JE LA REGARDE – Chapitre 8

Chapitre 8

Je la regarde parler. Elle est debout devant un buffet somptueux qui regorge de mets dont les couleurs devraient normalement me mettre l’eau à la bouche mais je ne vois qu’elle.
Elle et Steve qui la tient fermement par la taille.

Elle porte une robe longue et serrée, extrêmement ajustée. On dirait qu’on l’a cousue sur elle. De minuscules fleurs multicolores viennent parer la superbe soie bleue turquoise du tissu chatoyant. Les petites boutons nacrés qui la ferment, du col mao jusqu’à mi-cuisse, font ressortir sa minceur tonique et sa poitrine presque indécente. Steve la serre contre lui, protecteur, propriétaire et elle s’abandonne à son bras qui la retient. Mon cœur explose. Une douleur fulgurante me stoppe net. Je ne peux plus marcher, je ne peux plus respirer, je vais mourir, là, dans cette salle de restaurant sous les yeux de Chloé.
La main de Steve remonte sur son bras, caressant la peau bronzée jusqu’à la manche courte et elle lui sourit tendrement. Un poignard s’enfonce dans mon ventre, provocant des dommages irrémédiables. Mes tripes commencent à se répandre, du moins elles en ont la volonté. Heureusement pas la latitude sinon je les contemplerai à mes pieds.
Il lui parle à voix basse et je vois sa bouche, son adorable bouche, s’arrondir pour accueillir une petite gourmandise qu’il lui tend au bout d’une pique. Un coup de marteau sur le crane fait exploser mes tempes pendant que je perds l’audition. Les sons deviennent sourds, distordus. Une sirène s’est déclenché quelque part dans ma tête et elle va probablement griller mon cerveau déjà en surchauffe.
Elle gobe la nourriture avec un petit gloussement de plaisir et mes jambes me lâchent. Je crois que je viens d’être émasculé. En tout cas je n’ai plus rien entre les jambes à part un grand vide !
Alors, Marie, que je n’avais pas vu tant Chloé occupait mon champs de vision, se retourne et m’aperçoit. Elle vient vers moi, inquiète. Je dois aller vraiment mal pour qu’elle se précipite ainsi après nos récents différents.
– François, dit-elle, vous allez bien ?
Je voudrais lui dire de fermer sa gueule. Je voudrais disparaitre, je ne veux pas que Chloé me voit ainsi mais je suis incapable de prononcer un mot. Et puis ils se retournent tous les deux. D’abord Steve qui a suivi Marie du regard, puis Chloé qu’il a entrainée dans son mouvement. Mon regard erre vers son visage mais ma vue est brouillée et j’ai du mal à distinguer si elle me regarde, si elle m’a reconnu. Marie pose une main sur mon bras et je voudrais repousser cette chose visqueuse qui contamine ma manche comme la main de Steve qui glisse imperceptiblement dans le dos de Chloé. Toutes ces mains ne sont pas à leur place. Il faudrait que quelqu’un soit un peu raisonnable. On ne peut pas ainsi poser sa main sur la femme d’un autre sans qu’il y ait des conséquences. Je veux le tuer parce qu’il a posé la main sur elle mais je suis toujours tétanisé. Je dois me reprendre, me ressaisir au plus vite. Je vois bien maintenant que tout le monde me regarde. Steve s’approche, inquiet, traînant Chloé dans son sillage. Elle a beaucoup plus d’aplomb que moi car elle ne semble pas avoir tressailli. Je dois faire un effort. Je me redresse, passe une main dans mes cheveux pour me donner une contenance, puis repoussant Marie un peu vite, je fais un pas en avant, je ne sais pas si je vais lui envoyer mon poing dans la gueule, je ne sais pas du tout ce qui va se passer.
Dans un monde idéal, Chloé se pendrait à mon cou et m’emmènerai loin d’ici en m’appelant son amour mais nous sommes à Ubud, Bali, Indonésie, Monde. Rien d’idéal pour moi !
Chloé a réagi, je l’ai vu ! Son regard a vacillé, sa tête s’est penché un instant comme si elle renonçait puis, bravache, elle a relevé le menton et elle est partie au combat. Elle doit avoir peur que je parle. Ma Chloé ne t’en fais pas, jamais je ne te ferais de mal, je t’aime trop !
Elle s’approche et me tend la main, me défiant du regard. Alors, rassemblant mes forces, je la saisi et dit :
-«François, François-Joseph » j’ai mis toute mon énergie dans ces trois mots et je suis épuisé.
Steve est radieux. Il parade. Il me présente Chloé et dans sa bouche, son nom est obscène. On dirait qu’il le suçote comme un bonbon délicieux.
– Chloé Deschamps, ma fiancée. Je ferme les yeux un instant pour ne pas lui déchirer la bouche. Il n’a pas le droit de prononcer son nom. Il ne doit pas penser qu’elle est à lui. Elle est à moi. C’est ma femme. Comment pourrait-elle être sa fiancée ? Il y a une erreur et il va falloir la dissiper rapidement.
Chloé tente de retirer sa main mais je ne veux pas la lâcher, je ne veux plus la quitter des yeux. Marie s’en mêle, trop longtemps ignorée. Elle fait pâle figure à coté de la beauté flamboyante de Chloé, elle en est même pathétique. Si elle se voyait avec ses cheveux qui retombent, ses boucles d’oreilles de pacotilles, sa robe qui fait ressortir les os de son bassin, si elle se voyait à coté de cette créature sublime, cette perfection faite femme. Mais je ne vois que sollicitude dans ses yeux qui me détaillent alors je dis :
– ce n’est rien, ne vous inquiétez pas, un petit essoufflement passager. J’ai beaucoup travaillé ces derniers temps et je n’ai pas mesuré à quel point je manquais de sommeil. C’est fini maintenant, dis-je d’une voix rauque en me tournant vers Marie pour qu’elle me lâche. Mais au lieu de cela, elle passe son bras autour du mien pour me soutenir mais aussi pour marquer son territoire.
Je tiens toujours la main de Chloé et malgré ses tentatives discrètes pour la retirer, je ne la lâche pas. Je me fonds dans sa chaleur, dans la douceur de cette peau. Ce contact me tue et me ressuscite en même temps. Finalement Steve fait pivoter Chloé, l’arrachant à moi et l’entraine vers une table centrale. Je les suis, docile. Que puis-je faire d’autre ? Steve installe Chloé puis Marie et d’un geste de propriétaire, me désigne une chaise sur laquelle je prends place. La grande table ronde nous a mis face à face lui et moi, mais il a légèrement rapproché sa chaise de Chloé. Une longue et lourde nappe damassée descend jusqu’au sol. Des serviettes savamment pliées parent nos assiettes. Je remarque l’argenterie délicatement répartie dont le poinçon ancien atteste de la valeur. Les verres en cristal scintillent sous les lumières tamisées du restaurant. De grandes baies vitrées ouvertes font voleter des rideaux de mousseline qui masquent la vue mais repoussent les insectes. Le cadre est magnifique, incontestablement. Dans d’autres circonstances je me serai extasié sur un lieu si parfait où aucun détail n’a été omis pour assurer calme et confort aux dineurs. Mais je n’ai d’yeux que pour Chloé qui refuse de me regarder. Finalement Steve demande :
– vous vous sentez mieux, Monsieur Vaucanson ? Puis comme je ne réponds pas, il ajoute :
– vous verrez, ici vous allez vous reposer. Les chambres sont idéales pour des nuits calmes et paisibles. Prendre un peu de bon temps vous fera du bien. Il me semble que vous avez déjà commencé… Ajoute-t-il, badin en regardant Marie qui pique du nez dans son assiette.
Chloé redresse la tête. J’aimerai qu’elle soit jalouse. L’est-elle ? Impossible à deviner devant son impassibilité. Elle tend le bras et pose délicatement sa main sur la main de Steve :
– Steve à raison, François, vous permettez que je vous appelle François ? Ce lieu est idéal pour le repos mais aussi pour les séjours romantiques. Vous pourrez bénéficier d’un spa au luxe incomparable et aux massages exquis. Je suis sure que votre amie et vous-même en éprouverez le plus grand bien.
Puis elle se tourne vers Steve vers qui elle tend ses lèvres. Il y dépose un baiser avec ses grosses lèvres roses et j’ai envie de vomir.
– Steve et moi apprécions beaucoup de nous retrouver ici en amoureux, ajoute-t-elle.
– oui, quand tu en as le temps, ma chérie, dit-il toujours souriant, mais dans sa voix perce de l’agacement.
-Donc vous êtes la fiancée de Steve, dit Marie que nous avons tous oublié.
– en effet, répond Chloé en se redressant, faisant encore ressortir ses seins. Marie les voit, elle saisit mon regard et celui de Steve aussi. Nous sommes tous concentré sur la poitrine de Chloé. Heureusement qu’elle n’a pas mis un de ces décolleté qu’elle portait quand nous étions ensemble, nous l’aurions tous violé.
– le mariage est prévu pour quand ? Dit marie inconsciente de ce qui se joue autour de la table. Un long silence s’installe puis Steve répond :
– en fait nous n’avons pas arrêté de date. Nous travaillons beaucoup tous les deux. Comme vous le savez peut-être, Chloé dirige un établissement similaire au mien dans le sud de l’ile. Il nous est difficile de nous libérer. Je souhaite que nous fassions un grand mariage dans ma famille aux États Unis mais nous n’arrivons pas à trouver une date qui nous permette de nous libérer tous les deux. Et puis Chloé a quelques points à régler encore…
– rien de grave j’espère ? Dis-je en reprenant la conversation au bond.
– Chloé a des obligations… commence Steve.
– Steve mon amour, l’interrompt-elle nerveusement, n’embêtons pas nos invités avec des petits problèmes personnels. Si nous mangions? Monsieur Vaucanson, pardon, François pourra nous raconter ce qu’il fait à Bali. Je suis sure que c’est passionnant.
– tu as raison ma chérie, cessons de nous répandre sur nos problèmes et réjouissons-nous plutôt de nos bonheurs respectifs. Marie m’a dit que vous deveniez un homme important dans sa vie. Sachez cher François que j’en suis heureux. J’aime énormément Marie que je connais depuis longtemps. Elle mérite un homme bien qui l’aime et prenne soin d’elle comme je compte le faire avec Chloé, dit-il en massant ridiculement sa main entre ses pattes d’ours.
