LA GROTTE DES VOYAGEURS – Chapitre 5

Chapitre 5

18° jour de la saison d’été de l’an 1

Deux Années terrestres

Joshua ne prêta qu’une attention limitée à notre périple de la journée, quand je trouvais enfin le temps de lui parler. Il semblait totalement conquis par la région, comme s’il retrouvait une terre connue. Nous étions assis à l’ombre des arbres, sur un tertre mousseux, à l’écart des baigneurs qui profitaient de la fraicheur de l’eau après une dure journée de travail. Moya barbotait, de l’eau jusqu’à la taille et son sourire détendu faisait plaisir à voir.

– tu sais, me dit Joshua sur un ton exalté qui me détourna de ma contemplation, j’ai tellement rêvé de vivre ici quand nous étions sur terre…et ils ont tant de problèmes que je pourrais les aider à résoudre facilement. Nous avons fait un travail énorme aujourd’hui. Je me suis senti utile pour la première fois depuis longtemps.

– c’est dur ce que tu dis ! Tu as fait un travail remarquable dans notre village !

– c’est vrai, mais c’est finit maintenant, je ne sers plus à rien. Alors qu’ici, je pourrais apporter tellement ! Je suis sûr que Daïa adorerait vivre ici !

– à condition qu’elle supporte Vernassi, murmurais-je.

– pourquoi dis-tu ça ? Vernassi est une femme adorable, répliqua Joshua d’un ton pincé.

– oui, et elle veille sur toi comme un véritable chien de garde.

– tu dis n’importe quoi !

– si tu veux. Au demeurant, cela ne me concerne plus, nous ne sommes plus mariés. Mais tu songes sérieusement à venir t’installer ici ? dis-je en prenant conscience de l’immense vide que créerait son départ.

– je ne sais pas, je t’avoue que j’y ai pensé toute la journée. C’était ainsi que je voyais ma vie, dans cette région, avec mes amis…et avec toi.

– en ce qui me concerne, je n’échangerai notre village, mes amis et ma maison sur la plage, pour rien au monde ! J’espère que tu ne partiras pas Joshua, tu me manquerais terriblement. Ajoutais-je à voix basse.

– je sais, j’ai du mal à envisager de te laisser seule là-bas, et je ne sais pas si je peux supporter de ne pas te voir tous les jours. Tous les matins quand je me lève, je regarde ta maison. Je te vois parfois sur ta véranda avec ton chat et je me sens bien. Quand tu t’en vas, la maison semble abandonnée et j’ai le sentiment que mon cœur est vide et mes journées sont troublées par ton absence.

– on ne peut pas continuer comme ça Joshua, ce n’est pas normal. Je ne peux pas vivre en comptant éternellement sur ta présence et toi, tu dois te consacrer entièrement à ta famille. Tu as peut-être raison de vouloir t’installer ici. Tu devrais en parler avec Daïa.

– tu m’encouragerais à partir ? dit-il en se tournant vers moi, si proche que j’aurais pu toucher son visage si je l’avais voulu.

– si cela peut nous permettre de tourner la page…ce serait peut-être la solution.

– je ne sais pas, dit-il songeur, sans pour autant s’éloigner de moi. J’ai renoncé à tant de choses, depuis si longtemps…

– de quoi parles-tu ?

– de toi…j’ai dû renoncer à toi parce que tu ne me voulais plus, et j’ai perdu tous mes rêves…tu n’as pas ressentis ça toi ?

– non, je suis désolée Joshua, mais j’ai gagné une liberté que je n’avais jamais osé imaginer.

– c’est terrible ce que tu dis, ça voudrait dire que tu te sentais asservie par notre mariage !

– non, je ne dirais pas ça, mais nous avons été conditionné si tôt à être ensemble. J’avais neuf ans quand on nous a présenté, Joshua ! J’étais une enfant !

– je sais Zellana, mais tu te souviens que je ne t’ai jamais forcée. J’ai attendu que tu sois prête. C’est toi qui es venue à moi quand tu l’as voulu.

Tout en parlant, il s’était encore rapproché et sa main posée sur mon bras me procurait une étrange chaleur.

– je sais Joshua, tu t’es toujours bien conduit avec moi. D’autres n’ont pas eu autant de chance, ajoutais-je en me souvenant des pleurs irrépressibles de certaines de mes camarades, obligées de se soumettre à leurs futurs époux plus âgés et déjà exigeants.

– alors pourquoi ? Pourquoi t’es-tu sentie piégée ainsi ?

Il se rapprochait imperceptiblement et son visage était si près que je voyais chaque ondulation de son front, chaque petite ride autour de ses yeux graves et enfiévrés.

– parce qu’on ne nous avait pas laissé le choix ! Mais c’est valable pour toi aussi, et pour tous les autres. Répondis-je en tentant de m’éloigner, mais j’étais adossée à un arbre dont le tronc large et accueillant m’empêchait de bouger.

