JE LA REGARDE – Chapitre 4

Chapitre 4

Je la regarde parler. Elle aussi se tient dans ce qui fut l’encadrement de la porte mais ce n’est pas Chloé, c’est Ariel.

Elle vient voir où j’en suis de mes travaux. Elle ne fait plus la gueule, même si elle a disparu durant quatre jours. Elle ne m’a pas manqué ! Maintenant que je la vois, une fugace envie de baiser me traverse l’esprit mais je n’ai pas le temps pour ça. Je lui propose de repasser ce soir, j’aurais plus de temps à lui consacrer. Elle comprend l’allusion et s’en va, contente. Je la regarde. Elle porte un de ces stupides bikinis blanc, tout petit, qui la rend encore plus minuscule et mince. Si j’étais objectif, je dirais qu’elle est vraiment jolie, version poids plume mais d’abord je ne le suis pas, et de plus, sa beauté est archétypale d’un style de fille que je n’aime pas. Elle a un petit visage pointu, des cheveux si blonds qu’ils semblent teints même si je sais qu’ils ne le sont pas et des yeux bleus un peu trop rapprochés qui papillonnent chaque fois qu’elle parle. Une petite poupée blonde, sans parler du bronzage trop prononcé que je déteste. Mais son petit cul qui se balance, faisant bouger le renflement léger de ses fesses pratiquement découvertes, réveille un vieux désir très primaire. On verra ça ce soir ! Pour le moment, je suis perché sur un escabeau et je tiens une des poutres, pendant que Nyoman la fixe.
Nous n’avons pas arrêté depuis la tempête. Nous avons commencé par vérifier la solidité des pilotis, par chance intacts, puis nous avons renforcés les quatre piliers qui soutiennent les murs extérieurs. Ensuite, laborieusement, parce que nous ne sommes que deux et que je ne sers pas à grand-chose, nous avons amené, levé et arrimé le pilier central. Il trône au centre du bungalow, et je dois reconnaitre qu’il a de la gueule. Il monte très haut, ce qui va nous obliger à surélever le sommet du toit. Mais Nyoman a tout prévu, tout pensé, comme ça, sans rien noter, juste parce qu’il sait et je l’admire. Moi je fais ce que je peux. Je me suis explosé à peut près tous les doigts à coup de marteau, mes mains ressemblent à de la charpie couverte de pansements qui se décollent et saignement continuellement. J’ai du retourner à Denpasar pour acheter de la gaze, des bandes et du désinfectant. Mais je suis heureux, mon bungalow commence à prendre forme. Aujourd’hui nous fixons les poutres du toit qui partent en étoiles du pilier central vers les quatre piliers extérieurs. Nyoman a tenu à les agencer en un système complexe où chacune est interdépendante des autres, emboitées par des tenons et des mortaises. Ça je le sais ! J’aurai bien été incapable de le réaliser, mais je sais ce que c’est.
Nyoman travaille lentement, avec une infini douceur et pourtant la structure monte, solide et belle. Je regarde ses gestes surs et précis, le temps de réflexion avant un effort important. Tout est posé, pesé. Je suis impressionné par tant de maitrise. J’aimerai pouvoir maitriser ma vie aussi bien qu’il maitrise la sienne. Je suis sur que tout est calme et serein chez lui. Moi je me perds fréquemment dans une vaine agitation, cherchant les clous que je viens d’ensevelir sous des outils, retournant vingt fois pour rien la caisse, pour trouver mon marteau abandonné sur une poutre…agitation, perte de temps, énervement. Deux extrêmes ! Et pourtant notre équipe fonctionne, même si Nyomanen est la locomotive. De temps en temps, je fais quelque chose d’utile, comme de lui servir un thé ou un café. En plus, c’est un infatigable travailleur. Il me tire du lit tout les matins à l’aube et ne s’en va que quand la lumière décroit. Nos quatre dernières journées ont été éreintantes et j’ai pris l’habitude de filer, dès son départ, chez Madame Soda pour manger. Elle n’est pas très loin de chez moi et même si je pense qu’elle aurait fermé si je ne venais pas, elle m’attend maintenant, une assiette sur la table, au moment où je descends de la voiture. Elle me fait déguster de nouveaux plats tous les jours. Des plats simples mais succulents et nourrissants. Il faut dire que je ne ressemble plus à celui qu’elle a vu le premier jour. Je suis en short, dégoulinant de sueurs, sale et puant et surtout affamé. Deux ou trois assiettes sont nécessaires pour apaiser ma faim et hier, pour la première fois, elle m’a servi un petit verre d’alcool local, atrocement fort, mais bienvenu. Je suis rentré, harassé et j’ai plongé dans l’océan pour me laver. C’est tout ce que j’ai pour le moment mais je m’en contente. Ensuite, je me suis couché et j’ai dormi d’un sommeil sans rêve jusqu’à l’arrivé de Nyoman. J’espère que nous réussirons à terminer la pose des poutres et des poutrelles dans la journée. Ma salle de bain me manque et j’ai hâte que nous nous y attaquions. J’ai quelques idées plutôt sympas qu’il va falloir que j’explique à mon acolyte et ça c’est plus compliqué.
Les poutres sont enfin fixées, belles et solides et nous faisons une pause pour déjeuner durant laquelle je tente d’expliquer mes idées d’agencement et de décoration à Nyoman. Je lui décris ce que je voudrais faire dans la salle de bain, comment je voudrais ré-agencer la cuisine, les murs, une mezzanine, une bibliothèque…je parle, il ne comprend probablement rien mais il s’est fait à mon bavardage et mange tranquillement, pendant que je m’agite d’un bout à l’autre du bungalow, en avalant quelques morceaux au passage. Quand il a terminé, il boit un café qu’il aime très sucré. Il apprécie particulièrement le mien, et pour cause. Le café est particulier ici. J’ai trouvé du Kopi Luwak, une production locale. C’est un café doux et sucré en bouche et hors de prix ! Il parait même que c’est le café le plus cher du monde. Je me demande pourquoi. Peut-être est-ce lié à sa production ? Toujours est-il que Nyoman l’adore et je l’en abreuve généreusement. Puis, nous nous remettons au travail et à la fin de l’après midi, nous avons fixé une partie des poutrelles qui forment un treillis plus serré autour des poutres. Quand nous aurons terminé, elles accueilleront les plaques de tôles ondulées. Après son départ, je fonce chez madame Soda qui me régale d’un plat d’Urad, à base de noix de coco et de haricots épicés. Puis elle m’apporte une pleine d’assiette de brochettes de bœufs avec une sauce aux cacahuètes. J’en reprends deux fois tellement c’est bon et tellement j’ai faim.
Je n’ai pas eu de nouvelles de Chloé, et j’ai beau me creuser la cervelle, je ne vois vraiment pas comment rentrer en contact avec elle sans déchainer la furie qui s’est révélée l’autre fois. J’ai merdé et j’en paie le prix. Peut-être que réparer mon bungalow m’apportera la rédemption. C’est du moins ce que je souhaite, mais je crains qu’à ces yeux, ce ne soit pas suffisant.
Je ne dois pas me laisser parasiter par toutes ces pensées négatives. Je suis dos au mur et je dois avancer. Je me suis fixé une mission : remettre ce bungalow en état et je m’y tiendrai jusqu’au bout. De toute façon, qu’est ce que je peux faire d’autre ? Comme je l’ai dit à Chloé, personne ne m’attend nulle part. Il y aurait bien cette américaine, rencontrée il y a quelques mois et qui aurait bien voulu que nous entretenions une relation plus intime. Mais à cette époque, j’étais dans ma phase ermite, et j’ai décliné toute proposition qui aurait pu nous amener à rester seul dans une pièce, surtout une chambre. Je ne l’ai pas touchée. Kimberley ! Son prénom me revient soudainement pendant que je termine mon repas. Elle était jolie, grande, brune, comme je les aime ! De longues jambes, un petit cul ferme et rond, des seins visiblement parfaits vues les tenues légères qu’elle portait chaque fois que nous nous rencontrions et je mentirai en disant qu’elle ne m’attirait pas, mais je n’avais pas le courage de me lancer dans une relation amoureuse, même une relation sexuelle me paraissait alors impensable. La preuve, je l’ai tenue à distance et maintenant je le regrette. Une soudaine érection me cueille au moment où je ne m’y attendais pas et je paie rapidement mon repas pour pouvoir rentrer au bungalow. Je vais m’accorder un peu de bon temps ce soir, je l’ai bien mérité.
