JE LA REGARDE – Chapitre 5

Chapitre 5

Je la regarde parler. C’est bien elle. C’est Sonia ! C’est elle que j’ai vu passer sur la route. Je l’ai suivi parce que j’avais peur que mes yeux ne me jouent des tours.

Elle est là, à quelques mètres de moi, dans un magasin où elle discute en balinais avec une vieille femme à qui elle commande de la marchandise. Elle négocie les prix, comme à son habitude, et la vieille femme, que cela semble amuser, argumente avec volubilité. Finalement elles tombent d’accord et Sonia repart, faisant charger dans sa voiture des caissettes de fruits et de légumes. Son coffre est plein et j’imagine qu’elle va repartir. Je me suis garé un peu plus loin pour qu’elle ne me voit pas et je n’ai que le temps de courir pour monter au volant avant qu’elle ne démarre et disparaisse dans la circulation. Je la suis à distance mais je pense deviner où elle va. Je n’arrive pas à y croire ! La présence de Sonia à Bali et si invraisemblable que je n’y vois qu’une seule explication. Elle est venue rejoindre Chloé. Je ne peux pas imaginer qu’elle soit là par hasard. Elle semble d’ailleurs parfaitement à son aise et se faufile adroitement entre les véhicules stationnés pour sortir de la ville. Quand elle emprunte la route qui se dirige vers le sud, je n’ai plus aucun doute. Je la suis de loin car les voitures sont rares et nous sommes pratiquement seuls sur cette route qui va nous amener sans aucun doute à l’hôtel de Chloé. Au bout d’une demi-heure de conduite durant lesquelles mes nerfs ont été mis à rude épreuve, nous arrivons en effet devant le grand portail à partir duquel part la somptueuse allée qui mène au complexe. Sonia s’y engage sans hésiter et je m’arrête le cœur déchiré. J’ai l’impression que ma vie est une série de chaos et que chaque moment d’apaisement n’est là que pour me permettre de survivre au néant suivant. Sonia et Chloé sont ensemble à Bali ! Comment ai-je pu être aveugle à ce point ? Comment n’ai-je pas fait plus tôt le lien entre la disparition de Chloé et le départ de Sonia peu de temps après ? Sonia qui m’avait toujours été fidèle ! Elle qui m’accompagnait depuis mes 15 ans, prenant soin de moi, veillant sur moi ! Elle que je considérais comme ma meilleure amie, mon alter ego, mon compagnon !
Cette femme qui m’a presque élevé est partie avec Chloé. Je suis anéanti une nouvelle fois et je me demande dans quelle bulle j’ai vécu ces dernières années pour ne rien avoir vu, ne rien avoir compris et me retrouver aujourd’hui déposséder de tout ce qui m’était cher. La perte de Sonia avait été immense à l’époque et elle avait pour beaucoup contribué à une longue période de déchéance. Je ne sais pas comment je vais faire face à cette nouvelle donne. Je ne sais pas si je vais pouvoir supporter l’idée que Chloé et Sonia soient ensemble. D’ailleurs, comment sont-elles ensemble ? J’étais persuadé que Chloé détestait Sonia, qu’elle la craignait et qu’elle s’en méfiait. Mais toutes mes certitudes semblent voler en éclats une à une et même si celle-ci semble difficile à accepter, je dois me résoudre à cette idée : Sonia est partie avec Chloé ! La nuit commence à tomber et je suis toujours indécis, garé devant le grand portail que je me refuse à franchir de peur de découvrir des vérités qui me dérangent beaucoup trop pour le moment. Alors je démarre ma voiture et sans vraiment y réfléchir, retourne au bungalow. Nyoman est parti mais le toit est fixé et il a remis un peu d’ordre. Il a rangé les outils et pour la première fois depuis la tempête, mon bungalow semble être redevenu habitable. Je suis fatigué. Je n’ai plus envie de rien. Je m’allonge dans mon lit, surpris et un peu déçu de ne plus pouvoir contempler le ciel étoilé, et je me laisse glisser dans le sommeil en regardant distraitement le superbe entrelacs de poutres et de poutrelles qui me surplombent.
Je suis réveillé par des petites caresses sur mon visage. Je ne veux pas ouvrir les yeux. Je veux continuer à dormir pour oublier. Mais les caresses se font pressantes et les petites mains impatientes descendent lentement le drap sur mon corps nu. Je refuse d’ouvrir les yeux parce que j’aimerais croire que ce sont les mains de Chloé qui caressent ma peau, même si je sais, à leur contact, que ce ne le sont pas.
Arielle s’allonge contre moi et dépose de petits baisers sur mon visage, s’attardant sur ma bouche dont je lui refuse l’accès. Si elle savait à quel point mon cœur est sombre ce soir, elle fuirait au plus vite. Mais je ne veux pas partager mes états d’âme avec elle et je ne suis même pas sûr de vouloir lui laisser mon corps. Cependant elle semble déterminée et ne me laisse pas le choix quand elle enfourne ma queue molle dans sa petite bouche. Elle agrippe mon membre flasque dans sa main et commence à suçoter mon gland au repos. Malgré moi, ma bite se déploie, sensible aux petits chatouillis que me procure sa langue. Je la laisse pomper un moment pendant que, peu à peu, mon sexe devient raide. Pendant un instant, l’envie violente de la repousser me prend car je me sens forcé et violé. Puis je me souviens de la manière dont j’ai usé et abusé d’elle la nuit dernière et je me dis que ses petites caresses ne sont rien en comparaison de la manière brutale dont je l’ai baisée pour ensuite m’envoyer en l’air avec sa voisine de lit.
Mais il semblerait qu’elle ait pris goût à cette relation où seul le sexe nous relie. Elle s’est aguerrie depuis nos premiers ébats. Ses gestes sont plus sûrs, plus affirmés et je ne peux résister longtemps aux sensations qu’ils me procurent. Je la laisse donc lécher et sucer ma queue, sentant monter un plaisir que je voudrais réfréner. Ce n’est pas d’elle dont je souhaite ces caresses. Ce n’est pas avec elle que je rêve de corps à corps. Mais je m’en contente, malheureux de m’y abandonner. Ses mains s’agitent, sa langue s’enroule autour de mon gland passif, et je sens la brûlure de l’orgasme enflammer peu à peu mon bas-ventre. Je ne peux tenir plus longtemps et j’éjacule laborieusement dans sa bouche en geignant dans mon oreiller. Elle se redresse immédiatement et va cracher le sperme dans l’évier dont elle fait longuement couler l’eau pour se rincer. Ce geste de dégoût et de rejet vient s’ajouter à la sensation équivalente que je ressens pour mon corps à cet instant. Et je la déteste ! Je la déteste de me recracher comme je me rejette, je la déteste de ne pas être Chloé, je la déteste ne pas vouloir assez de moi pour avaler mon sperme. Inconsciente de cette haine qui m’étreint le cœur, elle vient se rallonger à mes côtés comme si nous étions de vieux amants. Câline, elle se frotte contre moi, attendant que j’apaise ses sens excités. Je voudrais dormir mais la rage est plus forte. Je me redresse, la regarde, elle est allongée nue, offerte, soumise, et cela m’exaspère. Pourtant ma queue est raide et insatisfaite. Elle bat contre mon ventre et je sais que je dois l’apaiser pour retrouver le calme. Alors j’attrape Ariel par les jambes et l’attirant brutalement à moi, enfonce violemment ma bite dans son vagin. Elle pousse un cri de douleur et rue pour se dégager mais je l’agrippe fermement par les hanches et commence à pousser fortement et violemment comme pour la transpercer. Elle pousse encore plusieurs cris déchirants qui ne font qu’augmenter ma frénésie. J’ai envie de la défoncer et je m’y emploie avec acharnement jusqu’à ce qu’enfin je me soulage de toute cette tension en quelques jets de sperme brûlant qui me traversent comme de la lave en fusion. Arielle pleure. Je m’affale sur elle, l’empêchant de bouger. Elle sanglote en me traitant de salaud et même si je sais qu’elle a raison, je m’en fous. Je ne lui ai rien demandé. Elle est venue dans mon lit et elle y a trouvé la seule chose que je pouvais lui donner. Elle pleure encore un moment, puis s’apaise. Je voudrais dormir mais je bande encore. Arielle le sent et gémit. Elle essaie de me repousser mais je suis trop grand et trop fort pour elle.
