JE LE REGARDE – Chapitre 1

Chapitre 1

Je le regarde parler. Je regarde sa bouche, cette vilaine bouche comme une fente dans son visage rougeau et je suis saisie d’une folle envie d’attraper sa tête presque chauve, son crane constellé de croutes et de l’écraser violement par terre.

J’ai une vision très précise du geste : mes mains saisissent son visage ou peut-être ses oreilles, et le contraignent à tomber au sol. J’accentue la pression et sa face chafouine s’écrase sur les dalles de pierre claire, le réduisant au silence.

Mais je n’en fais rien. Au lieu de cela, je l’écoute me donner une leçon de morale sur les bonnes mœurs d’une jeune fille. Il est debout, face à moi contrainte de m’asseoir pour ne pas le dépasser pour qu’il ne ressente pas l’humiliation d’être petit et mal fait.

Satisfait de mon apparente contrition, il se retourne, me présentant son postérieur plat paradoxalement moulé dans un jean délavé dont je reconnais les plis laissé par le fer à repasser, ces plis que je dois imprimer en y maintenant rageusement le fer dont la vapeur s’échappe bruyamment pendant de longues minutes. Je soupire. Il se retourne vivement et me scrute un moment de ses petits yeux bordés de cils rares et courts. J’affiche l’air le plus inexpressif possible et il finit par sortir de la pièce à pas rapides et guindés.

Cet homme représente tout ce que je hais ; Il est étriqué, borné, pétrit de certitudes et intellectuellement malhonnête. Son regard sur moi, libidineux et réprobateur, me dérange. Pourtant, je dois le supporter régulièrement depuis que j’ai accepté cette place de bonne à tout faire dans cette villa de luxe à la pointe de Saint-Jean-Cap-Ferrat. Cet arrangement semble pourtant idéal : je suis logée gratuitement dans un lieu paradisiaque, ma nourriture est prise en charge et mon essence payée quand je sers de chauffeur. En contrepartie j’entretiens la maison plus ou moins tous les jours – Monsieur et Madame ne sont que rarement présent et viennent la plupart du temps séparément. Je supervise le jardinier, le jeune homme qui entretien la piscine, ainsi que toutes personnes susceptibles de répondre aux caprices imprévus.

Quand Monsieur est là – il vient quelques jours par mois – je dois faire le ménage de sa chambre, de sa salle de bain et de la cuisine, quand il l’utilise. Les autres pièces ne l’intéressent pas. Il ne s’y rend jamais quand il est seul. Il n’aime pas l’espace et la solitude des lieux. L’immensité de la maison entièrement vitrée, ouverte sur la mer, l’affole. Il préfère le confort protecteur de son appartement parisien où il séjourne le plus clair du temps. Je lui prépare tous les repas qu’il prend sur place et fait en sorte que rien ne lui manque. L’argent n’est pas un problème pour eux.

Moi, j’ai deux emplois. L’entretien de la villa m’assure le gîte, mais ne m’apporte aucune ressource.

J’ai trouvé un travail d’hôtesse de nuit dans un club privé cannois où se retrouvent pour la plupart, des messieurs seuls et vieillissants.

Dans le confort feutré d’un salon moquetté de brun, meublé de luxueux fauteuils à oreillettes, ils regardent danser langoureusement de jeunes et belles filles dévêtues. Elles évoluent autour de barres placées à proximité des tables basses où réchauffent, au fil de la soirée, des bouteilles de champagnes millésimées et parfois, elles déploient un lourd rideau de velours derrière lequel elles exécutent quelques danses particulières qui échappent aux regards lubriques des messieurs alentours.

Moi, j’accueille, j’accompagne, je sers les boissons et débarrasse les tables. A la fermeture, je rentre chez moi discrètement, comme toutes les filles qui travaillent ici. Je dois parfois éviter avec diplomatie quelques mains baladeuses et ne pas répondre aux propos égrillards en gardant le sourire.

