JE LE REGARDE – Chapitre 6

Chapitre 6

Je le regarde parler ; il tente de me rassurer et même si la présence de son corps collé au mien me réconforte, le fait d’être obliger de retourner à l’hôtel noue mon ventre d’une angoisse incontrôlable.

Nous nous embrassons longuement, voluptueusement ; mettant tout notre amour dans nos baisers passionnés et j’essaie d’y puiser le réconfort qui me permettra de chasser la peur qui bloque ma respiration. J’aime cet homme si fort que j’ai l’impression que mon cœur va exploser. L’idée même de détacher mon corps du sien est une souffrance, mais le nœud qui s’est formé au creux de mon plexus et qui noyaute mon ventre est plus fort encore. Nous nous séparons cependant et reprenant nos véhicules respectifs, nous retournons au cap d’Antibes où nous tombons dans le grand lit de la chambre principale dans lequel nous dormons plus de douze heures d’affilées. A notre réveil, nous sommes lovés l’un contre l’autre, bras et jambes emmêlés. Nous nous embrassons longuement, les yeux dans les yeux. Notre relation vient de prendre une nouvelle forme, plus sérieuse, plus concrète et, sans avoir besoin de nous le dire, nous le savons.
Finalement, Jeff propose un petit déjeuner et je lui suggère plutôt de commander un gouter ce qui le fait rire. Nous sommes un peu désorientés. J’ai quitté mon travail depuis deux jours et j’ai perdu mon logement. Les choses vont plus vite que prévues et je suis mal à l’aise. Tant que nous restons au lit, l’un contre l’autre, je me sens bien ; mais dès que je me lève et que je descends au rez-de-chaussée, je suis saisie d’une angoisse que je réprime à grand peine. Je me sens enfermée dans cet hôtel que je n’aime pas ; je me sens piégée.
Le maitre d’hôtel nous apporte, en provenance directe des cuisines, un somptueux gouter composé de viennoiseries et de chocolat chaud que je mange sans plaisir malgré la faim qui me taraude. Le décor de la salle à manger me déplait de plus en plus. Ses deux fauteuils en peau de zèbre me mettent mal à l’aise ; je n’ai aucune envie de poser mes fesses sur un animal tué dans le seul but de recouvrir un meuble ! J’aimerai dire à Jeff que je suis heureuse d’être avec lui mais j’en suis incapable. Je suis terrorisée que les choses soient allées si vite entre nous. Je voudrais pouvoir rentrer chez moi, mais je n’ai plus de chez moi ! Je dois au moins retourner travailler pour retrouver un semblant de normalité. Quand j’en parle à Jeff, il s’insurge, puis fini par céder à mes arguments. Nous terminons ce repas improvisé dans un silence pesant et il nous faut nous lover sur le canapé pour retrouver un début d’intimité. Jeff joue négligemment avec des mèches de mes cheveux pendant que je tente de me détendre en me disant que tout ira bien. Nous restons longuement silencieux et pour la première fois nous ne fuyons pas dans le sexe pour dissiper ce malaise. Je sens bien que nous acceptons le silence parce que nous sommes fatigués d’avoir peur ! Finalement, l’heure est venue de partir travailler. Je me prépare sous le regard attentif et légèrement réprobateur de Jeff, et pour la première fois, je m’aperçois que je suis soulagée de plus avoir à me soucier de la villa et de Monsieur. En un sens, Jeff m’a rendu service, et je l’en remercie. Il me dit que je ferai ça beaucoup mieux tout à l’heure en rentrant. La tension semble être retombée entre nous et il ajoute :
– J’espère que tu ne me feras jamais plus la belle endormie, j’ai trouvé ça violent ; ta passivité me donnait envie de te faire mal. Je ne supportais pas que tu ne réagisses pas. Promets-moi que tu ne le feras plus ! Je ne supporte pas l’idée que tu m’ignore, ou que je te laisse indifférent !
– je te le promets ! Lui dis-je en l’embrassant pendant que ma main attrape son sexe qui gonfle aussitôt. Je le tiens un moment puis commence à le branler doucement. Jeff ferme les yeux, prêt à se soumettre à mes caprices et j’en profite pour m’en aller en riant.
– ça c’est pour notre premier jour ici ! Je lui crie en descendant l’escalier, finis toi tout seul ou attend moi !
Je l’entends marmonner quelque chose d’indistinct pendant que je cours dans le sentier pour rejoindre le parking. Quand j’arrive au club Vanessa m’accueille froidement.
– on pensait que tu ne reviendrais plus ! Mais qu’est-ce qui t’arrive en ce moment ? Tu es étrange ! puis se collant à moi elle ajoute :
– tu m’as manqué beauté, viens, que je te poudre le corps…
– arrête Vanessa ! J’ai cédé une fois mais maintenant c’est fini ! Je t’ai dit que je n’aimais pas les femmes. Je l’ai fait pour toi, parce que tu m’as supplié, mais je ne veux plus recommencer !
– oh, ne me dis pas que tu n’as pas aimé ça, je t’ai vu ! J’ai vu ton regard pendant que tu me léchais, j’ai senti tes mains sur moi ; tes baisers ! Je sais que ce n’est pas aussi clair que tu le dis !
– c’est vrai, j’étais troublée mais je ne le suis plus. Je sais qui je suis et ce que j’aime ; et je ne t’aime pas ! Ce que nous avons fait ne veut rien dire pour moi. C’était un moment, et c’est fini. Maintenant, je vais aller me préparer toute seule si tu veux bien ! Je tourne les talons, la plantant là.
Je m’habille et me coiffe, puis la soirée commence et les clients se succèdent. La salle se remplit. Elle est presque pleine quand Jeff arrive seul. Il entre, dit bonsoir à Monsieur Simon et va s’installer dans une des alcôves libres. Je me dépêche d’aller prendre sa commande avant qu’une autre serveuse ne le fasse, et j’en profite pour lui demander ce qu’il fait là.
– tu m’as laissé avec un pieu dont je n’ai pas réussi à me débarrasser, me glisse t’il à l’oreille. Je suis venu pour voir si une de tes amies pourrais me soulager, apporte moi un whisky s’il te plait, et laisse les professionnelles faire leur travail !
Et il me congédie d’un geste de la main sans un regard ; Ce même Jeff qui deux heures plus tôt me suppliait de ne pas faire preuve d’indifférence à son égard !
Mylène s’approche et commence à danser pour Jeff. Je suis furieuse et amusée en même temps, je suis sure qu’il ne va rien faire, du moins je l’espère ; osera t’il ?
Je lui apporte son verre mais il n’a d’yeux que pour Mylène qui dégrafe déjà son soutien gorge. Je remarque que Jeff bande et je lui en veux. J’ai l’impression que nous sommes devenues interchangeables et j’ai envie d’enlever ma perruque pour lui montrer que c’est moi. La danseuse frotte maintenant délicatement ses fesses sur la braguette tendue de Jeff qui incline la tête en arrière et ferme les yeux. Les mouvements deviennent plus précis et plus rapide. Jeff se redresse, me cherche du regard dans la salle, puis murmure quelque chose à Mylène qui acquiesce et ferme le rideau sur eux. Je m’approche doucement et contemple mon amie en train d’enlever lentement son string et de déboutonner le pantalon de Jeff. Elle se tient nue un moment devant lui, splendide et sculpturale, perchée sur ses hauts talons, puis elle se penche et extirpe son sexe en érection. Elle le caresse un moment tout en continuant à chalouper ; elle vient ensuite se positionner au dessus de lui et commence à le caresser avec sa vulve épilée et pulpeuse, un préservatif déjà dans la main, mais Jeff la repousse. Il replace la main de Mylène sur son membre dressé et l’incite à reprendre son mouvement de va et vient, tendant jusqu’au bout la peau de sa verge, et remontant ensuite sa main serrée jusqu’à l’extrémité de son gland. Je suis éblouie par la beauté de Jeff et l’érotisme qu’il dégage. Son sexe, aux proportions parfaites, luit à la lumières douces des lampes tamisées. Il commence déjà à éjecter quelques gouttes de sperme. J’ai l’impression de ressentir ce qu’il ressent. Je peux imaginer la sensation de la main de Mylène sur sa verge. Cette verge que je connais si bien ; que j’ai parcouru de ma langue sans omettre un millimètre de peau. Il ferme à nouveau les yeux et pousse un soupir. Elle pose délicatement ses seins sur son visage ; Jeff rouvre les yeux, me cherche du regard et quand il a accroché mes yeux fascinés dans les siens provocants, il lèche ostensiblement un sein offert. Je les contemple tous les deux un moment, lui, léchant, elle, branlant ; Je sais ce qu’il est en train de faire ; il tente de m’obliger à entrer dans son jeu ; mais je ne le ferai pas ! En même temps que je prends cette résolution, une boule d’angoisse m’envahit, et une intense sensation de tristesse l’accompagne. Je le contemple, prenant du plaisir avec une autre que moi, acceptant et encourageant une caresse qui va le conduire à l’orgasme, sa langue léchant ostensiblement la poitrine généreuse et splendide de la danseuse…soudain, quand Mylène approche sa bouche de son gland pour le sucer, dans un mouvement instinctif, je surgis et l’écarte vivement.