– tu penses que si tu avais eu la possibilité de choisir, ce n’est pas vers moi que tu te serais tournée ? m’interrogea-t-il en demeurant si près de moi qu’il semblait pouvoir scruter mon âme.

Soudain, le visage d’Alex s’imposa à moi et je dû prendre sur moi pour répondre prudemment à Joshua :

– je ne sais pas, peut-être que je t’aurais choisis toi, mais nous ne pourrons jamais le savoir maintenant.

Je regardais ses lèvres, que la tension avait un temps affinées, redevenir pulpeuses et sans y réfléchir, j’y déposais un baiser qui dura plus qu’il n’aurait dû. Joshua se pressa contre moi si violement que je sentis mon corps se comprimer contre le bois dur. Etrangement, je n’avais pas envie que cette étreinte s’arrête. Pour la première fois depuis longtemps, je me sentais exaltée par la multitude d’idée qui tournait dans ma tête et ce baiser focalisait mon énergie débordante.

Il m’enlaça et me fis rouler dans un  bouquet de fougères qui nous cachaient à la vue des baigneurs :

– non, Joshua, il ne faut pas, murmurais-je en tentant de reprendre mon souffle.

– pourquoi ? C’est toi que j’aime et c’est toi que je veux ! dit-il à mis voix.

Ses mains se déplaçaient sur mon corps et je tentais d’y résister faiblement, puis j’y renonçais. J’avais besoin d’amour et Joshua était si passionné.

Notre étreinte fut brève mais ardente et je retrouvais la fougue qui m’avait habitée au début de notre relation. Joshua haletait et peinait à retrouver sa respiration. J’en profitais pour remettre rapidement mes vêtements et je l’abandonnais dans la mousse et les fougères pour aller me glisser dans l’eau fraiche en contrebas, à quelques mètres des baigneuses et de Moya qui trempait toujours, béat. Pure et limpide, l’eau me lava et me porta un moment. Je m’abandonnais à la contemplation des frondaisons vertes, allongée dans la rivière au cours paisible. Les arbres étaient hauts mais peu garnis. Leur feuillage formait un voile qui filtrait le soleil, laissant les rayons de la fin de journée pénétrer jusqu’à nous, créant des lumières colorées jusque dans le scintillement de l’eau. Je dérivais, heureuse et confuse à la fois et Je butais contre Moya, visiblement ravi lui aussi de profiter de cette fin d’après midi. Je me redressais et lui dit :

– j’ai réfléchis…

– tiens donc, tu as trouvé le temps…

Son ton ironique ne m’échappa pas.

– écoute, je n’ai de comptes à rendre à personne et Joshua est assez grand pour prendre les décisions qui lui paraissent bonnes pour lui.

– tant que c’est bon pour toi, reprit-il.

– pourquoi dis-tu ça ?

– parce que je ne pense pas qu’il abandonnera Daïa et son bébé.

– mais il n’en est pas question !

– alors, si les choses sont claires entre vous…

– ne t’inquiète pas, elles le sont, mais puisque tu parles de choses claires, dis moi ; Pourquoi faites vous tous autant de mystère autour du Mitreion ?

Il resta un long moment silencieux, caressant sa barbe blonde de ses mains mouillées pour en extraire l’eau :

– je pense que nous avons tous peur que l’esclavage recommence. Plus personne ne devrait retourner dans ses mines terrifiantes. Dit-il finalement d’un ton lugubre.

– je comprends, mais pourquoi ne nous en avez-vous pas parlé à nous, qui vous avions accueillis ?

– Alex l’a fait…et puis, il y a quelque chose de si mystérieux dans ses grottes. Je suis ici depuis des années et je ne sais toujours pas qui les a creusées ni utilisées. L’usure de la pierre, dans certaines d’entre elles, laisse à penser qu’elles ont été fréquentées pendant longtemps, mais je n’ai jamais trouvé aucune trace…il s’interrompit soudain.

– qu’est-ce qu’il y a ?

– je ne sais pas. Je viens de me souvenir qu’un jour où je travaillais à l’installation des baraquements sur un site proche d’une grotte, j’ai trouvé…des ossements. Pas beaucoup, quelques os enterrés qui ressemblaient à un avant bras et un morceau de main…mais c’était si petit ! A l’époque, je ne connaissais pas encore les grottes ni les empreintes de mains. J’ai pensé qu’il s’agissait d’un singe volant, peut-être une espèce un peu plus grande que les autres…Je ne sais pas si ça a de l’importance en fait, c’était juste quelques os enterrés…

– tu ne les as pas conservés par hasard ?

– non, j’ai remis quelques pelletées de terre dessus et je suis allé creuser un peu plus loin.

– tu saurais retrouver ce site ?

– c’était quelque part vers l’ouest mais je ne saurais dire où. Il n’y avait pas l’océan, ça j’en suis sur et je me souviens d’une très grande forêt.