Seule contrainte : l’uniforme. Je suis obligée de porter un petit ensemble extrêmement ajusté composé d’un boléro fermé par trois boutons qui dénude mon ventre et dont le décolleté vertigineux est bordé d’une collerette blanche. Il est assorti d’une petite jupe évasée d’où dépasse le froufrou d’une dentelle. Des escarpins à hauts talons complètent la panoplie.

Ma présentation doit toujours être parfaite, coiffure et maquillage sont passés en revue quand je prends mon service.

Finalement j’aime bien ce travail. Les pourboires y sont conséquents, même si je ne gagne pas autant que les danseuses, et la discrétion des lieux me plait. Ici, nous sommes toutes anonymes dans nos panoplies d’hôtesse. Les seins moulés, enserrés et pourtant offerts aux regards, poudrés pour accentuer leur blancheur laiteuse, les jambes dénudées, les fesses accessibles, même quand je fais de louables efforts pour ne pas me pencher inutilement. Ma perruque blonde parfaitement coiffée, laquée, comme une Marilyn revisitée, me transforme en une autre. Comme toutes les autres. Nous sommes interchangeables. Nous avons été choisies pour cela. Même taille, même corpulence, même morphologie pulpeuse, même carnation claire. Les messieurs nous confondent et nous pouvons ainsi, quand nous en sommes lassées, échanger nos tables pour échapper à un importun ou un insistant. Mais la plupart des messieurs savent qu’il ne faut pas toucher aux hôtesses. La règle est stricte. Les hôtesses sont là pour étancher leur soif, les danseuses pour satisfaire leurs sens. Malgré le salaire élevé et les pourboires généreux, je ne les envie pas. Je ne pourrais pas ainsi offrir mon corps. Nous savons toutes que les filles dépassent les limites de la danse. Les râles qui s’échappent des rideaux en témoignent parfois. Dans de rares cas, Monsieur Simon intervient. Il pénètre alors discrètement dans l’alcôve. Quelques murmures et le silence revient. Dans la minute le rideau s’ouvre, un homme s’en va discrètement et une danseuse repart en coulisse. Sa soirée est terminée.

Je prends mon service vers vingt deux heures et je termine en général vers cinq heures. Je rentre à la villa épuisée et je m’endors aussitôt. Quand Monsieur ou Madame sont là, je me lève vers sept heures, prépare le petit déjeuner et retourne dormir jusqu’au repas de midi.

Quand je suis seule, je m’accorde de longues matinées de sommeil et commence à m’occuper de la maison en début d’après midi. Une petite sieste vers dix-huit heures, un repas léger devant la télé et je pars travailler.

L’entretien de la maison est routinier mais rapide. En leur absence, je maintien un ordre et une propreté convenable. Je veille à ce que le jardin soit entretenu et la pelouse régulièrement arrosée et tondue. La piscine est aussi sous ma responsabilité. Elle doit toujours être limpide et chaude. Jeremy, un jeune gars qui a besoin d’argent pour payer ses études, vient deux fois par semaine nettoyer, brosser et traiter le bassin olympique dont l’extrémité semble s’écouler dans la mer qu’il surplombe. La piscine est un ravissement pour les yeux. Elle s’étend, parallèle à la maison, en un long bassin de nage qui contourne la bâtisse, sinueux, et s’enfonce à travers des bouquets de palmiers nains pour s’évaser en une immense piscine ovoïde. Les mosaïques blanches parsemées de petits carrés dorés et scintillants qui la recouvrent, donnent à l’eau une couleur bleue turquoise très claire. Elle est prolongée, à sa gauche par une terrasse dallée d’immenses pierres blanches sur laquelle est disposée en arc de cercle une demi-douzaine de transats métalliques recouverts d’épais matelas écrus. Une longue table de béton armée cirée de noir entourée de fauteuils spacieux, trône à l’ombre des arbres. Des palmiers se mêlent à d’immenses pins parasols et offrent une ombre salvatrice sans occulter la mer. L’ensemble surplombe un sentier côtier que les promeneurs empruntent sans soupçonner la présence de la maison.