Alors elle crie :
– lâche-moi ! Salaud ! Lâche-moi ! Laisse-moi partir ! Tu m’as fait mal !
– Et c’est pas fini !
Je l’attrape à bras-le-corps et la retourne sur le ventre. Elle hurle alors que mon bassin pèse de tout son poids sur ses fesses pendant que d’une main je la bâillonne. La relevant légèrement, comme une poupée que je manipulerai à ma guise, je remonte son cul à la hauteur de mes hanches, puis, encore gluant de sperme, je force son anus dans lequel je m’introduis d’une poussée violente. Elle pousse un cri strident, étouffé par ma main et se cabre pour essayer de m’échapper. J’ai enroulé mon bras libre autour de sa taille et ma queue plantée en elle, l’empêche d’y parvenir. Je commence de grands mouvements de va-et-vient, ignorant volontairement sa souffrance, uniquement occupé à me soulager. Je lime à grands coups de hanches. Mon bassin danse et vient taper violemment contre son cul dilaté. Je vais en elle et elle n’oppose plus de résistance. Elle s’est laissée aller, molle et rompue. J’ai honte de lui faire subir ça, et cette honte décuple ma fureur. Je pousse encore plus fort et plus loin pour qu’elle crie à nouveau, parce que je la veux vivante, parce que je veux lui faire mal. Ses cris reprennent et mon excitation monte. Je ne sais si Ariel exprime de la rage ou de la souffrance, probablement les deux mais elles me sont nécessaires pour parvenir à un orgasme qui me traverse de part en part, secouant mon corps de spasmes si violents que j’en perds le contrôle et tombe pesamment sur le lit. Ariel gémit doucement dans l’oreiller et très lentement, comme un animal pris au piège, rampe pour se dégager. Je sens son anus expulser mon sexe mou dans un bruit mouillé. Ses jambes disparaissent lentement comme des petits poissons qui glisseraient entre mes doigts et je l’entends courir en sanglotant le long de la plage. Avant que le sommeil ne me gagne, je me dis qu’il est bien imprudent de dormir ainsi, portes ouvertes, à la merci de n’importe qui. Mais Ariel n’a pas dû se vanter de cette mésaventure car je passe la nuit dans un sommeil agité dont personne ne vient me sortir.
Au matin, Nyoman et là, calme et posé, comme à son habitude. Avant même de boire le café je l’emmène jusqu’à ma voiture et lui montre tout ce que j’ai acheté la veille. Je lui explique, lui montrant les différents reçus de mes achats de la veille, qu’il doit se rendre à Denpasar pour récupérer dans sa fourgonnette, tout ce que je n’ai pas pu transporter. Nous réussissons maintenant à nous comprendre grâce à un anglais approximatif que nous avons mis au point en tâtonnant. Nyoman acquiesce et me dit qu’il va faire venir son cousin pour l’aider à finir le bungalow. Je suis ravi de cette aide inattendue car je sais à quel point je suis inutile dans ces travaux. Nous déchargeons ensemble tout ce que j’ai pu transporter, et le stockons au pied du bungalow. La douche et les toilettes s’entassent à côté des fenêtres et des volets. Nyoman s’en va un moment et revient avec son cousin en fin de matinée, porteurs de tout le matériel. Pendant son absence, j’ai rangé tout ce que j’ai pu dans les caisses que j’avais gardées afin de dégager le plus d’espace possible à l’intérieur de la pièce.
Les deux jeunes gens passent toute l’après-midi à fixer la paille de riz sur le toit et en fin de journée, je peux enfin contempler un superbe toit en paille traditionnelle, étanche est absolument magnifique. Ils ont dû, pour cela, poser une première couche de paille horizontale, qu’ils ont recouverte ensuite d’une deuxième couche verticale. Celle-ci, bien que fixée solidement, bruisse légèrement dans le vent. L’effet est splendide. Demain, nous arracherons le plancher de la douche qui s’est effondrée pendant la tempête, et nous commencerons à reconstruire l’intérieur du bungalow. Quand ils s’en vont enfin, à la nuit tombée, et bien que je sois allé me restaurer chez Mme Soda dans la journée, je m’aperçois que je suis mort de faim. Mon corps est totalement endolori. Ma nage forcée et mon escale sur l’îlot inhospitalier, ont laissé de multiples traces et chacun de mes muscles est douloureux. Mes épaules et mes cuisses me font particulièrement souffrir, sans parler de mes pieds blessés qui heureusement cicatrisent vite. Cependant je trouve le courage de me laver comme je peux et je m’habille de vêtements propres. Je suis partagé entre hésitation et détermination. Une partie de moi veut revoir Chloé et la confronter à cette nouvelle vérité qui a fait jour quand j’ai vu Sonia, pendant qu’une autre, plus raisonnable, pense intensément que c’est la pire idée que j’ai eu depuis que je suis arrivé à Bali. Malgré ces doutes et ces appréhensions, je me rends au restaurant de l’hôtel où le maître d’hôtel me reconnaît et me place à une petite table reculée. Un serveur empressé arrive aussitôt à qui je demande de me servir les plats de son choix. J’ai faim mais je n’ai pas envie de perdre du temps à lire une carte. Je veux me nourrir. Je veux nourrir ma curiosité. Je veux savoir. Je veux comprendre. Et seule une confrontation avec Chloé et Sonia me permettra d’avoir des réponses. Pour le moment, bien que mon esprit soit en ébullition, je me contente de manger, sans vraiment les apprécier, les plats que le serveur dépose devant moi. Avant de m’assoir, j’ai demandé au maître d’hôtel de prévenir Chloé de ma présence au restaurant, et de lui dire que je dois la voir de toute urgence.
J’entame à peine mon dessert quand elle arrive, telle une furie, décidée à me faire partir au plus vite. Mais au moment où elle s’apprête à parler, je la stoppe net en lui demandant :
– ça fait longtemps que vous êtes ensemble Sonia et toi ?