Je gare ma voiture et passe devant le bungalow des australiens qui s’étalent sur la terrasse sombre, bavardant en fumant des joints. Je regarde dans leur direction, repère Ariel qui me voit, et lui fait un signe de la tête en direction de mon bungalow puis je m’en vais. Je me déshabille au bord de la plage et m’enfonce dans l’océan. Quand l’eau m’arrive à la taille, après avoir savouré le plaisir de sa caresse tiède sur mon corps endolori et fatigué, je me laisse glisser, coulant lentement pour mouiller mes cheveux. Je me redresse au moment où je sens Ariel à mes cotés. Elle est nue elle aussi et prête, bonne petite. Je n’ai presque rien à faire, je n’ai pratiquement pas débandé depuis tout à l’heure et il lui suffit de se pendre à mon cou, pour que ma bite glisse en elle. Pas de préservatif ce soir. Les mesures élémentaires de prudences ont été abandonnées. En même temps, mettre un préservatif dans l’océan, je ne m’y voyais pas ! Je l’attrape sous les fesses, c’est presque trop facile, elle est si légère, l’eau la porte sans effort. Je me contente de l’enfoncer régulièrement sur ma queue dressée. Je suis excité comme je ne l’ai pas été depuis longtemps. Je tête un de ses seins au gout de sel qui durcit dans ma bouche et je la ramone du mieux que je peux. L’eau ne facilite finalement pas les choses car elle est trop légère et elle a tendance à flotter. Je suis obligé de me maintenir fermement pour rester en elle. Au bout d’un moment, agacé par le manque de sensation, je sors de l’eau, Ariel toujours planté sur ma bite, et l’allonge dans le sable. Prenant appui sur mes bras, je la baise violement en me foutant pas mal que l’on puisse nous voir ou nous entendre. Je râle à chaque coup que j’enfonce profondément en elle et elle crie de plus en plus fort. Je vais enfin jouir quand elle me commence à s’affoler. Elle vient de réaliser que nous n’avons pas utilisé de préservatif, et merde ! J’allais enfin baiser sans latex ! Elle se tortille pour s’extirper de sous mon corps et réussi à nous couvrir de sable. Nous devons retourner dans l’eau pour nous rincer et c’est la queue dressée que je remonte à mon bungalow sous les regards choqués de mes voisins, un jeune couple un peu coincé que j’ai entendu faire l’amour la nuit dernière. Je n’aurai pas aime être à la place de la fille. Il a du lui mettre quelques coups de bite et il a jouit. Elle, je ne l’ais pas entendu. Et je sais quand ils ont commencé, parce que j’ai vu leur lumière s’éteindre et se rallumer. C’est l’avantage ou l’inconvénient de ne plus avoir ni porte ni toit. Ca a duré quelques minutes tout au plus. Je comprends qu’elle fasse la gueule à longueur de journée. Je sens que je vais profondément l’agacer ce soir, parce que je compte prendre mon temps et faire reluire la petite Ariel. Et moi, je laisse la lumière allumée ! Quand je rentre dans le bungalow, après avoir un peu fanfaronné la queue à l’air sur ma terrasse, Ariel est allongé sur le lit et me tend un préservatif que j’enfile, docile. Pour le reste, c’est moi qui mène la danse. Je la relève, la conduisant devant la fenêtre qui fait face à mes voisins et la pénètre par derrière. Je dois la tenir fermement contre moi, parce que ses pieds touchent à peine le sol. Mais du coup je la manipule comme je veux. Je peux la laisser pendue à ma bite si je veux, à condition de la maintenir. Elle finit par prendre appui sur le rebord de la fenêtre avec sa jambe, ce qui soulage un peu ma queue. Je prends mon temps, je lui pince les seins jusqu’à ce qu’elle commence à gémir juste au contact de mes doigts qui font rouler ses tétons et les malaxent. Elle tremble de tout son corps et j’aime ça. Je ralentis un peu le rythme, histoire que nous ne partions pas trop vite tous les deux. J’ai envie d’une putain de baise ce soir. Si j’osais, je lui dirais d’appeler sa copine mais je me retiens, on est bien là ! On a trouvé un truc et on va l’exploiter jusqu’au bout. Je la baise un moment, va et vient lentement, et je sens l’orgasme qui arrive. La pressions dans ma queue est presque intolérable et je rêve de me soulager en éjaculant immédiatement mais Ariel n’est pas encore prête et je tiens à faire les choses bien, on a des spectateurs ! Alors je pense à des trucs idiots, à de la langouste, à la tempête qui a arraché mon toit, et je réussi à freiner un moment la jouissance qui me brule le ventre. Ariel crie de plus en plus fort et je m’autorise à accélérer parce que je sais que nous sommes proches de la fin. Un dernier coup de rein pour être sûr, et elle commence à crier. Un cri puissant et fort, un cri de plaisir violent qui me fait partir aussi. Mon sperme sort en long jet aussitôt contenu par le latex, quelle merde ! Je continue à bouger un moment pour qu’elle finisse de jouir. Cette petite m’épate, elle commence à bien s’y prendre et elle aime visiblement ça. La première fois que je l’ai baisée, je n’aurai pas imaginé qu’elle se lâcherait comme elle l’a fait ce soir, s’époumonant à la fenêtre, en se foutant des voisins et des ses copains. Finalement, les australiennes ne sont peut-être pas si coincées que ça !
Elle tremble tellement que je dois l’assoir sur le réfrigérateur. Tant que nous sommes lancés, je continue. J’arrache le préservatif dont le contact me gène et m’agenouille entre ses jambes écartées. Je chope son clitoris. Maintenant je sais comment m’y prendre avec elle. J’attrape ses seins dans mes mains que je malmène volontairement. J’aimerai bien qu’elle ait un peu mal. Je lui tors les mamelons pendant que je lui suce si fort le bouton que ses cris mêlent plaisir et douleurs. C’est bien, continue ma belle, tu vas voir, c’est comme ça que c’est bon ! Je tète comme un fou et le plaisir prend le dessus alors que je continu a étirer ses tétons loin et fort. Elle commence à crier et des spasmes de plaisirs la font presque se convulser quand elle se répand dans ma bouche en un long jet d’orgasme. J’avale le liquide acide au fur et à mesure qu’il sort et je suce toujours tant qu’elle crie.
Quand enfin elle s’arrête, elle est molle comme une poupée désarticulée. Je la porte jusqu’au lit, j’enfile un préservatif, histoire de ne pas l’oublier, et lui lèche un moment la rondelle. Elle grogne un peu pour la forme mais ne proteste pas. De toute façon, je ne lui demande pas son avis ! Quand je la sens prête, je rentre lentement ma bite dans son cul et je l’encule tranquillement. Ses toutes petites fesses tiennes dans mes mains et je m’y attache négligemment. J’ai tout mon temps. Je serai étonné que ça la fasse jouir ce soir, mais elle peut me surprendre ! En ce qui me concerne, tout va bien ; son petit cul est très étroit et je me fais une joie de le lui défoncer un peu, pas trop, juste ce qu’il faut pour m’arracher un orgasme violent et très bruyant. Bonne nuit Madame la voisine, me dis-je, en m’affalant sur Ariel qui a un peu gémit, comme je l’avais prévu. Je suis le dieu de la baise ce soir. Je remettrais bien ça mais je suis fatigué et j’en ai marre de la porter d’un coin à l’autre du bungalow.
Le sommeil me gagne et j’aimerai qu’elle s’en aille mais je n’ai pas la force de la mettre dehors. J’arrive tout juste à enlever le préservatif et à tirer un drap sur nous.
Je suis réveillé par des petits bruits. Ariel s’est levée, a éteint la lampe et s’apprête probablement à partir mais je la rattrape par la main au moment où elle s’éloigne. Je tâtonne jusqu’à son visage que je fais descendre jusqu’à ma queue qui se dresse et s’agite déjà. Elle râle un peu mais je finis par enfourner mon membre dans sa bouche qu’elle suce de son mieux. Ça, ce n’est vraiment pas au point. Je la laisse faire un moment mais j’ai l’impression qu’elle me grignote le gland. Je ne vais lui apprendre à faire une pipe en pleine nuit tout de même ! Il doit y avoir un autre moyen de me soulager. Je la relève et la tire vers moi. Elle est très docile et accepte de venir s’assoir sur ma bite. Tiens, ça nous n’avons pas encore essayé, voyons comment elle se débrouille ! Elle commence par un classique va et vient sans conviction, allez minette, mets y du tient ! Je la chope par les hanche et donne un peu de poids à ses mouvements mais ça n’est pas très efficace. Ok, il faut vite trouver autre chose parce qu’elle me fatigue. Je la force à se retourner, dos à moi. Voilà qui est mieux ! D’abord parce que je vois son cul que je préfère à sa figure, et ensuite, parce que la torsion qu’elle exerce sur ma bite, accentue le plaisir. Il faut dire qu’elle a vraiment un joli petit cul. Rien à jeter sauf ces putains de marques de bronzages.
Elle recommence à bouger et je l’encourage à ne pas y aller doucement. Je la rabat violement sur ma bite avec mes mains qui appuient fort sur ses hanches chaque fois qu’elle soulève son bassin, et peu à peu, je sens monter en moi un plaisir brutal et fort, extrêmement fort comme je n’en ai pas eu depuis longtemps. Un dernier coup d’œil à son cul qui s’agite, à ma queue qui entre et sort de sa chatte blonde, et je pars dans un long cri, déversant des jets brulants de sperme. La jouissance qui explose dans mon sexe se répand dans tous mon corps, me faisant littéralement trembler des pieds à la tête. Elle dure un long moment et Ariel ne s’arrête qu’après que j’ai poussé de longs grognements de plaisir. Alors elle vient se lover contre moi, contente et fière. Elle me fait penser à un petit chien heureux qui vient chercher une caresse après avoir rapporté un bâton ou un truc dans le genre. Je la flatte un peu ; un baiser dans les cheveux, une caresse sur le sein, puis lui propose d’aller dormir dans son lit parce que je dois me lever tôt. Elle finit par s’en aller, mécontente, en s’enroulant dans une de mes serviettes de bain, encore une !
Finalement, ce n’est pas plus mal que je me remette au sexe de façon régulière. J’avais presque oublié à quel point ça fait du bien et puis, si jamais j’arrive à reconquérir Chloé, je ne serais pas comme un adolescent qui tire un coup pour la première fois. La simple pensée du corps de Chloé – faire l’amour avec Chloé – et mon cœur se déchire à nouveau. Mes tripes se tordent à la pensée que je l’ai probablement perdue définitivement. Je dois rester concentré sur autre chose pour le moment. Je fais le vide dans mon esprit. C’est difficile. Je vois le cul d’Ariel, je repense au baiser que Chloé et moi avons échangé et je me dis que je préfère un seul baiser avec Chloé qu’une baise comme ce soir avec Ariel. Bon d’accord, c’est un peu excessif mais avec Ariel, c’est purement hygiénique et ce n’est pas parce que je commence à la trouver sympa, que cela changera quoi que ce soit au fait que sans Chloé, rien n’a de sens ! Comment ais-je réussi à perdre toute cette sérénité dont j’étais gorgé en arrivant ?
Je m’endors au bruit des grincements du lit des voisins qui s’arrêtent après un bref grognement. Madame reste encore sur sa faim ce soir. Ma dernière pensée est pour elle, peut-être pourrais-je lui rendre le sourire ! Puis je sombre dans un profond sommeil.