La beauté des lieux tient en grande partie à la profondeur des couleurs qui se superposent : vert profond de la végétation, camaïeu de bleus de la piscine et de la mer, et blancheur éblouissante de la maison. L’architecture particulière du bâtiment a aussi son importance. Celui-ci mêle béton et verre, et offre au regard extérieur une transparence saisissante. Le séjour, qui occupe une des extrémités, est entièrement vitré et l’on distingue nettement à travers la pièce, la végétation luxuriante qui borde tout l’arrière de la maison et masque l’immense portail d’entrée.

Comme s’il n’existait pas de réelles limites entre intérieur et extérieur, il est possible d’escamoter toutes les baies vitrées en les faisant coulisser et disparaitre à l’intérieur du mur.

La maison serpente, ne s’offrant que partiellement au regard des visiteurs. Elle est formée de cubes reliés les uns aux autres. Le premier, qui s’enracine au pied d’une large allée dallée, sert d’entrée. Une immense porte en bois massif s’ouvre sur une vaste pièce blanche. Au mur, une gigantesque toile abstraite colorée de rouges anime l’espace meublé d’une banquette, d’une console sur laquelle repose un grand plat en céramique de lave noire, et d’un immense dressing où s’accrochent les manteaux des visiteurs. De discrètes portes, de part et d’autre desservent les pièces secondaires – buanderie, garde manger, cave à vin, sont ainsi dérobés aux regards. Le cube suivant, légèrement en biais, relié au premier par une immense voute, forme un deuxième hall d’où part un escalier qui permet d’accéder à l’étage. Il est meublé de confortables canapés et d’une bibliothèque qui couvre tout un pan de mur. Le troisième cube se partage en deux : d’un côté, avec vue sur le jardin, une cuisine blanche immaculée ; et de l’autre, une vaste salle à manger où vingt-deux chaises entourent une immense table au plateau en béton ciré gris, incrusté de motifs floraux à même la masse. Le dernier cube est celui du salon. Il est meublé de nombreux canapés et de fauteuil écrus, de tables basses et de petites commodes en bois clair. A l’étage, deux autres cubes complètent la maison et abritent quatre superbes chambres et mon studio. De l’extérieur, l’ensemble est homogène et harmonieux. La structure très épurée est rehaussée par un toit plat et une terrasse verdoyante accessible uniquement par la chambre principale.  Le couple a acheté cette maison cinq ans auparavant, engageant un architecte d’intérieur venu spécialement de los Angeles. C’est une vitrine pour leur standing mais elle ne leur ressemble pas le mois du monde. Je les imagine plutôt dans une maison victorienne surchargée de bibelots et de portraits d’aristocrates. Elle est d’autant plus factice qu’ils n’y reçoivent personne, à part les membres bruyants et exigeants de la famille de Madame.

Avant l’arrivée de l’un d’entre eux, surtout l’été quand toute la famille s’annonce, je fais venir une entreprise de nettoyage. En contrepartie, je loge dans un studio attenant, accessible par un escalier extérieur, équipé d’une salle de bain et d’un tout petit bloc cuisine. Je bénéficie cependant d’une vue magnifique sur le parc et la mer.

Cet arrangement, fruit d’une rencontre imprévue, s’est conclu sur les marches d’une église. En effet, Madame est très pratiquante et c’est le curé de la paroisse qui nous a mis en contact. J’étais descendu du train au hasard, et j’errais, sac au dos, arrivant d’une autre côte plus ventée. Je ne savais où passer la nuit. Je rentre souvent dans les églises pour y réfléchir ou m’y mettre à l’abri un moment. Ce sont des lieux calmes et paisibles. L’odeur d’encens leur confère un côté ouaté qui me rassérène. J’étais assise depuis quelques temps quand le curé est venu me trouver. Peut-être mon sac à dos l’a-t’il intrigué. Nous avons entamé une conversation aimable ; conversation dans laquelle j’ai mentionné que je cherchais du travail et un logement. J’ai passé cette première nuit dans un petit lit, dans le salon du curé, qui m’offrit généreusement un repas chaud et une conversation très ennuyeuse. Dès le lendemain il avait pris les dispositions nécessaires pour que Monsieur et Madame m’accueillent. L’arrivée à la villa fut un ravissement. Tout était si beau, si luxueux, si parfait. Chaque élément semblait avoir été conçu pour s’intégrer dans ce décor magnifique. Les immenses pins parasols qui ceignaient la propriété, à l’intérieur d’un haut mur de pierre, semblaient régner sur le domaine. Tout y était parfait, sauf Monsieur et Madame.