– c’est dommage que tu n’ais rien gardé.

– à ce moment-là, j’étais plus préoccupé de ma survie quotidienne que de comprendre ce qui se passait sur cette planète.

– je me doute.

– tu sais, Zellana, tu perds ton temps. Je n’ai jamais trouvé aucune autre trace de vie non-humaine à l’exception des grottes.

– tu as probablement raison et j’ai d’autres préoccupations pour le moment. Mais il me semble cependant qu’il faudra se procurer du Mitreion pour que tout le monde puisse circuler.

Il se redressa, déclenchant des cascades d’eau sur son corps musclé et couverts de poils blonds.

– alors ça, c’est hors de question ! tonna-t-il.

– tout va bien ? dit Joshua qui arrivait à ce moment là, torse nu, pour se plonger dans l’eau.

– oui, répondis-je, tout va bien. Moya n’est pas d’accord avec moi, c’est tout.

– de quoi parlez-vous ? dit-il.

– pas maintenant, dit Moya à voix plus basse, nous en reparlerons plus tard.

– d’accord, acquiesçais-je, peu soucieuse d’incommoder ce géant coléreux. Rien de bien important, dis-je à Joshua qui nagea jusqu’à moi et me coula un regard complice mais je me détournais. Je ne voulais pas à nouveau entretenir une relation avec lui. Nous avions cédé à un moment de passion et cela devait rester ainsi.

– si nous rentrions au village, dis-je en voyant s’éloigner nos amis, uns à uns. Je vais aller aider Shebaa à préparer le repas, ajoutais-je en sortant de l’eau, consciente du regard des deux hommes sur mon corps dont les vêtements mouillés et collés ne cachaient rien.

Je me séchais rapidement et redescendis vers le village. Dès que je sortis du couvert des arbres, je fus saisi par la chaleur intense qui régnait encore alors que le soleil s’obstinait dans la vaste plaine dégagée. Le temps d’arriver au village et mes vêtements, autant que mes cheveux, avaient séché. Je m’engouffrais dans la maison d’Horacio et Shebaa qui avait conservé une relative fraicheur. Shebaa m’accueillit avec un large sourire :

– alors, ta journée, comment as-tu occupé ton temps ?

– et bien, je suis allé avec Moya rendre visite à des amis à lui qui résident dans un village…pas très loin d’ici.

– bien ! dit-elle comme une mère qui félicite sa fille d’avoir bien travaillé à l’école. Tu as vu comme Joshua est heureux ici, ça ne te tente pas ? ajouta-t-elle avec un regard en coin.

– j’ai une vie dans mon village et je ne peux pas abandonner mes amis.

– pourtant il m’a semblé comprendre que vous n’étiez plus aussi distant Joshua et toi…

– Vernassi ! Quelle peste ! Elle m’a toujours détestée !

Mais devant le visage grave de Shebaa qui n’aimait pas la discorde, je repris plus doucement :

– je ne sais pas ce qui m’a pris…je suis amoureuse d’un autre et…

– allez, Zellana, ne te fais pas de souci, tu as cédé à une envie, ce n’est pas bien grave. Qui le saura ?

– tout le village ?

Elle éclata de rire :

– en effet mais personne ne le dira à sa compagne, fais moi confiance, surtout s’il venait s’installer parmi nous comme il en a parlé toute la journée.

– c’est vrai, il vous l’a dit à vous aussi ?

– oui, pourquoi, tu ne le prenais pas au sérieux ?

– je ne sais pas, bredouillais-je, je n’ai aucun droit sur lui. S’il veut venir s’installer parmi vous, il est libre de le faire, même si cela me trouble plus que de raison.

– je comprends, vous avez été tout l’un pour l’autre pendant si longtemps. Ça doit être difficile de le laisser refaire sa vie.

– non, ça ne m’a pas posé de problème, c’est moi qui suis partie. C’est le fait qu’il s’en aille si loin qui me perturbe. Il a toujours été là quand j’avais besoin de lui…

Je n’arrivais pas à envisager sereinement le départ de Joshua. A qui irais-je confier mes chagrins les plus intimes s’il partait ? Avec qui partagerais-je mes projets les plus fous s’il n’était plus là ? Cette pensée m’assombrit un moment et il fallut que Shebaa me secoue pour que j’arrive à me changer et que je l’aide à préparer le repas. Entre temps, de nombreuses femmes étaient revenues et chacune d’elle participait à la préparation du repas collectif qui allait avoir lieu sur la place du village, dès que la chaleur serait tombée.