Dès l’aube, Nyoman est là. Il s’affaire discrètement, préparant les outils en attendant que je daigne sortir de mon lit. Il faut dire que depuis la tempête, je manque vraiment d’intimité. Plus de porte, plus de fenêtres, plus de toit. Je suis visible de tous, mais je m’en fous. Je n’ai jamais été très pudique et puis je n’ai pas décidé que les éléments se déchaineraient ainsi sur mon bungalow. J’ai inspecté les autres bungalows du site, et bien entendu, c’est le mien qui a subit le plus de dommages durant les intempéries ! C’est une sorte de purgatoire. Il faut que j’accomplisse ma mission et que je garde la foi. En quoi ? Je n’en sais rien mais peut-être qu’à l’issue de tout ça, je le saurais !
Je sors du lit en enfilant rapidement un short, ce qui ne va pas s’en mal ! J’ai oublié de retirer le préservatif et il est resté collé à ma bite, tout sec. Je dois pratiquement l’arracher pour m’en défaire. Là je regrette de ne pas avoir un peu d’intimité ! Je lève les yeux et croise le regard de ma voisine. Elle semble à la fois attirée et repoussée par cette vision de mon corps nu et des traces de mes ébats de la nuit. Je la fixe longuement, remontant ma braguette lentement pour soustraire mon sexe à son regard et je lui envoie un baiser. Elle se retourne, outrée.
Pendant ce temps là, Nyoman est grimpé sur les poutres et commence à fixer consciencieusement les poutrelles. Je prépare le café, puis lui en monte une tasse, avant de tenter de me rendre utile en lui passant les clous et lui amenant le matériel dont il a besoin. Nous ne parlons pas, nous avons renoncé à communiquer avec des mots. Il fait des gestes, montre des matériaux et j’exécute. Durant toute la matinée, nous trimons sans nous arrêter, sauf pour manger. Nyoman amène son repas dans des petits paniers en osiers tressés, empilés les uns sur les autres. Je n’ose lui demander de gouter mais tout à l’air délicieux. Je me contente de manger ce que je trouve. Je manque de temps pour aller faire des courses et le seul magasin où l’on vend des produits que je reconnais et que je sois capable de cuisiner, se trouve au cœur de Denpasar. La journée est particulièrement chaude et je piquerai bien une tête dans l’océan mais je n’ose le laisser tout seul. Après tout, c’est moi qui répare mon bungalow ! Enfin, c’est ce que je me plais à croire parce que je sais bien que je suis d’une inefficacité absolue !
Mais je sais faire d’autres choses. Je réfléchis un moment puis me décide à sortir mon téléphone et à appeler Monsieur Wayan, l’oncle de Nyoman.
Comme la dernière fois, il répond presque immédiatement. Je lui demande si je peux venir le voir et il me dit, dans son anglais obséquieux, qu’il m’attend quand je veux. Je lui demande une petite heure et raccroche. J’appelle ensuite mon avocat et lui explique ce que j’ai en tête. Il me dit qu’il se met au travail tout de suite et qu’il me rappelle dès qu’il a les renseignements demandés. Je ne me suis même pas posé la question en l’appelant, mais je me demande si en France, on n’est pas au milieu de la nuit. Au prix où je le paie, même quand je ne le fais pas bosser, il peut bien être réveillé une fois de temps en temps en pleine nuit !
Il faut vraiment que j’arrête de penser comme ça et de me comporter comme un connard egocentrique.
J’explique à Nyoman que je dois partir un moment, et quand je prononce le nom de on oncle, il hoche la tète gravement. Ce garçon est d’un sérieux ! Il m’effraie parfois. J’extirpe un pantalon et un tee-shirt propres d’une caisse et trouve deux chaussures assorties dans le bazar de l’armoire. Je suis sale mais je ne peux pas me laver. Je ne pense pas que Monsieur Wayan s’en formalisera. Je prends la route et m’autorise un arrêt rapide chez Madame soda pour manger du porc dans une sauce sucrée, servi sur une feuille de bananier. Délicieux comme tout ce qu’elle cuisine. Puis je repars et arrive à Denpasar en milieu d’après midi. Je gare ma voiture devant la boutique de Wayan, si garer est le mot convenable. Disons plutôt que je l’arrête en bord de route et que j’espère qu’aucun camion ne passera par là, tant la rue est étroite, encombrée de véhicules en tout genre et de piétons indisciplinés, déterminés et calmes, avançant sans se presser, mais sans jamais se détourner, vers une destination qu’eux seuls connaissent.
Wayan m’attend, impeccable comme d’habitude. Les grandes pales du ventilateur brassent l’air chaud au plafond et rafraichissent à peine la pièce. Comment fait-il pour ne pas transpirer ?
Je l’observe un moment pendant que je lui parle et je m’aperçois qu’il ne bouge pratiquement pas. C’est ça le secret. L’immobilité. Moi je suis volubile et je bouge quand je parle. J’ai appris ça de Chloé. Une sorte de mimétisme. Chloé !
Bon, reprenons. Je suis venu voir mon ami Wayan parce que je voudrais acheter le terrain sur lequel se trouvent les bungalows. J’ai envie d’en faire ma résidence. J’adore cet endroit et je pense qu’après transformation, ce lieu peut devenir vraiment sublime. Seulement pour cela, il faut que je sache comment m’y prendre. On n’achète pas n’importe quoi n’importe où, même quand on a beaucoup d’argent. Il faut reconnaitre que ça aide mais ça ne suffit pas.
C’est pour ça que j’ai mis mon avocat sur le coup. Mais je veux en parler à Wayan, parce que quelque chose me dit qu’il me faut son assentiment pour que ça marche.
Je lui expose mon projet : racheter le site, réhabiliter un à un les bungalows et après…je ne sais pas. Je ne suis pas sur d’avoir envie d’être envahi de touristes.
Je pourrais aussi choisir de les raser tous et d’en reconstruire un seul, très grand pour moi tout seul. Je ne sais rien. Pour le moment je dois acheter la propriété et je demande à Wayan de se mettre en contact avec mon avocat pour faciliter les démarches. Il accepte volontiers et me dit que si je suis près à y mettre le pris, le propriétaire vendra probablement. Je lui explique que je ne veux pas négocier moi-même, je suis persuadé qu’il fera ça mieux que moi et lui demande de s’en charger moyennant une commission conséquente. Il sait que l’argent n’est pas un problème pour moi et que je payerai le pris demandé, mais je lui suggère tout de même de faire en sorte que le prix reste raisonnable. J’aimerai bien ne pas être le pigeon de Bali.
Je rentre chez moi, ou ce qui va bientôt le devenir, après m’être arrêté pour acheter des provisions de nourriture pour un bon moment. A mon retour, après avoir déchargé mes courses je contemple l’avancé des travaux : Nyoman a presque fini de fixer toutes les poutrelles et me montre le tas de tôle, en me disant qu’on s’y mettra demain (je traduis !) je pars inspecter le terrain. Il compte dix bungalows, alignés au bord de la plage, certains plus en avancée que d’autre, ce qui leurs permet de ne pas avoir trop de vis-à-vis. La plage s’étend à droite jusqu’au bout de l’anse où elle disparait sous les rochers. A gauche, elle est interrompue par la végétation qui déborde jusqu’à l’océan. Je m’approche des palmiers ployant jusqu’à l’eau sous le poids de lianes tentaculaires qui les ligotent et les emprisonnent. A travers les palmes et les feuilles têtues, j’aperçois un sentier qui passe sous les frondaisons. Ce doit être un passage de petits animaux car la trace est très fine mais bien visible. Ecartant les palmes de la main, je me glisse, pratiquement accroupis et après quelques mètres de reptations délicates, découvre une anse plus petite, entièrement vierge. Elle est splendide. A l’autre extrémité la plage est close par d’immense rocher gris, lisses et rond comme des œufs de pâques mal dégrossis. La végétation qu’aucun humain n’a tenté de juguler, s’avance très près de l’eau mais la plage est là, dessous et remonte en une butte haute. Et l’idée me vient instantanément, comme une évidence. Je vais y construire ma maison. Exactement là, dans ce coin de paradis caché de tous. Il faudra…j’ai le temps pour tout ça !
Je retourne vois Nyoman et lui dit que je suis heureux. Que je vais devenir propriétaire de ce terrain génial et que nous allons faire de grande choses lui et moi avec tout cet espace. Je ne sais pas ce qu’il a comprit mais il sourit, placide, et plante un dernier clou avant de se laisse glisser avec agilité le long des poutres pour me rejoindre. Il dit :
– demain, toit !
– ok Nyoman, demain toit, et après, tout le reste…
– ok ! Et il s’en va.
Je voudrais parler de tout ça à Chloé mais je sais que je ne peux pas. C’est trop tôt. Mais à qui vais-je parler de mes projets, de ce terrain fabuleux sur lequel je vais réaliser de grandes et belles choses ? A personne ! Et ce constat me terrifie. Il faut que je voie Chloé, même une minute. Tant pis, je vais l’appeler et espérer qu’elle me réponde. Je suis tout seul dans mon bungalow dont le toit prend forme, le soleil est en train de se coucher et la luminosité décroit vite. J’attends que la nuit s’installe avant de me décider à appeler l’hôtel et à demander à lui parler. Je me suis roulé en boule dans mon lit pendant l’interminable temps d’attente. Une première voix me répond qu’elle est occupée et ne peut être dérangée. Elle s’apprête à raccrocher quand je crie presque que je dois impérativement lui parler, que c’est très important. L’attente reprend et finalement j’entends sa voix, elle dit :
– Jeff, c’est toi ?
– oui Chloé, je devais te parler.
– je t’avais demandé de disparaitre de ma vie et je ne plaisantais pas.
-je sais Chloé, mais je suis tout seul, et j’ai tant de chose à dire et personne à qui les dire !
– ce n’est plus mon problème Jeff.
– je sais, mais tu ne voudrais pas juste m’écouter le temps que je t’explique ce que je suis en train de faire, juste m’écouter, Chloé, rien d’autre. Après tu pourras raccrocher…
– pourquoi ferais-je une chose pareille ? Chaque fois que je te laisse pénétrer un peu dans ma vie, tu l’envahis !