Madame est une personne corpulente et bedonnante, âgée d’une soixantaine d’année, dont la garde-robe se compose de robes de créateur de couleurs vives. Ses parfaites mèches blondes entourent un visage rond, lisse et bronzé. Son front tendu, ses sourcils immobiles, ses yeux en amandes qui ne peuvent presque plus cligner, ses pommettes très hautes malgré ses joues rebondies, ses lèvres pulpeuses, attestent de son penchant excessif pour la chirurgie esthétique. Elle se maquille avec soin chaque jour comme si sa vie en dépendait. Quand elle séjourne à la villa, elle se prélasse de longues heures dans son lit d’où elle dirige la maison. Dans mon studio, le téléphone ne cesse de sonner : « Chloé, j’aurais besoin que vous me preniez rendez-vous chez la manucure ; que vous m’ameniez chez mon coiffeur ; que vous fassiez venir l’entreprise florale ; que vous prépariez un repas pour douze personnes ce soir… ». Les demandes sont multiples et doivent immédiatement être satisfaites. Souvent, j’anticipe. Je connais ses manies et ses habitudes. Les rendez-vous sont pris à l’avance et quand je connais la date de son arrivée, je prépare à manger pour plusieurs repas. Par chance, je sais cuisiner et j’aime ça. Je congèle ou garde au frais de nombreux plats que je réchauffe à volonté. Madame sait qu’elle ne peut pas me garder le soir ni même me faire travailler, puisqu’elle ne me rémunère pas. Mais elle ne peut s’en empêcher. Elle aime avoir du pouvoir et je suis un sujet facile ; je lui dois le toit. Elle critique souvent la qualité de mon ménage, même quand j’ai passé l’après midi à briquer la maison.

Monsieur, lui, ne s’occupe pas de moi. Il veut ses vêtements propres et repassés le matin, mais il me laisse le loisir de m’organiser à ma convenance. Quant à la cuisine, il mange ce que je lui sers et n’a aucune exigence. Au demeurant, il reste souvent dehors tard le soir avec des clients ou ses associés. Parfois le matin, quand je lui prépare son petit déjeuner, il me raconte ses soirées et ses réunions. Il est avocat fiscaliste et dirige un très gros cabinet parisien. Il ne prend que les clients les plus importants et vient régulièrement sur la côte pour leur éviter le déplacement. Il aimerait que je travaille à plein temps pour la maison et m’a déjà proposé un salaire conséquent, mais je ne veux pas abandonner mon travail d’hôtesse. Il me distrait. La vie à la villa est ennuyeuse. Y travailler en permanence s’apparenterait à un esclavage.

 La nuit au club est pleine de surprise. La hardiesse et l’impudence de certains hommes m’amusent, même si elles me laissent indifférente. Je les regarde s’installer, parfois gênés, parfois fanfarons, souvent seuls, quelques fois en groupe. Les hommes seuls, surtout les habitués, sont polis et choisissent des fauteuils en retrait. Les groupes peuvent être bruyants et potaches. Quelques couples viennent parfois chercher une excitation perdue pour ranimer leurs désirs. Et en de très rares occasions, une femme franchit la porte et vient s’installer dans l’alcôve la plus reculée du club.