– mais qu’est ce que tu fais ? me dit-elle, tu n’as même pas le droit d’être là, vas t’en avant qu’on se fasse virer toutes les deux !
– Je ne peux pas te laisser faire ça ! Dis-je en m’adressant autant à Mylène qu’à Jeff. Dis lui Jeff, que tu ne fais ça que pour me provoquer ! Jeff a assisté à toute la scène un petit sourire aux lèvres.
– moi je prendrais celle des deux qui acceptera de me soulager de mon érection, dit-il d’un ton détaché, parce que, rappelle-toi Chloé, tu m’as dit de me débrouiller tout seul ou de t’attendre ! Mais je n’avais envie d’aucun des deux ! Alors, soit c’est maintenant ! Soit c’est elle ! Dit-il en désignant Mylène.
– il est vraiment tordu ce mec, répond-elle, vas y alors ! Qu’on en termine et ne mêlez pas à vos histoires, j’ai horreur de ça ! Elle s’apprête à s’en aller mais je la retiens.
– Je ne peux pas rester seule ici, tu le sais bien, il faut que tu attendes !
– mais je fais quoi moi pendant que tu le paluches ; je tricote ?
– Non ! Tu regardes ou tu participes si tu veux… Dit Jeff avec le regard d’un gros chat qui vient d’attraper une souris et qui s’apprête à s’en régaler. Mylène esquisse un sourire et se campe derrière le fauteuil ; Jeff me fait signe de m’approcher et m’attire vers lui jusqu’à ce que je m’asseye sur ses jambes, puis il m’embrasse tendrement.
– je vois bien que tu es fâchée Chloé. J’ai tendance à tout prendre pour un défi. J’ai juste oublié que tu ne plaisantais pas avec ça et tu sais que je t’aime, alors si tu veux on s’en va discrètement et on rentre faire l’amour à la maison !
Je sais qu’il voudrait que je m’en aille, que c’est une manière détournée de m’inciter à quitter mon travail définitivement comme il en a déjà manifesté le souhait à plusieurs reprises mais je ne veux pas lui donner cette satisfaction. Je veux garder mon travail et mon indépendance financière.
– Tu sais bien que je ne peux pas partir maintenant ! Mais je vais m’occuper de toi, ne t’inquiète pas ! Après tout, c’est pour cela qu’on me paye ! Dis-je en colère. Je te suce et après tu t’en va ! D’accord ? Mais, sache que je te déteste de m’imposer ça !
Jeff ne semble pas tenir compte de mes propos ni du ton cassant de ma voix. Il a autre chose en tête. Il dégrafe rapidement les boutons de mon boléro et libérant mes seins, les saisis tendrement en les embrassant à pleine bouche. Puis levant les yeux vers moi, il me regarde un long moment avec des yeux empli d’amour avant de m’embrasser tout doucement en murmurant des mots tendres. Ma colère, que j’essai de garder vivace, se dissipe sous l’effet de ses caresses et des ses paroles. Me sentant faiblir, ses baisers deviennent plus pressants et je sens sa bite se raidir entre mes jambes. Il enlève complètement mon boléro et malaxe ma poitrine de ses mains douces, pendant que renversant la tête en arrière, il invite Mylène à l’embrasser. Leurs bouches se touchent, leurs langues s’emmêlent, et mon excitation décuple en même temps que ma colère revient. Je décolle leurs visages avec mes mains, puis saisissant la figure de Mylène, l’embrasse à mon tour. Sa bouche est douce et tendre, sa langue furette à l’intérieur ; elle a un gout de menthe ; sa salive coule dans ma gorge. Elle pose délicatement ses mains sur mes épaules, puis les faisant glisser le long de mes bras, rejoint les mains de Jeff sur mes seins. Jeff lui laisse la place et nos bouches toujours arrimées l’une à l’autre, je les sens voleter sur mes tétons. Sa caresse est douce et irrésistible. Jeff en profite pour glisser une main entre mes cuisses et écartant ma culotte, commence à caresser ma fente ruisselante. Mylène a posé ses seins sur la tête de Jeff pour me les rendre plus accessible et j’en fais rouler les mamelons entre mes doigts ; elle gémit dans ma bouche ; Je n’ai plus envie de lâcher ses lèvres et je rêve d’une petite langue s’immisçant dans ma vulve excitée. Mais Jeff se lasse de n’être que spectateur ; il nous sépare délicatement et m’invite à me lever. Il glisse alors ses mains sous ma petite jupe et fait rapidement tomber ma culotte. Il caresse mes fesses un moment puis me faisant pivoter, me demande de m’incliner en avant. Je m’accroche à la barre placée face à moi, lui présentant ma fente déjà ouverte. Il y glisse délicatement sa langue qu’il fait descendre de mon anus à mon clitoris en un long coup de langue. Mylène rit doucement et lui dit qu’elle veut bien le même traitement quand il en aura fini avec moi. Mais Jeff la regarde à peine et lui suggère de s’occuper de moi. Elle se glisse dans l’anse de mes bras accrochés à la barre et appuyé à celle-ci, commence à malaxer tendrement mes tétons en me gratifiant d’un clin d’œil complice. Jeff qui a suivi attentivement la manœuvre, réintroduit sa langue dans mon sexe et me lèche un moment. La sensation de sa langue me plait mais les baisers voluptueux de Mylène ont réveillés en moi des souvenirs de cunnilingus beaucoup plus excitant encore ; Voyant que je ne réagis pas autant qu’il le voudrait, Jeff me tire en arrière et viens m’assoir sur son sexe. Celui-ci pénètre lentement en moi et la tension qui me nouaient le ventre jusque là, disparait enfin, laissant la place au plaisir. Mylène à suivi le mouvement et m’embrasse encore, bien que moins assurée. Elle vient d’être éjectée de notre triangle amoureux. Jeff a du intercepter son regard hésitant et lui dit, sans lui accorder véritablement d’attention tant il est concentré sur mon plaisir :
– Continue à t’occuper de ses seins et branles toi si ça te fais plaisir !
Mylène, debout devant moi, recommence à malaxer mes tétons déjà durs, puis elle glisse une main entre ses jambes et caresse lentement sa vulve sous mes yeux attentifs. Jeff donne un rythme à mon bassin, le faisant aller et venir sur son membre. Je regarde hypnotisée la main de Mylène, qui a maintenant atteint son clitoris et qui le caresse en petits cercles précis. J’approche mon visage lentement, comme attiré malgré moi, tout en accompagnant Jeff dans ses mouvements. Je pose ma bouche à la hauteur de son pubis, à la surprise de tous, y compris la mienne. Pendant que je frotte mon visage contre son aine, suivant des yeux le mouvement de son doigt sur son bouton, Jeff pousse fort en moi, et je me laisse glisser le long de son sexe pour le ressortir rapidement. Ma langue s’enhardit et lèche le doigt de Mylène qui s’agite. je descends ensuite vers ses grandes lèvres écartées que je couvre de petits baisers. Mylène dont le plaisir monte, attrape un de ses seins et pince son mamelon sans ménagement. Un son doux et étouffé s’échappe de sa gorge ; on dirait qu’elle chante. J’enfouie alors ma bouche dans le pli de son haine. Par moment, ma langue s’égare et vient frôler son bouton. La proximité de son sexe, qu’elle caresse d’un doigt rapide et habile, son odeur acide et excitante, la bite de Jeff qui me tient et me laboure, font monter mon plaisir très vite et quand l’orgasme m’emporte, je jouis, ma bouche collée au sexe de Mylène pour étouffer mes cris. Mylène a atteint l’orgasme en même temps, et je sens Jeff éjaculer en moi. Nous restons quelques instant rivées les uns aux autres, probablement tous un peu surpris de ce que nous venons de vivre, puis Mylène, professionnelle comme toujours, se rhabille et s’en va discrètement, pendant que je rajuste mon boléro. Ma culotte traine toujours par terre et je n’ais que le temps de la pousser sous le fauteuil quand Monsieur Simon passe la tête par le rideau pour demander si tout va bien. De là où il est, je ne sais pas s’il voit Jeff, dont le sexe flaccide repose sur son pantalon défait.