La nuit venue, le repas fut joyeux. Tous s’extasiaient devant les suggestions de Joshua qui prévoyait d’étendre leurs cultures sur plusieurs arpents et de les diversifier de telle sorte qu’ils ne manquent plus jamais de nourriture. Il parlait avec enthousiasme d’un système d’irrigation à partir de la rivière et les hommes écoutaient avec attention. Mais je surpris son regard qui me cherchait et s’accrochait à moi à plusieurs reprises. Je l’évitais plusieurs fois en piquant du nez dans mon assiette puis finis par le soutenir et j’y lu un désir si fort que j’en fus bouleversée. A la fin du repas, les hommes parlaient toujours et les femmes s’installèrent à l’écart et chantèrent un moment, puis elles partirent peu à peu, fatiguées après leur longue journée de travail. Shebaa m’avait préparé la même chambre que la fois précédente. Moya et Joshua étaient hébergés par Vernassi et Astraor qui disposaient de plusieurs pièces vides. Je me couchais, la tête pleine de projets et m’endormis en rêvant de Mitreion et de voyages dans les grottes avec Alex et Joshua, collés tous les deux contre mon corps. Je fus réveillée par un grattement sur mes volets. Léger mais insistant, le grattement ne s’interrompait pas. Je me levais et repoussais doucement les battants de bois pour découvrir Joshua qui m’enlaça immédiatement, manquant me faire chavirer par-dessus le rebord de la fenêtre :

– viens me dit-il.

– Joshua, murmurais-je, il est tard…

– viens et ne discute pas !

Je le laissais me porter pour franchir la fenêtre et je le suivis le long de la maison de mes amis dont la chambre bruissait encore de gémissements et de draps froissés. Nous nous éloignâmes du village à pas de loup, longeant les maisons endormies d’où s’échappaient quelques ronflements. La lune nous poursuivit tous le temps que nous fûmes à découvert dans la plaine et, bien que la nuit fût claire dans les sous-bois, les ombres nous semblèrent accueillantes. Joshua m’entraina dans les bois, en remontant loin le long de la rivière. Quand il lâcha ma main, se fût pour mieux m’enlacer à nouveau et son baiser fut si ardent que je m’y abandonnais. Nous nous allongeâmes sur une couverture qu’il avait installée au bord de l’eau et nos corps passionnés se retrouvèrent dans une longue nuit d’extase où il multiplia les assauts tel un combattant acharné et je lui cédais sans résistance, m’offrant à lui sans pudeur ni retenue. Le jour pointait quand nous nous séparâmes enfin, du moins le pensais-je, pour nous rafraichir à la rivière mais il m’y rattrapa et nos corps s’unirent à nouveau dans l’eau fraiche et limpide que nos ébats ne troublèrent pas plus que nos cris. Harassée, je m’endormis sur la couverture jusqu’à ce que le soleil ne me sorte de ma torpeur moite. J’étais seule. Je me rafraichis à nouveau et je me prélassais longuement dans l’eau, peu soucieuse d’affronter la canicule, quand Moya apparu.

– voilà donc où tu te caches depuis ce matin…

– j’avais si chaud…

– tu as mangé ?

– non, je suis partie à l’aube, je ne voulais réveiller personne.

– je t’ai amenée à manger et j’ai pris ton sac en même temps. Changes toi, dit-il en me tendant une serviette et en détournant la tête. J’étais nue et je l’avais oublié tant la nuit avait été éblouissante. Je m’empressais de m’en saisir et en quelques minutes, j’étais habillée et je savourais des sandwiches de viandes et de délicieux fruits juteux apportés par Moya.

– bien, où allons-nous aujourd’hui ?

Il sourit et répondit :

– et bien, quelle énergie ! Couchée tard, levée tôt et pourtant en pleine forme. Etrangement, Joshua n’a pas dormi chez son amie Vernassi qui en était très contrariée ce matin.

Je lui jetais un regard noir en grognant, la bouche pleine.

– Allez, je te taquine. Nous allons à l’Ouest du continent. Il me semble que tu as déjà utilisé ce passage. Contrairement à ce que tes capteurs t’ont indiqués, il y a des villages là-bas, mais ils sont dans des grottes, à flancs de collines.

– des maisons troglodytes ?

– En quelque sorte. Certains ont une grotte pour eux tout seul et d’autres vivent à plusieurs familles dans de grandes grottes communicantes ce qui leur permet de très peu sortir, ainsi ils sont moins exposés. On est moins traqué quand on vit là. Mon ami Shaggy et son épouse Iris occupent une petite grotte très bien agencée. Elle devrait te plaire même s’ils n’ont pas l’ameublement royal dont vous disposez au village…

– bien, allons-y ! répliquais-je sans relever l’allusion. Je savais que Moya se doutait que nous n’avions pas pu emporter tant de meubles et tant de matériel lors de notre fuite mais je taisais la possibilité de remonter sur un vaisseau, pour le bien de tous. Nous n’en avions pas fait un mauvais usage, mais qui sait ce que d’autres, moins prudents ou moins bien intentionnés, pourraient faire avec la technologie des vaisseaux.