Je n’ai que vingt et un ans mais j’ai rencontré toute sorte de gens depuis que je suis partie de la maison familiale à quinze ans. Des gens généreux et désintéressés mais aussi des personnes malveillantes, cupides, ou perverses. Au club, je retrouve un concentré de cette humanité. En beaucoup d’entre d’eux je reconnais un personnage de mon passé. Le patron d’hôtel qui me proposait une passe  contre une nuit; le passant qui me m’offrit son canapé sans contrepartie. Grâce à eux, je suis devenue experte en relation humaine et malgré mon jeune âge, il en faut beaucoup pour me déstabiliser. Jusqu’à ce que je croise la route de Jeff. Mais Jeff arrive plus tard dans mon histoire. D’abord il y a Monsieur et sa leçon de morale.

 

C’est un soir comme les autres au club ; je sers quelques habitués qui commencent à glisser dans une douce excitation. Les filles s’alanguissent sur les barres et autour des tables. Tout est calme. Le rideau de l’entrée s’écarte et Monsieur rentre. Il se dandine d’un pied sur l’autre. Il semble très mal à l’aise, comme si une main invisible l’avait poussé à l’intérieur et qu’il le regrettait déjà. Monsieur Simon l’accueille et lui parle un moment, puis le conduit, une main rassurante posé dans son dos, vers un fauteuil situé dans ma zone de service. A cet instant j’ai encore le choix, échanger ma place avec une autre hôtesse ou rester. Sans réfléchir je m’avance vers lui et lui demande ce qu’il veut boire. Ses yeux roulent comme des billes dans ses orbites. Il est si mal à l’aise qu’il ne me voit pas. J’ai de la peine pour lui. Il commande un double scotch. Dès que je m’éloigne, une danseuse s’avance. Elle se place devant lui, occultant la salle. Elle porte un petit soutien gorge en dentelle noire qui ne cache rien de ses seins généreux, et un string assorti. Ses grandes lèvres arrondies bombent le fin tissu et la fente de son sexe épilé apparaît comme un léger trait de crayon à travers la mousseline noire. Elle commence par un léger déhanché qui se cale sur le rythme de la musique. Du comptoir où j’attends sa boisson, je vois Monsieur devenir écarlate. La danseuse s’enhardie et d’un geste élégant, se débarrasse de son haut en dentelle qu’elle promène sous son nez comme un hypnotiseur balance son pendule. Puis elle se rapproche et commence à danser autour de la barre, lui présentant alternativement ses fesses crémeuses et rondes et ses seins aux aréoles roses. Je profite d’un moment où elle le contourne pour déposer un verre sur la table basse. Il n’a d’yeux que pour ce corps qui ondule devant lui. Ses mains sont crispées sur ses cuisses comme s’il les retenait. Je le comprends. J’ai vu ce numéro des centaines de fois et je dois reconnaître qu’elles sont si belles et si parfaites que la tentation est grande, même pour moi, de poser la main sur ces corps palpitants, offerts, et pourtant inaccessibles. Au début, Vanessa, une des danseuses, voyant mon regard fasciné, m’a offert son corps. Nous nous sommes retrouvé dans une petite loge, collée l’une à l’autre. D’une main habile, elle a dégrafé mon boléro et le sien, libérant nos poitrines écrasée. J’ai timidement effleuré ses seins dont le contact m’a électrisé. Je me suis enhardie et j’ai tété goulument ses mamelons gonflés. J’ai laissé ses mains et sa langue descendre lentement jusqu’à mon sexe et j’ai jouit presque immédiatement dans sa bouche aux lèvres pleines. Un plaisir voluptueux et coupable. Mais quand ses mains ont cherché les miennes pour les conduire entre ses cuisses, quand elle a quasiment posé sa fente ouverte sur ma bouche, je l’ai repoussé. Je ne pouvais pas. Elle ne m’en a pas tenu rigueur et s’est branlée rapidement devant moi d’une main experte. Le sursaut de son corps pendant l’orgasme, l’expression de félicité sur son visage, m’ont fait regretter de ne pas lui avoir procuré ce plaisir. Nous nous sommes quitté sur un baisé goulu mais définitif.