Elle s’arrête interloquée, comme si je venais de lui donner un grand coup de poing dans le ventre. Elle respire bruyamment et ses poumons se vident malgré elle, expulsant un long souffle qui semble un temps la vider de son énergie puis reprenant une contenance elle dit :
– tu l’as vue ?
– Oui je l’ai vu aujourd’hui à Denpasar. Mais tu ne réponds pas à ma question ! Depuis combien de temps êtes-vous ensemble Sonia et toi ?
Contrairement à toute attente elle se met à rire, d’un rire tendu mais qu’elle n’arrive pas à réprimer.
– Sonia et moi ? Ensemble ? Oui on peut dire ça en effet !
– Chloé, tu te fous de moi ! Tu es parti avec Sonia ? Tu m’as quitté pour elle ? Je n’arrive pas à y croire ! Je n’arrive pas à vous imaginer toutes les deux ensembles. C’est complètement aberrant.
Mais quelque chose ne va pas. Chloé n’arrête pas de rire. Elle m’attrape par le bras, me force à me lever et m’entraîne hors du restaurant sous les yeux interloqués du maître d’hôtel qui ne l’a sans doute jamais vu se conduire de la sorte.
Elle me tire par le poignet jusqu’à un coin reculé du jardin où elle m’assied pratiquement de force sur un banc. De là, la vue sur la mer éclairée par la lune haute, est splendide. On entend indistinctement les conversations des dîneurs sur la terrasse mais seul le scintillement des lumières à travers les arbres est visible. Le banc est installé sous un frangipanier dont les grosses fleurs épanouies ont répondu des pétales, tel un tapis rose pâle, sur le sol. Chloé ne rit plus. Elle est debout face à moi, les bras croisés, et son regard est dur.
– Je t’avais demandé de ne plus revenir ici ! Et quoi que je fasse, tu es toujours là !
– Tu ne réponds pas Chloé, tu ne réponds pas à propos de Sonia ! Que fait-elle ici ? Quand tu es parti je n’avais plus qu’elle, et après son départ j’étais tout seul. Vous m’avez abandonné. J’avais réussi à l’oublier peu à peu, et tu sais à quel point elle comptait pour moi, c’était mon coach, mon garde du corps, mon amie et maintenant je m’aperçois que tu me l’as volée aussi. Elle a veillé sur moi pendant des années et puis elle disparaît avec toi. J’ai besoin de comprendre Chloé !
– Mais il n’y a rien à comprendre Jeff ! Tu sais tout ce qu’il y a à savoir. Quand je suis partie, quand je t’ai quitté, Sonia m’a aidé. C’est grâce à elle que je suis arrivé jusqu’ici. Et puis, quand elle en a eu assez de toi, elle est venue me rejoindre. Alors oui, tu as raison, d’une certaine manière nous somme ensemble. Mais pas comme tu l’imagines avec ton esprit tordu. Sonia est mon amie et elle travaille avec moi.
– Ah bon ! Elle s’occupe de quoi ? De ta sécurité ?
– En quelque sorte, dit Chloé en riant.
– je ne vois pas ce que ça a de drôle !
– Tu as raison Jeff, ça n’est pas drôle, mais je ne pensais pas avoir un jour à m’expliquer avec toi à ce sujet. Nous aurions eu tellement d’autres choses à nous dire !
Je ne réagis pas tout de suite mais cette petite phrase trotte dans ma tête pendant que je réponds :
– peut-être, mais j’avais besoin de savoir pourquoi elle était là. J’ai besoin de savoir tellement de choses Chloé. Parce que depuis ton départ, je ne comprends plus rien. Chaque fois que je crois avoir compris, je m’aperçois que j’avais fait fausse route. Et encore aujourd’hui, la seule chose à laquelle je croyais, vient de voler en éclats. Alors, comprends mon étonnement et répond à mes questions s’il te plaît.
– que veux-tu que je te dise Jeff. Je ne couche pas avec Sonia, si c’est ça ta question. Il y a quelqu’un dans ma vie, et c’est un homme. Un homme que j’apprécie énormément. Un homme qui m’aime telle que je suis, qui me respecte, et qui accepte que je ne sois pas toujours disponible.
– Comment peux-tu me dire une chose pareille Chloé ! Je ne veux pas entendre ça ! Je ne veux pas savoir qu’un autre que moi te rend heureuse !
– Eh bien tu as tort. Tu as tort sur tous les plans. Tu dois savoir qu’il y a quelqu’un d’autre que toi dans ma vie et tu dois aussi savoir qu’il est capable de m’apporter autant de plaisir, peut-être même plus, parce qu’il ne tente jamais de me forcer ni de me contraindre et qu’avec lui, tout est douceur et délicatesse.
– Je ne veux pas entendre ça Chloé. Je ne veux pas savoir ! Personne ne t’apportera autant de plaisir que je t’en ai apporté !
– Mais comment peux-tu dire une chose pareille Jeff ? Tu n’es pas le seul à m’avoir donné du plaisir, tu n’étais pas le premier, tu n’as pas été le dernier ! Cet homme est bien, il est bien pour moi ! Toi tu me faisais mal, tu étais violent tu étais jaloux, tu étais possessif, et tu me traitais comme un objet ! Lui, il me contemple, il me caresse, il m’aime. Il me fait jouir en douceur, de façon subtile, sans me brutaliser.
– Tu dis ça pour me provoquer ! Tu sais très bien que ce que nous avons vécu était unique ! Tu sais très bien qu’il n’y aura plus jamais d’amour aussi parfait. Je t’ai adoré, je t’ai vénéré, j’ai aimé ton corps de toutes les façons possibles, et je t’ais donné plus de plaisir que ne t’en donneront jamais tous les hommes que tu as rencontrés ! Toi et moi nous ne formions qu’un, nous n’étions qu’un seul et même corps, une extension l’un de l’autre, et notre union était proche de la perfection. Aucune autre que toi ne peux me donner autant de plaisir, et je n’en désire aucune autre. Je ne veux rien savoir sur ton type parfait parce que je n’y crois pas. Je ne dis pas qu’il n’existe pas, je dis juste qu’il ne peut pas t’apporter ce dont tu as besoin. Je sais que je vais te paraître fou en te disant cela mais j’en suis absolument persuadé. Je te l’ai dit dès le premier soir, tu es la femme de ma vie. Tu es la seule, l’unique. Il ne peut y en avoir aucune autre que toi et je suis persuadé que, quoi que tu dises, quoi que tu en penses, tu ressens la même chose pour moi !