Ses gros doigts larges engloutissent la fine main de Chloé et la malaxent mécaniquement. Je voudrais lui dire de la lâcher, il la traite mal ! Chloé est délicate. Ses mains sont des mécaniques merveilleuses, capable de titiller mon gland sans l’irriter, de masser ma queue si subtilement que je jouis au contact de ses caresses. Ses mains sont précieuses, elles donnent du plaisir, du réconfort, de la joie. Ce rustre les traite comme les mains d’une vulgaire greluche.
– vous vous connaissez depuis longtemps ? demande Chloé perfide, en s’adressant à Marie.
– quelques mois déjà ! répond celle-ci, peu soucieuse de se répandre sur notre relation qui, il y a une heure encore, touchait à sa fin.
– quelques mois ! Mais c’est merveilleux. Je vous souhaite beaucoup de bonheur ! Alors, Monsieur Vaucanson, François excusez-moi. Si vous nous racontiez ce que vous faites sur notre belle ile.
Je baisse la tête. Allons-nous jouer cette comédie toute la soirée ? Je suis déjà lassé de ces salades. Mon corps est si douloureux que je voudrais m’étendre et dormir. Peut-être ne jamais me réveiller d’ailleurs mais Chloé a décidé de pousser son avantage plus loin et me harcèle de questions auxquelles je réponds de façon monosyllabiques. Lassée de mon aphasie, elle finit par abandonner et tourne son attention vers Marie qu’elle flatte un moment. Elle loue sa beauté, l’intérêt de son métier. Elle lui raconte à quel point Steve parle d’elle avec une affection évidente. Elle en fait trop mais personne ne l’arrête. Marie est en pamoison et Steve bade, heureux propriétaire. Moi, je subis le repas, évitant tout mouvement brusque, comme si j’étais caché et que le moindre mouvement révélerait ma présence à mes adversaires. Je survis à l’économie. Il me tarde que ce repas se termine et que je puisse m’en aller. Je voudrai rentrer chez moi, dans mon bungalow ou en France pourquoi pas ? Pourquoi rester maintenant ? Pourquoi m’infliger ça ? Elle a choisi et je ne fais pas parti du choix. Elle veut ce rustre, ce bouseux d’américain et bien, qu’elle le garde ! Je chipote la nourriture dans mon assiette et je constate, qu’à part Steve qui mange d’un bon appétit, nos deux compagnes grignotent. Connaissant Chloé, j’en déduis qu’elle est contrariée et qu’elle prend sur elle pour rester plaisante. Quant à Marie, elle vit un rêve. Son Steve est là, près d’elle, sa fiancée la traite en égale et elle peut se prévaloir, tout du moins en apparence, d’un compagnon plus que prestigieux à ses côtés. Elle se rapproche d’ailleurs de moi au fil de la soirée et fini, collée contre mon bras, une main caressant négligemment ma manche alors qu’elle parle chiffon avec Chloé. Steve a décroché de la conversation depuis un moment, occupé qu’il est à regarder les allées et venues de son personnel. Il se lève même à plusieurs reprises pour régler quelques menus problèmes. À un moment Marie se lève pour se rendre aux toilettes. En gentleman nous ne levons avec elle et Steve en profite pour s’éclipser, me laissant enfin seul avec Chloé. Ma tête boue de tout ce que j’ai à lui dire mais elle ne me laisse pas le temps de rassembler mes esprits et m’apostrophe à voix basse :
– mais qu’est-ce que tu fous ici, Jeff ? Je t’avais demandé de te tenir loin de ma vie ! Il faut que tu partes immédiatement. Tu ne peux pas rester ici. Je refuse que tu détruises ma vie à nouveau !
Tant de véhémence !
-«écoute Chloé, je réponds en tentant de garder un semblant de respect de moi-même, écoute bien, parce que nous avons peu de temps. Je ne savais pas que tu serais là, je venais rencontrer la fiancée de Steve, Pas Chloé la fiancée de Steve, d’accord ? C’est un piège, un guet-apens, la dernière chose que je souhaitais ! Te voir avec ce type me tue. C’est lui l’amant merveilleux, l’homme idéal qui t’a détourné de moi ? Tu veux rire ! Je n’y crois pas une minute !Ce type ne serait même pas capable de faire rêver une chèvre ! Il a le charisme d’un protozoaire ! Malgré elle, Chloé rit. Je ne sais pas pourquoi, mais lui parler m’a redonner de l’énergie. Mes câbles grillés se sont reconnectés et mon cerveau fonctionne à plein régime. J’ai peu de temps et je dois l’utiliser à bon escient, je dois la convaincre de son erreur !
– tout cela est une vaste plaisanterie, n’est-ce pas ? Tu ne vas pas épouser ce type ? Dis Chloé, tu te moques de lui n’est-ce pas ?
– détrompe-toi, dit-elle soudain très sérieuse, le visage tendu et les yeux lançant des flammes, je l’aime ! C’est un homme bien. Il est bon pour moi et je suis heureuse avec lui ! Tu n’as pas le droit de le juger de la sorte, tu ne le connais pas.
– mais il n’est pas nécessaire de le connaitre pour voir que c’est un imbécile, pétrit de certitudes, sûr de lui, arrogant ! Ce n’est pas l’homme qu’il te faut, Chloé ! Outre le fait que je suis l’homme qu’il te faut, regarde un peu tout ce qui vous sépare. C’est un gros rougeaux d’américain gorgé de maïs transgénique. Il ne t’’arrive pas à la cheville. Il devrait juste avoir le droit de te regarder, et encore, c’est déjà trop ! Il est si sûr de lui, si enthousiaste, si pondéré ! Ce type n’a aucune fantaisie. Il doit te baiser comme un traversin ! J’en suis sûr ! Tu ne peux pas t’infliger ça Chloé ; tu mérites quelqu’un qui prennent soin de toi qui t’apporte ce qu’il y a de mieux !
– et ce serait forcément toi ? C’est toi cette personne idéale, celui qui sait ce qui est le mieux pour moi ? Tu plaisantes Jeff ! Tu es l’être le plus égoïste et le plus narcissique que j’ai rencontré. Tu n’aimes que toi et toi seul. Tu baises tout ce qui bouge et tu t’en vante ! Les gens parlent, tu sais ! Les gens savent ce qui se passe chez toi, dans ta maison !
– mais qu’est-ce que tu racontes Chloé, de quoi parles-tu ?
– l’australienne, tu la baisais bien l’australienne ?
-oui, et alors, nous n’étions pas ensemble ! Je te l’ai déjà dit, dès que je t’ai retrouvé j’ai arrêté !
– c’est faux, je le sais !
– ah bon et comment ?
– Sonia vous a vu en train de faire l’amour comme des bêtes par la fenêtre de ton bungalow. Il parait que tu ne t’es pas ennuyé ce soir-là !
– mais tu es jalouse ! Mon dieu Chloé, tu es jalouse ! Pour une raison que j’ignore, Sonia s’est employé à détruire notre relation ! Je ne te dis pas que je n’ai pas couché avec cette fille, mais c’était il y a des mois. Elle est partie et je ne connais même pas son nom ! Chloé, regarde-moi ! Il n’y a que toi. Les autres sont des distractions parce que je me meurs d’amour pour toi !
– et Marie ?
– quoi, Marie ?
– tu l’aimes ?
-« non. Je l’ai espérai au début mais je ne peux pas en aimer une autre que toi !
– alors tu la fais marcher elle aussi ?
-« non, je ne lui ai rien promis. Elle ne voulait pas s’engager dans cette relation et ça m’allait très bien mais depuis qu’elle a revu Steve, depuis que Steve est fiancé, elle se sert de moi pour ne pas être seule.
– tu es pathétique. Tu déformes tout ! Tu détourne tout pour que cela colle avec ce que tu veux. Marie est amoureuse de toi, c’est évident !
– certainement pas. Je dirai même qu’actuellement je suis la personne qu’elle a probablement le moins envie de voir ! Mais nous devions venir ici et elle voulait impressionner Steve.
– et c’est toi qu’elle a choisi pour ça ?
– oui. Accuses moi d’être prétentieux si tu veux mais tu ne peux pas nier que je représente un parti inviable pour une femme. Je suis qui je suis, je n’y peux rien ! »
– tu me dégoute, Jeff. Je te hais. Tu utilises cette pauvre femme pour tes besoins personnels sans tenir compte de ses sentiments!
– mais de quoi parle-t-on, Chloé ? Je ne comprends pas ce que tu cherches ! Je te dis qu’elle est amoureuse de Steve et au lieu de lui en vouloir ou de t’en offusquer- je te rappelles qu’il s’agit quand même de TON FIANCE – tu m’accuse de me servir d’elle ?Je lui sers de couverture !
Je souris malgré moi car l’image est malheureuse. Effectivement je la couvre mais plus au sens propre qu’au sens figuré. Encore que « propre » ne soit peut-être pas le mot le mieux adapté à la manière dont je l’ai baisé ces derniers temps. Chloé me connait bien, elle lit dans mes yeux ce moment d’égarement.
– et ça t’amuse en plus ! Tu fais des jeux de mot pourri sur ta copine, et tu trouves ça drôle !
-« excuse-moi, Chloé. Tu sais quand les situations deviennent tendues, j’ai tendance à me réfugier dans la dérision. Je n’y peux rien. J’estime beaucoup Marie mais je ne l’aime pas. Elle le sait. Les choses sont claires entre nous.
– ce n’est pas ce qu’elle a dit à Steve, en tout cas.
– Mais tout le monde ment Chloé, n’est-ce pas ce que nous sommes en train de faire ce soir. Et puis peut-être Marie voulait-elle juste qu’il la laisse tranquille avec sa vie amoureuse. Il a l’air si suffisant, si imbu de lui-même ! Peut-être qu’elle s’est dit que ça lui clouerait le bec un moment !
– elle n’a aucune raison de faire ça ! Steve est un homme charmant qui mérite tout l’amour qu’on lui porte. Je la comprendrai d’être amoureuse de lui. C’est un homme bien et respectable.