– oui, tout va bien, je reprenais juste le verre. Dis-je en attrapant celui-ci sur la table basse, oubliant que je n’ai pas de culotte. Quand je me retourne, Monsieur Simon n’est plus là. Je regarde Jeff se rhabiller ; il semble un peu distant. Il se lève lentement et je l’embrasse tendrement en lui piquant au passage quelques billets pour Mylène. Il quitte le club en me faisant promettre de rentrer rapidement. Je rejoints Mylène en coulisse et lui glisse les billets en lui faisant jurer de garder le secret. Elle me sourit et me murmure à l’oreille :
– il est craquant ton mec, on refait ça quand tu veux !
Vanessa nous observe de loin, suspicieuse, mais elle ne peut pas entendre ce que nous disons. Je ne réponds pas à Mylène, car je n’ai pas envie de lui dire à quel point, malgré le plaisir que j’y ai pris, ce triangle amoureux m’a mis mal à l’aise. Je n’avais pas imaginé partager Jeff avec qui que se soit ; et même si ma récente aventure avec Vanessa ne me donne pas le droit de me poser en moralisatrice, je n’ai pas aimé la provocation de Jeff qui pousse toujours les jeux trop loin à mon goût. Je me vois soudain à travers les yeux de Jeff, ma bouche contre le sexe de Mylène, et une nouvelle fois l’angoisse me submerge. Qu’est-ce qui m’arrive en ce moment ? Comment suis-je devenue soudainement capable de dépasser les limites qui régissaient ma vie sexuelle jusqu’à présent ? Comment Jeff va-t-il réagir à ce que nous venons de vivre ? Il peut être si possessif et si excessif !
Je me replonge dans le travail en tachant de chasser au mieux toutes ces pensées qui me parasitent. La soirée se termine sans problèmes particuliers même si je surprends Monsieur Simon en train de m’observer attentivement à plusieurs reprises. J’espère que je ne vais pas perdre mon travail en plus de la villa ! Je me retrouverai complètement dépendante de Jeff et cette idée ne me réjouit pas. Je rentre à l’hôtel où l’ineffable portier m’attend, comme la fois précédente, et malgré le plaisir que je ressens à être ainsi prise en charge, je ne peux m’empêcher d’être exaspéré par cette ingérence. Je préfèrerai de loin garer ma voiture toute seule et rentrer dans mon appartement.
A la villa, Jeff travaille sur son ordinateur. Il s’interrompt à mon arrivée et me demande si je vais bien.
– ça va, je suis fatiguée et je crains d’avoir des problèmes avec Monsieur Simon ; tu n’aurais pas du venir, Jeff ! Tu vas me mettre en difficulté !
Il me regarde, puis un fin sourire se dessine sur son visage :
– il m’a semblé que tu n’avais pas détesté ma présence…ni celle de ton amie, d’ailleurs. Je ne savais pas que tu aimais brouter des minous !
-« Jeff, j’ai laissé les choses se faire sans y réfléchir ; je n’avais jamais fait ça avant, dis-je en mentant ; je te le jure ! Mais, elle était là, elle avait tenu ta bite dans sa main ! Elle t’avait branlé ! J’étais jalouse, et en même temps je voulais partager ça avec vous ! Et puis c’est excitant une belle femme qui se caresse ; ce n’est pas toi qui va me dire le contraire. De là à tirer des conclusions rapides sur ma sexualité, tu exagères !
– je n’en tire aucune conclusion, ma Chloé ! J’ai juste vu ta bouche sur sa chatte, ce n’est pas une déduction, c’est un fait ! dit-il en m’embrassant et en me mordillant la langue, et je suis jaloux d’elle ! Il me serre fort contre lui, puis il m’attrape sous les fesses et me portant jusqu’au canapé, m’allonge en ajoutant :
– je vais te montrer ce qu’un vrai mec peut t’apporter et on verra si tu veux encore fourrer ta langue dans un petit minou !
Il me déshabille fébrilement. Il a l’air de plaisanter mais je commence à le connaitre et je sais qu’il est très sérieux. Il manque terriblement de confiance en lui sous cette assurance affichée, et cette perte de contrôle l’a mis en difficulté. Dès qu’il a réussi à descendre mon pantalon que je l’aide à faire glisser le long de mes jambes, il écarte ma culotte, et me pénètre vigoureusement. Je suis rassasiée de sexe, mais je me laisse faire. Jeff est si expert qu’il est capable de me donner du plaisir même quand je suis vraiment en colère contre lui ou si fatigué que mes yeux peinent à rester ouverts. Il va et vient à grand coup, sans s’arrêter ni perdre le rythme qu’il a imprimé à son bassin ; il halète au dessus de moi et je le sens commencer à se dilater dans mon vagin. Je suis loin d’en être au même stade que lui, et il se trouve obligé de ralentir, pour finir par s’arrêter, sous peine d’éjaculer.
– qu’est-ce que tu as ? Tu n’aimes pas ça ? Dit-il, vexé, tu préfère peut-être la langue de ta copine ?
– Jeff, ne me parle pas comme ça ! Tu es allé plus vite que moi, c’est tout, et puis je suis fatiguée !
– tu ne semblais pas fatiguée tout à l’heure quant tu lui bouffais la moule !
– tu es nul quand tu parles comme ça ! Et je me retire brusquement, m’extirpant de sous son corps puissant et lourd, mais il ne se laisse pas faire :
– reste là, on n’a pas fini ! Je vais te montrer que c’est de moi que tu as besoin !
Enervé, je lui rétorque :
– qu’est-ce que tu en sais d’abord ? » je le regrette en le disant mais il est trop tard. Jeff se redresse, me toise de toute sa hauteur, et dit :
– et toi ? Qu’est-ce que tu en sais ? Hein ? Tu t’amuse avec tes petites copines du club, c’est ça ? Vous jouez à tripote minou ensemble ?
– Jeff, tu deviens ridicule !
– non, je ne suis pas ridicule ! Je viens de découvrir que la femme que j’aime préfère tremper sa langue dans la chatte d’une gonzesse, plutôt que de baiser avec moi !
– tu n’as rien découvert du tout ; tu te racontes des histoires tout seul depuis tout à l’heure ! Maintenant laisse moi tranquille ; je vais dormir je suis fatiguée !
Je tente d’échapper à son étreinte puissante mais il ne m’en empêche. Il me tire violement vers lui, écartant mes jambes et maintenant mon bassin fermement avec ses deux mains, enfoui son visage dans ma fente qu’il lèche sans préliminaire. Il se concentre sur mon clitoris qui réagit vite malgré ma vive exaspération ; mais j’ai constaté qu’avec lui, j’avais encore plus de plaisir quand il me contraignait. Je ne le lui ai pas dit, sinon il risquerait de passer son temps à m’attacher et à me bâillonner ! Sa langue fouille inexorablement ma chatte et l’orgasme monte malgré moi ; si je jouis, il va réussir à prouver ses assertions et nous repartirons dans une conversation stérile. Mais je ne peux rien contre les sensations orgasmiques qui m’étreignent et je fini par jouir dans un bref, mais fort, gémissement de plaisir. Il me regarde un moment mais ne dit rien. Il se relève, remonte son pantalon et s’en va sans un regard, essuyant sa bouche avec sa manche. Je reste pantelante, jambes écartées et je me sens salie et stupide. Puis une idée me vient. Je le rejoins à son bureau sans avoir pris la peine de me rhabiller, et, faisant pivoter son fauteuil vers moi, le force à me regarder. Je le laisse me contempler un moment. Dans son regard se mêlent envie et dédain.
– Très bien lui dis-je, tu viens de démontrer que j’étais lesbienne, à moi de te prouver autre chose !
Il me regarde, interloqué, curieux de voir ce que je vais lui dire, mais je n’ajoute rien et commence à frotter mes fesses nues sur son pantalon jusqu’à ce que je le sente durcir. Une fois qu’il est bien raide, je dégage sa bite dressée et, après avoir mouillé mon anus avec mon doigt, m’assois lentement sur sa verge qui résiste à rentrer. Mon muscle anal est contracté et j’ai du mal à le laisser s’introduire. En forçant, il finit par pénétrer un peu ; la sensation de douleur laisse peu à peu la place au plaisir et bientôt son sexe disparait entièrement dans mon cul. Appuyé sur les accoudoirs, je monte et je descends le long de sa verge de plus en plus frémissante. Il me faut peu de temps pour amener Jeff au bord de la jouissance, puis, le plaisir me gagne aussi, et quand je le sens enfin partir et éjaculer en moi, je jouis en un long cri assourdi par les grognements rauques de Jeff. Je ne connais pas un seul homme qui résiste à la sodomie ; ce que je ne cesse de trouver étrange. Enfin soulagée, je m’assieds sur ses genoux, son sexe prisonnier de mon anus serré. Je tourne ma tête vers lui et l’embrassant tendrement lui dit :
– et maintenant, tu vas dire que je suis PD ?