Sans m’en rendre compte et sans qu’elle me repousse, j’ai serré Chloé dans mes bras et ma tête repose à présent sur son ventre. Elle reste un moment sans rien dire et moi je n’ai plus rien à ajouter. J’ai dit tout ce que je pouvais dire et je suis vide. Je ne sais plus comment la convaincre, je ne sais plus comment la faire revenir et mon désir pour elle si fort que je sens à peine mes mains glisser le long de sa jupe et la retrousser lentement pour caresser enfin ses cuisses soyeuses. Je frotte doucement mon visage contre son ventre et les boutons de son chemisier éraflent un peu ma bouche. Je voudrais les arracher et entrer en contact avec sa peau mais je me retiens. Mes mains, elles, ne m’écoute plus. Elles ont atteint ses fesses qu’elles caressent avec délice. Sa peau chaude et ferme m’excite immédiatement. Chloé ne bouge toujours pas et je m’enhardis à remonter sa jupe jusqu’à ses hanches dévoilant ainsi une petite culotte en dentelle que je fais glisser centimètre après centimètre le long de ses jambes pour dénuder son sexe. Je détache une de mes mains de son postérieur bombé et commence à défaire lentement les boutons de son chemisier qui révèle un soutien-gorge assorti. Je laisse courir mes doigts sur le bord de la dentelle, effleurant au passage son aréole sombre. Elle pousse un soupir et ses seins font un bond en avant. Je dégrafe son soutien-gorge, libérant sa poitrine aphrodisiaque et malaxe son téton du bout des doigts jusqu’à ce qu’il durcisse et s’allonge. Elle gémit, la tête renversée en arrière. Alors, malgré les risques, je laisse glisser mon visage jusqu’à la naissance de ses poils et du bout des lèvres, j’embrasse son sexe. Elle se cambre et sursaute puis elle dit :
Non Jeff, pas ça, pas ici !
Elle s’apprête à redescendre sa jupe mais j’introduis ma langue dans sa fente et la pose sur son clitoris. Elle pousse un petit cri et s’abandonne, écartant légèrement les jambes sans s’en rendre compte, pour me faciliter le passage. Je retrouve avec bonheur son bouton rond et chaud qui réagit instantanément. Je le connais si bien. Je sais parfaitement comment lui donner du plaisir. Et je m’y emploie, une main agrippée à ses fesses et l’autre caressant toujours ses seins. Elle commence à gémir de plus en plus fort et je la lèche frénétiquement comme si je m’abreuvais à une source après une longue traversée du désert. Plus je lèche et plus ses gémissements deviennent forts. Je connais si bien ses limites que je la laisse grimper très haut avant de l’abandonner pour lui embrasser délicatement le ventre. Elle soupire et rouvre un instant les yeux. Nos regards se croisent, le sien est voilé mais j’y lis de l’amour. Alors, heureux comme je ne l’ai pas été depuis longtemps, je retourne vers son plaisir et d’une langue déterminée je la fais jouir si fort qu’elle doit mettre sa main sur sa bouche pour étouffer ses cris. Elle y plante ses dents et se laisse emporter par un long orgasme. Je la regarde jouir avec un bonheur indicible. Puis, pendant qu’elle se ressaisit, je pose ma joue sur son ventre chaud et je la respire. Voyant qu’elle n’est pas partie, qu’elle n’oppose pas de résistance, je déboutonne mon pantalon et en sort enfin ma bite survoltée. Elle la regarde à peine, ses yeux sont plantés dans les miens mais je la sens dégager ses pieds de ses chaussures et laisser tomber par terre sa culotte pour venir s’empaler sur mon sexe brûlant. Enfin !
Elle est venue si vite que j’ai failli éjaculer à son contact. Je dois fermer les yeux très forts, faire le vide dans ma tête, pour ne pas jouir dès les premiers mouvements. Elle a posé ses genoux sur le banc, de part et d’autre de mes jambes, et, se tenant à mes épaules, elle va et vient lentement sur mon membre prêt à exploser. Mais je suis si heureux que je ne peux retenir un orgasme fulgurant qui me prend par surprise et me vide momentanément de toute énergie. Je l’ai attendu si longtemps que je n’ai pu le réfréner. J’ouvre les yeux et je vois Chloé qui me regarde. Elle me sourit. Elle sait. Il suffit d’attendre quelques instants et elle pourra recommencer à bouger. Je tends mon visage vers elle et elle pose sa bouche sur la mienne. Réchauffée par ce baiser, ma queue ne met pas longtemps à réagir et je suis de nouveau tout à elle quand elle recommence à chalouper sur mon sexe. Je regarde ses seins et je manque partir à nouveau mais je ne peux pas faire ça. Je dois profiter de tout ce qu’elle m’offre ce soir, sans en perdre un instant. J’enfouis ma tête dans sa poitrine, essayant d’ignorer le plaisir que me procurent les contractions de son vagin autour de ma queue. Quand le calme revient un peu, je m’autorise à poser ma bouche sur son sein et à lécher son téton dur. Le retrouver à nouveau dans ma bouche, sentir sa forme avec ma langue, m’apercevoir que je peux encore le modeler à ma guise, le faire ramollir puis durcir à nouveau en le tétant goulûment, a presque raison de mes sens. Chloé gémit de nouveaux au rythme de ses mouvements et je sens, aux pulsations saccadées de son vagin, qu’elle est proche de l’orgasme. Alors je m’arrime à ses hanches et accompagnant son mouvement, l’emmène avec moi dans un plaisir dévastateur qui me fait crier si fort que je lui mords la poitrine pour en étouffer le son, laissant sur son sein la marque violette de mes dents. Chloé à enfoui sa tête dans mes cheveux et continue ses mouvements, secouée de spasmes, la tête dodelinant au rythme de sa jouissance. Notre orgasme dure longtemps et nous tremblons dans les bras l’un de l’autre un long moment. Quand elle s’arrête enfin, elle est collée à moi, comme abandonnée. Je débarrasse son visage des cheveux qui ont glissé pendant notre étreinte et je l’embrasse tendrement d’un long baiser dans lequel je mets tout mon amour. Elle est y répond avec passion et le contact soyeux et chaud de ses lèvres mobiles et de sa langue agitée m’excite tant, que je durcir en elle à nouveau. Chloé se redresse et me sourit.
– Jeff, je ne peux pas, je n’ai pas le temps, je dois retourner travailler !
Elle s’apprête à se redresser mais ma queue qui s’agite en elle, la retient. Elle pousse un soupir ou se mêlent plaisir et exaspération.
– Nous n’en finirons jamais !
– J’espère bien, mon amour.
– je ne peux plus faire ça maintenant ! Je ne peux plus me soumettre à ton désir ! C’est pour ça que je suis parti Jeff. Parce que tu refusais de comprendre quand il fallait s’arrêter. Tu en voulais toujours plus et je n’arrivais plus à te satisfaire, j’étais épuisée, mon corps était épuisé. Tu m’avais vidée de tout l’amour que j’avais pour toi !
Cependant, elle reste assise, mon sexe toujours palpitant en elle.
-« Je sais que j’ai abusé de toi Chloé, je n’arrivais plus à me rassasier de ton corps, je n’existais plus qu’à travers lui. Il me nourrissait, il me maintenait en vie, mais c’est fini maintenant. Je t’aime, j’aime faire l’amour avec toi mais tu peux t’en aller si tu veux. Si tu restes, c’est parce que tu en as envie. Reconnaît-le s’il te plaît.
Elle a recommencé à bouger lentement, comme un petit geste machinal, comme si cela n’avait aucun rapport avec notre conversation. Et sa désinvolture, ce détachement, la lenteur de la caresse de son vagin sur mon sexe, m’apporte un plaisir inouï, une brulure d’une intensité folle. Alors, pour ne pas la faire fuir, pour ne pas gâcher ce sublime moment, je caresse délicatement ses seins en m’attardant, sans trop insister sur ses tétons roses foncés.