– parce que tu m’as aimé. Parce que je t’aime toujours. Parce qu’on ne peut pas oublier les sentiments ! Je ne me suis pas aperçu que je pleurais en disant cela mais elle a du l’entendre, parce qu’après un long silence, elle dit :
– que se passe-t-il Jeff ? Raconte-moi.
Alors je lui explique mon projet : racheter le terrain, retaper les bungalows pour en faire des locations luxueuses et me construire une maison dans l’anse secrète. Elle écoute et ne dit rien pendant un long moment, puis elle parle enfin :
– écoute Jeff, je ne suis pas ravie de savoir que tu t’installe ici ! J’avais vraiment espéré que tu repartirais rapidement. Cependant, je connais cet endroit depuis longtemps et je pense que c’est une bonne idée. Je suis sure que tu en feras un site magnifique, je te fais confiance pour ça.
– merci Chloé. Je suis désolé d’être une source de contrariété pour toi, tu sais que je veux exactement l’inverse ? N’est-ce pas ? Tu le sais ?
– je crois que c’est ce que tu veux, mais tu n’y parviens pas. Tu n’y parviens jamais parce que tu veux transformer tout ce que tu touches. Regarde ce que tu es entrain de faire ! Tu t’installes dans un bungalow pour quelques temps et te voilà en train de racheter le terrain et de faire des projets de transformations. Je ne doute pas de ton talent Jeff, mais tu ne supportes pas que les choses soient telles qu’elles sont. Tu veux toujours leur imprimer ta marque, tu veux les modifier pour qu’elles correspondent à tes envies plutôt que de faire l’effort de t’adapter à elles.
– tu pense que je ne devrais pas me lancer dans ce projet, Chloé ?
– je pense que tu as des milliards d’autres choses à faire avec ton argent et cet endroit n’a pas forcément besoin que tu le transforme, voilà ce que je crois !
– mais je veux l’améliorer, l’embellir, le rendre encore plus agréable pour ceux qui vont l’habiter !
– oui, comme quand tu voulais m’habiller pour que je sois plus belle, toujours plus belle, mais je n’étais pas moi ! C’est ce que tu vas encore faire là. Tu vas tout transformer à ton idée sans tenir compte de l’histoire des lieux, de la culture, de la simplicité de ce terrain magnifique, des gens qui vivent ici depuis toujours. Depuis combien de temps es tu ici, Jeff ? Une semaine, un peu plus…et tu es déjà entrain d’acquérir un terrain. Ce n’est pas ce que font les gens normaux, Jeff, les gens normaux profitent de ce qu’ils trouvent. Ils apprécient et puis rentrent chez eux. Ils retournent à leur vie. Ils ne changent pas de vie toutes les cinq minutes !
– mais qu’est-ce que je peux faire d’autre Chloé ? Je n’ai rien, je n’ai pas de vie, je n’ai personne à part toi !
Les sanglots me submergent et je pleure sans retenu. Chloé vient de faire un constat encore pire que le mien et je suis dévasté.
– Jeff, je t’en prie, arrête de pleurer, je me sens affreusement mal, je n’aurai pas du te dire tout ça. Tu as probablement raison, tu sais ce que tu fais et tout te réussi. Vas-y, lance-toi ! Réhabilite ce site, fais construire ta maison. Recommence une nouvelle vie, mais fais en sorte que ce soit la bonne, cette fois. Un long silence, mais elle n’a pas raccroché.
– Chloé ?
– je suis là.
– je n’y arriverai pas sans toi. Tout ça n’a aucun sens sans toi. Ma vie n’a plus aucun sens depuis que tu es partie. Depuis cinq ans je tourne en rond, je n’ai jamais réussi à aimer quelqu’un d’autre ni même à m’intéresser à quelqu’un d’autre. J’ai besoin de ton soutien, j’ai besoin de savoir que tu comprends ce que je fais, j’ai besoin que tu sois d’accord…
– je ne peux pas Jeff, je ne peux pas être ta béquille. Tu dois te débrouiller sans moi. J’ai des obligations envers d’autres gens maintenant et je ne peux pas accepter de supporter ce poids supplémentaire.
-Chloé…il y a quelqu’un dans ta vie ? Je ne t’ai pas posé la question mais maintenant je te le demande, c’est pour ça Chloé ? Tu aimes quelqu’un d’autre ?
– ce n’est pas aussi simple que ça Jeff…
– si, c’est simple Chloé ! Il y a un homme dans ta vie ou il n’y en a pas. Je ne vois pas ce que ça a de compliqué.
– oui, je sais, les choses sont toujours binaires pour toi, c’est noir ou c’est blanc, il n’y a pas d’intermédiaire…
– tu ne réponds pas Chloé et ça me terrifie. Dis le moi s’il te plait. Es tu amoureuse de quelqu’un d’autre ? Je t’en supplie j’ai besoin de savoir…
– Chloé ?
– oui Jeff, je suis toujours là, je réfléchis.
– ok prends ton temps, réfléchis mais donne moi une réponse, j’en ai besoin !
– si je te dis qu’il y a quelqu’un, tu t’en iras ?
– ce n’est pas la question. Je te demande si tu es amoureuse de quelqu’un d’autre. Homme, femme, je m’en fous mais j’ai besoin de savoir pour pouvoir continuer à vivre !
-je n’aime pas quand tu parles comme ça !
– c’est parce que tu me fais peur, tu refuses de répondre…
– d’accord, il n’y personne, Jeff. Personne dont je sois amoureuse.
– merci, Chloé, merci !
– mais ça ne change rien ! Pour nous je veux dire, ça ne change rien !
– je sais mais tu vois, là, à l’instant où je te parle, je suis dans mon lit, je n’ai plus de porte, plus de fenêtres, et un toit en construction à travers lequel je vois le ciel et je me sens vraiment perdu alors ça me fais du bien de savoir que tu ne m’as pas remplacé. C’est stupide mais c’est bon.
– tu n’es qu’un égoïste ! D’abord, j’ai dit que je n’étais pas amoureuse, je n’ai pas dit qu’il n’y avait personne !
Je me redresse d’un bond dans mon lit :
– tu vois quelqu’un ?
– pas toi ?
– non, et puis ça n’a aucun rapport !
– ah bon, tu es sur ? La petite blonde qui me regarde partir jalousement et qui fonce chez toi dès mon départ, ça n’a aucun rapport ? De quoi parlons-nous là ? De sexe, d’amour, d’engagement ?
– tu es jalouse ?
– non…
– prouve-le, viens me voir maintenant. Prouves moi que tu n’es pas jalouse d’elle !
– je ne vois pas en quoi le fait que je vienne te prouvera quoi que ce soit. Je suis contente que tu prennes du bon temps si ça peut te permettre de chasser un peu tes obsessions ! Mais je ne suis pas jalouse, tu baises avec qui tu veux.
– tu es jalouse, tu es jalouse, je le savais !
– je vais raccrocher Jeff, cette conversation est stupide !
– Chloé, je veux juste que tu saches que quoi que je fasse, avec qui que ce soit, je t’aime, je n’aime que toi ! Tout le reste c’est pour ne pas devenir dingue, c’est pour tenir le coup.
– je raccroche maintenant.
– viens me voir, je t’en supplie, viens me voir. J’ai besoin de te voir pour ne pas sombrer totalement.
– ça n’est plus mon problème Jeff !
Ces mots m’achèvent et je recommence à pleurer, secoué de sanglots irrépressibles comme une cocotte minute dont on aurait enlevé la soupape. Je ne peux plus contenir le flot de chagrin enfoui en moi. Il doit sortir et il semblerait que ce soit maintenant. J’ai toujours le téléphone contre mon oreille mais je n’entends plus Chloé. Je pleure tellement fort que je vais probablement ameuter tous les voisins mais je n’y peux rien. On dirait que Chloé à ouvert une brèche dans mon cœur et que rien ne pourra plus la refermer. Les sanglots se transforment en larmes qui coulent et roulent le long de mes joues, dans mon cou, et je ne peux pas les arrêter.
Depuis que je suis tout jeune, je n’ai que rarement laissé sortir ses émotions douloureuses. Je me suis contenté de fuir tout ce qui y ressemblait en me noyant dans le travail, le sexe, l’alcool, la drogue, la haine parfois aussi. Je n’ai jamais osé les vivre mais là, ce soir, quelque chose a lâché et même si je le voulais, et je ne suis pas sur que ce soit le cas, je ne pourrais arrêter ce flot continu de larmes et d’infini tristesse qui m’assaillent. Pendant que mon cœur se vide, mon cerveau tente de ne pas sombrer. Mon corps secoué par les sanglots ne m’empêche pas d’être conscient que le temps semble suspendu autour de moi. J’aperçois toujours le ciel et les étoile à travers la toile d’araignée du toit et leur beauté, leur pureté m’impressionne. Mon œil enregistre les moindres lumières qui constellent la nuit. Je suis double. J’ai l’impression d’être anéanti, de disparaitre, de ne plus exister, et le ciel semble se rapprocher dangereusement de moi, comme s’il allait m’écraser. J’ai beau être à l’air libre, je suis pris d’un épouvantable sentiment de claustrophobie. Quelque chose m’étreint, enserre ma poitrine et m’empêche de respirer.
Une immense vague de panique se répand en moi, si vite que je n’ai pas le temps de réagir et je commence à haleter pour retrouver ma respiration mais je n’y parviens pas. Je ne retrouve plus mon souffle, quelque chose est bloqué au fond de ma gorge, quelque chose qui m’étouffe et va probablement me tuer si je ne parviens pas à me calmer mais je suis tout seul, dans la nuit, dans un bungalow détruit, au bout du monde et la seuls personne qui pourrait quelque chose pour moi, ne veut plus me voir.