En quelques minutes, nous sortions de la grotte de l’ouest et après une demi-heure de marche sous un soleil de plomb, Moya nous fit entrer dans un passage bas et frais qui menait à une vaste salle. Des ouvertures, situées très haut dans la voute, laissaient passer des rais de lumière qui inondaient une roche rouge veinée de beige, comme de longs sillons de peintures incrustés dans la pierre. L’endroit résonnait incroyablement et le moindre de nos pas était repris par un écho insistant. Quand nous nous arrêtâmes au centre de la vaste esplanade au sol rugueux, le silence s’installa, vibrant uniquement par moment au son de l’air qui entrait par les trouées. Le calme et la fraicheur devinrent presque inquiétants, jusqu’à ce que, après de longs appels de Moya, quelques hommes se montrent enfin.

Comme la veille, après quelques réticences et l’accord de leur chef, la quinzaine de famille réunie dans ce lieu incroyable, accepta de me présenter sa nuque. Une fois dépouillés de leur encombrant cadeau gouvernemental, mon argumentaire bien rodé, il ne fut pas difficile de les convaincre que le jour venu, ils pourraient vivre en paix parmi nous. Moins rude que les hommes de Phasim, ceux de Shaggy soutinrent une conversation plus détendue durant un repas où ils nous offrirent de la viande blanche et des fruits aussi consistants que des bananes, même si la forme et la couleur différaient…ainsi que le gout. Mais il fallait bien essayer de trouver des équivalents pour s’en souvenir. D’ailleurs, les villageois les appelaient des bananes rouges et ils les récoltaient dans une forêt d’une variété autochtone de palmiers située à quelques distances de leurs grottes. Joshua n’aurait pas apprécié que je sois aussi approximative concernant les plantes de Matria, mais je ne lui demandais pas la différence entre un escalier droit et un escalier en arête de poisson !

Je me fis la réflexion, en regardant la coupe de bananes rouges posée devant moi, qu’on nous avait formés à produire dans ce monde, mais rien n’avait été prévu pour que nous y vivions avec ce qui s’y trouvait déjà. Aussi, même si faune et flore avaient certainement fait l’objet d’un recensement minutieux, à part quelques spécialités tel que Joshua, personne ne connaissait le nom des plantes ni des animaux de Matria. Nous avions été totalement infantilisés et je le mesurais largement à cela.

Shaggy et son épouse me firent visiter leur grotte. Celle-ci était reliée à une multitude d’autres, plus ou moins grande, certaines abritant des familles et d’autre, à grand renfort de terre rapportée au fil du temps et d’eau détournée par des canaux qui circulaient au dessus de nos têtes en un gargouillis permanent, étalaient un parterre de cultures étonnantes. Ainsi, des fruits et des légumes poussaient à même le sol, éclairés par la réverbération de la roche et par le soleil, guidé de panneaux tournants, qui illuminaient les cultures. Quand la visite fut terminée et que nous nous fûmes longuement salués, nous retournâmes au village d’Horacio et de Shebaa.

Durant une dizaine de jours, notre programme se répéta quotidiennement. La nuit, je retrouvais avec délice un Joshua toujours aussi enflammé, après une journée passée à extraire des balises et à fédérer des villageois. Mon corps frôlait l’épuisement et Moya s’en aperçu un matin quand il ne parvint qu’à grand peine à m’extraire du lit que je venais à peine de rejoindre en passant par la fenêtre.

– petite mine aujourd’hui, me dit-il.

– j’ai besoin de dormir, lui répondis-je dans un souffle.

– je peux y aller sans toi si tu veux, mais ça ne sera pas pareil, répliqua-t-il.

– je ne comprends pas pourquoi tu fais tout ça Moya, dis-je d’une voix ensommeillée. Tu pourrais très bien faire le tour des villages tout seul et en retirer tout le mérite.

– j’y ai pensé, ce serait facile et agréable d’être celui qui apporte la délivrance, mais je te le dois Zellana. Je te dois notre libération et je remercie toujours ceux qui m’ont aidé. N’oublie pas non plus que mes amis et ma famille sont maintenant sous la protection de ton village. Alors, je préfère que tu continues ce que tu as commencé, mais pas aujourd’hui.

– qu’est-ce que j’ai commencé ? dis-je en sombrant lentement dans le sommeil.

– à prendre le contrôle de Matria, dit-il en sortant et en refermant la porte derrière lui.

Si j’avais été plus réveillée, je me serais probablement récriée mais je m’endormis avant d’avoir le temps de répondre. Mes rêves me menèrent à travers le continent, sur le dos d’un immense singe volant et les villageois m’acclamaient quand je passais en vol serré au dessus des villages luxuriants. J’émergeais à la tombée de la nuit et je trouvais les femmes en plein préparatif.

– que ce passe-t-il ? leur demandais-je, encore abrutie par le sommeil.

– c’est l’anniversaire de notre mariage me dit Shebaa, resplendissante dans une robe longue à la fine toile rose pale. Oh, cela n’a pas l’air de te faire plaisir ! ajouta-t-elle en voyant ma mine triste.