Jeff est tellement surpris par cette répartie qu’il explose de rire. Il se serre contre moi et dit :
– OK, tu as gagnée ! Ma Chloé, tu es la plus forte ! Tu peux jouir comme tu veux après tout, tant que c’est avec moi ! ».
– merci mon amour, je te retourne le compliment ! Ne viens plus jamais te faire branler au club par une de mes copines de minou, s’il te plait !
– d’accord, Madame ; va dormir, maintenant ! Je te baiserai plus tard, quand j’aurai fini de travailler !
– certainement pas ! Tu vas me laisser dormir !
– c’est ce qu’on verra ! dit-il en remontant son pantalon et en se désintéressant de moi pour se pencher à nouveau sur les graphiques qu’affiche son écran d’ordinateur. Je monte dans la chambre en espérant qu’il travaillera très tard et me laissera dormir longtemps.
Je ne sais à quelle heure il se couche, mais dès qu’il s’allonge dans le lit, il se colle contre moi et commence à m’embrasser. Je suis réveillée par ses baisers auxquels je réponds avec fougue malgré le sommeil encore présent et nous faisons l’amour tendrement, sans défi ni énervement, et je jouis avec une immense satisfaction pour sombrer à nouveau dans un profond sommeil. Après cet épisode un peu délicat nous reprenons une vie presque normale ; dans la journée nous sommes ensemble, sauf quand Jeff a des obligations professionnelles. Nous faisons de longues promenades, nous faisons l’amour, et nous faisons du shopping, encore et toujours.
J’ai le sentiment que Jeff pourrais m’acheter des boutiques entières. Mon dressing regorge de vêtements que je ne mettrais probablement jamais, mais il est si heureux de me les offrir qu’il me vient un moment à l’idée de lui proposer de m’acheter directement un magasin ; mais je me retiens car il serait capable de me prendre au mot. Je tente de me persuader que notre relation peut fonctionner malgré les différents problèmes que nous avons rencontrés. Je commence à savoir certaines choses sur Jeff qui rendent notre relations plus tendues et potentiellement conflictuelle mais je ne peux malgré cela réprimer le profond sentiment d’amour que je ressens pour lui. Chaque fois que je pars travailler, je suis tiraillée entre regret de le quitter et bonheur de m’évader ; chaque soir quand je le retrouve, je suis submergée par une vague intense de joie et de plaisir ; je n’arrive plus à imaginer une vie où il ne serait pas mais sa présence permanente à l’hôtel est parfois pesante.
Malgré ces contradictions, notre relation semble stable et je fini par m’habituer à la villa. J’ai tout de même exigé que plus aucun cuisinier ne rode dans la maison car Jeff est toujours aussi peu attentif à ce qui se passe autour de lui et je pense que si l’envie lui en prenait, il serait capable de me faire l’amour dans un lieu public sans se préoccuper des gens qui l’entourent.
Le soir, je me rends au club où mes relations avec et Mylène ont changées. Elles sont plus distantes bien que parfois nous échangions des regards complices, comme deux personnes qui partagent un secret. Vanessa nous observe souvent, et même si je sais que Mylène ne dira rien, je pense que Vanessa a des soupçons. Je m’accommode tant bien que mal de ces relations complexes et exécute mon travail à la perfection pour ne pas m’attirer les foudres de Monsieur Simon qui m’a quelques temps tenu à l’œil. A la fin de mon service, je rentre retrouver Jeff et nous mangeons ensemble, nous faisons l’amour et nous dormons. Dans des ordres différents suivant les jours. Nous pourrions continuer ainsi indéfiniment ; pourtant il manque quelque chose à notre vie. Nous ne pouvons pas nous contenter de nos corps pour nous rassasier pleinement. J’aimerai aller à des spectacles, être invité dans des soirées, sortir avec des amis. Mais Jeff ne fréquente que des hommes d’affaires comme lui et ils sont d’un ennui mortel. Tous ses amis sont à Paris et Jeff semble totalement satisfait de cette vie de couple où le sexe prime sur toute autre forme de relation. Quand je lui explique mon besoin d’une vie relationnelle, il me rétorque que je vois suffisamment de gens au club. Il semble penser que mon travail comble mes attentes en relations humaines ! De son côté, je l’observe se replier sur son bureau, son ordinateur et ses transactions qui le conduisent à se coucher de plus en plus tard, de plus en plus tendu et énervé.
Malgré ses dénégations, je vois bien qu’il ne va pas si bien qu’il le dit, j’en suis persuadée, même si lui ne veut pas l’admettre. J’aimerai l’aider mais il élude toute conversation à ce sujet. Il se contente de me serrer dans ses bras et de m’embrasser pour me faire taire. Qu’est devenu cet homme joyeux, noceur, qui faisait la une des magasines people quelques mois auparavant pour ses frasques amoureuses et nocturnes ? Je suis flattée qu’un homme comme lui m’ait choisi pour compagne et qu’il me consacre autant d’attention, mais je ne peux m’empêcher de m’interroger sur cette métamorphose. Où est passé le dandy mondain qu’il était encore au moment de notre rencontre ?
Un soir, je rentre à l’hôtel ; Jeff est affalé sur un canapé et sirote un verre en pianotant sur son ordinateur. Il s’arrête à mon arrivée et se lève pour m’embrasser mais je me recule, rebutée par la forte odeur d’alcool qui se dégage de lui. C’est la deuxième fois depuis que je le connais que Jeff boit beaucoup, mais à la différence de la soirée parisienne, Martin n’est pas là pour me tenir compagnie. Je décide d’aborder le problème avec lui :
– Jeff, mon amour, je n’ai jamais eu l’occasion de te parler de moi, mais il y a une chose que tu dois savoir pour comprendre ce que je vais te demander ensuite. Mon père était alcoolique et nous a fait vivre à ma mère et moi un véritable enfer…
Jeff m’interrompt pour dire :
– ah, l’histoire de la petite fille pauvre, élevée dans l’alcool et la violence au fond d’une cité HLM ; je me demandais quand tu allais m’en parler…
– Je vois que tu as déjà bien entamé la bouteille…alors pour ta gouverne, sache que je ne viens ni d’une citée de banlieue, ni d’un milieu défavorisé. Mes parents étaient tous les deux professeur d’université et gagnaient très bien leur vie. J’ai vécu dans un quartier très bourgeois. L’alcoolisme ne se trouve pas que chez les pauvres et les imbéciles. Mon père était un intellectuel remarquable, mais l’alcool lui a fait perdre tout bon sens. Il est devenu violent autant avec nous qu’avec ses collègues et ses étudiants, et a fini par démissionner. Ma mère ne s’en est jamais remise, et ne lui a jamais pardonné. Il a fini sa vie tout seul, au milieu des cadavres de bouteilles. Rien n’a pu lui faire entendre raison !
– ma Chloé, dit Jeff emphatique, vient dans mes bras que je te serre pour te faire oublier tes malheurs.
Il s’avance vers moi en titubant mais je l’évite.
– va te faire foutre, je ne revivrai plus jamais ça ! Je refuse ! Je n’ai pas pu changer mon père et je n’ai pas l’intention de te changer ! Continue à boire à ma santé !
Je tourne les talons, m’apprêtant à monter me coucher, quand Jeff m’attrape brutalement par le bras, me tire en arrière et me colle une langue pâteuse dans la bouche. Je le repousse violement, tachant de me dégager de son étreinte rude mais il est fort et déterminé. Il promène ses mains lourdes sur mon corps, détaillant tout ce qu’il touche. Il retrousse mon pull et attrape un sein qu’il tord pour l’atteindre avec sa bouche. Il tète un moment mon mamelon qui se rétracte sous sa langue, ce qui l’irrite passablement.