Alors, je sens une main se poser sur mon front, je sens une voix, cette voix que j’aime tant me murmure de me calmer. Je sens un corps, un corps que je connais si bien, dont je n’ai cessé de rêver, se coller contre mon dos et je me dis que je dois vraiment aller très mal parce que j’ai des hallucinations. Des bras m’étreignent et me serrent fort. La douce chaleur de ce corps m’apaise et je me dis que je vais mourir avec Chloé, avec son souvenir, son fantasme. Mais les mains sont réelles, elle me caresse tendrement. Les mots sont vrais, ils me réconfortent, il me dise de me calmer, de respirer, ils disent que tout va bien, que je ne suis pas seul et j’ai tellement envie de les croire ! Je me retourne lentement, en espérant ne pas être victime d’une hallucination et Chloé et là, couchée contre moi, ses mains fraiches tentent de calmer ma folie, sa voix douce me berçant comme un enfant épuisé. Je me serre contre elle et la chaleur de son corps m’apporte un peu de calme. Mon souffle s’apaise, mon cœur fou ralenti, mes larmes se tarissent. J’enfoui mon visage dans son cou et je la respire profondément, comme une bouffée d’oxygène après une longue apnée. Je retrouve son parfum que j’aime tant, la douceur de sa peau, la caresse de ses cheveux qui balaie mon visage quand je bouge. Elle ne dit plus rien, elle me tient fermement dans ses bras. Quand enfin j’arrête de m’agiter et que je retrouve un semblant de calme, je ne veux plus bouger. Je veux rester là, blottis contre elle. Je suis épuisé. Le sommeil me gagne mais je dois lutter pour profiter encore un peu de sa présence ; parce que quand je me réveillerai, elle sera partie, si elle est réellement là…Mes mains se posent sur ses bras, je dois vérifier ! Je remonte jusqu’à ses épaules, à son visage dont je suis le contour avec mes doigts. C’est bien elle. Elle est venue. Alors je l’étreins et je m’endors sans pouvoir lutter plus longtemps.
Je ne sais pas combien de temps j’ai dormi, mais je suis réveillé par les petits mouvements que fait Chloé pour se dégager.
– reste encore un peu, je t’en prie, j’ai eu si peur.
– je ne peux pas, Jeff. Je dois m’en aller maintenant.
– encore un peu, laisse moi profiter encore un peu, ça fait si longtemps Chloé, si longtemps que je ne t’ai pas tenu dans mes bras, tu m’as tellement manqué !
J’ai peur de la toucher et de la faire fuir, mais je ne contrôle plus mes mains qui s’échappent et viennent se poser à nouveau sur son visage. J’en caresse chaque partie du bout des doigts, son front haut et lisse, ses sourcils arqués, ses pommettes saillantes, son nez si droit, sa bouche charnue et douce, son menton arrondi, son cou au parfum enivrant. Ma bouche se pose à la naissance de son oreille et j’y dépose un baiser. Un petit baiser délicat et je sens sa peau frémir à mon contact. Mes mains descendent jusqu’à l’arrondi de son débardeur et en suivent le pourtour, puis survolant lentement, mais sans vraiment la toucher, sa poitrine si tentante pourtant, elles viennent se poser sur son ventre qui se creuse à leur contact. Je les laisse là un moment. Ma bouche se perd dans son cou. Je ne contrôle plus rien. Je glisse lentement une main sous son débardeur et sens sa peau, chaude et douce, les muscles souples de son ventre. Je remonte un peu et m’arrête à la lisière de son soutien gorge. J’aimerai le lui enlever et me noyer dans son corps comme je le faisais autrefois, mais je me contente d’en suivre l’élastique du bout du doigt. Mes doigts s’arrêtent sur la petite attache qui le ferme en son centre, au creux de ses seins et malgré moi, malgré ma tête qui dit qu’il ne faut pas, je la détache. C’est si simple, si facile. Le tissu élastique s’écarte et j’y glisse ma main. Chloé ne bouge pas, elle ne dit rien mais j’entends sa respiration s’accélérer un peu. Je pousse ma main un peu plus loin et elle grimpe le long de son sein comme on escalade lentement une colline. Ses seins sont toujours aussi fermes et quand j’atteins le doux mamelon large et souple, elle pousse un soupir. Je laisse ma main là, juste posée et je sens son téton qui durci dans ma paume. Quand il devient dur et pointu, je lui accorde une petite caresse légère, une petite rotation de la paume, un léger frottement et Chloé gémis doucement. Moi je bande depuis le début et ma bite me fait terriblement mal, écrasée contre la braguette de mon short, mais je refuse d’y penser, elle peut bien battre tant qu’elle veut, elle doit se contenter d’espérer. Je ne bougerai pas si Chloé n’en manifeste pas l’envie. Je me redresse un peu et fais glisser ma main sur l’autre sein qui réagit de la même manière. Chloé gémis un peu plus vite cette fois ci. Son corps se cambre et sa poitrine se tend en avant, comme si elle me l’offrait. Je soulève le débardeur et révélant enfin ses seins, je les contemple à la lumière de la lune qui les dévoile, impudique; ils sont splendides, plus murs, plus gros peut-être, et bronzés aussi. J’en approche ma bouche lentement et je sens Chloé se raidir. Je ralentis. Il ne faut pas lui faire peur mais la tentation est trop grande, ses seins sont là, dressés devant moi comme deux offrandes et leur nudité est une torture pour mes sens en folie. J’y pose délicatement ma bouche et elle frémit. Ma langue lèche lentement le pourtour du téton dressé et le gémissement s’intensifie. Alors j’y colle mes lèvres et me repaît enfin de ce bonheur que je n’espérais plus. Chloé a les yeux fermés et sa respiration est saccadée, entrecoupée de gémissements qu’elle ne peut retenir.
Ma main se détache et descend le long de son ventre qui semble disparaitre, comme le sable emporte les pieds quand la vague se retire. Je l’y laisse un peu, caressant les muscles souples et la peau douce, le creux de son nombril, le temps que sa respiration se calme et qu’elle n’ait plus peur. Puis lentement, si lentement que j’ai l’impression de ne pas bouger, je glisse ma main à l’intérieur de son short, sous l’élastique de sa culotte et, les doigts tendus, effleure les poils de son pubis. Elle pousse un soupir bruyant, comme une sorte de soulagement. je continue ma reptation et mes doigts atteignent enfin son sexe. Ses cuisses s’écartent légèrement pour me laisser le passage et me permettre de glisser un doigt délicat jusqu’à son vagin si mouillé que son entrejambe est trempée. Je remonte lentement le long de sa vulve et vient me poser sur son clitoris. Je me rappelle chaque détail de son corps et je me souviens si bien de ce qu’elle aime. Une simple pression du bout du doigt, un petit mouvement doux et léger sur son bouton mouillé et les gémissements s’intensifient. Ma bouche tète son sein, mon doigt caresse son sexe et Chloé passe des gémissements aux cris doux et légers, comme un souffle de plaisir. Je la branle lentement, lui laissant le temps de faire monter le plaisir de plus en plus fort, m’arrêtant avant qu’elle ne jouisse, juste pour que ce moment dure toujours. Je voudrais la lécher, lui bouffer la chatte comme je le faisais avant, mais je ne peux pas. Ma bite va exploser dans mon pantalon mais elle n’a fait aucun geste pour la chercher alors je l’ignore. Je continue mes petits mouvements du doigt sur son clitoris en feu et quand ses cris deviennent déchirant tant l’attente est insupportablement bonne, je la libère en la faisant jouir. Elle crie fort, comme si elle attendait cet orgasme depuis des années et c’est peut-être le cas. J’aimerai le croire en tout cas. Puis son corps se calme peu à peu, je retire ma main délicatement pour ne pas rompre le contact trop vite et reste allongé à coté d’elle sans bouger. Le ciel me parait infiniment beau et accueillant. Il couve nos amours. Chloé ne dit rien pendant un moment. Les yeux ouverts elle contemple les étoiles, puis elle rattache son soutien gorge, descend son débardeur, se lève, et au moment de partir, dit :
– merci Jeff, j’espère que tu te sens mieux, et elle part.
Qu’est-ce que c’est que cette connerie ? Je l’ai fait jouir ! Je suis encore capable de faire ça. Mais comment pourrais-je me sentir mieux avec ma queue douloureuse dont elle n’a même pas daigné s’occuper ? Comment peut-elle se satisfaire d’un seul orgasme, d’un ridicule petit orgasme, de cette branlette sans partage ? Je la déteste soudain si fort que j’ai envie de hurler.
J’entends sa voiture qui démarre sur l’esplanade et je sors de mon bungalow comme un fou, mais quand j’atteins le parking, elle est partie. Je retourne chez moi dans une indicible colère. Je baiserai n’importe quoi tellement je suis en manque, tellement elle a réveillé un désir que j’avais mis des années à éteindre et qu’elle seule peut combler.