– non, ce n’est pas ça, mais cela fait si longtemps que je suis sans nouvelle…

– Alex, c’est ça ?

Devant mon air éberlué elle ajouta :

–  Joshua nous a parlé de lui. Il pense qu’il est partit définitivement ou qu’il est mort.

– ça l’arrangerait, dis-je avec colère.

– Zellana, Joshua t’aime. Il voudrait rester ici  avec toi, tu ne peux pas lui en vouloir de souhaiter ne plus jamais revoir son rival !

– Joshua oublie un peu vite qu’il a une compagne et un bébé qui l’attendent chez lui. Il a des responsabilités que son séjour ici et ses nuits avec moi ne pourront lui faire oublier très longtemps.

Je sortis de la maison, furieuse et je partis à la recherche de Joshua que je trouvais derrière le hangar à outils, en train de se doucher avec les hommes, sous un tuyau qui déversait à volonté une eau fraiche. Les une après les autres, torses et pieds nus, ils s’aspergeaient, laissant l’eau ruisseler sur leurs corps musclés, la sueur et la saleté de la journée s’écoulant en un long filet d’eau qui disparaissait dans la terre. Joshua me vit et bomba le torse sous le jet qui tombait en cataracte sur sa tête, plaquant ses cheveux en arrière sur son visage bronzé. Il était beau, indéniablement, mais je ne pouvais plus continuer cette relation. C’était une illusion et je le savais même s’il semblait croire que tout cela était réel et allait durer.

– salut Zellana, dirent les hommes en souriant.

– Tu viens prendre une douche avec nous ? reprit Astraor avec un regard sans équivoque.

– non, je cherchais Joshua.

– il me semblait pourtant qu’il ne t’avait pas tellement manqué ces derniers temps…

– je ne sais pas ce que tu insinues mais ce qui se passe entre Joshua et moi ne te regarde pas.

– si tu le dis, répondit-il en attrapant une serviette avec laquelle il se sécha vigoureusement la tête, ébouriffant ses cheveux, ce qui lui donna un air encore plus sauvage. Si tu as besoin de compagnie sur la mousse, tu n’as qu’un mot à dire, murmura t-il a mon oreille en passant près de moi.

A une autre période de ma vie, cette proposition m’aurait amusée, peut-être attirée, mais je n’étais pas disposée à baisser la tête devant un homme tel que lui, aussi je lui répondis plus fort que je ne l’aurais souhaité :

– tu ferais mieux d’y emmener ton épouse plus souvent. Elle semble manquer de douceur et d’attention.

Des rires retenus fusèrent du groupe d’hommes qui attendaient encore pour se laver. Astraor devint écarlate et je fis un pas en arrière. Joshua bondit derrière moi, près à prendre ma défense, mais Astraor préféra s’éloigner en disant méchamment :

– pour ce à quoi elle te sert, je préfère que tu débarrasses la chambre, Joshua.

– mais qu’est-ce que tu lui as dit ? m’interrogea froidement celui-ci.

– moi, rien, c’est lui qui me fait des avances, répliquais-je indignée.

– Astraor ? Tu plaisantes ! Il ne t’a jamais regardé.

Une folle envie de le gifler me traversa l’esprit mais je me retins. Son aveuglement me rendait service. Je l’entrainais à l’écart du groupe pendant qu’il essuyait son corps encore ruisselant et je lui dis :

– écoute Joshua, notre petit jeu a assez duré. J’y ai pris beaucoup de plaisir mais c’est fini maintenant. Je vais partir dès ce soir et je te laisse décider de ce que tu diras à Daïa. Pour ma part, ce chapitre est clos. J’ai été faible mais cela ne se reproduira plus.

– Zellana ! cria Joshua en balançant sa serviette sur son épaule et s’approchant dangereusement de moi.

– non, c’est fini, Joshua. Ça l’était déjà au moment où nous avons eu la bêtise de recommencer à nous voir, dis-je en reculant d’un pas.

– comment peux-tu dire une chose pareille ?

– parce que j’aime Alex ! Et parce que je ne t’aime plus !

– ce n’est pas l’impression que j’ai eu ces dernières nuits, répondit-il en s’approchant à nouveau si près que je sentais l’odeur de la terre sur sa peau, cette odeur que j’avais savouré ces dernières nuits.

– je n’aurai pas dû, c’était une erreur ! répliquais-je en prenant la fuite pour ne pas céder à la tentation. Je voulais rester en colère, il le fallait.

J’entendis Joshua rire dans mon dos et cela me fit mal. Je me sentis bafouée et humiliée. Je retournais dans ma chambre, emballais mes affaire à la va vite et dis au revoir à Shebaa qui me laissa partir, effarée et consternée.

– tu reviendras nous voir, n’est ce pas ?

– je te le promets mais je ne serais pas de bonne compagnie pour le moment. Il vaut mieux que je mette de la distance entre Joshua et moi.