– viens baiser ma Chloé, ça va te détendre ! Viens, je vais te ramoner un bon coup et après tu oublieras ton vilain papa ! Oh, le vilain papa qui buvait au lieu de baiser maman comme un bon père de famille ! C’est ça qu’elle aurait voulu, hein ? Qu’il la baise ; qu’il la baise bien ! Mais moi je ne ferai pas la même erreur ! Je vais te baiser si fort que tu ne voudras plus jamais faire l’amour avec personne d’autre ! Heureusement pour moi, Jeff vacille et je profite d’une perte d’équilibre qui le contraint à s’appuyer au mur, pour me dégager. J’attrape mon sac posé dans l’entrée et je jaillis hors de la villa sans attendre qu’il se ressaisisse. Je me précipite vers ma voiture, pour une fois encore au garage. Je dois déranger le concierge ; celui ci se confond en excuse en me remettant les clés mais je ne l’écoute pas ; je veux m’éloigner d’ici au plus vite. Ces gens me répugnent, Ce lieu me répugne ! L’obséquiosité constante du personnel m’est insupportable ! Je voudrais, qu’une fois dans leur vie, ils disent ce qu’ils pensent vraiment :
– eh oui, ma belle, tu t’es bien fait baiser ! Comment pouvais-tu imaginer qu’un homme comme lui pouvait réellement s’intéresser à une fille comme toi ! D’où viens-tu ? Qui es-tu ? Une femme de ménage à la limite de la prostitution dans un club de vieux pervers ? Une belle plante qui a cru que son corps lui servirait de passeport pour une vie meilleure ?
Je cours, m’engouffre dans l’habitacle, démarre et sors de l’hôtel. Arrivée au bout de l’allée, je m’arête ; je ne sais pas ou aller et sans que je n’y puisse rien, les larmes montent et je me mets à pleurer à longs sanglots désespérés. J’aimerai tant retrouver le confort sécurisant de mon studio à la villa, mais j’ai laissé les clés en partant et je n’envisage pas une seule seconde de retourner voir Monsieur pour récupérer mon logement. Je flotte un moment, incertaine, imaginant le regard condescendant des gens que j’ai rencontré avec Jeff ! Comme ils ont du me trouver pitoyable ! Soudain une idée émerge du brouillard de mon esprit torturé : Vanessa ! Voilà ma solution au moins pour ce soir. Elle au moins ne me jugera pas ! Elle ne sait pas grand-chose de ma vie mais elle en partage actuellement une partie non négligeable. Je fais un effort démesurer pour tempérer cette irrépressible envie de pleurer éternellement, et compose son numéro. Elle me répond d’une voix ensommeillée au bout de quelques sonneries. Au début elle est froide et peu amène, mais entendant les tremblements dans ma voix, elle me donne son adresse et me dit de venir au plus vite. Je conduis pratiquement à l’aveuglette tant je suis décomposée. J’ai le sentiment épouvantable d’avoir tout perdu ; mon amour, mon toit, ma sécurité et peut-être mon travail si Monsieur Simon le décide. J’ai beau savoir que ce qui vient de se passer n’a probablement que peu de rapport avec moi, c’est tout de même moi qui l’ai subi et je hais Jeff de m’avoir traité ainsi.
Quand j’arrive chez Vanessa, elle m’attend devant la porte de son appartement dans un joli pyjama à rayures qui lui donne un air enfantin. Ses longs cheveux bruns et lisses glissent sur ses épaules quand elle bouge. Elle me prend dans ses bras et m’entraine à l’intérieur.
– viens, nous parlerons plus tard, tu as besoin d’une bonne nuit de sommeil.
Elle me conduit jusqu’à sa chambre, me débarrasse de mon manteau, de mes chaussures, de mon jean et me couche dans son lit.
– ça ne t’embête pas si je dors avec toi, le canapé n’est pas très confortable ? me demande-t-elle.
– non, ça ne me dérange pas. Je peux dormir sur le canapé si tu veux. Je ne veux pas te déranger !
– mais non, tu ne me dérange pas ; mais demain tu me raconteras ce que tu as fabriqué avec Mylène l’autre soir ! ajoute-t-elle avec un petit sourire.
J’ai du m’endormir à la fin de sa phrase et plonger dans un profond sommeil. Quand je me réveille, la journée est bien entamée et je suis seule dans le lit. Je me lève et trouve Vanessa en train de zapper devant une petite télé.
– bonjour marmotte, tu te sens mieux ?
– je ne sais pas, j’ai dormi comme une masse et pourtant j’ai l’impression d’être toujours fatiguée ».
– alors, tu me raconte ?
– quoi ? Mylène ?
– mais non, je m’en fiche de Mylène ! Ce qui t’arrive pour que tu te retrouve en pleine nuit sans aucun endroit où dormir !
Je lui explique succinctement ma relation compliquée avec Jeff. La passion, les excès, l’amour que j’ai pour lui, son attitude inadmissible de la veille… Vanessa opine mais ne dit rien. Elle se retourne et attrape mon téléphone qui est posé sur une petite table derrière elle.
– je crois qu’il a appelé cent cinquante fois depuis que tu es arrivée. J’ai du me lever pour l’éteindre tellement j’en avais marre de l’entendre sonner.
– oh, je suis désolée, j’aurai du y penser mais j’étais si bouleversée…
– ne t’en fais pas. Tu dois plutôt réfléchir à ce que tu veux faire. Tu peux rester ici tant que tu veux, tu partageras mon lit, ce qui ne me déplaît pas, tu le sais…
Elle sourit. Elle a pris mes mains dans les siennes et les pressent doucement. Touchée par sa gentillesse, je me blottie dans ses bras et recommence à pleurer tout en m’excusant.
– ce n’est rien, pleures tant que tu veux. Nous réfléchirons après.
Nous restons un long moment ainsi, lovée l’une contre l’autre et la chaleur de son corps me fait du bien. Elle a une présence douce et tendre que je n’ai jamais connu chez une femme, surtout pas chez ma mère. Finalement je me ressaisis et me décide de rallumer mon téléphone. En composant le numéro de la messagerie j’apprends qu’elle est saturée mais je ne me sens pas la force d’écouter tous les messages qui à n’en pas douter sont de Jeff. Je tends le téléphone à Vanessa et lui demande de les effacer tous. Elle s’en saisit et, à ma demande, se replie dans la salle de bain pour que je n’entende rien. Elle revient au bout d’un long moment avec un air grave :
– j’ai du en écouter quelques uns et j’avoue que j’ai rarement entendu un mec aussi amoureux. Je ne sais pas ce que tu comptes faire, mais prend le temps, parce qu’il me semble qu’il est vraiment malheureux.
– je ne veux pas revivre ça, Vanessa ! Je ne veux plus jamais me retrouver avec un homme saoul en face de moi.
Elle rigole :
– tu as bien choisi ton travail, on dirait !
– mais ce n’est pas pareil, je n’ai pas à les supporter à la maison ! Je ne vis pas avec eux, et je ne les aime pas !
– ouais, c’est quand même là que tu l’as rencontré, souviens t’en ! Tu t’attendais à quoi ?
– tu as raison, c’est de la folie de sortir avec un client ! Tu me l’avais dis, mais j’étais tellement amoureuse…
– pourquoi, tu ne l’es plus ?
– je ne sais plus ce que je ressens pour lui. Tout s’emmêle à cause de mon père, et ma haine n’est pas forcement dirigée contre Jeff. Je suis perdue Vanessa !
Elle est sur le point d’ajouter quelque chose quand le téléphone sonne. Je le regarde, je regarde Vanessa, elle hausse les sourcils, interrogative. Je décroche :
– enfin, tu réponds ! Écoute-moi, je t’en supplie ! Je te jure que je ne boirais plus jamais une goutte d’alcool ; je te le promets ; plus jamais ! Je ne veux pas te perdre. Je t’en supplie reviens ! Je veux te voir, je veux te parler en face. Mon amour, ne me laisse pas, pas maintenant ! Laisse-moi te prouver que je peux changer pour toi. Martin avait raison ! Jusqu’à présent j’ai tout bousillé autour de moi ! Mais avec toi, c’est différent ! Je t’aime ; Je ne veux pas te faire de mal. Reviens mon amour, reviens…
Sa voix tremble et un immense élan d’amour m’envahit. J’ai envie d’être dans ses bras, de l’embrasser, de le serrer fort, et de ne plus jamais détacher mon corps du sien.
– j’arrive…je murmure, puis je raccroche sous le regard lourd de Vanessa.
– je dois lui laisser une chance ; ce n’est pas mon père ! Il faut que j’arrête de fuir dès que quelque chose me rappelle mon passé ! Tu comprends n’est-ce pas ?
– non mais c’est ta vie et je t’ai encouragé à l’écouter alors fais ce que tu as à faire ; vas-y file ! Je dirai à Monsieur Simon que tu es malade, va retrouver ton Don Juan ! Elle me tourne le dos et part s’enfermer dans sa chambre.
J’entrouvre la porte et lui dit :
– merci Vanessa, merci de m’avoir hébergée, et consolée ; je te revaudrai ça ! Je te le jure !
