs relations sexuelles, toujours le même et cela devenait lassant. Une pipe, un cunnilingus, et puis il la baisait, toujours dans la même position. La seule exception àcet enchainement mécanique avait eu lieu la nuit à Ubud, où, après avoir baisé avec Jeff sur la terrasse, il l’avait prise en levrette, la défonçant avec sa grosse queue et elle avait adoré ça. Mais cela ne s’était jamais reproduit. Chez ses parents ils faisaient chambre séparée. Elle dormait avec François et malgré quelques tentatives pour le coincer sous la douche où au détour d’un couloir, elle avait dû se résoudre à une abstinence forcée, pas aussi frustrante qu’elle ne l’aurait craint.
Arrivé à New York, François ayant sa chambre, ils avaient repris leurs relations sexuelles programmées. Toujours le soir, toujours avant de se coucher, toujours dans le même ordre, toujours dans la même position. Jeff lui avait terriblement manqué. Elle avait tellement regretté de l’avoir abandonné alors qu’il n’attendait qu’elle mais Sonia lui avait fait si peur. Elle lui avait représenté une vie épouvantable avec Jeff, lui expliquant quel mauvais père il serait.
Chloé avait cédé parce que c’était plus simple et puis elle prenait un certain plaisir à le savoir malheureux, la queue battante. Jamais elle n’aurait imaginé qu’il la rejetterait comme il est en train de le faire maintenant.
Comment a-t-il pu la remplacer par cette jeune fille à l’air si sage, si prévisible. D’ailleurs elle a abandonné la partie ! Elle a capitulé devant la femme enceinte ! Chloé se prend à espérer qu’elle peut encore le reconquérir.

Rendez-vous sur Hellocoton !

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

Proudly powered by WordPress | Theme: Baskerville 2 by Anders Noren.

Up ↑