– je sais, c’est la deuxième fois que tu me le dis. Je vais finir par penser que tu as besoin de t’en convaincre ! Tu sais Chloé, je pense que tu ne l’aime pas et que tu le sais ! Laisse-le à Marie, ils sont fait pour aller ensemble. La nunuche et le benêt !Partons, Chloé ! Cessons cette mascarade, nous ne sommes pas comme eux. Ils sont trop propres, trop sages. Toi et moi, nous aimons la folie, la passion. Nous avons en nous quelque chose qui nous pousse à nous transcender, pas eux. Ils sont raisonnables et sensés. Nous sommes fous et amoureux ! Viens Chloé, pars avec moi ! Nous irons où tu veux. Je t’emmènerai à l’autre bout du monde si tu le désire. Je vivrais de ta présence ! S’il te plait Chloé, mets un terme à mes souffrances. Je t’aime, j’ai besoin de toi, n’épouse pas ce type !
Je dois m’interrompre car Steve et Marie reviennent, bras dessus bras dessous, en grande conversation. Je jette un œil à Chloé qui les regarde s’approcher en plaquant un sourire factice sur son visage crispé.
– mon amour ! Dit Steve en se penchant vers elle pour déposer un baiser sur ses lèvres, excuse-moi de t’avoir abandonnée. Heureusement tu étais en charmante compagnie, me dit-il en me faisant un clin d’œil. J’espère que vous n’en avais pas profité pour tenter de me l’enlever. Elle est si formidable que je comprendrais que tous les hommes en soit fou !
Mais son ton dit sa certitude qu’elle est à lui. Ce type n’a aucun doute quant à l’amour de Chloé. Il s’assied finalement, tendant le bras pour libérer Marie qu’il dépose sur sa chaise, docile.
– alors, de quoi avez-vous parlez tous les deux durant notre absence ?
– oh, de choses et d’autres. Monsieur Vaucanson me disait qu’il ne compte pas rester tout le week-end. Malheureusement ses activités l’obligent à nous quitter rapidement et je lui disais à quel point j’en étais navrée, particulièrement pour vous Marie qui espérait rester avec nous. Mais nous aurons probablement l’occasion de nous revoir, j’en suis persuadée. Son ton dégouline de suavité et j’aimerai bien la reprendre, la contredire mais je crains de nous mettre trous en difficulté alors je me tais pendant que Marie me regarde d’un air étonné et inquiet.
– non, je vous l’interdit, s’écrit alors Steve avec véhémence. Rien ne justifie que vous vous priviez et que vous priviez Marie d’un séjour comme celui-ci. Je ne peux pas croire que vous ne puissiez-vous libérer deux jours durant. Nous y sommes bien parvenus Chloé et moi. Restez, je vous en prie François, faites le pour Marie s’il vous plait.
Je reste un moment silencieux, savourant cette victoire inespérée qui contrecarre la tentative de Chloé, puis je réponds calmement :
– bon si vous insistez je dois pouvoir m’arranger. Il me faudra juste passer quelques appels et je devrais pouvoir arranger cela. Nous restons Marie, ne vous inquiétez pas. Nous restons et nous allons profiter au maximum des charmes de cet hôtel. Je vous le promets. Cela vous permettra de me pardonner d’avoir voulu vous arracher à une si charmante compagnie.
Marie baisse la tête, soulagée et pourtant vaincue. Elle espérait peut-être que je m’en aille seul ? Chloé, pour sa part, manifeste une grande impatience en tapotant la nappe du bout de ses doigts aux ongles courts exempt de vernis.
– voulez-vous que nous allions nous promener dans le parc ? dit Steve de plus en plus débonnaire. Pourtant il n’a pratiquement pas bu d’alcool mais la soirée semble lui réussir. Nous nous levons et le suivons, résignés. Seule Marie trotte à ses côtés, contente de cette distraction. Tout ce qui ne nous ramène pas dans notre chambre est bon à prendre. Chloé demande la permission de se retirer pour se changer et promets de nous rejoindre rapidement puis elle disparait dans un bruissement de soie. Je saisis ma chance et demande à Steve si je peux m’éclipser un instant pour aller téléphoner. Il me regarde étrangement et Marie s’arrête de marcher. Un long silence s’installe puis il dit :
-Venez avec moi je vais vous montrez quelque chose. Excusez-nous un instant Marie, nous vous abandonnons quelques instants. Allez donc jeter un œil aux magnifiques bassins de l’entrée, ils accueillent des variétés de poissons extrêmement rares » puis me saisissant par le bras il m’entraine le long d’un couloir jusqu’à une porte qu’il ouvre. Nous devons nous trouver dans son bureau. Il se retourne immédiatement et son regard est dur :
– écoutez-moi bien Monsieur Vaucanson, écoutez-moi attentivement parce que je n’ai pas pour habitude de me répéter. Je ne sais pas ce que vous manigancez avec Marie mais je vous préviens, je ne vous laisserai pas lui faire du mal. Elle a l’air fort malheureux depuis qu’elle est arrivée alors tenez-vous à carreau car je n’aimerai pas avoir à me mêler de sa vie privé. Sommes-nous d’accord ?
On dirait un maitre d’école et s’il ne m’exaspérait pas autant, j’aurai envie de rire.
– toi, écoute-moi connard ! Je réponds en serrant les poings alors qu’une folle envie de violence envahir mon corps, Je fais ce que je veux avec Marie cela ne te regarde pas et tes menaces ne me font pas peur ! Tu peux jouer au cow-boy avec elle mais moi je sais quel genre de type tu es. J’en ai bouffé un comme toi tous les matins au petit déjeuner. Tiens-toi plutôt loin de moi, tu seras en sécurité ! Quand à ta fiancée, tu ferais bien de la surveiller parce que tu ne la mérite vraiment pas !
– Monsieur, je ne vous permets pas de me parler de la sorte ! s’écrit-il en reculant d’un pas devant ma rage évidente.
Comme je l’avais imaginé, ce genre de type n’a jamais eu à se battre réellement. Il pense que tous lui est du et que rien ne peux aller autrement que comme il l’a décidé alors je l’achève d’un :
– ta gueule ! Et je le plante là.
Je voudrais retourner à ma chambre puisque Chloé est dans la pièce contigüe mais je me cogne contre Marie qui nous cherche. Steve est sur mes talons, probablement décidé à régler ça en duel mais la présence de Marie lui fait retrouver ses bonnes manières.
– alors les garçons, tout va bien, vous avez terminé ?
– bien sur ma chère, dit cet abruti en lui prenant le bras.
– venez ! Allons profiter de la fraicheur du parc. Monsieur Vaucanson ? Vous vous joignez à nous ? ajoute-t-il affable, comme si nous ne venions pas de nous livrer à un combat de coq qu’il a perdu.
Alors j’y vais. Je les suis parce que j’ai envie de voir comment tout cela va tourner. Maintenant que la guerre est déclarée, la situation devient bien plus intéressante. J’en découdrais volontiers avec ce con mais j’ai tout mon temps. Chloé sera mon trophée !
Elle nous rejoint peu après, vêtue d’un pantalon en toile et d’un gilet qui cache un décolleté profond. Je le vois entre les pans de tissus qu’elle serre contre sa poitrine. Steve, une femme à chaque bras, marche pesamment dans les allées du jardin tropical, nous emmenant d’un point de vue à un autre, tel un pacha. Quand il croise des clients, il les salue d’une inclinaison cérémonieuse de la tête, et les femmes mures gloussent de plaisir sur son passage. Marie aussi. Chloé, raide, marche à ses côtés, trainant un peu le pas mais jouant le jeu. Je devine derrière son regard voilé, ses réflexions agitées. Peut-être ai-je réussi à entamer ses certitudes ? Ce serait déjà bien mais j’ai encore du temps devant moi alors je flâne derrière et j’apprécie. Particulièrement la croupe que Chloé a eu la bonne idée de mouler dans un pantalon beige. Je devine son entre-jambe quand elle marche et j’imagine le frottement de son string sur sa fente et dans son cul. Je suis sûr qu’elle porte un de ces redoutables petits triangles de dentelles qui ressortent de la raie des fesses tout en douceur et en délicatesse, de ceux qui donnent envie qu’on les lèche, qu’on les écarte précautionneusement. Pas ceux que l’on voudrait arracher parce qu’ils ressemblent à une ficelle pour saucisson ! Ses seins tressautent au rythme de ses pas. Ils sont plus gros qu’avant. Elle est plus mure, plus belle encore. Elle me fait penser à une pêche juteuse et son sexe, à un abricot rebondi. L’image est facile mais elle est exacte. Chloé est une forêt de fruits et j’en croquerai bien un morceau. Électrisé par cette pensé, j’accélère le pas et me retrouve à ses côtés. Les allées sont larges et nous tenons aisément à quatre de front. Steve pérore et je ne l’écoute pas. Ce type doit être amnésique. On dirait que nous ne nous sommes jamais accrochés. Ils parlent de l’hôtel bien sûr ! De quoi pourrait-il parler d’autre ? Il ne connait que ça ! Et ma main balance près de celle de Chloé. Quand elles se frôlent, je perds le souffle. Chloé laisse sa main pendre. Je pensais qu’au premier contact elle la retirerait mais elle n’en fait rien. Alors je m’enhardi et l’approche tout contre la sienne. Nous marchons ainsi tous les quatre et je tire mon énergie de ce contact charnel, comme s’il m’alimentait.
Steve fait halte devant un grand panorama qui ouvre sur la vallée et sur le ciel. Pas de nuage et une myriade d’étoiles qu’il s’applique à nous nommer sous les petits soupirs de bonheur d’une Marie en transe. Je profite de ce temps de pause pour me rapprocher de Chloé et appuie doucement ma jambe contre elle. Électricité ! Elle ne me repousse pas. Alors, si délicatement que le mouvement est imperceptible, je place me place derrière elle et pose ma main à la hauteur de sa hanche. Juste posée comme une caresse, une aile de papillon. La chaleur de sa peau à travers la toile me brule la main. Je descends lentement le long de l’arrondi de sa fesse et je flatte imperceptiblement la courbure de son cul. Steve parle, Marie boit ses propos. Chloé retient son souffle. Moi je me consume intérieurement. Je glisse mes doigts le long de la couture de son pantalon et je sens enfin la moiteur de son entre-jambe sous ma main. Je pourrais attraper sa vulve entre mes doigts. Elle est là, à portée de ma main, dans ma main. C’est une sensation si forte que ma bite est saisit de spasme comme si j’éjaculais mais il est encore trop tôt. Je voudrais toucher ses seins mais je ne sais comment les atteindre devant tout le monde. Pour le moment, je profite de ma position stratégique pour lui masser la vulve doucement. Elle écarte un peu les jambes pour me laisser passer. Son mouvement n’échappe pas à Steve qui dit :
– tout va bien ma chérie ? Tu as froid ? Veux-tu que nous rentrions ?