Je jette machinalement un œil au bungalow des australiens en passant. A l’intérieur il fait noir, ils doivent tous dormir. Je monte doucement les marches pour ne pas faire de bruit et pénètre à l’intérieur. La porte est restée ouvert à cause de la chaleur. Mes yeux mettent un peu de temps à s’accoutumer à l’obscurité et je distingue finalement des corps assoupis sur des matelas posés un peu partout. Certains dorment ensembles, d’autres seuls. Je ne vois pas Ariel. Dans un coin, deux corps bougent silencieusement. Je distingue nettement sous le drap blanc, les mouvements de leur copulation. Les jambes pliées et écartées de la fille, réceptacle du corps de l’homme, dont les fesses se contractent en un rythme rapide, tel un spasme. J’ai besoin de baiser, vite ! Je marche à pas de loup, slalomant entre les matelas et je finis par la repérer au fond. Elle dort à coté d’une fille que j’ai vue le soir de la fête. Je me laisse glisser à coté d’elle très doucement. La tête d’un type qui ronfle est si proche que je lui frôle les cheveux en me baissant. Je glisse ma main sous le drap et le soulevant délicatement, découvre son corps. Elle porte une petite culotte en coton blanc, comme une petite fille et un ridicule petit tee-shirt qui cache à peine sa poitrine. Ma main se pose sur son ventre. Autant être clair, je n’ai pas l’intention de faire dans la dentelle. J’attrape délicatement sa culotte et la fait glisser le long de ses jambes. Elle râle un peu dans son sommeil mais se laisse faire. Elle sent un peu l’alcool. Je m’allonge sur elle en essayant de ne pas trop peser et plaquant ma bouche contre la sienne je l’embrasse, plus pour la faire taire et la réveiller que par réelle envie. Elle ouvre les yeux et commence à se débattre puis elle me reconnait et son corps s’apaise. Elle m’embrasse passionnément, comme si ma présence à ses cotés en plein milieu de la nuit n’avait rien d’incongrue. Je dégrafe mon short et libérant enfin mon sexe douloureux, je le promène un moment sur son ventre. Elle me regarde droit dans les yeux alors je descends un peu et lui caresse le sexe avec mon gland. Elle mouille vite et s’écarte pour me laisser entrer. Je ne me fais pas prier. J’ai l’impression que ma bite est en feu et que seule une baise intense pourra me calmer. Dès que je l’ai pénétrée je commence à limer comme un fou. Je fais trop de bruit, je m’en rends compte mais je n’y peux rien ! Il faut que je soulage cette tension qui me fait si mal depuis le départ de Chloé. Je bouge vite, j’ai l’impression d’être un véritable sauvage. Ariel ne se plaint pas mais plaque sa main sur ma bouche pour tenter d’endiguer mes grognements. Je baise un trou, mais ce trou me fait du bien alors je continue, je m’acharne, je ramone à fond pour tenter d’extirper toute cette souffrance, toute cette attente inassouvie, tout ce plaisir qui n’attendait qu’elle. Je suis en nage et sans le vouloir je bouscule le type qui dort à coté. Il grogne, se retourne, nous regarde, puis se rendort. Ils ont du bien picoler parce que, même si j’ai du mal à y accorder de l’intérêt, je sais que je fais un bruit d’enfer. Je geins bruyamment dans le cou d’Ariel en même temps que l’accélère. Je sens mon sperme pulser fortement et commencer à monter dans ma queue surchauffée. Ariel respire fort elle aussi et se mord les lèvres pour ne pas émettre de cris. Je n’arrive pas à en faire autant. J’ai tellement besoin de jouir, que tout sorte, j’ai tellement besoin de me laver enfin, de me libérer de toute cette pression accumulée. Je repense à Chloé, à son odeur, à sa peau, à mes mains qui caresse ses seins, à ma bouche qui s’est enfin abreuvée à son mamelon si doux, à son clitoris qui s’est tendu sous mon doigt et j’éjacule brutalement, en longs râles de soulagement. Je me fous qu’on m’entende, je me fous qu’Ariel jouisse, ce qui semble pourtant être le cas. Je veux juste que tout sorte, que tout se répande, que ce sperme brulant qui s’échappe de moi, apaise enfin ce feu qu’elle a allumé et n’a même pas daigné éteindre.
Je retombe lourdement sur le corps d’Ariel. Je suis trempé et éreinté. Elle ne bouge pas, elle me regarde et j’ai envie de m’en aller mais je sens ma queue qui durcit à nouveau et Ariel souffle un peu. Je pense qu’elle voudrait se rendormir mais je ne lui en laisse pas l’occasion. Je me retire délicatement et la force à se retourner. Seul son petit cul serré pourra assouvir mon désir cette nuit. Ma queue gluante cherche un moment sa rondelle ; elle n’oppose aucune résistance. Elle attend, le cul en l’air, que je daigne y fourrer ma bite. C’est bien ! Je ne demande rien de plus, un petit cul accueillant et aucune discussion. J’enfonce lentement mon sexe dans son anus qui résiste un peu. Elle geint mais je m’en fous. J’ai une mission : dégorger ce flot de sperme et de rage qui me parasite ! Je l’attrape par les fesses, m’enfonce profondément en elle et commence à bouger, d’abord doucement pour ne pas lui faire trop mal, puis de plus en plus vite. Mon ventre fait un bruit sec chaque fois qu’il vient claquer contre ses petites fesses. Je l’empale de plus en plus vite et elle gémit. Je ne sais pas si c’est bon ou si je lui fais mal mais moi j’ai si mal, que je ne peux en tenir compte pour le moment. Je la ferais reluire après si elle veut, pour le moment il faut que l’encule profondément pour me soulager. Je sens monter l’orgasme. Il vient vite et il me submerge. Il est si puissant que je ne peux empêcher des cris rauques de jaillir de ma bouche quand je jouis enfin. Ce n’est pas du plaisir, c’est du soulagement, de l’épanchement ! Le sperme rend les mouvements plus faciles et je continu longtemps à apaiser ma queue qui fini par ramollir. J’ouvre enfin les yeux et j’en aperçois plusieurs qui nous regardent, mais ils se détournent quand je les fixe. Ariel s’est laissée glisser sur le matelas et je la suis, pris au piège de son anus. Je me retire sans difficulté quand je ramolli enfin. J’embrasse finalement ma partenaire docile pour la remercier. Elle se tourne vers moi et me regarde, comme un chiot attendant une récompense. A coté de nous, sa copine est morte où elle a un sommeil de plomb, parce qu’elle n’a pas bougée. Enfin c’est ce que je crois jusqu’à ce que je m’aperçoive que quelque chose bouge entre ses jambes. Elle se masturbe en silence. Elle ouvre les yeux et me voit. Elle arrête le mouvement de sa main alors je l’embrasse et lui murmure de continuer. Je vois le mouvement reprendre sous le drap et ses yeux ne me quittent pas. Ariel s’en aperçoit et m’embrasse pour détourner mon attention, puis d’une main décidée, elle saisit ma tête et la pousse vers son entre-jambe. Ça recommence. Il va encore falloir que je me batte avec son petit clitoris mais je me dévoue, je lui dois bien ça. Je m’y colle avec méthode, j’ai la technique maintenant. La fille d’à coté s’astique toujours le bouton. Je lèche Ariel et la fille ne nous quitte pas des yeux. Son mouvement s’accélère au rythme des gémissements étouffés de mon australienne. J’aimerai bien qu’elles jouissent en même temps, ce serait plus sympa alors je m’applique et me fiant à leur soupir respectifs, accélère un peu, ralentis, jusqu’à ce que l’une et l’autre se cambre et laisse échapper des gémissements de plaisir. Voilà ce dont j’avais besoin ! Je me redresse et m’allonge sans vergogne entre elle deux. J’embrasse Ariel qui soupire encore, puis m’autorise à déposer un baiser sur la bouche de la fille qui me le rend avec ardeur, je pose une main sur chacune d’elles et m’endors instantanément.
Au matin, Ariel est accrochée à moi comme une algue à son rocher. La fille dort près de moi, découverte. Je regarde sa bouche sensuelle. Pourquoi ne l’ais-je pas remarquée avant ? Elle est bien plus appétissante qu’Ariel. Elle est un peu enrobée et ses courbes m’excitent. Je contemple ses seins lourds, déjà un peu tombants, ses hanches grassouillettes, le renflement de son ventre, ses cuisses larges et musclées et surtout son sexe noir d’où pointe un clitoris long et rose entre les poils bouclés, écartés par les doigts coquins de la nuit. Je bande immédiatement. Je tends la main et attrape un téton entre mes doigts. Je le caresse doucement. Elle gémit et se tend un peu. J’accentue la pression. Elle ouvre les yeux et me regarde. Autour de nous, certains dorment encore, mais d’autres s’activent déjà à ranger et préparer un semblant de déjeuner. Elle hausse les épaules, l’air de dire « et maintenant ? » et je lui réponds d’un long regard interrogatif. Un imperceptible hochement de son menton et, tout doucement, je rampe jusqu’à son corps blanc, détachant Ariel qui dort toujours, et me recouvrant du drap, pose mon corps contre le sien. Elle me regarde puis s’allonge sur le dos. J’emboite son mouvement, toujours collé à sa peau blanche et moelleuse comme un oreiller. Le renflement de son ventre se cale contre mes abdominaux et quand elle écarte les jambes, j’entre en elle sans forcer. Je l’embrasse et sa bouche charnue me plait. Elle est douce et appétissante. Je la savoure un moment puis, me relevant légèrement, j’attrape un sein qui se donne sans résistance et y colle mes lèvres. Le téton mou rentre dans ma bouche et j’ai l’impression de lécher une guimauve. Elle est savoureuse. Elle ne durci pas et ce contact tendre fait taper ma queue qui s’impatiente. La fille a vissé ses yeux aux miens comme si elle me mettait au défi de lui faire l’amour. Alors je m’y emplois, délicatement, pour ne pas remuer Ariel, toute proche dont les yeux papillonnent par moment. J’ai l’impression de faire l’amour à un bon gâteau au beurre. Un quatre quart savoureux qui fond dans la bouche comme son sein qui glisse plein de bave. Ma bite s’affole et je sens son vagin se crisper. Elle va jouir et je vais l’accompagner quand Ariel plante ses griffes dans mon dos pour me déloger. La douleur est fulgurante. Elle lacère la peau de ses doigts musclés et menus et j’éjacule entre plaisir et souffrance, pendant que ma compagne de baise s’ouvre encore plus pour profiter de son extase. Ses yeux clos et les petites succions de sa bouche dans le vide pendant l’orgasme me font penser à une poupée gonflable. Je m’enfonce bien profond en elle pour profiter encore un peu et oublier un instant les brulures provoquées par les ongles rageurs. Ariel peste à voix basse et même si je la trouve bien brutale, je comprends son mécontentement. J’aimerai lui dire que je suis désolé mais je ne le suis pas. Sa copine était un très bon coup et si elle n’avait pas tout gâché en me labourant le dos, j’aurais vraiment bien pris mon pied. J’embrasse la brune charnue et lui glisse un « merci » à l’oreille auquel elle répond par un sourire de chat. Soudain, je me souviens que Nyoman doit déjà être à pied d’œuvre. Il faut que je m’en aille.
– viens me vois ce soir, si ça te dis…je lui glisse à l’oreille en me dégageant d’Ariel qui grogne toujours mais ne se lève pas. Je remets mon short et mon tee-shirt malgré mon dos douloureux. J’ai faim et Ariel m’a énervé alors que je me sentais bien. Cette journée commence mal finalement !