Elle me regarde comme si elle allait ajouter quelque chose, puis ferme les yeux et halète doucement, s’absorbant dans le plaisir qu’elle prend à se mouvoir sur moi. Je la laisse faire. Je ne veux plus la contrôler et je la laisse chercher son plaisir toute seule. Je sais que le mien suivra, qu’il l’accompagnera, qu’il se calera sur son rythme. Mais, au moment où je pense qu’elle va s’abandonner à l’orgasme, elle s’arrête, se lève, abandonnant mon sexe dressé et insatisfait, et me tend la main.
– Viens, dit-elle dans un souffle en ramassant ses chaussures et sa culotte. Viens avec moi.
Je la suis sans poser de questions, ayant à peine pris le temps de remonter mon pantalon. Elle m’entraîne à travers un dédale de buissons judicieusement éclairés jusqu’à une sorte de clairière, une esplanade cachée sur laquelle sont disposés plusieurs immenses transats moelleux, parsemés de coussins multicolores. Debout devant moi, ses yeux plantés dans les miens, elle entreprend de se déshabiller. Et je peux enfin contempler à loisir ce corps qui m’a si longtemps manqué. Elle prend son temps, me laissant admirer sa beauté si parfaite, l’harmonie de ses proportions. Puis, s’approchant de moi, elle déboutonne ma chemise, mon pantalon et me débarrasse de tous mes vêtements. Elle s’attarde avec une lenteur délibérée sur mon caleçon dont elle prend soin de libérer mon sexe centimètre après centimètre, comme si elle prenait le temps de le redécouvrir. M’ayant enfin totalement dénudé, elle pose ses mains sur ma poitrine, comme elle aimait le faire avant et elle palpe lentement les muscles de mes pectoraux. Cinq ans se sont écoulés depuis la dernière fois qu’elle a parcourue mon corps et j’espère qu’il lui plaît toujours autant. Ses mains descendent le long de mon ventre, s’attarde sur mes abdominaux, puis glissent jusqu’à ma verge. Son contact et si délicat que si je n’avais pas déjà jouis à deux reprises, j’aurais à nouveau éjaculé comme un adolescent. Du bout des doigts elle remonte le long de mon sexe jusqu’à mon gland qui se contracte sous la caresse. Puis, elle colle son corps contre le mien et se frotte longuement contre moi. Nos corps se retrouvent, se souviennent. Elle n’a pas changé. Ces seins sont toujours aussi beaux, murs mais tendus et je m’extasie sur la couleur de sa peau, sur ce bronzage parfait que je ne lui connaissais pas et qui la rend encore plus belle. Je suis étonné de ce changement.
– J’aimais ta peau laiteuse Chloé, mais ce bronzage te va si bien. Tu es encore plus belle ainsi !
– Tu n’es pas mal non plus pour ton âge, dit-elle en plaisantant. Tu as conservé une forme étonnante si je me fie à tout ce que tu m’as raconté. Tu as mincis et tu es plus musclé.
Je me mets à rire et lui réponds :
– je n’ai pas beaucoup de mérite, je nage beaucoup, et je retape mon bungalow. Après ça, je n’ai plus besoin de faire du sport !
– OK, dit-elle soudainement d’un ton un peu rauque, je ne t’ais pas amené ici pour faire la conversation ! Baise-moi ! Je veux que tu me baises et que tu me fasses jouir si fort que je réveille tous ces imbéciles qui dorment !
Elle s’allonge sur un des grands transats qui doit bien faire la taille d’un lit et me tend la main pour que je la rejoigne. Je reste un instant debout devant elle à la contempler, nue et offerte, les jambes déjà écartées, et je suis ébloui par cette vision qui ressemble au paradis. Puis je m’agenouille délicatement entre ses jambes et j’embrasse longuement son sexe qui m’a tant manqué. Elle soupire et s’agite un peu. Je sais qu’elle attend autre chose mais je veux juste profiter de cet instant. Enfouir mon visage dans son sexe chaud, imprégné de nos odeurs mêlées, poisseux de mon sperme, me fait du bien. Son gout à un peu changé, il est plus âpre, plus fort aussi, légèrement plus poivré. Je remonte lentement sur son ventre dont la musculature dure et noueuse a laissé la place à une douceur nouvelle. Je contemple ses seins qui reposent, gonflés et ronds, globes bronzés surmontés de délices bruns. Je pose ma queue sur son ventre et je l’y frotte un moment pour faire durer le contact et la redécouverte. Sa chaleur m’électrise. Sa peau soyeuse pourrait me suffire mais Chloé s’impatiente. Elle grogne en se tortillant sous moi. Alors, répondant à son attente, je la pénètre avec une lenteur calculée qui lui arrache un gémissement de plaisir. Puis je cherche sa bouche et y introduit ma langue dans un baiser fiévreux auquel elle répond avec passion. Nous nous embrassons longuement et j’ai l’impression que mes poumons se libèrent pour la première fois d’un carcan dans lequel ils étaient enfermés. Chloé gémit et s’agite. Elle veut que je bouge. J’entame un léger mouvement, juste en contractant les fesses. Je veux lui faire l’amour le plus longtemps possible alors je dois nous ménager. Je la lutine un moment, lentement, avec délicatesse, m’attardant dans la zone la plus sensible de son vagin tout en contrôlant la montée de son plaisir. Je me concentre sur elle, parce que, si cela ne tenait qu’à moi, j’aurais déjà joui dix fois. Les yeux clos elle gémit et s’agite, cambrant ses reins pour cueillir ma bite et faisant rouler ses seins qui se dressent vers moi. Je gobe un téton et sans le lâcher, continue mon lent va-et-vient. Chloé remue dans tous les sens, mêlant cris et gémissements. Son impatience est tangible mais il est trop tôt pour la laisser partir. Je tète plus fort son mamelon sensible et réactif et ses cris monte dans les aigus. Elle est si belle quand elle s’abandonne ainsi ! Je pourrais la regarder pendant des heures laissant monter graduellement son excitation et son plaisir. Elle marmonne :
– je t’en supplie Jeff, fais-moi jouir !
– J’arrive, mon amour, encore un peu de patience.
– non, je ne peux plus attendre, vas-y, baise moi !
Je ne réponds pas et me contente d’accélérer légèrement pour l’amener plus près encore de cet orgasme qu’elle appelle de tout son corps. Elle bouge tellement que je suis obligé de lui attraper les poignets et de les remonter au-dessus de sa tête pour me stabiliser. Je pose ma bouche sur la sienne et je me mets à bouger vite etfort comme elle me l’a demandé. Je sens ses seins s’écraser contre mon torses, grosses boules que je malaxe de la poitrine, au rythme de nos bassins soudés, et nous commençons à jouir ensemble dans des cris étouffés par nos bouches qui ne se lâchent plus. Mon corps est comme possédé. J’y ai mis le feu et nous nous sommes embrasés ensemble. Rien ne semble pouvoir l’éteindre alors je bouge encore et toujours, dans de grandes saccades puissantes et Chloé crie, arrimée à ma bouche, jusqu’à ce que je m’effondre sur elle, épuisé. Son corps continu à se convulser sous le mien pendant quelque temps, puis elle s’apaise peu à peu. Je sens mes yeux se remplir de larmes et je les laisse couler silencieusement sur mes joues. Je suis si heureux !