– non mon amour, je te remercie. Pourquoi n’irions-nous pas au bout de l’allée, là où les grands arbres repartent vers la forêt, tu sais, cet endroit que tu aimes tant ?
– allons-y si cela te fais plaisir, dit-il dans un sourire forcé.
Il semble un peu irrité et je comprends qu’elle a sabordé son scénario. Il comptait nous y emmener à la fin, pour clôturer la visite. Le chemin devient plus étroit et je dois me résoudre à rester en arrière. Je me contente de la vue. Chloé de dos est aussi belle que si elle était nue devant moi. D’accord, je la préférerai nue devant moi où alors habillée pour avoir le plaisir de lui ôter ses vêtement un par un. Marie à l’air d’un canard au bras de Steve. Je remarque pour la première fois son allure gauche. Ses jambes, musclées mais courtes, lui donne une démarche raide et peu élégante. Son bassin part en cadence d’un côté et de l’autre de son corps dans un balancement peu gracieux. Elle est pendue au bras de son compagnon qui intérêt à avoir de bons muscles parce qu’elle se laisse presque porter. Je remarque aussi qu’elle se frotte à lui imperceptiblement. Je la surprends, tournant son buste vers lui pour lui parler et en profiter pour frotter sa poitrine nue sur sa veste blazer. Je porte ma main à mon nez, cherchant vainement l’odeur poivrée du sexe de Chloé mais elles sentent la nourriture et je dois me contenter d’imaginer, de me souvenir. Marie frotte plusieurs fois encore sa poitrine contre le bras de Steve avant que nous arrivions et la voir faire m’excite. Je ne sais pas ce que ressent Steve mais nous pourrions facilement faire une partouze tous les quatre. Cela ne me dérangerait pas, s’il me laisse accéder au corps de Chloé. Je lui laisse volontiers Marie s’il me rend Chloé. Nous arrivons enfin sur une esplanade sombre entièrement couverte par les branches touffues des arbres environnants et Ubud s’offre à nous dans toute sa splendeur. À cette heure la ville brille de mille lumières, les commerces et les lieux de cultes sont éclairés de nombreuses lumières dont les couleurs se mélangent. Les arbres ajoutent à la féerie de paysage. Ils semblent servir d’écrin à la ville dont les faubourgs moins élégants, disparaissent dans la nuit noire. Une rambarde en pierre ceinture l’avancée et nous nous y appuyons. J’en profite pour reprendre ma place entre les jambes de Chloé qui soupire légèrement.
– c’est beau n’est-ce pas ma chérie, dit Steve qui l’attire contre lui et l’embrasse. Elle se laisse faire, pivotant son torse vers lui et serrant les jambes en emprisonnant ma main.
– oui, j’adore, dit-elle, je ne m’en lasse pas.
Steve la serre encore plus fort et de ma place légèrement en retrait, je vois sa grosse langue forcer ses lèvres et pénétrer dans sa bouche. J’ai envie de l’écarter mais la pression se resserre autour de ma main. Chloé laisse passer la langue et leur baiser s’éternise. Chloé soupire et je lui pince l’entre-jambe pendant que Marie se décompose à leur côté. Puis Steve, conscient de l’incongruité de la situation, la relâche et dit :
– Excusez-moi, je l’aime tant que parfois je m’oublie ; excusez-moi Marie, c’était très incorrect.
Marie acquiesce mais ne dit rien. Chloé libère ma main en reprenant une position plus confortable. Steve se tourne vers moi et me jette un œil noir. Alors je me déplace et je viens me poster à coté de Marie que j’enlace d’un bras protecteur. Elle résiste un peu, c’est infime mais je le sens. J’insiste et elle finit par s’abandonner contre mon flanc. Ma main qui tient sa taille remonte ostensiblement le long de son ventre et vient se placer en corole sur son sein qui pointe à travers le tissu. Je lui offre une conque pour se poser et dans un soupir presque silencieux, elle s’y abandonne. Je suis sûr qu’elle est trempée d’avoir tant frotté Steve. Son téton est réactif et quelques douces pressions le durcissent définitivement. Steve fait comme s’il n’avait rien vu et Chloé se perd, le regard dans le vague. Je reste un moment ainsi, excitant Marie qui s’alanguie sous ma main et dont le désir devient tangible, pendant que Steve et Chloé se raidissent à nos côtés. Quand je lui pince le sein, malgré la pénombre, je sais que tout le monde l’a vu. Marie pousse un petit cri et se tourne vers moi. Elle se colle contre ma poitrine et m’embrasse fougueusement. Quel étonnant retournement de situation ! Son bassin s’avance malgré elle et se colle contre ma bite raide. Mais Steve, ce grand humaniste décide que nous avons assez joué :
– je pense que nous devrions rentrer, nous sommes fatigués et j’ai encore beaucoup de travail avant d’aller me coucher. Tu ne m’en voudras pas mon amour ? Ajoute-t-il à l’intention de Chloé qui a déjà fait demi-tour et remonte le sentier rapidement.
Obéissant, nous nous éparpillons et regagnons l’hôtel suivant Chloé de près qui marche si vite qu’elle a disparue quand nous pénétrons dans le hall.
Steve nous souhaite bonne nuit et Marie l’embrasse tendrement sur la joue en le remerciant de son hospitalité et de sa gentillesse. Mais il est déjà ailleurs, occupé par des contingences matérielles dont elle ne fait pas partie. Je l’entraine avec moi vers la chambre. Elle voudrait rester encore, trainer dehors mais elle n’a aucune raison valable de le faire alors elle me suit, docile et résignée, elle qui quelques minutes avant se pendait à mon cou dans une démonstration de désir que je devine factice maintenant.
Dès que la porte de l’ascenseur se referme derrière nous – nous avons à peine deux étages – je la colle contre la cloison et je lui murmure à l’oreille :
– on dirait que vous êtes chaude comme de la braise, ma chère. C’est ce brave Steve qui vous fait un effet pareil ? Et sans lui laisser le temps de répondre je l’embrasse violemment, collant sa tête contre le miroir immaculé de l’ascenseur. Ma poitrine écrase ses seins, je les sens et ils m’excitent. Certes ils n’ont pas la fermeté et la beauté de ceux de Chloé mais ils feront très bien l’affaire pour le moment. Je glisse un genou entre ses jambes, écrasant sa chatte à travers la robe et elle gémit. Les portes de l’ascenseur s’ouvrent alors et nous devons retrouver une certaine contenance face à un groupe de touriste qui attend dans le hall au couleur vert bambou. Le long couloir qui mène à notre chambre me sert à la plaquer successivement sur le mur revêtu de tissus brun, puis sur la vitre qui découvre le parc. A ce stade, elle est docile, mais pas résignée parce que je vois bien qu’elle est excitée. Quand nous atteignons la chambre, j’ai du mal à insérer la carte tellement je suis occupé à pétrir son corps. Finalement nous entrons et je la projette presque sur le lit. Elle y reste allongée, immobile, légèrement essoufflée cependant. Puis j’ouvre la grande baie vitrés qui donne sur le bassin. J’aimerai m’y baigner mais il faut que je baise d’abord. Je retourne voir Marie qui me regarde et m’attend. Je tire sur sa robe n’importe comment et elle finit par l’enlever toute seule si vite que je la découvre nue alors que je n’ai même pas retiré ma veste. Je me déshabille lentement, gobant un téton entre chaque vêtement pour maintenir la tension. Elle est en transe et elle gémit à chaque succion. Quand enfin je suis nu, je m’allonge sur elle et je lui dis :
– C’est Steve qui vous fait mouiller, n’est-ce pas ? C’est lui que vous voudriez avoir entre les jambes maintenant, n’est-ce pas Marie ?
Elle reste silencieuse
– allez dites-le et je vous libère ! Dites-le !
Mais elle refuse de répondre alors je lui murmure :
– peu importe, je vais vous en donner du Steve, vous allez voir. Vous sentez Marie, sa queue qui se frotte sur vous, et je masse mon sexe contre ses poils. Elle gémit longuement. Ses jambes s’écartent toutes seules et je dois me retenir pour ne pas m’enfourner immédiatement à l’intérieur.
– vous sentez sa bouche qui vous lèche les seins ? Ce brave Steve, ce gros rougeau, il va vous fourrez bien profond, comme le gros américain qu’il est.
Elle grogne, probablement irritée par mon discours mais ses hanches, tendues vers moi, ne fléchissent pas.
– dites le Marie, appelez-le, dites son nom, je sais que vous en mourrez d’envie ! Alors dans un gémissement elle expulse un son :
– Steve…et je la satisfais immédiatement en la pénétrant profondément. Elle crie presque tant le plaisir est fort.
– imaginez que c’est sa queue qui vous ramone Marie. Vous le voyez, vous voyez Steve. Il est là, il est en vous, il vous baise et ça vous fait jouir.
Elle crie de plaisir et se tort sous mon corps qui la maintient. Je continue à la baiser en lui détaillant tout ce que Steve lui fait et elle finit par jouir violement, contractée par le plaisir. Je relâche ses seins que j’ai brutalement malaxés tout du long et j’éjacule au rythme de mes propres fantasmes. Je ne peux pas jouir avec elle. Je ne peux pas jouir en la touchant ou en pensant à elle. Je suis avec une autre, j’appartiens à une autre et mon corps ne répond plus qu’à elle.
Marie se laisse aller sur les draps que nous n’avons même pas défait, les jambes écartées, abandonnée. Je ne l’ai jamais vu si accessible. La tentation est grande de fourrer ma bouche dans son sexe béant mais je n’ai pas envie de la faire jouir. Je n’ai pas envie qu’elle me fasse jouir. Je crois qu’à cet instant je préférerai me branler dans les rideaux que d’avoir du désir pour Marie. C’est un problème parce que j’ai encore envie de baiser. Chloé m’a excité et elle n’est pas là pour éteindre le feu qu’elle a allumé. Alors je retourne vers Marie qui s’assoupi doucement et je lui dis :
-« Steve n’a pas fini. Steve a un gros appétit et il veut le cul de Marie. Steve veut du cul, ton cul Marie, tu m’entends, Steve va te baiser encore parce que tu l’excite, parce que tu le fais bander comme un âne. Il a un trique d’enfer et tu dois le laisser t’aimer parce ce brave Steve ne pourra pas passer la nuit avec une trique pareille, tu entends Marie ? Steve va te la mettre bien profond encore une fois et tu vas aimer »
Elle gémit, tentant de se réfugier sous les draps mais je continue :
– Non, Steve ne veut pas que tu le repousse, il te veut toi, il veut ton cul ! Il faut que tu le lui offre Marie, sinon demain il sera très malheureux, et tu ne veux pas que Steve soit malheureux, je sais que tu veux le bonheur de Steve. Tu pourrais le sucer un peu ce brave Steve. Je suis sûr que sa queue aimerait ça ! Non ? Tu ne veux pas ? Tant pis Marie ! Steve arrive et il en veut beaucoup !