Monsieur penche son visage vers les fesses tendues de la danseuse qui évite adroitement son contact. Elle s’incline vers lui, le frôlant de ses seins et lui murmure quelques paroles à l’oreille. Monsieur acquiesce en scrutant la salle du regard. Ces yeux s’arrêtent sur moi un instant, un léger trouble, puis il revient vers la danseuse qui dénoue d’une main adroite la lourde embrase du rideau de velours cramoisi. Ils disparaissent à l’intérieur comme dans un cocon. Je ne peux m’empêcher de m’approcher. Je sais que je n’ai pas le droit mais je veux voir.

A travers la fente du rideau j’aperçois Mylène qui commence à frotter ses fesses contre le pantalon tendu de Monsieur, puis d’un mouvement fluide, elle se retourne et enfoui le visage rougeau entre ses seins pendant qu’elle ouvre sa braguette dont elle extrait son sexe en érection. Je suis frappée par la similitude entre la laideur de l’homme et celle de sa verge : comme lui, elle est courte et légèrement tordue, violacée et veineuse, surmonté d’un tout petit gland, comme un minuscule champignon. Mylène lui tourne maintenant le dos et frotte son sexe toujours enrobé de dentelle contre celui de Monsieur qui tâtonne autour de ses seins. Ses mains saisissent, malaxent, puis relâchent, perdues. La jeune femme se retourne à nouveau, saisit sa poitrine à pleine main et la pose délicatement sur la bouche de l’homme qui se met à téter avec avidité. Sa petite langue lèche frénétiquement les mamelons rosés pendant que Mylène attrape son membre et commence à le branler lentement en lui malaxant les testicules. Monsieur se fige, il a comme un hoquet, puis éjacule très vite trois petites giclées de sperme qui retombent sur son pantalon. La danseuse à l’habitude ; elle se redresse délicatement ; elle a déjà en main une petite serviette humide avec laquelle elle nettoie rapidement la tache. Les hommes ne le savent que rarement, mais sous chaque fauteuil se trouve un panier qui contient divers d’accessoires qui vont du linge humide en passant par le préservatif, le lubrifiant et quelques jouets sexuels. Pendant qu’elle referme sa braguette pour lui laisser le temps de se reprendre, il lève les yeux et me voit ; il me reconnait et son visage devint livide. Il jette quelques billets sur la table et s’enfui sans attendre que le rideau soit ouvert. Au passage il me bouscule, manquant me faire tomber.

Voilà comment je me retrouve le lendemain matin, contrainte de subir ses réprimandes sur mes activités nocturnes. Monsieur parle comme s’il était venu là uniquement pour sauver ma vertu. Il parle de moralité, de dieu qui voit tout et juge ; de décence et d’abjection. Il me demande de quitter immédiatement ce travail sous peine d’être contraint de me renvoyer car il ne pourra, me dit-il, accueillir plus longtemps sous son toit une Jézabel, une dévergondée.

L’ennui me gagne. Je peux partir sur le champ si je veux, Vanessa m’a déjà proposé plusieurs fois de m’héberger, mais je tiens à ma liberté. Je lui demande alors s’il informera Madame des circonstances dans lesquelles il m’a renvoyé ou s’il préfère que je le fasse moi-même. Il s’arrête, interdit. Je lui répète qu’informer son épouse de mes activités nocturnes ne pose aucun problème puisque je n’ai pas de relation sexuelle avec les clients. Monsieur bafouille, il me traite de garce, me dit que c’est du chantage, que mon châtiment viendra un jour. Je le regarde parler et j’attends. Finalement, il quitte la pièce et sort de la maison quelques minutes plus tard en claquant la porte. Je sais qu’il repart dans l’après midi. Je ne le reverrai probablement pas avant plusieurs semaines et j’en suis soulagée. Je revois son petit sexe, sa jouissance pathétique et j’ai de la peine pour lui

 

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