– ne fais pas de promesse que tu ne pourras pas tenir ! me crie-t-elle pendant que je m’en vais.
Je suis à l’hôtel en dix minutes et je cours jusqu’à la villa ou je me jette dans les bras de Jeff qui m’attend devant la porte. Il à l’air épuisé et manque tomber quand je me pends à son cou. Nous nous regardons un moment, serré l’un contre l’autre et quand il s’apprête à parler je pose un doigt sur sa bouche pour le faire taire. Il n’est pas temps pour les excuses et les remords. Je sais ce que je fais, j’ai déjà vécu ça. Les atermoiements n’y changeront rien ! J’ai besoin de lui, un besoin si fort que je ne peux le contrôler et quoi qu’il fasse, m’éloigner de lui, le perdre, représente une torture que je ne peux envisager.
Nous nous hissons tant bien que mal jusqu’à la chambre sans nous lâcher. Il fait encore soleil mais le ciel s’assombri déjà à l’est pendant que la baie de Cannes s’embrase d’un rouge profond. Jeff ferme les stores à l’aide de la télécommande et nous tombons dans l’immense lit qui ploie à peine sous nos corps fatigués. Il tâtonne et trouve mon tee-shirt qu’il fait glisser par-dessus ma tête puis il déboutonne mon pantalon le descend en même temps que ma culotte et dégrafe mon soutien gorge. Il se déshabille tout aussi rapidement et nous nous retrouvons enfin nus, l’un contre l’autre, dans une obscurité totale. La chaleur de son corps contre le mien est un vrai bonheur. J’ai l’impression d’être revenu à mon port d’attache. Jeff me tiens serrée contre lui ; il a posé sa tête dans mon cou et je sens sa respiration saccadée s’apaiser peu à peu. Nous restons longtemps ainsi et nous dormons probablement un moment mais nos corps ne sont pas rassasiés et l’envie est plus forte que la fatigue. Je suis la première à céder à la tentation. Je caresse son torse puis ses fesses en enfonçant ma langue dans sa bouche affamée et, libérés de toute entrave, en manque l’un de l’autre, nous cédons à la folie de notre désir. Nos mains deviennent frénétiques, elles courent sur nos corps brulants, attrapant tout, caressant chaque partie. Nos bouches sont soudées en un long baiser enflammé dans lequel nos langues s’emmêlent, se cherchent, s’attrapent, s’enroulent, et exhalent nos gémissement et nos halètements partagés. Finalement, je guide Jeff qui s’introduit en moi, renforçant encore la passion qui nous rend fébrile. Le besoin est si intense que nos mouvements sont désordonnés ; mon corps aspire son corps au plus profond et le sien lui répond à coups de rein fiévreux. J’ai l’impression que nous nous sommes fondus l’un dans l’autre et notre orgasme est si intense qu’il me semble que nous ne formons plus qu’un seul et même corps, même si cette jouissance ne nous apaise qu’un temps. Nous passons ainsi plusieurs heures à alterner sommeil et sexe sans que jamais Jeff ne sorte de mon corps. Son sexe mou reste en moi, englué dans le sperme et les sécrétions. Il se raidit au moindre mouvement de mon vagin et je réagis à chaque début d’érection. Cette intensité nous tiens en haleine longtemps, puis vient enfin une phase d’apaisement ou nous nous autorisons à dormir profondément. Jeff a glissé légèrement sur le coté ; son torse ne pèse plus sur le mien, mais nos bassins restent soudés. Quand nous nous réveillons enfin, nous sommes collés par le sperme sec et dur et nous nous arrachons littéralement l’un à l’autre.
En ouvrant les stores nous découvrons un soleil au zénith. L’après midi est juste entamé. Nous avons passé pratiquement vingt quatre heures au lit sans nous séparer. Jeff commande un petit déjeuner que nous dégustons au soleil, sur la terrasse, emmitouflé dans de gros peignoir douillet. Je me lève pour aller faire couler un bain dans la gigantesque baignoire et nous paressons longuement dans le bain chaud et parfumé d’une délicate senteur d’agrume. Il me semble, à cet instant, que toute parole viendrait rompre le charme de ce moment magique, de cette communion de nos âmes qui se sont retrouvées dans cette longue nuit d’amour. Jeff me frotte doucement les jambes et le dos avec un gant rugueux. Je me laisse faire avec un bonheur enfantin. Cependant, nous restons prudents. Nos mains évitent de rentrer en contact avec des zones érogènes, de crainte de réveiller l’envie qui semble pour le moment finalement assouvie. Pourtant, nous sentons bien, l’un et l’autre, qu’elle est proche, tapie au fond de nous et n’attend qu’un frôlement délicat pour nous embraser. Le bain m’a ramollie et m’a donné envie de retourner me coucher. Je sors de l’eau et me pelotonne dans le peignoir propre et chaud, posé sur le sèche-serviette. Jeff se lève ruisselant d’eau ; je le contemple pendant qu’il sort de la baignoire. Son torse au muscles fins et ciselés ; la démarcation prononcé de son bassin qui dessine un V et encadre son pubis au poil soyeux dans lesquels s’étend, reposé, son sexe long. Son corps est une perfection visuelle et tactile, que je ne peux m’empêcher de toucher. D’abord ses pectoraux que je détaille du bout des doigts, puis la peau de son ventre, ondulante sur les muscles saillants, ses fesses rondes et fermes, et enfin son sexe que je cueille d’une langue coquine. J’aspire le long pénis doux dans ma bouche qui se transforme rapidement en une verge dure, longue et épaisse. Son gland empli totalement ma bouche et, n’était-ce l’inconfort de la position, je pourrais le garder ainsi indéfiniment, tant son contact est agréable. Jeff me relève et m’embrasse tendrement. Nous baignons dans un nuage de buée ; les miroirs ne reflètent plus nos corps, comme si nous étions devenus éthéré. J’aime cette sensation ; nous évoluons dans un coton ouaté qui nous protège de l’extérieur, des autres. Je profite de cette intimité pour instaurer de nouvelles règles à notre vie :
– c’est le début d’une nouvelle journée, Jeff, et je ne sais pas ce que nous allons faire aujourd’hui ni les jours à venir, mais je veux commencer toutes mes journée comme cela : prendre un petit déjeuner avec toi et faire l’amour tendrement pour se dire bonjour ; dans l’ordre que tu veux, ou ensemble, tant que je te sens en moi chaque matin. Pour le reste, voyons au jour le jour comment nous arrivons à cohabiter !
– c’est un programme auquel j’adhère totalement dit Jeff, mais nous pourrons aussi essayer d’autres endroits et d’autres positions dans la journée ? Ou bien nous en aurons fini avec notre sexualité du jour ? me demande t’il, taquin.
– commençons par nous dire bonjour, nous verrons ce que les journées nous réservent ; elles n’ont pas été calmes ces derniers temps !
Jeff recule et s’assoit dans le fauteuil de la salle de bain, puis m’attirant à lui, me positionne sur sa bite dressée. Je m’y laisse glisser avec lenteur pour savourer la pénétration délicieuse et déjà mes sens sont excités. Nous faisons l’amour tendrement face à face, sans précipitation, en nous embrassant amoureusement et nous laissant finalement emporter par une jouissance voluptueuse et douce.
– comme ça tous les matins ? demande Jeff
– c’était parfait ; un bonjour idéal !
– bien, j’ai pris note ! Maintenant j’aimerai que nous nous habillions car je voudrais que tu m’aide à trouver une maison. Je ne souhaite pas plus que toi rester à l’hôtel et nous avons besoin de nous poser. Je te proposerai bien d’emménager dans mon appartement parisien mais il semble que tu veuille conserver ton travail ; alors je m’incline. Je peux traiter mes affaires d’ici et je ne veux plus jamais te quitter. Que dirais tu d’une villa sur le cap d’Antibes, ou sur les hauteurs de Cannes ? Il y a quelques maisons plutôt sympas que j’aimerai que nous visitions. Tu es d’accord ?
– il faudra que j’aille travailler ce soir mais j’ai quelques heures à te consacrer.
J’apprécie qu’il ait pris cette initiative ; je n’aurais jamais osé le lui suggérer ; cela marque un pas non négligeable dans notre relation passionnée mais chaotique, et même si je sens confusément que tout va trop vite avec lui, je suis heureuse à la perspective de quitter l’hôtel. Nous nous habillons rapidement et Jeff nous conduit sur la croisette ou nous attend une dame replète, la cinquantaine, en tailleur lainé rose à bordure blanche, permanente impeccable, maquillage parfait, petit sac en croco siglé, qui ne cesse de babiller dès qu’elle monte dans la voiture. Jeff me la présente comme une amie et me dit qu’elle va nous aider à trouver rapidement ce que nous cherchons.