J’attrape ses jambes qui s’échappent et la tire vers moi puis je la retourne et la plaquant sur le lit avec une main, j’écarte ses fesses à la recherche de sa rondelle. Quand je la trouve, je m’y introduis lentement. Marie grogne mais son anus musclé me laisse entrer. Je la repositionne mieux, la redressant, lui permettant de prendre appui sur ses bras. En me penchant un peu, je vois ses seins qui pendent et au cri de « Steve nous voilà ! », je l’encule dans une levrette impeccable qui me permet de caracoler entre ses fesses suffisamment longtemps pour lui laisser le temps d’apprécier – ça c’est un bonus pour elle – et pour moi de prendre mon pied si fort que je tombe ensuite épuisé, toujours enchâssé dans son cul.
Elle gémit doucement encore un long moment. L’humiliation doit être aussi forte que le plaisir que je lui ai procuré. Il ne fallait pas tomber amoureuse de ce bellâtre. En voilà déjà une qui sait qui est son maitre. La deuxième ne saurait tarder, même si cela semble pour le moment bien compliqué. Marie, épuisée, s’endort après s’être glissée dans les draps qu’elle a remonté jusqu’à son cou comme une protection. J’essaie d’en faire autant mais savoir que Chloé est dans la chambre attenante, m’empêche de m’endormir. Je me demande si depuis le bassin, je pourrais accéder à sa chambre. Après tout, Steve a dit qu’il travaillerait tard. Il n’est probablement pas encore remonté. J’ai envie d’essayer.
Je me lève silencieusement et sors sur la terrasse où je contemple un moment le paysage. Le bassin forme une conque suspendu au-dessus de la forêt tropicale. La lumière de la lune fait briller les pierres noires qui le pavent. Je les reconnais. Ce sont les mêmes pierres que celles que j’ai vu sur la côte nord de l’ile : noires, légèrement rugueuses au toucher, comme une fine râpe. Les pieds au bord du bassin, j’ai l’impression d’être perdu dans la jungle. Les grandes palmes qui me surplombent pourraient très bien receler des lianes cachées qui me permettraient, tel un tarzan moderne et tout nu, de traverser la forêt de liane en liane. Je m’imagine un instant, volant de branche en branche. Je rejoindrai la tribu des petits singes. J’en deviendrai le chef, je me fondrai parmi eux et je vivrai serein entouré d’une cours de guenons amoureuses qui m’apporteraient à manger, m’épouilleraient, m’offriraient leur cul – ça c’est déjà moins affriolant quand j’y pense – et porteraient ma nombreuse progéniture. Dans ce monde, mes guenons s’appellent Ariel et Marie et elles ne sont pas aussi dociles que je le souhaiterai.
Finalement, las de ces divagations, je me glisse silencieusement dans l’eau tiède du bassin. Le fond est peu profond. On ne peut pas réellement y nager mais on peut se prélasser agréablement. Lentement, pour que l’eau ne fasse pas trop de bruit, je m’approche du bord du bassin qui surplombe la vallée. Un petit rebord commun les relie mais il est trop étroit pour y prendre appui. Je peux par contre, en faisant très attention, glisser d’un bassin à l’autre pour me retrouver sur la terrasse de la chambre d’à côté. Au plus près, il doit y avoir une soixantaine de centimètres entre les deux bords. En pleine nuit c’est assez impressionnant et c’est surtout très bruyant. Je ruissèle d’eau qui cascade autour de moi quand je sors du premier bassin, et j’atterrisdans le bassin d’à côté, au prix d’une difficile et dangereuse reptation dans le vide. Je reste un moment immobile, espérant n’avoir réveillé personne. La chambre est dans le noir et des voilages s’agitent mollement au rythme d’un léger vent remontant de la combe. Je ne distingue rien à l’intérieur. Je ne sais même pas s’il y a quelqu’un. Je sors du bassin, laissant couler l’eau longtemps pour maintenir ma présence secrète, et je m’approche de la porte fenêtre béante. Relevant lentement les voilages, je m’apprête à passer la tête pour regarder à l’intérieur quand la porte de la chambre s’ouvre, livrant passage à Steve. J’ai à peine le temps de me jeter en arrière, masqué par un rideau serré, quand il allume la lumière, révélant Chloé endormie dans un lit immense. Il bifurque immédiatement vers la salle de bain et j’entends l’eau de la douche couler à flot pendant qu’il sifflote. Chloé est tournée vers moi et sa nuisette de soie claire dévoile pratiquement ses seins. Le tissu n’est pas là pour les tenir mais pour les mettre en valeur. Il fait lourd et elle a rejeté les draps. Son corps au repos est splendide. Je voudrais m’approcher d’elle et l’embrasser de la pointe de ses petits orteils jusqu’à la racine de ses cheveux. Je ne laisserais aucune zone vierge de ma bouche. Imprudemment, je me suis approché de l’ouverture et je la contemple. Je suis nu et je bande. Alors Steve sors de la salle de bain, nu lui aussi, ave centre les jambes un engin en érection que mes yeux fixent avec horreur. Ce type a une bite monumentale. Je me jette en arrière mais il est si occupé qu’il ne prend même pas la peine de tourner la tête quand je gémis après m’être cogné la queue sur le chambranle. Il s’allonge prés de Chloé et commence à la caresser. Je vois ses grosses pates couvertes de longs poils blonds aller et venir sur ses bras, malaxant sa peau tendre. Puis, sans aucune précaution particulière, il la bascule sur le dos et elle se laisse faire. Elle gémit un peu. Tout de même ! Chloé, réagit ! Réveille-toi !Ce type va te baiser et tu dors !Je voudrais crier pour la réveiller, pour la mettre en garde, pour la sauver, mais je la vois lever les bras dans son sommeil et les enrouler autour du cou de Steve. Elle l’attire à elle et l’embrasse. Son grand torse se colle sur ses seins qu’il écrase lourdement et cela ne semble pas la déranger. Leur baiser devient torride et Chloé enroule ses jambes autour de Steve. Je me sens pris au piège. Je ne peux pas regarder ça. Elle en peut pas le vouloir, elle ne peut pas l’attirer vers elle comme ça. Elle doit bien se rendre compte que c’est lui, qu’il va lui faire l’amour alors qu’il n’en a pas le droit. Chloé je suis dehors ! Elle n’a toujours pas ouvert les yeux et je continue à espérer qu’elle pense que c’est moi qui me colle contre elle, moi qui lui malaxe la poitrine, la faisant jaillir du fin tissu qui la couvre, moi qui pose ma bouche sur ses tétons dressés et les aspire dans un bruit répugnant ! Mais alors elle dit :
-« Steve, mon amour, baise moi je t’en prie » et je me désagrège. Cette phrase que j’ai entendue si souvent, sert maintenant à en attirer un autre. Un autre qui n’est pas moi et qui jouit de ce dont je suis privé. Il remonte la nuisette sur ses longues jambes, révélant son sexe dont les poils ressemblent à une petite moustache puis il descend sa bouche le long de son ventre et je la vois onduler de plaisir. Elle écarte les jambes, révélant sa chatte ouverte et accueillante et il y plonge la langue. Un poignard dans mon cœur ne ferait pas plus mal et je sens des larmes ruisseler sur mes joues pendant que je le regarde, impuissant, lécher le sexe de mon amour au son de ses cris d’extase. Elle s’écarte encore plus et je vois sa langue, à la lumière de la lampe, aller et venir sur son clitoris rouge et dressé. Elle a mis ses doigts de part et d’autres de sa vulve pour lui en faciliter l’accès. De l’autre main elle pince impudemment ses seins et elle gémit en cadence. Steve remue sa bite dans les draps et il lèche comme un assoiffé. Il la lèche si bien, si régulièrement, qu’elle part dans de longs cris en un orgasme sonore et sans fin. Je la regarde se tordre de plaisir pendant que mon corps tombe par terre. Je suis à genou, je n’ai plus de force. J’aurai peut-être supporté qu’il la baise mal mais pas qu’il la fasse jouir si bien !
Putain Chloé, comment peux-tu me faire ça, après tout ce que nous avons vécu ensemble, tu t’abandonnes à ce type comme une vulgaire marchandise et tu y prends plaisir. Je suis parcouru par une haine pure. Un frisson de poison haineux. Je vais entrer et je vais les tuer tous les deux. Tant pis. Tout plutôt que de la voir s’offrir à lui comme une chienne en chaleur. Je me recroqueville par terre, me désintéressant de leur pathétique rapprochement mais ils n’en ont pas terminé. J’entends Steve qui halète et j’ose à peine relever la tête mais une force irrépressible m’y pousse et je contemple Chloé, à quatre pattes, débarrassée de son inutile vêtement, qui pompe le dard de ce mastodonte de muscle. C’est ça le truc, c’est sa queue. Cette putain de queue qui a dû lui valoir un maximum de succès depuis qu’il est adolescent. Elle est si grosse que même Chloé n’arrive pas à la rentrer dans sa bouche. Son gland déborde et ressort régulièrement mais elle s’active, besogneuse, dans des bruits répugnants de bave visqueuse. Arrête ! Arrête, je t’en supplie, je ne peux pas te regarder lui pomper la bite comme ça. Tu ne peux pas, pas toi ! Mais elle est toute à son affaire et l’animal profite, tenant ses seins à pleine mains. Plus elle suce, plus il écrase les fragiles globes, les tétons tendres et doux et elle gémit en remuant son cul dressé. Finalement elle le termine et il éjacule dans sa bouche en grognant comme un phoque sans lâcher ses seins un seul instant. J’attends, j’espère, elle ne va pas le faire. C’est à nous. C’est entre elle et moi…mais elle avale le sperme poisseux et se penche sur lui pour l’embrasser goulument puis, s’asseyant sur ses jambes, elle frotte sa chatte sur les poils de sa cuisse en balançant son torse en cadence. Elle a levé les bras au-dessus de la tête et elle danse pour lui une danse où elle le charme et l’appelle. Il a dû l’envouter, je ne peux pas y croire.