Puis, aussi soudainement qu’elle m’a attiré dans ce sous-bois, Chloé se redresse, se lève et ramassant ses vêtements, entreprend de se rhabiller sans dire un mot. Je la regarde faire médusé, mais je n’ose pas l’interrompre. Je sais qu’elle vient de me faire un cadeau et je ne veux pas gâcher ce moment magique. Quand elle a terminé, ce qu’elle a fait avec une remarquable rapidité, elle me regarde enfin et dit :
– Va-t’en maintenant, rentre chez toi, je viendrai te voir dès que je pourrais.
Et elle disparait, me laissant seul dans cette cachette sublime où je l’ai retrouvé et perdu aussitôt. Je reste un moment à contempler la mer qui scintille à travers la végétation et je ne sais plus ce que je dois comprendre. Nous sommes nous retrouvés ? Était-ce juste un moment ? Que va-t-il se passer ensuite ? Je n’ai aucune réponse. Je n’ai de nouveau que des questions. Je partirais bien à sa recherche mais je ne veux pas gâcher cette fragile relation qui semble reprendre. Je suis en train de m’assoupir, m’abandonnant à la douce torpeur qui envahit mon corps malgré les tourments de mon esprit, quand des voix animées me tirent de ma torpeur. Je saisis rapidement mes vêtements que j’enfile à la va-vite et, à peu près présentable, voit débarquer deux jeunes couples dont les rires complices laissent deviner les raisons de leur présence en ce lieu. Je les salue poliment et disparais le long du chemin en les écoutant glousser. Si je n’étais pas aussi absorbé par mes préoccupations, j’aurais peut-être pris le temps de les regarder s’amuser à travers les larges palmes de la végétation tropicale. Mais je ne suis pas d’humeur badine. Je retourne à mon véhicule et parcoure le chemin qui me sépare de mon bungalow, perdu dans des pensées contradictoires. Quand j’y arrive, tout est noir. Seule la lumière de la lune qui brille, presque ronde dans le ciel, éclaire le chemin et la plage. Tout le monde dort. Même mes voisins semblent en avoir fini avec leurs brèves copulations nocturnes. Je monte les escaliers de mon bungalow et y pénètre sans prêter attention aux deux ombres postées de part et d’autre de la porte. Je n’ai pas le temps de réagir ni de me défendre, quand elles fondent sur moi et me rouent de coups au point de me faire tomber au sol et de m’achever à grands coups de pieds. Ça n’a duré qu’une fraction de seconde ou bien une éternité, je serais bien incapable de le dire et je sombre dans un néant que je ne peux éviter malgré mon désir d’appeler à l’aide.
C’est Nyoman qui me trouve au matin et insiste pour me conduire au dispensaire le plus proche. J’ai mal partout. Tout mon corps est endolori. Mes lèvres ont pratiquement explosées sous les coups répétés, et mes testicules n’ont pas été épargnés. Le médecin qui m’examine semble inquiet et après avoir désinfecté les coupures et les écorchures occasionnées probablement par des poings, il m’emmène passer des radios. J’ai une côte fêlée, mon foie, ma rate et mon estomac ont subi les contusions violentes, et mes testicules ont doublé de volume. Il me prescrit un antidouleur et du repos. Il m’explique qu’on ne peut rien faire d’autre, sauf si mon état s’aggrave. Il me recommande vivement de rester au lit pendant quelques jours et de ne surtout pas bouger. Nyoman me ramène au bungalow dans lequel son cousin a commencé à poser les fenêtres. Il m’explique qu’aujourd’hui ils vont s’employer à fermer toutes les ouvertures de telle sorte que je sois en sécurité. Ensuite ils répareront la salle de bains et les toilettes afin que je puisse me laver et prendre soin de moi. Durant toute la journée, je les regarde travailler avec dextérité et je vois peu à peu les ouvertures du bungalow se parer de fenêtres et de volets. Ils posent ensuite la grande baie vitrée que j’ai achetée pour remplacer la porte. Cela leur demande un peu de temps, car il leur faut élargir le chambranle. L’après-midi est déjà bien entamée quand il termine de poser le dernier volet. Je leur suggère de s’arrêter et de me laisser pour ce soir, mais ils refusent. Nyoman passe un petit moment au téléphone, puis appelant son cousin, ils sortent chercher les meubles de salle de bain, la belle vasque en pierre, les toilettes et le bac de douche. Il me dit qu’ils ne vont poser qu’une partie du parquet pour pouvoir installer ce dont j’ai besoin pour la nuit. Il travaille encore quelques heures, silencieux, efficaces, et ne s’arrêtent que quand une jeune femme, porteuse d’un grand panier, frappe brièvement à la porte. Nyoman la fait entrer et lui le montre le frigo et la table tout en parlant doucement. Puis il me la présente : il s’agit de sa grande sœur, Made. Après m’avoir salué poliment mais silencieusement, la jeune femme, vêtue d’un sarong jaune safran et d’un tee-shirt noir étonnamment moderne, s’active un moment dans la cuisine puis vient poser devant moi un plateau rempli de nourriture. Ensuite elle me salue à nouveau respectueusement de la tête et s’en va après un échange rapide avec Nyoman. Celui-ci me dit qu’elle viendra deux fois par jour m’apporter à manger jusqu’à ce que je sois en état de me lever. Il me demande si je souhaite qu’il reste, mais devant mon refus, il me fait comprendre que je dois absolument garder les volets fermé la nuit. Il a déjà clôt ceux de trois fenêtres et dépose une clé sur la table détachée d’un trousseau. Avec la seconde clé qu’il a conservée, il tire le volet derrière lui et m’enferme à l’intérieur de mon bungalow. Après leur départ, à la fois content d’être en sécurité et pourtant désespéré d’être ainsi enfermé, je sombre dans un profond sommeil, entrecoupé de longues périodes de douleur, durant lesquelles je gémis sans pouvoir apaiser ma souffrance. Les médicaments sont de peu d’effet, et au matin, Nyoman et sa sœur me trouve en nage et épuisé. Comme la veille, elle m’apporte un plateau, mais j’ai du mal à manger tant mon ventre est douloureux. Nyoman voudrait faire venir le médecin mais je m’y oppose. Je lui dis que je vais guérir, qu’il me faut juste du temps.
Pendant cinq jours, les deux hommes travaillent sans relâche. Ils montent une cloison neuve pour la salle de bains, posent la totalité du parquet, bougeant pour ce faire, mon lit d’un côté à l’autre de la pièce sans me donner le droit d’en sortir. Démonte la cuisine et y installe les meubles que j’ai fait fabriquer.