Chloé a peut être raison, je devrais probablement m’en aller d’ici, abandonner cette chimère et retrouver des territoires connus, des femmes accessibles, des femmes dont je pourrais peut-être tomber amoureux, avec lesquelles je pourrais envisager de construire une vie, avoir des enfants…non, pas des enfants, ça c’est du délire. Je ferai le pire père du monde. Mais au moins quelqu’un avec qui partager ma vie. Et soudain mon projet de réhabilitation du site, de rachat du terrain, tout me parait dérisoire. Je brasse du vent pour ne pas voir qu’ici je me noie, que je suis entrain de mourir parce que j’ai ma réponse, celle que j’ai attendue cinq longues années : elle ne veut pas de moi, elle ne m’aime plus et même s’il lui reste quelques sentiments à mon égards, elle ne s’abandonnera plus jamais à moi, elle ne m’appartiendra plus jamais. Cette révélation me tombe dessus et manque me tuer. Je sens une douleur fulgurante traverser ma poitrine et une immense sensation de froid et de vide s’installer dans mon cœur. Elle ne sera plus jamais à moi !
Après son départ, j’étais si obsédé par le fait de la retrouver que mon esprit était occupé. Ensuite, durant toutes ses années, j’ai attendu de la revoir. J’ai espéré un nouveau départ, un autre avenir pour nous. Mais là, je ne peux plus me mentir. Elle ne m’aime plus et cette sensation de vide s’accentue tant que je m’allonge dans le sable. Mes jambes ne me portent plus et mon cœur va exploser. Je voudrais pleurer mais je n’ai plus de larmes, je n’ai plus de forces. Je n’ai plus envie de rien. J’ai envie de disparaitre, d’arrêter de souffrir, de mourir ! J’essaie de relativiser cette douleur en me remémorant la nuit que je viens de passer. Ariel qui m’a laissé prendre son cul, la brune pulpeuse que je viens de ramoner. Mais rien ne vient combler ce manque.
Je me lève péniblement et me traine jusqu’à l’océan. Je contemple le soleil qui brille déjà haut dans le ciel et dont les reflets font miroiter les vaguelettes au bord de l’eau. Au loin, cernant l’anse, émergent de l’eau, tel des vaisseaux à l’ancre, d’immenses rochers sombres, recouverts de végétation vert foncé. J’ai envie de plonger dans l’océan et de disparaître dans l’eau limpide de ce lagon si pur. Sans prendre la peine de me déshabiller, je me jette à l’eau et commence à nager le plus loin et le plus vite possible. La sensation de l’eau sur mon corps ne m’apaise pas autant que je l’aurais espéré. Alors je nage plus loin, encore plus loin, avec l’espoir un peu fou d’atteindre ce rocher si grand, si beau. Une île, un oubli, la rédemption. Mais quand j’arrive à ses abords je m’aperçois qu’à fleur d’eau, les rochers ne sont qu’arrêtes tranchantes et pointes hérissées. Je le contourne, fatigué, espérant trouver un refuge pour me poser, pour m’arrêter un moment, mais je n’ai pas bien estimé sa taille. À l’arrière, face à l’étendue immense de l’océan, le rocher forme une pointe, comme une proue de navire qui fendrait les flots. Là encore, pas de refuge, pas de rochers accueillants, encore et toujours des arrêtes coupantes, tranchantes qui me blessent les mains quand j’essaie de m’y accrocher. J’ai envie de pleurer tellement je me sens mal, tellement je suis fatigué, désespéré, et je me dis qu’en cet instant, je la mort serait préférable au profond sentiment de perdition qui m’envahit. Alors je repars. Je nage encore plus loin, toujours plus loin vers la ligne d’horizon que le soleil fait briller comme de l’or. Je suis à bout de force. J’ai dépassé depuis longtemps mes limites, mais je continue à nager.
De toute façon, il ne me reste plus que ça. L’océan m’entoure, m’accueille comme une mère protectrice, une mère que je n’ai jamais eue. Une pensée me traverse l’esprit, j’ai abandonné Nyoman tout seul au bungalow sans même lui donner de mes nouvelles. Et puis tout remonte. La tempête, mes tentatives de travaux, cette envie folle de maîtriser les éléments qui m’a conduit chez monsieur Wayan, Chloé, sa peau si douce et ses mots si froids, et je comprends l’inutilité, l’absurdité de mes désirs. Vouloir toujours changer le cours des choses m’a conduit là où je suis maintenant, seul, perdu au milieu de l’océan, sans force est prêt à mourir. J’arrête de nager et me laisse flotter, porté par la douceur des vagues, la fraîcheur de l’eau du grand large.
Le calme et le silence qui m’entourent, le léger clapotis des vaguelettes contre mon corps, m’apportent enfin une sensation de vide et de sérénité que j’avais perdue depuis longtemps. Je pourrais flotter ainsi indéfiniment, dans cette eau limpide et foncée. J’ai nagé très loin et j’ai dû atteindre les grands fonds car je n’aperçois plus le sable en dessous de moi, je ne vois plus que du bleu si foncé et si profond. Et soudain je suis pris d’une peur panique. Je ne veux pas mourir ! Je veux vivre et réparer tout ce que j’ai abîmé. Ma vie, Chloé, le bungalow, Ariel… Je recommence à nager en direction de la rive mais je sais que cet effort est inutile car je suis allé trop loin et je n’aurais jamais la force physique pour rejoindre la plage. Je peux me surpasser, je peux y arriver ! Si je meurs maintenant, personne ne saura jamais où je suis. Personne ne me cherchera. On découvrira mon corps, un jour peut-être, ou ce qu’il en restera, sur une plage, anonyme. Et je ne veux pas ! Alors je nage de toutes mes forces, de toute mon âme. Je nage comme je n’ai jamais nagé jusque-là. Je nage pour survivre, pour me sauver, pour réparer ! Mais mes jambes ont du mal à battre en rythme et je sens des crampes commencer à tirailler mes mollets et mes cuisses. Les muscles de mes bras sont devenus insensibles et je ne contrôle plus vraiment les mouvements saccadés que je tente vaillamment de cadencer pour avancer. Je suis à nouveaux désespéré parce que je vais mourir alors même que je viens de comprendre pourquoi je devais vivre.
Je m’arrête un instant et me laisse à nouveau flotter, essayant vainement de me reposer, mais le courant est plus fort que je l’avais imaginé, et je n’ai même pas encore atteint le rocher. Malgré tout, je réalise que c’est mon seul espoir. Si j’arrive à m’y accrocher, quelqu’un me verra peut-être, quelqu’un me cherchera peut-être, et je vivrai. Alors je nage à nouveau, comme je peux, avec toute l’énergie du désespoir. Dans un dernier effort je contourne le rocher pour être face à la plage. Et là, ballotter par les vagues qui viennent s’écraser mollement sur ses flancs, j’agrippe un gros caillou dont les bords un peu plus émoussés me permettent de trouver un peu de repos. Je reste un moment cramponné, arrimé à cette île inhospitalière qui va pourtant me sauver la vie. J’avise ensuite un petit peu plus haut, de grosses racines et quelques souches de buissons coriaces qui poussent, contre toute attente, sur ces rochers déchirés. M’agrippant à l’une puis à une autre, je parviens à me hisser hors de l’eau. Malgré les blessures occasionnées à mes pieds et à mes mains, je me sens vivant. Je suis vivant ! Je m’adosse à la paroi, heureux d’avoir gardé mes vêtements qui me protègent un peu de la végétation. Il ne me reste plus qu’à attendre en espérant que mon tee-shirt blanc attirera l’attention et que quelqu’un viendra à mon secours. Plusieurs heures passent ainsi, et durant ce temps suspendu, mon esprit vagabonde. Ma vie défile et avec elle mes erreurs, mes réussites, mes amours, et cet inaltérable besoin de revoir Chloé encore une fois. Tout cela se mêle, ponctués de profonds sentiments de regrets. J’ai l’impression de pouvoir revivre chaque étape de ma vie et d’en cerner toutes les erreurs mais aussi tous les bons moments. Tous les amis qui l’ont traversée et toutes ces femmes que j’ai aimées du mieux que j’ai pu sans qu’aucune ne m’apporte ce dont j’avais besoin. Et inlassablement le visage de Chloé revient comme un bug dans mon cerveau. Une sorte de réminiscence rétinienne, un souvenir que je ne peux effacer, un besoin que je ne peux assouvir.
Soudain je revois son visage quand elle est rentrée à la maison après le soi-disant cambriolage. Il faut que je vive pour lui dire la vérité. Il faut qu’elle sache pourquoi elle a faillit être enlevée, parce que c’était bien l’intention de ses agresseurs. L’enlever pour faire pression sur nous. Mais à l’époque, mon père était en encore en vie et je ne pouvais rien lui dire. Nous nagions en pleine illégalité malgré toutes mes préventions et mes mises en garde.
Mon père était un financier de génie. Il avait accumulé tant d’argent au cours de sa vie que plus rien ne lui apportait de sensations fortes. Une baisse brutale de la bourse ne représentait qu’un petit friselis dans sa fortune éparpillée dans tous les paradis fiscaux du monde. Alors, il s’était mis en quête de sensation plus fortes, de contrats plus risqués et il avait commencé à vendre et à acheter tout un tas de trucs illégaux. Des diamants africains, extrait du sol au prix de l’esclavage des hommes qui trimaient dans les mines et de l’enrôlement d’enfants dans de milices sanguinaires et impitoyables. Ce commerce avait duré jusqu’à ce que les états européens s’en émeuvent. Il s’était alors prudemment retiré, ayant toujours réussi à cacher sa participation grâce à de multiples sociétés écrans. Pendant un temps, il avait repris une activité licite mais très vite, l’attrait du danger et l’appât du gain, l’avaient poussé à nouveau sur des sentiers interdits. Lors d’un voyage en Russie, il avait été mis en contact avec la mafia russe qui vendait des armes aux Boievik tchétchènes. Ils rencontraient de grandes difficultés à blanchir leur argent et à le faire sortir du pays. Mon père s’était diligemment chargé de remédier à ce problème et était rapidement devenu l’intermédiaire incontournable de ces gens peu délicats, dans toutes leurs transactions financières illégales. Grace à lui, des mafieux notoires s’étaient transformés en hommes d’affaires respectables. Mais quand il avait décidé de se passer d’eux dans certaines transactions et s’était mis en tête de traiter directement avec les rebelles tchétchènes, les russes avaient vu ça d’un mauvais œil. A l’époque où Chloé avait été agressée, il cherchait à faire pression sur mon père en s’attaquant à moi et à Chloé pour que j’intercède auprès de lui.