Finalement, elle s’allonge sur le dos, jambes écartée set dit :
– baise-moi, maintenant, d’un ton impérieux où le désir est évident. Je veux mourir. Inconscient du mal qu’il me fait, il se redresse, farfouille près du lit, en sort un emballage qu’il déchire et lui tend. Elle saisit le préservatif et le roule lentement sur la chair molle et pale qui recouvre son membre. Sa bite est large, blanche et charnue. Trop de peau. Je ne crois pas en avoir vu une aussi grosse ailleurs que dans les films pornos.
Chloé, je t’en supplie, ne te laisse pas empaler par ce truc gigantesque. Il va te déformer à jamais. Chloé ! Mais l’emballage de latex est déjà déroulé et le membre entre sans résistance dans un soupir commun. Même moi j’ai gémis mais pas pour les mêmes raisons et je ne peux que contempler impuissant, la chair rose cellophanée, aller et venir dans son précieux con. Il est allongé sur elle et la recouvre de tout son corps. Elle disparait presque sous la chair musclée. Son visage est enfoui quelque part au niveau de son cou de taureau. Chloé ! Je pleure en silence. Je voudrais partir mais je ne peux le faire sans faire de bruit. Je me fous qu’on me trouve là mais je ne veux pas qu’ils sachent que j’ai vu, que je sais, que j’ai assisté à ma destitution, que je l’ai vu la posséder, la prendre, la baiser ! Comment réparer de tels dommages ?Comment oublier la vision de Chloé qui se tord sous ses coups de boutoir ?Cette queue qui la ramone, qui la tient et l’empale. Cet accouplement répugnant. Chloé geint bruyamment. On dirait presque des sanglots. J’aimerai que s’en soit, je pourrais la sauver mais les cris augmentent et elle les accompagne d’une longue logorrhée :
– oh oui Steve ! C’est bon, vas-y, baise moi encore ! Encore ! Plus fort ! Oh oui…
Et elle jouit dans un long hululement pendant qu’il continue son mouvement mécanique comme un Terminator déchainé. Je pense qu’ils ont fini mais soudain, comme si sa queue était douée d’une force propre, il la soulève alors qu’elle est toujours plantée sur son membre et il la fait monter et descendre sur sa queue toujours raide et elle se laisse faire ! Elle a enroulé ses bras autour de son cou et elle s’y pend, s’y cramponne et elle recommence à chanter pendant qu’il commence à ahaner mais ne faiblit pas. Ses mains en coupe sous les fesses parfaites de mon amour, il la fait glisser sur lui comme une marionnette. Et enfin il jouit, un puissant rugissement sort de sa gorge pendant qu’elle chante dans son oreille.
C’est un véritable cauchemar ! Ma belle Chloé, ma liane, ainsi possédée par se taureau sans âme, se laissant prendre par le roi du porno comme une vulgaire salope ! Voilà ce qu’elle est, une salope, une chienne en chaleur ! Je ne lui suffisais pas, il lui fallait la démesure de ce titan pour la combler. Je me retire de la course. Je la laisse, poupée disloquée par une queue démesurée.
Ils sont enfin retombés sur le lit qui ploie sous leur poids. Steve prend le temps de retirer l’emballage qu’il pose délicatement sur la table de nuit puis il dépose tendrement le drap sur le corps de Chloé, abandonnée, les cheveux en bataille cachant son visage. Enfin il éteint la lumière. Je l’entends lui souhaiter bonne nuit et un baiser mouillé claque comme un élastique qui lâche. J’attends encore longtemps, savourant ma défaite, la queue molle, le cœur en lambeau, l’âme morte. Il vient de me la prendre à jamais. Je ne pourrais plus la regarder en face maintenant que je l’ai vu s’extasier sous le corps de ce type. Ce middle class parvenu, ce bouseux. Ma Chloé n’est plus. Celle que j’aimais, que je vénérais, est une trainée qui a choisi le type le plus commun pour finir ses jours. Je la maudis cent fois et j’espère que cette ile, où la spiritualité est si présente, exaucera mes prières et les détruira tous les deux puisque je n’ai pas la force de le faire moi-même. Après un dernier regard à leurs corps endormi je m’apprête à repartir quand je vois Chloé bouger. Je m’immobilise et attend. Je veux consommer ma défaite jusqu’à la lie. Va-t-elle s’empaler à nouveau sur son sexe barbare ? Va-t-elle le gratifier d’une dernière gâterie comme elle m’en faisait parfois ? Au lieu de cela, silencieuse comme un chat, elle s’approche de l’ouverture et je me recule pour qu’elle ne me voit pas. Elle sort sur la terrasse et me dépasse en s’approchant de la piscine. Mais alors que je pense qu’elle va s’y plonger, elle se retourner vers moi et s’approche du mur sur lequel je m’appuie. À son regard je comprends qu’elle connaissait ma présence sur la terrasse. Peut-être m’a-t-elle entendu passer d’un bassin à l’autre ? Peut-être serait-elle sortie me retrouver si Steve n’était pas arrivé ? Peut-être était-ce pour moi qu’elle portait cette nuisette affriolante ?
Son corps et si proche du mien que je pourrais la toucher mais je n’ose pas. Ses yeux me fixent pourtant et j’y lis autant de défi que d’envie.
Comment peut-elle encore avoir envie de moi après ce qu’elle vient de prendre, je me dis bêtement puis mes sentiments font un flip dans ma tête et soudain je me mets à espérer que c’est parce qu’elle m’amie encore.
Je la contemple, oscillant entre désir et dégout mais le désir est plus fort. Me décollant du mur, je m’approche d’elle si près que mon souffle fait voleter ses cheveux sur son visage. D’une main elle les repousse. Je m’approche encore mais quand je sens son souffle chaud sur ma bouche, je suis saisit d’un recul involontaire. Il y a quelques minutes à peine, cette bouche que je m’apprête à embrasser, accueillait le monstrueux sexe de Steve et cette langue que je convoite, recueillait son sperme. Vais-je pouvoir lui pardonner cette trahison, cette ignominie ? Mais l’appel de ses lèvres roses est irrésistible et avant d’avoir tranché la question, ma bouche tète déjà goulument la sienne. Je tente de retrouver son gout à travers les senteurs mêlés de leurs ébats et je me dégoute autant que ce contact m’excite.
Comme s’il n’y avait plus que nous deux, elle répond à mon baiser, d’abord prudemment puis de plus en plus fiévreusement. Nous nous embrassons passionnément comme au premier jour. Comme si tous les obstacles entres nous étaient tombés d’un coup. Nos bouches s’abreuvent enfin de nous, de ce que nous formons quand nous sommes ensembles, de cette merveille que nous sommes quand nous sommes réunis et ne formons plus qu’un seul corps. Je me repais d’elle comme elle se nourrit de moi.
Au bout d’une éternité, j’abandonne sa bouche et viens me poser sur son sein. Ca fait si longtemps ! Ils sont toujours aussi beaux. Un peu plus sombre peut-être. Steve doit les abimer avec ces grosses mains de bucheron ! Les aréoles sont plus larges et plus foncées. Le bout du téton droit porte une légère marque blanche, comme une cicatrice, comme s’il avait été mordu !
Ma Chloé, cette brute détruit ton corps ! Je lèche délicatement la trace et Chloé se tend. J’attrape son sein dans ma main, il est plus lourd et plus mou que dans mon souvenir. Je n’ose imaginer sa chatte après le passage de ce mastodonte. Je l’embrasse à nouveau follement en lui caressant la poitrine. Je pourrais lui faire l’amour, là avec l’autre balourd qui dort à quelques mètres de nous. Qu’elle bonne blague ! Mais soudain il cesse de ronfler et nous nous immobilisons. Steve bouge se redresse légèrement puis se retourne, dos à la fenêtre. Chloé semble reprendre ses esprits et elle me repousse fermement et de la main, me fait signe de partir mais je m’y refuse. Je n’ai pas pris tant de risque, je n’ai pas été si patient pour me voir éconduit après un simple baisé. Alors je fais ce que je sais faire de mieux, je lui donne envie.
Je retourne à ses seins. C’est son point faible et nous le savons tous les deux. Ils sont soyeux et doux. Ma bouche est irrésistiblement attirée par ses tétons bruns. Elle s’y colle goulument à nouveau et je m’y ressource un moment. Elle ne bouge pas mais je sens bien qu’ils durcissent dans ma bouche vorace. Je glisse une main entre ses jambes, elle est trempée. Par chance je sais que ce n’est pas le sperme de Steve ! Je la caresse en prenant mon temps, elle m’a tellement manquée. Quand je trouve enfin son clitoris, elle pousse un léger soupir mais reste immobile. Alors je l’astique consciencieusement. Je veux qu’elle réagisse, je veux qu’elle m’aime, je veux qu’elle me choisisse. Elle s’offre à la caresse sans broncher et malgré ma bite qui bat contre son bassin elle ne fait pas un geste vers moi. Alors tout doucement j’attrape sa jambe et la remonte vers moi, frottant son sexe sur ma cuisse pour la rassurer. Nous nous regardons longuement, nos yeux rivés, nos visages tendus par l’envie, la haine, l’amour, la jalousie et tant d’autres émotions encore. Elle ne dit rien, elle ne proteste pas, ne me repousse pas mais ne s’approche pas non plus alors je lui tends la main et elle y pose la sienne avec réticence. Elle sait qu’elle ne peut me résister même quand elle le devrait. Je l’allonge par terre en l’accompagnant de mes mains puis je m’allonge sur elle. Elle ne bouge pas. J’ai l’impression qu’elle me teste, qu’elle veut savoir jusqu’où je suis prêt à aller pour elle. Les pierres sont chaudes et rugueuses sous nos corps. Je remonte ses mains au-dessus de sa tête et Je l’embrasse follement, avalant presque sa bouche de mes lèvres fiévreuses et elle répond à nouveau à mes baisers. Ma Chloé, mon amour, tu m’attendais. Je caresse ses seins à nouveau et ses jambes s’écartent imperceptiblement. Mon bassin glisse vers elle, comme aimanté. Elle relève légèrement les jambes et je plonge en elle sans l’avoir voulu. J’aurai préféré attendre encore, faire durer le plaisir plus longtemps avant de la posséder mais elle m’attend et je ne veux pas la décevoir. Nos bouches sont toujours collées et ne se lâchent pas. Je n’ai pas souvenir d’un baiser aussi long et aussi passionné. Nous émettons malgré nous des bruits de succions qui résonnent dans la jungle endormie. C’est comme une connexion magique. Aucun son ne peut sortir mais nous nous suffisons à nous même. Ma langue qui s’emmêle à la sienne, nos bouchent qui se dévorent, nos lèvres qui se cherchent, le lien est indestructible. Il tend un câble entre nos têtes et nos sexes qui se sont retrouvés et se percutent en rythme. Nous allons lentement vers un plaisir inéluctable que je voudrai retarder le plus possible afin de ne pas rompre le contact. Soudain Steve bouge et le matelas répercute sa reptation. De sa place il ne peut pas nous voir mais nous faisons trop de bruit. Nous nous immobilisons aussitôt. Sa voix ensommeillée murmure :
– Chloé ? Mais il doit dormir, car sans attendre de réponse, il replonge dans le sommeil et le léger ronflement reprend.