Mon bungalow est en train de devenir somptueux, et seul mon lit, trimbalé de droite à gauche, rappelle ce qu’il était à l’origine. Au matin du sixième jour, je commence à me sentir mieux et je déambule à l’intérieur du bungalow sans oser pourtant me risquer à descendre les escaliers pour me rendre sur la plage. Je ne sais pas si je crains la douleur ou une rencontre fortuite avec mes agresseurs. Je suis sûr qu’il s’agit des Australiens. Malgré l’état dans lequel ils m’ont laissé, j’ai du mal à leur en vouloir après ce que j’ai fait subir à Ariel. Cependant, je n’ai pas pour autant envie de les rencontrer. Aussi, j’encombre Nyoman et son cousin pendant qu’ils s’activent à fixer de fines lattes de bois sur les poutres pour cacher les plaques de tôle du toit. La cuisine est reluisante, la salle de bains bien plus luxueuse qu’avant, et il ne reste plus qu’à aller chercher le bois pour construire la mezzanine. Quand j’explique ce projet à Nyoman, il ne semble pas convaincu mais finit par céder, car j’insiste vigoureusement. Je lui demande de me déposer chez le médecin pendant qu’il va acheter le bois et de me reprendre au passage. J’attends un long moment dans la salle d’attente surpeuplée de gens de tout âge, calmes et patients, attendant leur tour sans se plaindre ni s’énerver, jusqu’à ce que le médecin m’appelle. Ma côte fêlée nécessite encore beaucoup de repos, mais il semblerait que mes organes n’aient pas subi de dommages importants. Quant à mes testicules, bien qu’encore douloureuses à la palpation, elles ont repris une taille normale et seule leur couleur légèrement violacée rappelle ce que j’ai subi. Nyoman me récupère et nous rentrons au bungalow où il entame la construction de la mezzanine, qu’il appuie en partie sur la poutre centrale et sur les piliers extérieurs. Elle va être de grande taille puisqu’elle va occuper la moitié de l’espace, recouvrant ainsi la salle de bains et la cuisine, ce qui leur procure un plafond qui leur faisait défaut. À la fin de l’après-midi, l’ossature est montée et il ne leur reste plus qu’à poser le plancher et à construire une échelle. Il ne me quitte qu’après le passage de Made, armée de son panier. Pour la première fois depuis cinq jours, je prends mon repas à table, et j’en éprouve une immense satisfaction. Après leur départ, je m’enferme à clé, comme Nyoman me l’a recommandé. Je suis nostalgique du temps où je dormais à la belle étoile, sans porte ni fenêtre, sans redouter une intrusion violente, espérant plutôt l’arrivée de Chloé.
Je passe une partie de la soirée au lit à écouter de la musique, tout en lisant un des nombreux livres que j’ai négligé depuis mon arrivée. Le requiem de Fauré résonne à l’intérieur du bungalow pendant que je dévore avec un plaisir ineffable un roman policier dont l’intrigue me tient en haleine. Je sursaute quand j’entends quelqu’un frapper contre le volet. Je me lève pesamment et, prenant soin de faire le moins de bruit possible, colle mon oreille contre la vitre. Les coups reprennent et j’entends la voix de Chloé:
– Jeff, tu es la ?
Soulagé et heureux, j’ouvre rapidement la porte que je referme aussi vite derrière elle. Elle me contemple, effarée et dit :
– mais qu’est-ce qui t’est arrivé ? Tu es couvert de bleus ! Que s’est-il passé ? Face à son inquiétude légitime, vu ce que nous avons traversé ensemble, je réponds d’un ton badin :
– Je crois que j’ai mécontenté certains de mes voisins, et il semblerait qu’ils me l’aient fait payer. Un peu cher, je te l’accorde !
-Jeff ! Je déteste que tu prennes tout cela à la rigolade, c’est grave !Regarde dans quel état tu es. Tu as porté plainte, tu as appelé la police ?
– Non, j’ai pensé que cela ne servirait à rien.
Je n’ai pas envie de raconter à Chloé comment j’ai maltraité cette pauvre Ariel que je n’ai pas revue depuis. Mais Chloé est soucieuse :
-tu as vu un médecin au moins ?
– Oui, ne t’inquiète pas, je vais bien. Je dois juste me reposer et attendre que ma côte fêlée se remettre. J’ai la tête dure et je me rétablis vite.
– Mon pauvre Jeff, tu es affreux. Tu as des bleus partout et ta figure ressemble à une voiture cabossée. Elle se met à rire et ajoute : je ne devrais pas te dire ça, mais c’est vraiment l’impression que tu me fais.
– Ne t’en fais pas Chloé. Je vais bien, et même si je ressemble à une voiture cabossée, j’espère que tu m’aimes encore.
Elle prend doucement ma tête entre ses mains et la couvre de baisers en s’excusant chaque fois qu’elle m’arrache un gémissement de douleur. Son contact est agréable mais mes hématomes sont encore très douloureux. Pour détourner son attention, je lui fais remarquer tous les changements survenus dans mon bungalow. Je lui fais visiter la salle de bains, fier de sa beauté. Je lui montre la cuisine avec ses éléments rutilants, mon splendide frigo américain, vide…Et la mezzanine en construction, sur laquelle je lui explique que trônera un magnifique lit qu’il me reste encore à trouver. Elle me propose de me conduire en ville pour que je puisse en choisir un. Je l’en remercie en lui répondant qu’elle peut venir quand elle veut, elle me trouvera ici. Nous avons fait le tour de mes nouvelles installations et la conversation se tarit. Nous n’avons pas l’habitude de parler Chloé et moi. Nos échanges ont surtout été physiques durant les mois que nous avons passés ensemble. Je ne sais d’autant moins que lui dire, tant sa présence me comble. Ce n’est pas que je ne m’intéresse pas sa vie ou que je n’ai rien à lui raconter sur la mienne, mais j’ai toujours eu peur de briser cette union parfaite, cette passion dévorante, par la banalité du quotidien. Fatigué après tous ces efforts je m’allonge sur mon lit et elle me dit qu’elle va s’en aller pour me laisser me reposer.
– Non, ne pars pas tout de suite. Tu peux rester, on peut parler si tu veux.
– Je ne crois pas que ce soit raisonnable. Et puis, nous n’avons jamais été très forts pour ça Jeff.
– Je sais, mais il serait peut-être temps que ça change. Et ce soir me semble le bon moment. Je ne vois pas à quoi je pourrais servir autrement. Je suis endolori de partout, même mes testicules, Chloé, tu les aurais vus, elles ressemblaient à des pamplemousses violets !
Chloé rit à cette évocation et elle dit d’un ton coquin :
– Ca ne les changeait pas beaucoup de d’habitude, alors.
– Tu ne devrais pas dire des trucs comme ça Chloé, regarde, lui dis-je en lui montrant le renflement de mon pantalon. Regarde ce que tu fais ! Je ne peux pas bouger un muscle, j’ai mal partout, et tu t’amuses à te moquer de mon anatomie.
– Je ne me moque pas de ton anatomie Jeff je l’admire. Tu as la plus belle paire de couilles que j’ai jamais eue entre les mains.
– arrête ! C’est cruel !
– C’est cruel si je te laisse comme ça, pas si je m’en occupe !