Le voyage à Dubaï m’avait mis en contact avec quelques uns d’entres eux afin de conclure une trêve et un pacte. Mon père renonçait à ses trafics avec les organisations tchétchènes et reprenait son rôle d’intermédiaire, perdant au passage une bonne partie de son pourcentage. Je n’y étais en rien opposé car je lui demandais depuis longtemps d’arrêter ses agissements dangereux mais il rechignait à abandonner un marché si lucratif. Il avait finalement renoncé, ayant lui-même été attaqué peu de temps auparavant, et avait accepté de mauvaise grâce la signature de cette paix que nous avions espéré durable. Puis, Chloé était partie et je m’étais retiré du monde des affaires, le laissant à ses délires. A sa mort et à la liquidation de ses actifs, j’avais découvert des comptes dont j’ignorais l’existence. Des propriétés dans tous les coins de la planète ! J’avais recensé une quinzaines de résidences somptueuses à travers le monde et plus encore d’appartements dont j’ignorais tout ! Tellement d’argent ! Des milliards d’euro gagné dans le sang ! Voilà ce que je n’avais pas dit à Chloé. Avant, parce que je n’en connaissais pas l’issue et que je craignais qu’elle me croit associé à tout cela. Après, parce qu’elle n’était plus là !
Une grosse vague me bouscule et manque me faire tomber et je reviens sur mon rocher. Je suis toujours cramponné à la pierre, mais mon esprit a vogué un long moment. La journée est déjà bien entamée et dans ce coin isolé, visiblement personne ne vient. Mais j’ai eu le temps de retrouver des forces, et aiguillonné par la faim qui me tenaille, je décide de rejoindre la rive à la nage. Je prends mon élan et plonge le plus loin possible pour éviter que le courant ne me repousse vers les pierres coupantes. Puis, d’une brasse calme et lente pour ménager mes forces, je me dirige vers la côte. Elle n’est encore qu’un mince trait sur l’horizon mais je sais que je peux le faire. Peu à peu je distingue la plage, les bungalows, la végétation alentour. Et quand enfin j’atteins la rive, je reste un moment allongé sur le sable, plus heureux d’être en vie que je ne l’ai jamais été. Le soleil me sèche, me réchauffe et me redonne des forces. Nyoman a dû s’inquiéter car il arrive rapidement et je comprends à l’expression de son visage, qu’il est soulagé de me retrouver en vie. Il m’aide à me relever et me ramène jusqu’à mon bungalow dont le toit est presque terminé. Ce type m’étonnera toujours. Il a réussi à poser tout seul toutes les plaques de tôle et j’ai enfin un toit au-dessus de ma tête. Pour la première fois depuis longtemps, je me sens en sécurité. J’aimerais l’aider mais je suis épuisé. Il s’en aperçoit et sortant du frigo tout ce qui s’y trouve, dépose sur la table une assiette remplie de nourriture. Tout est froid mais délicieux. J’ai si faim. Je dévore sans même prendre le temps de mâcher et engloutit tout ce qui se trouve devant moi. Pendant ce temps, Nyoman a sorti la trousse de secours et quand j’arrête enfin de manger, il désinfecte mes pieds et mes mains et les bandes soigneusement. Ensuite, infatigable, il remonte sur le toit et fini de fixer les plaques pour qu’aucune tempête ne puisse à nouveau les arracher. Demain nous commencerons à poser la paille de riz et le toit sera enfin terminé. Je me sens revivre. Je commence dans ma tête à faire une liste des travaux. Il faut refaire le plancher. Reconstruire la salle de bains de façon moins rudimentaire. La cuisine aussi devra être refaite. Je regarde le bungalow, il est grand et spacieux et quand il sera fini, il sera vraiment beau. Le reste n’est que décoration.
Comme nous avons rehaussé la poutre centrale, la hauteur sous plafond est plus importante et il est maintenant possible de construire une mezzanine sur laquelle je pourrais poser mon lit. Je suis heureux, je suis calme et heureux. Je m’allonge sur mon lit et une douce fatigue envahit tout mon corps. Je sens le sommeil me gagner et je ne lutte pas. Je sais que Nyoman peux continuer sans moi. Je sais que la terre peut continuer sans moi, mais moi je ne veux pas continuer sans eux.
Je me réveille au petit matin, toujours fatigué et le corps endolori mais cette fatigue est bonne pour moi car elle va donner un nouveau rythme à ma vie. Je me lève, je me lave comme je peux à l’évier, refais mes pansements, particulièrement ceux des pieds qui risquent de s’infecter rapidement si je n’y prends pas garde, puis je termine tout ce que je trouve dans le frigo. Mme soda me manque. Je change de vêtements, enfilant un pantalon et un polo propre. Je monte dans ma voiture et m’arrête chez elle pour prendre enfin un vrai repas. Elle me voit arriver, me laisse m’installer et apporte devant moi plusieurs assiettes remplies d’une nourriture appétissante. Il y a des brochettes de poulet, du saté de porc, des légumes dans une sauce épicée, de la noix de coco fraîche, et bien sur ma bouteille de soda.
Je prends le temps de savourer ce repas, le premier depuis déjà quelques jours, et tout est savoureux. Mme Soda me ressert des brochettes et je la laisse faire, heureux que quelqu’un prenne soin de moi. Cette nage effrénée et suicidaire dans l’océan m’a lavé et a purifié mon âme. J’ai l’impression d’entamer une nouvelle vie. Ce jour pourrait bien être le premier jour du reste de ma vie. Je me sens empli de joie et d’allégresse comme un enfant le premier jour des grandes vacances d’été. Je sais que mon projet de réhabilitation des bungalows est une bonne idée. Tout ce qui m’avait semblé vain la veille, prend du sens aujourd’hui. J’écoute les oiseaux chanter dans la jungle qui nous entoure, j’entends les singes jacasser dans les grands arbres, j’apprécie même le bruit des voitures qui passent de temps en temps en cahotant sur la route abîmée. Mme Soda me regarde manger derrière son petit bar et elle semble heureuse de me voir calme et souriant. Je ne sais pas si elle l’est vraiment mais j’ai envie de le croire. Je dois retourner voir Monsieur Wayan pour discuter avec lui de l’avancée des négociations. Je reprends la route et me dirige vers Denpasar et sa boutique. Je laisse ma voiture en bord de route et pénètre dans son bureau où l’air chaud semble toujours immobile. Il est là, vêtu de son éternelle chemise à manches courtes et de sa cravate colorée, assis derrière son petit bureau couvert de papiers. Il m’accueille avec force salutations et je suis heureux de le voir. Sa gentillesse et sa bonhomie me réconforte. Il m’explique qu’il a pris contact avec le propriétaire du terrain et que celui-ci est d’accord pour me le vendre à un prix que je trouve excessif mais dont Monsieur Wayan me dit qu’il n’est pas négociable. Il l’a déjà fait diminuer d’un tiers et il sait qu’il ne pourra pas aller au-delà. Je discute un peu pour la forme, mais en réalité le prix m’est égal. Ce qui m’importe, c’est que la transaction soit faite dans les règles et que l’enregistrement des documents de vente soit conforme à la loi. Je veux vraiment acheter ce terrain. Je conclus donc l’affaire avec Monsieur Wayan, heureux d’avoir effectué quelque chose de tangible et de concret aujourd’hui. Puis nous nous séparons après avoir décidé que dès que mon bungalow serait terminé, il enverrait une équipe pour réhabiliter un à un, tous les bungalows. Nyoman à beau être excellent travailleur, il ne pourra pas, à lui seul, effectuer tous les travaux. Mais je pense qu’il fera un très bon chef de chantier. Je quitte le centre-ville et me dirige vers la périphérie, là où se trouvent les dépôts de marchandises. Je m’arrête chez un grossiste chez lequel je me suis déjà rendu avec Nyoman et j’achète une immense porte-fenêtre, trois fenêtres coulissantes et les volets qui vont avec. La porte-fenêtre ne rentre pas dans la voiture mais Nyoman pourra venir la chercher plus tard. J’achète ensuite un bac de douche, une belle vasque en pierre blanche et un meuble en bois sombre pour la recevoir, des toilettes et toute la robinetterie et la plomberie nécessaires. La cuisine pose problème. Impossible de trouver ce que je veux et je suis obligé de la commander sur mesure chez un fabricant situé un peu plus loin. Heureusement j’ai pensé à emmener avec moi les mesures exactes du bungalow, ce qui me permet de régler le problème rapidement. J’achète ainsi un évier en inox, une plaque de gaz encastrable, un grand frigo à deux portes et un four. Le tout viendra trouver sa place dans les meubles fabriqués à cet effet. J’ai choisi des meubles en bois clair, naturel, car je voudrais que le bungalow soit lumineux et chaleureux. La livraison devrait avoir lieu dans une semaine ce qui nous laisse le temps de finir le toit et de poser le parquet. J’ai oublié le parquet ! Je me rends donc dans une scierie située à la sortie de la ville et achète de belles lattes de bois brut très clair que je demande au vendeur de poncer et de traiter avant que Nyoman ne vienne les chercher. Un nouvel arrêt chez Mme soda pour faire le plein de nourriture avant de rentrer chez moi. Assis à ma table habituelle, je déguste un nouveau ragoût dont la saveur légèrement sucrée me ravit. Je regarde passer les voitures sur la route quand j’aperçois un petit 4×4 parfaitement neuf, chose plutôt étonnante à Bali. Mon regard s’attarde sur le véhicule et soudain je prends conscience que j’en connais la conductrice. Mon cerveau a du mal à enregistrer, ma raison à du mal à s’y résoudre, et pourtant je suis sûr que c’est elle !

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