J’enfonce ma langue encore plus profondément et mon sexe reprend sa caresse. Le vagin de Chloé est comme une fleur satinée. Je m’y sens si bien que le plaisir monte vite. Je dois le retenir. J’ouvre les yeux. Elle me regarde fixement et je lis de la folie et de l’amour dans son regard. Tant d’amour. Pourquoi s’inflige-t-elle cela si je suis celui qu’elle aime vraiment ? Mais il n’est pas temps pour ces questions. Elle commence à battre des paupières et son vagin se contracte. Elle va jouir mais je ne veux pas. Pas encore ! Alors je ralentis mais elle est lancée, elle ne peut plus arrêter la vague de plaisir qui monte. Je ne peux que la freiner. Si je me retire, elle jouira sans moi alors je l’accompagne le plus lentement possible et ses yeux me supplient de la soulager pendant que ses mains pressent fortement sur mes fesses pour que je rentre encore plus loin. Toujours attaché à sa bouche, j’accentue légèrement le mouvement et instantanément le plaisir monte en moi comme de la lave en fusion. Je plonge mon regard dans le sien et je me souviens de la fois où nous avions fait l’amour dans le placard de son employeur et où nous avions jouis si fort et si bien dans un silence absolu. Nous sommes en train de vivre une de ces fois magiques, celles dont on se souvient, celles que l’on n’oublie jamais. Je ne peux différer plus longtemps nos orgasmes qui montent à l’unissons et dans de longs cris silencieux, nous nous tordons de plaisir durant un long moment. Ses doigts déchirent mon dos de longues zébrures et la douleur décuple mon plaisir. Quand enfin nos corps se calment, je reste allongée sur elle. Je ne veux pas sortir de son corps. Je veux y vivre. Chloé ne bouge pas non plus, elle a l’air bien. Si je n’étais pas si heureux de la retrouver, je m’amuserai de l’avoir baiser à côté de son cher Steve mais à cet instant la mesquinerie est la dernière chose qui m’occupe l’esprit. Je suis en paix. J’ai retrouvé Chloé.
Oublié les visions cauchemardesque d’un autre que moi la possédant ! Oublié la jalousie féroce qui m’a envahi quelques minutes avant ! Je lui pardonne tout parce qu’elle m’aime et qu’elle est à moi. Et comme il fallait s’y attendre dès que je suis en elle, je durci rien qu’en y pensant. Et nous recommençons sans attendre. À quoi bon. Nous savons que nos corps ne se satisferont pas si vite l’un de l’autre ! Nous nous sommes tant manqué. Lentement, je masse ma queue en elle et mes mains serrent ses seins voluptueux. Steve est un âne. Il a incontestablement une bite d’âne mais à l’heure qu’il est, si l’on tient compte du fait qu’il est fiancé, il est cocu ! L’âne cocu, monté d’une queue de titan est en train de se faire cocufier sur sa terrasse par l’homme qu’il déteste probablement le plus au monde.
Non, pas un âne : un boute en train ! Il a bien préparé ma Chloé, mais maintenant c’est avec moi qu’elle jouit, car elle jouit à nouveau, convulsée par le plaisir et je la rejoins sur cette constatation réjouissante. Je suis en nage et Chloé aussi. Nos corps collent de transpiration.
– Je vais dans l’eau, je lui murmure à l’oreille et l’abandonnant à mon grand regret, je m’apprête à me laisser doucement glisser dans le bassin quand Steve dit :
– tout va bien Chloé ?
– oui, mon amour, j’ai chaud. Je prends l’air deux minutes et je reviens.
– mets la clim si tu veux.
– non, l’eau du bassin me rafraichira, rendors toi, j’arrive.
– tu veux que je t’accompagne, je pourrais te tenir compagnie.
Le ton légèrement égrillard en dit long sur les intentions de ce salopard mais Chloé répond :
– non, dors mon amour, tu as beaucoup de travail demain. Je t’aime.
– moi aussi je t’aime ne tarde pas trop. Nous avons si peu de nuit ensembles.
Finalement Chloé fait demi-tour mais elle semble hésiter. Je l’attire dans l’angle de la terrasse et la colle contre le mur en l’embrassant passionnément. Ma queue est déjà au garde à vous, n’attendant qu’elle. J’ai déjà positionné mes mains sous ses fesses pour la soulever et l’empaler quand elle m’arrête d’un geste de la main. Puis, chuchotant à mon oreille, elle me dit :
– Stop !C’est de la folie. Il faut que tu t’en ailles. J’aime Steve et je vais l’épouser. Je veux que tu partes.
Malgré la légèreté de son souffle sur mon oreille, son ton est si impérieux que j’en suis estomaqué. Elle qui, il y a quelques instant, se tordait de bonheur dans mes bras, me repousse maintenant sans façon. Et elle ose dire qu’elle aime ce type, ce monsieur muscle de foire, allons, ce n’est pas sérieux. C’est d’ailleurs ce que je le lui dis :
– Chloé, mon amour, tu plaisante ! Tu n’aimes pas ce mec ! C’est moi que tu aimes. Pars avec moi maintenant. Viens. Allons-nous-en ! Je t’aime et je sais que tu m’aime ! Tu n’aurais pas trompé ce type si facilement si tu l’aimais !
Elle pleure en silence :
– je sais c’est horrible, comment ais-je pu faire une chose pareille, je ne me le pardonnerai jamais ! Je l’aime tant. Vas t’en avant qu’il ne se réveille et te trouve là ! Je ne veux pas le perdre. Je t’en supplie fais le pour moi.
– Chloé, comment peux-tu me demander ça ? Nous sommes faits l’un pour l’autre. Tu es à moi et je t’appartiens
– c’est bien le problème, murmure-t-elle, ça n’est que du sexe, rien d’autre ! Tu ne me donne que du sexe et tu me fais perdre la tête. Va-t’en !
– tu préfères sa bite de cheval, c’est ça ? dis-je méchamment.
– connard ! Lui au moins il me respecte !
– en t’enfilant dans la chatte un engin de la taille d’un bras, c’est ça le respect que tu aimes chez lui ?
– vas t’en ou je te pousse dans le vide pour que tu disparaisses à tout jamais !
Alors la voix de Steve retentit dans la nuit :
– Chloé, tout va bien ?
– oui, j’arrive !
– avec qui parles-tu ?
– avec François
– François, mais il est où ?
– sur sa terrasse.
– il ne peut pas nous laisser tranquille ce fucking bastard !
– il se baigne. Je rentre, ça va mieux maintenant.
Elle s’apprêter à passer le seuil alors je l’embrasse goulument mais elle me repousse d’un coup de poing dans l’estomac. Elle me contemple un moment. Peut-être voudrait-elle ajouter quelque chose mais la voix de Steve retentit à nouveau:
– Chloé, viens te coucher !
Je suis là, dit-elle en entrant dans la chambre sans un regard.
J’entends le chuintement de la bais vitrée qui se referme.
Je me laisse couler dans le bassin et nage jusqu’au bord latéral. Ensuite, au prix de la même reptation périlleuse, je bascule dans le mien, dans un grand bruit d’éclaboussure. J’y reste un long moment, tiraillé entre bonheur et désespoir. Je suis déchiré par les paradoxes qui assaillent mon esprit tourmenté. Je tente de reprendre mes esprits quand j’entends les grognements de Steve et les gémissements de Chloé étouffés par le double vitrage mais suffisamment bruyant pour que mon cœur chavire. Ils remettent ça. La salope est retournée vers la queue du mastodonte. Mais elle n’en aura donc jamais assez !
Je l’image pilonnée par le saucisson géant. Son joli corps que je possédais il y a quelques minutes à peine, écrasé par la masse de cette machine à baise, jouissant des allers et venues de son membre démesuré. Je ne peux chasser l’image, je l’ai vu ! J’ai vu sa bite à l’intérieur de Chloé, la possédant jusqu’à la garde et j’ai envie de vomir. Elle m’a trompée, elle m’a déshonorée une nouvelle fois !
Alors je rentre dans la chambre, ruisselant d’eau. Marie repose, endormie. Marie ! Je l’avais oublié ! À peine couverte par le drap, elle dort, inconsciente de tout ce qui se joue cette nuit. Ses seins pendent sur son torse .L’un deux repose mollement sur le drap. C’est laid ! Et pourtant ! Ma guenon à moi dort dans des draps de fine percale blanche. Je suis le grand gorille mouillé et en rut. Ma femelle alpha se fait sauvagement monter par un grand mal venu d’une contré lointaine mais j’ai encore de la réserve sous la main. Je joue un moment avec la mamelle pendante que je laisse tomber dans un bruit sourd sur le matelas. Plop ! L’autre fait un bruit plus sec quand il retombe sur la peau. Marie ouvre les yeux et s’apprête à protester mais je plaque une main sur sa bouche. Silence femelle ! La nuit c’est moi qui commande ! Et je tire le drap, la bascule sur le dos et la pénètre. J’ai bien conscience que ce ne doit pas être un réveil très agréable, je suis tout mouillé et je dégouline sur elle sans vergogne. Elle gémit : protestation, satisfaction ? Bien heureuse que je la baise déjà ! Après le spectacle affligeant du sexe de Steve, je comprends l’excitation de Marie ! Salope ! Je vais t’en donner de la bite de gorille. Je ne suis pas mal monté moi aussi ! Certes, je ne peux pas rivaliser avec la bite d’étalon de l’autre abruti mais je tire mes dix-huit centimètres sans forcer ! Alors profite ! Je ne vais pas te déglinguer, juste te limer jusqu’à ce que la brulure dans ma tête et dans mon cœur, l’humiliation cuisante de leur copulation sale, tout cela et bien d’autres choses encore, disparaissent.