Inconsciente de ce qui m’entourait, je courus sur le sentier le long de la rivière, insensible pour la première fois à son chant mélodieux. Je remontais jusqu’à la grotte sans m’arrêter et j’allais m’y engager, quand j’entendis Moya m’appeler. Je me retournais au moment où il arrivait à grandes enjambées.

– eh, tu ne peux pas partir comme ça !

– pourquoi ? Je voyage comme je veux !

– toi d’accord, mais pas Joshua. Comment va-t-il rentrer ?

– ça m’est bien égal ! lançais-je sans réfléchir.

– je m’en doute, parce que tu es en colère mais réfléchis une minute : je ne peux pas te laisser partir toute seule et Joshua ne peux pas voyager sans l’un de nous deux. Alors, comment fait-on ?

– je me fiche de lui, il n’a qu’à rester avec ses amis ! Je veux partir d’ici maintenant !

– Zellana, s’il te plait, soit raisonnable. Ecoute, voilà ce que je te propose : je voulais aller faire un tour vers Materia avant de rentrer. Nous y allons dès ce soir, nous y passons la nuit et demain tu rentres au village et moi je vais chercher Joshua. Qu’en dis-tu ?

– c’est une excellente idée, je serais curieuse de savoir ce qui se passe par là-bas, dis-je après réflexion. Ma colère était retombée comme un soufflet. Dommage pour le repas. Je suis désolée de t’obliger à partir aussi abruptement, ajoutais-je, soudain consciente de n’avoir pensé qu’à moi.

– ne t’inquiète pas, je commence à te connaitre, dès que je t’ai entendu te disputer avec Joshua, j’ai fait mon sac et j’ai pris à mange. Ce n’est pas luxueux mais ça ira pour ce soir. De toute façon, nous avons bien trop mangé ces derniers jours et puis, moi aussi j’ai envie de rentrer. Ma famille me manque.

– je suis désolée Moya, j’étais tellement préoccupée par mes…problèmes avec Joshua…

– ne t’inquiète pas. Tu es prête ? Allons à Materia !

Nous entrâmes dans la grotte. Le tunnel était silencieux mais quand nous arrivâmes devant la porte, elle refusa de s’ouvrir.

– vite, me dit Moya à voix basse, cours ! Il faut se cacher dans la forêt.

A peine étions-nous sortis du tunnel que nous entendîmes la porte racler sur le sol de pierre. Nous nous jetâmes dans de hauts buissons de fougères et nous attendîmes, immobiles.

– tu n’as pas entendu du bruit ? dit une voix rauque.

– non, tu as du rêver, répondit une autre.

– je te jure que j’ai entendu quelque chose !

– c’était peut-être un animal ?

– il m’a semblé entendre une voix et des bruits de pas.

– je ne crois pas mais si ça peut te faire plaisir, on peut aller jeter un œil dehors. Nous entendîmes leurs pieds chaussés de lourdes bottes marteler le sol, faisant résonner la voute et je les aperçus à travers les branches hautes. En plein jour, ils nous auraient vus à coup sur, mais j’espérais que la nuit nous protégerait.

– tu as une lampe ?dit l’un d’eux.

– oui, tiens, répondit l’autre.

Un faisceau lumineux éclaira le sol devant eux :

– tu vois, il y a des traces de pieds, ici, dans la terre.

– mais il y en a partout, des traces. Toutes les grottes sont fréquentées par des gardes.

– d’accord, mais je ne crois pas qu’ils aient d’aussi petits pieds, regarde ça, dit-il en se penchant.

– non, tu as raison, il y avait une femme là.

– tu vois, je t’avais dit qu’on faisait des rencontres intéressantes dans les grottes secondaires…dit l’homme qui se tenait en retrait.

– t’as raison mon pote. Petite ? Viens là ! Petite ?

Son acolyte s’esclaffa :

– tu crois que c’est comme ça que tu vas attraper de la poulette fraiche ? Il faut la faire sortir des buissons où elle se cache. Elle n’a pas pu aller bien loin, dit l’homme dont le faisceau s’approchait dangereusement du buisson dans lequel nous étions tapis.

Soudain Moya bondit. Aussi silencieux qu’un chat, je l’avais vu sortir une longue lame de sa botte et la ramener devant lui sans faire bouger une branchette. Ensuite, il s’était redressé si lentement que le buisson avait à peine frémi. Il planta sa dague acérée dans la poitrine du garde encore à demi penché sur mes traces de pas devant le buisson, puis avant qu’il ait eut le temps de réagir, il égorgea le deuxième homme qui scrutait la nuit autour de lui. Tout cela s’était déroulé si vite que les deux hommes gisaient à ses pieds avant que j’ai eu le temps de me redresser.

– et merde, dit Moya, je déteste faire ça. Mais je les connais, c’est eux ou nous. Tu vas bien ? me demanda-t-il ensuite.

