Petit dialogue absurde avec moi-même

4 Juin 2014

Je suis allée à la Poste et j’ai posé mon roman sur la balance avant de l’envoyer : 3,25 kg.

– trois kilo deux, c’est le poids de mon roman !

– le poids de mes mots !

– on peut nourrir une famille pendant un jour ou deux avec ça…

– je ne sais pas si les mots sont nourrissants…

– ça dépend ! Si je les mange, je ne pense pas. Par contre, s’ils me nourrissent, je pourrais avoir à manger pour longtemps.

– Je pourrais en faire un petit tas, comme de la farine, ou du riz, et le mélanger à d’autres ingrédients.

– je le fais déjà ! Et le papier, et l’imagination ?

– ça n’a jamais nourri personne, le papier et l’imagination !

– ça nourrit au moins mon intellect.

– ça ne met rien à manger sur la table.

– alors ça ne pèse pas lourd,

– trois kilos deux, ce n’est pas lourd,

– c’est le poids d’un bébé !

– un bébé prend plus de temps à faire,

– c’est vrai, un roman me demande deux à trois mois, un bébé en veut neuf.

– un bébé neuf ?

– évidemment, je n’ai jamais voulu d’un bébé usager,

– et les romans ?

– ils sont neufs aussi puisque personne ne les lit,

– alors c’est lourd !

– c’est le poids de mes mots,

– le poids de mes maux ?

– non, ceux-là me nourriront éternellement, leur poids est incommensurable.

– apitoiements !

– j’ai droit à trois kilo deux d’apitoiement. C’est le prix de ma peine.

– quelle peine ? Il me semblait qu’écrire était un plaisir ?

– oui, mais être lue encore plus !

– alors, trois kilos deux, c’est la peine…

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