– j’ai besoins de connaitre vos gouts, ma chérie me dit-elle en posant une main potelée sur mon épaule. N’hésitez pas à me donner le plus de détail possible ! Ils m’aideront à mieux vous connaitre pour ne pas vous faire perdre votre temps précieux ; puis se tournant vers Jeff : on loue ou on achète, mon chou ?
– on loue pour le moment, on achètera peut-être après, si tu me fais faire une bonne affaire, Claudine.
Claudine – donc, puisque c’est son prénom – me bombarde de question de sa voix enfantine ; questions auxquelles je réponds de mon mieux. Oui pour une maison avec jardin ; peu importe pour la piscine ; tennis je m’en fiche ; nombre de chambres, à voir plutôt avec Jeff ; vue sur la mer, ce serait parfait ; hauteur ou bord de mer peu importe…
– Je crois que j’ai ce qu’il vous faut dit-elle finalement. Une superbe villa sur les hauteurs de Cannes, quatre cent mètres carrés, six chambres, piscine, parc arboré, séjour vue sur mer, les trois caps, la baie de cannes et les iles de Lerens, un bijou ! Ou bien, deux magnifiques villas au cap d’Antibes, au bord de l’eau, avec piscines bien sur ! L’une d’elle a même un tennis ! Ça pourrait te plaire, dit-elle à Jeff, cajoleuse, tu as toujours été un grand sportif, mais la maison est plus petite. L’autre par contre a trois étages et doit faire environ six cent mètres carré.
-six cent mètres carré ? Mais nous n’avons pas besoin d’une maison aussi grande ! Je m’exclame ahurie.
– commençons par celle de Cannes, dit Jeff, elle me parait intéressante, nous verrons s’il y lieu d’aller voir les autres après.
– pour le loyer dit Claudine, mais Jeff l’interrompt :
– nous réglerons ça ensuite, voyons déjà si la maison plait à Chloé.
Claudine nous guide sur une route qui serpente sur les hauteurs de la ville. Nous nous arrêtons devant un portail qui masque une allée, laquelle disparait dans un lassis d’olivier et de cyprès. Claudine dégaine une télécommande et le portail s’ouvre sur un splendide parc. Une fois la haie dépassée, une pelouse parfaite, parsemée de d’arbres, apparait. Après deux virages, la maison se révèle à nous. A son approche, le jardin change : il est conçu comme une œuvre d’art dont les buissons, taillés pour former des sphères parfaites ou des figures ovoïdes, sont les sculptures que la pelouse rehausse de son vert tendre et délicat. Une grande esplanade dallée de longues plaques d’ardoise noires dessinent en son centre une allée qui conduit jusqu’à la maison. C’est un immense mas provençal sur deux niveaux. La gigantesque porte d’entrée en bois foncé s’ouvre avec une carte magnétique que Claudine passe délicatement devant un petit capteur encastré dans le mur. Nous entrons et je suis instantanément subjugué par la beauté des lieux. Tout est clair et simple. Un sol de dalle carré en pierre presque blanche, des murs blancs agrémentés de tableaux abstraits colorés, un mobilier en bois et cuir dans des camaïeux de beige. La maison est lumineuse et chaleureuse. La cuisine, un bijou d’esthétique et de technologie. Mais ce qui me frappe surtout c’est l’immense jardin qui s’ouvre sur la mer et qui se termine par une piscine ceinturée d’une terrasse dont les balustrades laissent apparaitre la méditerranée. La vue est époustouflante. Les iles de Lerens sont là, à portée de main ; le cap d’Antibes s’étire mollement à gauche ; plus loin, à l’est, on distingue nettement la presqu’île de Saint-Jean-Cap-Ferrat beaucoup plus avancée dans la mer ; à droite, la vue porte sur les monts qui ferment la baie de cannes à la hauteur de Mandelieu. Je sors sous le tiède soleil d’hiver et me précipite jusqu’à la piscine où des transats sont installés en arc de cercle. Je m’y installe avec un indicible bonheur et contemple avec délice cette vue féerique. Que cette côte est belle ! La ville est presque escamotée par la hauteur, dégageant la vue sur la mer dont le bleu sombre est légèrement agité ; il se pare régulièrement de la dentelle blanche des vagues qui reflux, en petites touches irrégulières, jusqu’à la côte. Des petits voiliers exhibent les triangles blancs, asymétriques et gonflés, de leurs voiles déployées. Une sensation de calme et de sérénité se dégage de ce panorama que renforce la magnificence de la pelouse parfaitement tondue, pareille à du velours, dont le vert tendre me donne envie de me rouler dans l’herbe comme un gros chat heureux.
– je crois qu’on prend celle là, dis Jeff à Claudine, n’est-ce pas Chloé ?
– oh, oui ! Je voudrai ne plus jamais bouger d’ici !
– vos désir sont des ordres ma princesse, puis s’adressant à Claudine : Nous pouvons y dormir ce soir ?
– mais vous ne voulez pas voir les deux autres ?
– non, je crois que celle là fera l’affaire, viens ! dit Jeff en l’entrainant vers la maison, nous avons des détails à régler. J’entends Claudine protester en s’éloignant :
– je t’ai connu plus difficile, plus regardant ; mais peut-être faut-il attribuer ce changement à ta nouvelle amie, charmante d’ailleurs, mais pas de ton monde, mon cher.
– Claudine, tu sais à quel point je t’aime, alors je ne vais te le dire qu’une seule fois : ne fais plus jamais aucun commentaire sur Chloé si tu tiens à notre amitié autant qu’à mon argent.
La porte se referme sur eux et je me laisse aller au plaisir de ce moment de solitude, tentant d’ignorer le commentaire désobligeant de cette petite bonne femme dont la silhouette tout en rondeur lui donne une allure de culbuto. Cependant je sais qu’elle a raison. Nous ne sommes pas du même monde ; pourtant, contrairement à ce qu’elle croit, le mien est probablement bien plus cultivé que celui de Jeff qui ne semble connaitre que la valeur de l’argent. Quelles chances avons-nous de réussir une histoire aussi insensée ? J’ai vingt et un ans, lui trente deux. Nous n’avons pas les mêmes envies ni le même style de vie ; J’aime la simplicité, et aussi étrange que cela puisse paraitre, une certaine forme de régularité ; Jeff n’a pas d’horaire ; il préfère le luxe et l’abondance et fait peu de cas des autres, tout du moins quand ils ne l’intéressent pas directement. Nous n’avons qu’un point commun : nous avons grandi tout seul. Une bouffée d’angoisse m’étreint le ventre ; Tout cela est-il vraiment raisonnable ? Me voilà en train de m’installer dans une des plus luxueuses villas de la côte d’azur avec un homme que je connais à peine, alors qu’il y a encore quelques jours je faisais le ménage pour avoir le droit de dormir dans mon studio.
Le soleil sombre lentement derrière les collines. Je regarde l’heure. Dans peu de temps, il faut que je mange et que je me prépare. Ma routine me manque. Je me repais encore un moment de la vue saisissante dont il me semble impossible de se lasser. la mer, encore illuminée par le soleil, devient laiteuse au fur et à mesure qu’il décline. Elle est presque blanche et se confond avec le ciel quand je me lève enfin pour rejoindre Jeff et Claudine au moment ou celle-ci fait glisser délicatement un chèque dans son sac à main.
– alors, vous êtes contente, ma chère ? Jeff est un vrai trésor, et il vous gâte terriblement avec cette maison enchanteresse. J’espère que vous y serai heureux !
Je ne prends même pas la peine de répondre et demande à Jeff de me ramener à l’hôtel pour que je puisse me préparer ; Claudine hausse un sourcil étonné, relevant celui-ci en accent circonflexe sans défroisser son front botoxé :
– vous travailler, ma chérie ?
– oui, je fais des passes sur la croisette ; vingt euro la pipe ; ça gagne pas mal ! Mais j’espère m’établir à mon compte un jour, quand Jeff m’aura racheté à mon mac !