– oui, dis-je un peu sonnée. Ils ne nous auraient peut-être pas trouvé…

– ne crois pas ça, ils nous auraient trouvé et c’est nous qui serions à leur place actuellement, ou pire encore, nous serions à destination d’un camp de prisonnier. Viens, aide-moi, on va les fouiller. Il ne faut pas qu’ils soient identifiables.

– oh non, ne me demande pas ça !

– oh que si, et ça n’est que le début, dit Moya sur un ton sans appel.

– qu’est ce que tu veux dire ?

– tu verras…

Il commença à vider méthodiquement les poches des deux hommes, les retournant pour ne rien oublier, maculant ainsi le chemin d’un sang épais et sombre qui s’écoulait de leurs blessures mortelles.

– voilà leurs badges et leurs passes. Ça pourra nous servir. Je n’en ai plus depuis longtemps.

– à quoi servent les passes ? Dis-je pour éviter de penser aux deux corps qui gisaient devant moi dans la lumière tremblotante de la lampe que je tenais pour Moya.

– ça dépend de leur niveau d’accréditation. Certains gardes n’ont pas beaucoup de pouvoir et leur passe ne leur permet que d’entrer et des sortir des camps, d’autres par contre, ouvrent toutes les portes, mêmes les mieux gardées. A voir nos deux bonhommes, je dirais qu’ils ont une accréditation de niveau cinq ou quatre…

– c’est-à-dire ?

– ils ont accès à pas mal d’endroits mais ils ne doivent pas pouvoir entrer dans les lieux de haute sécurité comme les entrepôts d’armes ou de matériel.

– Je prends leur sac, dis-je à Moya en ramassant les sacs militaires noirs renforcés.

– attention aux armes, il doit probablement y avoir des explosifs. Ils sont aussi équipés de balises dans la couture intérieure, regarde, me dit-il en lacérant le rabat pour en extraire deux bandes de métal plat. Ça, on va le faire disparaitre avec eux, ajouta-t-il en les glissant dans la poche d’un des deux hommes.

– comment ça, disparaitre ? demandais-je inquiète.

– bon écoute, ce ne sont pas les premiers gardes que je tue. Si on les laisse là, dans quelques heures, le coin grouillera de gardes et tes amis pourront dire adieu à leur village et probablement  à leur vie.

– et alors ? Comment fait-on ? m’écriais-je soudain plus inquiète qu’effrayée.

– on les emmène avec nous dans une grotte que nous avons découverte et dans laquelle nous…mettons les corps.

– non, je refuse !

– je m’en doutais un peu. Bon, voilà ce que je te propose. On va les trainer à l’intérieur de la grotte ce qui les rendra indétectables. Cela évitera que leurs collègues débarquent trop vite. Ensuite, je les emmènerai l’un après l’autre et je reviendrais te chercher.

– et si nous nous retrouvions à Materia ? Proposais-je, car la perspective de trainer autour de la grotte en compagnie de deux cadavres se vidant de leur sang ne m’emballait pas outre mesure.

– tu n’as pas peur d’y aller toute seule en pleine nuit ? me répondit Moya, surpris.

– non, dis-moi juste où je peux me cacher quand j’y arriverais.

– D’accord, tu as probablement raison. Il vaut mieux que tu évites de rester ici. Quand tu sortiras de la grotte de Materia, tu prendras à l’Est. Il y a un petit sentier peu emprunté. Tu marcheras environ un kilomètre et il tu verras une colline. Là, au pied, tu trouveras plusieurs petites grottes. Elles sont inhabitées mais nous avons l’habitude de nous y retrouver. Si tu rencontres quelqu’un, mis à part des gardes bien sur, tu dis que tu es avec moi. Je serais là dans une heure tout au plus, ça ira ? me dit-il, tout en trainant les deux corps dans la grotte et en en cachant un sous une couverture de camouflage trouvée dans un des sacs. Etonnamment, le tissu fin et léger comme un voile liquide prenait l’apparence de la surface sur laquelle il se trouvait et le corps de l’homme disparu de notre vue.

– ça ira. Merci Moya. Tu nous as probablement sauvé la vie, lui répondis-je en balayant la terre poussiéreuse du chemin avec des branches ramassées dans les fourrés pour effacer nos traces de pas. Je regardais le sang disparaitre peu à peu, absorbé et recouvert par la terre régénératrice.

– Allez, file ! Je préfère être sûr que tu vas bien, dit finalement Moya quand nous eûmes terminé. Tu te rappelles du symbole ?

– oui, ne t’inquiète pas, à tout à l’heure…

J’emportais avec moi les deux sacs des gardes pour ne pas encombrer Moya, ainsi que mon sac que j’avais calé sur mon dos.

– je te retrouve, fut la dernière parole que j’entendis avant que la porte ne se referme et que l’éclair ne m’aveugle.

J’avais encore oublié de fermer les yeux.

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