Il y tant à effacer ! Je suis si seul et si malheureux ! Plus je baise Marie et plus la douleur augmente, lancinante, omniprésente, envahissant chaque parcelle de mon corps, irradiant de mon cerveau à tout mon organisme, affectant le fonctionnement de mes organes vitaux. Je crie comme un sauvage. Un cri primal de douleur et de haine et je vois de la peur dans les yeux de Marie.
Mon cerveau atteint la surchauffe quand j’éjacule. Je jouis en me voyant planer d’arbre en arbre, libéré de toute entrave humaine.
Je retombe lourdement sur le corps que je chevauchais quelques instant auparavant et je refuse de bouger malgré les protestations véhémentes. Une voix me parle, me supplie, mais je ne comprends pas ce langage. Je suis dans la canopée, je contemple le soleil qui se lève au-dessus du monde et j’aimerai m’envoler. Mais j’ai une certitude, je n’ai pas d’ailes. Alors je me contente de me tenir sur ma branche et d’y trouver du réconfort, sourd aux bruits des humains.
J’ai dû m’endormir et libérer Marie. Quand je me réveille, la chambre est vide. Je dois absolument voir Chloé avant qu’elle ne reparte. Je fonce sous la douche, m’habille en vitesse et descend au restaurant. Ils sont là, tous les trois, autour de la table. Ils devisent poliment. Marie a l’air fatiguée et Chloé semble contrariée. Steve rayonne. Avec une bite pareille on doit se sentir invincible. Mon arrivée ressemble à un pet en plein quatuor à corde. Le menuet s’interrompt brutalement. Ils me regardent tous les trois et dans leurs yeux je lis de la haine. Mais ils ont tous des raisons différentes et je jubile à l’idée que chacun ignore les raisons de l’autre. C’est ma victoire à moi. Je n’ai pas une bite de mammouth mais je peux rendre les gens dingues si je veux. Je m’assieds, indifférent à toute cette haine qui m’est destinée et me sers une tasse de café.
-« bonjour à tous. J’espère que vous avez bien dormi. Pour ma part j’ai passé une nuit fabuleuse. Vous aviez raison Steve, cet hôtel est paradisiaque ! J’espère que nous ne vous avons pas trop dérangé Marie et moi ? N’est-ce pas mon amour, nous avons été un peu bruyants, mais c’est le but d’un week-end en amoureux ?
Je pose ma main sur celle de Marie qui la retire rapidement, comme si mon contact l’avait brulé. Chloé martyrise un bout de pain et Steve soutien mon regard. Ça m’aurait étonné. Grosse paire de couilles évidemment ! Personne ne répond à mon bonjour joyeux alors je déguste tranquillement mon petit déjeuner. En apparence ! À l’intérieur je suis décomposé. Mon ventre noué et douloureux me permet à peine d’avaler le café que je sirote lentement pour me donner une contenance. Ma tête boue de tout ce que je voudrai dire et que je dois taire. J’essaie de déchiffrer les expressions de Chloé mais ma vue n’est pas encore tout à fait opérationnelle et à la place de son visage je ne vois qu’un grand flou beige-rosé. Elle doit bien avoir des yeux, mais ils sont mêlés à l’ensemble et je n’arrive pas à les repérer dans la masse pale de son visage. Par moment je distingue sa bouche serrée mais je ne trouve toujours pas ses yeux. J’ai dû m’approcher sans m’en rendre compte parce que la voix de Steve dit :
– mais qu’est-ce que vous faites ? Vous vous sentez bien ?
Je sens sa grosse patte se poser sur mon épaule et me pousser fermement en arrière. Je voudrai lui dire de ne pas me toucher mais aucun son ne sort de mon gosier sec. Je suis tétanisé sur ma chaise, incapable de bouger, agité de pensés plus en plus confuses. Je ne maitrise plus rien et dans un éclair de lucidité je comprends que je suis en train de devenir fou. J’entends Steve suggérer à Marie de me reconduire à ma chambre mais je n’entends pas sa réponse. Finalement c’est Chloé qui se dévoue. Elle parle à mon oreille, et elle, je la comprends, elle parle mon langage. Elle dit :
– François, venez avec moi, s’il vous plait. Vous semblez malade. Je vais vous reconduire à votre chambre.
Steve parle encore et Chloé lui répond :
– non, ne t’inquiète pas mon amour, reste avec Marie. Je m’occupe de lui, je reviens tout de suite.
Sa main glissée sous mon bras me soulève, somme si elle possédait toute la force du monde. Je la suis, docile et heureux. Chloé me ramène à ma chambre ! Nous sortons de la salle à manger et dès que nous sommes dans le couloir elle m’apostrophe violement :
– mais qu’est-ce que tu fou Jeff ? Tu as perdu la tête ? Cette nuit dans ma chambre et maintenant ce numéro à table, tu délire complètement. Marie est effondrée. Elle ne veut pas dire ce qu’elle a mais il est évident qu’elle ne va pas bien et toi non plus d’ailleurs !
– Marie est une conne et c’est ma guenon. Elle doit obéir ! Cette nuit je lui ai montré qui était le maitre de la forêt et ça lui a plu ! Crois-moi, elle en a redemandé. Et toi aussi ça t’a plus ma salope ! Alors, c’est sûr que je ne suis pas monté comme le gros gorille mais je fais quand même le poids. Tu le sais toi que je fais le poids ! Je ne t’ai jamais déçu non ?
– mais de quoi tu parles Jeff ? Tu me fais peur tu sais. Je t’ai déjà vu partir en vrille mais là tu déconne complètement !
– Chloé, ne dis pas n’importe quoi ! C’est moi, c’est Jeff, dix-huit centimètres quand même ! Putain, Chloé, je tiens la distance non ? Marie, ça lui fait peur mais pas toi ! Toi tu n’as pas peur. Je t’ai vu cette nuit ! Elle est rentrée sa putain de queue d’éléphant à l’autre connard. Il te l’a mise bien profond et tu as aimé ça! Je t’ai vu, ne nie pas tu as aimé ça ! Vous êtes toutes des salopes, voilà ce que vous êtes. Des salopes qui se pâment pour la queue du roi de la jungle. Mais cette nuit j’ai fait une expérience mystique, j’ai volé dans la forêt et j’ai découvert que le vrai roi c’était moi ! Qu’est-ce que tu trouves à dire à ça hein ?
Nous avons atteint l’ascenseur et Chloé me pousse à l’intérieur.
– Jeff, tu me fais peur. Tais-toi, Jeff ?
– oui, mon, amour je suis là avec toi. Regarde je te touche, je touche tes seins, tu sais à quel point je les aime tes seins ! Il faut que je touche ta peau parce que tous ces trucs dessus ça me perturbe.
Je me vois en train de plaquer Chloé contre la paroi de l’ascenseur, de soulever son tee shift pour glisser mes mains sur son soutien-gorge, mais elle ne se laisse pas faire. Elle me repousse mais je continue malgré ses protestations. Alors face à mon insistance entêtée, elle me gifle si violement que ma tête heurte le miroir qui se brise et tombe en mille morceaux acérés dans un bruit effroyable. Du sang coule de mon front pendant que Chloé se répand en excuse. Elle me tient la tête à pleine main et m’entraine maintenant dans le couloir. Je n’ai pas la carte de ma chambre alors elle me fait entrer dans la sienne. Elle me conduit dans la salle de bain où elle m’assied sur le bord de la baignoire. Le sang coule abondamment. La coupure doit être profonde mais je ne sens rien. J’ai l’impression de revenir de très loin, d’un autre monde où je m’étais égaré. J’ouvre les yeux hébété. Le sang coule le long de ma joue, sur mon pantalon, se répandant en une flaque sur le sol blanc. Les gouttes tombent une à une et Chloé attrape finalement une serviette éponge qu’elle plaque sur ma tête pour stopper l’hémorragie.
– qu’est ce qui se passe Chloé ? Qu’est-ce que je fais là ?
– Jeff, tu te sens bien ?
– je crois, oui pourquoi ?
– tu viens de te cogner la tête très violement. Tu te souviens ?
– je ne sais pas…vaguement. Pourquoi sommes-nous ici ?
– parce que je te raccompagnais à ta chambre mais tu as commencé à faire n’importe quoi dans l’ascenseur et je t’ai giflé et maintenant tu es blessé.
Elle se met à pleurer.
– pardonnes moi, Jeff, je ne voulais pas te faire de mal, je voulais juste que tu arrêtes. Tu me faisais tellement peur, tu disais n’importe quoi !
– ce n’est pas mon genre, je réponds.
Je ne sais pas si je plaisante mais c’est tout ce que j’ai trouvé à dire et ça la fait rire malgré ses larmes.
– Jeff, même là tu ne peux pas rester sérieux. Mon dieu mais tu pisse le sang !
Il faut appeler un médecin, tu as une grosse coupure sur le front. Il faudrait même aller à l’hôpital pour recoudre la plaie.
– fais comme tu veux Chloé. Je te laisse décider.
Je ne sais pas si c’est la vue de mon sang qui coule, si c’est le fait d’être seul avec Chloé ou bien si c’est à cause de sa sollicitude, mais soudain je me sens partir. Tout devient flou autour de moi et j’ai beau me concentrer sur Chloé, son visage, ses larmes qui coulent, sa bouche qui m’appelle, je sombre dans un brouillard cotonneux et je disparais.
Alors ça fait ça d’être mort. C’est étrange. C’est vague. Et puis c’est bruyant ! On s’active autour de moi alors que normalement on devrait me laisser en paix.
De grandes mains me saisissent, me soulèvent et m’allongent sur un lit. Non pas la bite de gorille ! Je n’ai pas mérité ça ! Si je me réveille, je jure de ne plus jamais maltraiter une femelle…une femme !
La douleur lancinante de ma tête devient soudain beaucoup plus présente. Putain, que ça fait mal. Mais qu’est ce qui se passe ? Qu’est-ce que vous faites à ma tête ? Bordel, j’ai mal !
Comas…

Rendez-vous sur Hellocoton !

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

Proudly powered by WordPress | Theme: Baskerville 2 by Anders Noren.

Up ↑