– qu’elle est drôle ! Tu ne m’avais pas dit qu’elle avait autant d’humour ! Allez y mes chéris, j’appelle un taxi ; quand à ce dont nous venons de parler, ne t’inquiète pas, tout sera ici ce soir ! Bises, ajoute-t-elle en s’en allant vers une pièce qui semble être un bureau et d’où nous l’entendons faire cliqueter, de ses ongles longs et roses, les touches sonores d’un téléphone. Jeff me regarde ; il est partagé entre l’envie de rire et de me sermonner. Finalement il me prend dans ses bras et me demande si je suis heureuse. Je lui dis que je me sentirai mieux ici, mais je reste prudente. Je devrai le remercier de ce somptueux cadeau, de ce gage d’amour, mais les mots restent coincés dans ma gorge et je me contente de l’embrasser pour lui prouver ma reconnaissance. Nous partons finalement, et il décide de m’emmener au restaurant avant de me déposer au club. Mais je suis incapable d’avaler quoi que ce soit. J’ai le ventre noué. Les effets euphorisants tout autant qu’anesthésiant de mon court séjour face à la mer se sont dissipés dès la porte franchie. Nous nous quittons sur le parking et après un long baiser dans lequel j’essai de mettre tout mon amour, Jeff m’indique qu’il m’attendra à la sortie pour me ramener à la maison. J’ai l’impression qu’il a peur que je m’enfui et que je disparaisse. Il n’a pas totalement tort ! L’envie de m’en aller m’a traversé l’esprit, mais mon amour pour lui est trop fort et j’ai décidé de nous donner une chance, ce que je n’ai jamais fait pour personne jusqu’à présent.
Je retrouve Vanessa qui m’accueille chaleureusement en se réjouissant de mon retour et, pour lui faire plaisir nous reprenons notre rituel du soir. Mylène qui passe par là me dépose une bise sur le coin des lèvres à la grande surprise de Vanessa et elle dit :
– on remet ça quand tu veux ma belle, me faire de l’argent comme ça, je suis partante !
– mais de quoi elle parle ? dit Vanessa irritée.
– c’est rien, elle m’a aidé avec un client récalcitrant et il lui a donné un gros billet, c’est tout.
– c’est quoi récalcitrant ? Un genre de gros dégueulasse ?
– on va dire ça ! je lui réponds en repensant au chantage de Jeff ce soir là.
– bon, et ton copain alors, ça c’est arrangé ?
– oui, ça va mieux. On va probablement s’installer ensemble même si je trouve que cette histoire va un peu vite…arrête ! J’ajoute, m’apercevant que Vanessa en profite pour me caresser les seins sans retenue.
– Ils sont si parfait, Chloé, je ne peux pas m’en empêcher !
– alors laisse-moi faire toute seule !
– D’accord, d’accord, je ne le ferai plus, promis ! dit-elle en recommençant à me poudrer, même si elle s’attarde encore longuement sur mes aréoles qui se dressent si facilement ! Un tout petit sourire satisfait étire le coin de sa bouche et à cet instant elle me fait penser à un chat qui se lécherait les babines devant la petite souris qu’il s’apprête à croquer.
La soirée passe calmement et je me consacre à mon travail pour tenter de juguler l’angoisse lancinante qui remonte régulièrement, bloquant mon sternum et nouant mon ventre.
A la fin de ma nuit de travail, je retrouve Jeff sur le parking. Il a du mobiliser beaucoup de monde car, quand nous y parvenons, la maison est totalement installée. Nos affaires sont rangées ; les lits sont faits ; toutes les lumières allumées rendent la demeure vivante et chaleureuse. J’ai l’impression de la connaitre déjà et cela me rassure.
– J’ai sommeil, mon amour, allons dormir !
– pas de câlin coquin ce soir, avec frous-frous et dentelles ?
– je te dirai bonjour demain, si tu le veux bien ; laisse-moi profiter un peu de cette nouvelle maison ; j’ai galopé toute la soirée sur mes talons et j’ai mal partout !
Je monte à l’étage et découvre les chambres. La plus grande, face à la mer, est immense. Elle est en avancée sur la façade, et bénéficie de trois baies vitrées qui donnent sur un balcon arrondi. Le lit très bas doit faire plus de deux mètres de large et j’ai presque peur de m’y perdre. Je me blottis contre Jeff après une douche brulante, et m’endors aussitôt. Je me réveille seule. Le soleil inonde la pièce par l’est est j’en déduis qu’il n’est pas midi. J’enfile un peignoir et descend à la cuisine ou je trouve Jeff attablé devant son ordinateur. Des courbes et des graphiques s’affichent devant lui et son regard captivé suit la progression d’une colonne de chiffres. Je l’enlace et lui couvre la nuque de petits baisers.
– petit déjeuner ? me dit-il.
– petit déjeuner ! je lui réponds en ouvrant mon peignoir sous lequel je suis nue.
– dans la cuisine ? reprend Jeff sans se démonter ;
– dans la cuisine ! et je m’allonge sur la table, poussant à la hâte tout ce qui s’y trouve;
– beurre ou confiture ?
– les deux !
Jeff attrape un pot de confiture d’abricot :
– c’est celle que je préfère ! dit-il en l’étalant au couteau sur mes mamelons qu’il lèche ensuite partiellement ;
– un peu écœurant tout de même ! Il manque du beurre ! ajoute t’il ;
Il attrape la plaquette de beurre qu’il fait glisser longuement sur mes seins en tournant pour les enduire entièrement, puis sur mon ventre qu’il recouvre aussi ; il descend enfin entre mes jambes ou il frotte délicatement la plaquette contre ma vulve un long moment. Le contact du beurre qui ramolli est délicieux. Me voilà luisante et gluante, les sens en éveil.
– café ?
– saucisse !
– que tu peux être vulgaire parfois ! dit-il en me pénétrant sans peine tout en malaxant mes seins poisseux et mon corps recouvert de gras. Je soupire de plaisir.
– une grosse baguette bien chaude !
Jeff rit et commence consciencieusement à me ramoner comme s’il effectuait un travail mécanique. Les yeux dans le vague il feint une indifférence totale mais les pulsations de sa verge à l’intérieur de mon vagin le trahissent. Il revient lentement vers moi et m’embrassant enfin, me murmure :
– Chloé, tu me rends fou ! Je me demande comment j’arrive à tenir plus d’une minute tellement tu m’excites !
– tais-toi et baise-moi ! Aussitôt il jouit dans un gémissement de plaisir et de surprise, me laissant dégoulinante de sperme et insatisfaite.
– c’est bien fait pour toi, je n’ai pas pu résister à ton petit ton de dominatrice !
– et mon petit déjeuner à moi, alors ?
– attend, j’ai encore du beurre, dit-il en descendant ses doigts luisant le long de ma fente pour venir enduire mon clitoris. Je frémis sous la caresse. Il trouve un petit mouvement rotatif qui semble me satisfaire et s’amuse un moment avec mon bouton pendant que mes râles deviennent de plus en plus forts et rapprochés. Puis sa langue descend et prend le relais. Il me lèche vigoureusement jusqu’à ce qu’un coup de langue appuyé me fasse enfin jouir.
– j’aurai préféré un petit déjeuner continental, je gémis en me recroquevillant sur la table. Jeff me prend dans ses bras et me porte jusqu’au salon ou il s’assied sur un grand fauteuil en cuir.
– tu te rappelles ce que tu as dit hier Chloé : toujours se dire bonjour le matin ! et il me guide jusqu’à son membre dressé. Nous nous retrouvons comme la veille, face à face, emboités l’un dans l’autre, et cette même sensation de me retrouver chez moi m’envahit. Nos bouches se collent l’une à l’autre, nos souffles se mêlent en même temps que nos gémissement de plaisir ; quelques coup de rein et l’orgasme arrive, comme la veille, merveilleusement doux et apaisant. Nous nous respirons un moment en silence puis Jeff dit :
– tout ce beurre, quel gâchis tout de même ! Je le regarde un moment ; je sais ce qu’il attend ; alors, docile et consentante, je me retourne et lui tend mon cul. Jeff s’est relevé derrière moi et enduit mon anus de beurre, puis il y enfile délicatement son membre gluant. J’ai pris appui avec sur une table basse pour ne pas être projetée en avant. Il glisse en moi et son mouvement fluide me procure rapidement des sensations très fortes. Je commence vraiment à y prendre gout ! L’orgasme qui monte est d’une puissance incomparable aux autres car il m’emplit jusqu’à la moindre de mes extrémités. Après quelques pénétrations précises et appuyées, J’explose en une jouissance sauvage et bruyante en même temps que Jeff qui éjacule longuement à coups de rein et de râles rauques. Nos corps commencent à se connaitre et nous savons nous satisfaire rapidement. Peut-être un peu trop d’ailleurs, puisqu’il nous faut plusieurs orgasmes pour nous apaiser. Cette soif l’un de l’autre semble inextinguible, mais je me demande ce qu’il resterait de notre relation si nous diminuions la fréquence de nos relations sexuelles et leurs variétés.

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