Elle s’allonge à côté de moi et descend doucement la ceinture élastique de mon jogging, libérant ma verge en érection. Puis elle s’installe au-dessus de moi, sans me toucher, et saisissant mon membre d’une main délicate, vient y coller sa bouche. Elle nettoie mon gland avec sa langue en en faisant plusieurs fois le tour, puis elle la rentre lentement dans sa bouche et commence à l’aspirer profondément. Le contact de ses lèvres qui forment un anneau serré autour de ma queue, fait immédiatement pulser en moi un désir brûlant. Chloé est délicate et habile. Elle réussit à me sucer sans toucher à mes couilles douloureuses. Je commence à gémir de plaisir et je suis heureux d’éprouver autre chose que de la douleur, ce qui décuple la sensation de plaisir que me procure cette pipe inespérée. Chloé pompe et l’orgasme approche fort et violent, renforcé par la vision de ma queue qui rentre sort de sa bouche gourmande. Je la regarde intensément. Elle a repoussé ses longs cheveux sur le côté, dégageant ainsi son visage, et il caresse mes cuisses au rythme de ses succions. Je prends autant de plaisir à cette vision qu’aux sensations qu’elle me procure. Je sens mon sperme affluer et monter comme un geyser le long de ma bite et je ne peux retenir plus longtemps la jouissance inéluctable qui l’accompagne. J’éjacule dans un plaisir infini, heureux d’être de retour dans sa bouche, heureux qu’elle m’y accueille, heureux qu’elle me pompe, et heureux qu’elle avale mon sperme quand il se répand en elle. Elle me regarde droit dans les yeux en le faisant, parce qu’elle n’a pas oublié à quel point cela me touche. Elle lèche le pourtour de mon gland puis vient déposer un baiser délicat sur ma bouche tuméfiée. Je frémis à son contact mais la douleur reste intense. Je suis trop endolori pour faire l’amour avec elle mais je refuse de le laisser partir sans lui avoir donné du plaisir en retour. Je bouge lentement et me redresse puis je puis dis :
– déshabille-toi Chloé, je ne peux pas le faire, mais s’il te plaît déshabille-toi. Je veux te lécher, je veux te faire jouir, je ne veux pas que tu t’en ailles insatisfaite. Alors, fais-le pour moi, enlève ton pantalon et ta culotte, que je puisse fourrer ma langue dans ta chatte.
Chloé me regarde un moment, puis lentement, prenant tout son temps, fait glisser son pantalon le long de ses jambes, dévoilant une splendide petite culotte en dentelle noire. Elle me laisse la contempler un moment puis la retire, dénudant son sexe. Elle déboutonne ensuite son chemisier et dégrafe son soutien-gorge, révélant ses seins dont je suis fou. Je ne sais plus où donner de la tête. Je voudrais être partout à la fois, mais mon corps est trop douloureux pour que je me déplace. Je lui tends la main et elle se penche vers moi. En redressant la tête, j’atteins péniblement sa poitrine dont je lèche un sein. Je m’attarde longuement sur son galbe puis, pendant que des petits sons étouffés sortent de sa bouche, attache ma bouche à son téton et l’aspire jusqu’à ce qu’il se transforme en un petit cône dur. Je le tète longuement et Chloé respire de plus en plus fort. Je fais subir le même traitement à l’autre, ce qu’il la fait réagir encore plus. Elle a toujours été plus sensible du sein droit que du sein gauche. Je n’ai pas oublié. Je commençais toujours par le gauche, une sorte de mise en bouche, et je ne m’attaquais au droit que quand elle était prête à s’abandonner. Je la tète longuement, ma salive coulant le long de son sein rond pour disparaître dans les draps. Puis, abandonnant sa poitrine excitée, je redresse la tête et l’attire au-dessus de moi de telle sorte que son sexe s’ouvre sur de mon visage. J’ai mal partout et ma poitrine est en feu, mais je n’abandonne pas parce que je sais que dès que j’aurai enfoui mon visage dans son sexe, la douleur disparaîtra. Je la fais descendre de quelques centimètres, juste assez pour que ma bouche atteigne son sexe sans effort et je lèche délicatement ses grandes lèvres pulpeuses, écartant les petits poils qui les recouvrent, puis sans me presser, caresse avec ma langue les petites lèvres sensibles. Chloé se redresse, me dominant de toute sa hauteur et pousse un long soupir de plaisir. Je continue ma caresse un moment. Mais l’impatience la gagne, il est temps de passer aux choses sérieuses. Elle s’agite au-dessus de moi, faisant tressauter sa poitrine impatiente et tendue. Alors, j’introduis ma langue dans son vagin trempé et dilaté, et elle crie. Je tourne en moment à sa périphérie, mais je ne peux pas faire grand-chose de plus pour elle. Elle soupire à nouveau, un peu frustrée. Je remonte ma langue jusqu’à son clitoris, et ses soupirs de plaisir reprennent. Je l’aspire dans ma bouche jusqu’à le dénuder et l’isoler, et de la pointe de la langue, je lèche en de délicates rotations qui lui arrachent des cris de plaisir de plus en plus intenses. Malgré elle, son bassin s’agite mais je n’ai pas la force de la maintenir, mes bras restent misérablement le long de mon corps meurtri. Alors je dois suivre ses mouvements saccadés pour ne pas la perdre. J’arrête un moment, histoire de la laisser souffler, et je la regarde, nue, légèrement penché vers moi, si belle, et l’envie de plonger en elle est immense. Mais je ne pense pas que mon corps me le permettra. Alors je m’y remets, aspirant délicatement le petit bouton qui réagit aussitôt, je l’écoute crier de plus en plus fort pendant que l’orgasme arrive. D’un grand coup de langue je la fais jouir dans des cris déchirants de plaisir. Son orgasme et si intense que je manque éjaculer rien qu’à l’entendre. Mais sans aucun contact de sa part, je n’y parviens pas. Je continue à la lécher jusqu’à ce que ses cris meurent dans sa gorge et que les spasmes, qui font convulser son corps, se calment. Elle a rejeté sa tête en arrière et elle tient ses seins à deux mains, elle est sublime. Puis elle se laisse tomber sur le lit à mes côté, repue et épuisée. Alors je m’enhardis et oubliant la douleur, dans une reptation terrifiante de lenteur, je m’enfonce en elle dans un râle où se mêlent soulagement, souffrance et plaisir. Je suis immédiatement saisi par l’onctuosité de ses muqueuses et en quelques coups de reins durant lesquels tout mon corps souffre, j’éjacule enfin en hurlant de plaisir et de douleur mêlé. L’orgasme a été si violent que tous mes muscles se sont contractés. C’était plus que je ne pouvais en supporter. Mes bras ont du mal à me porter et je me laisse glisser lentement à côté d’elle, rompu. Ma poitrine me fait mal et chaque respiration est douloureuse mais je n’en dis rien parce que le bonheur d’être avec elle est si fort qu’il compense tout le reste. Chloé se tourne vers moi et m’embrasse avec une infinie tendresse puis elle se relève et rabat délicatement le drap sur mon corps. Elle ramasse ses vêtements et se rhabille. Je voudrais la regarder, je voudrais la voir partir, mais je sombre dans le sommeil avant qu’elle ait franchi le seuil. Je l’entends murmurer :
– dort bien Jeff, je reviendrai. Mais je dors déjà.
Au matin, je suis réveillé par Nyoman qui est très mécontent parce que je n’ai pas fermé les volets de la baie vitrée. Je comprends son inquiétude mais je ne peux lui expliquer les raisons pour lesquelles je n’ai pas eu la force de fermer à clé après le départ de Chloé. Je me lève et dévore avec plaisir le contenu du panier que je trouve sur la table. Nyoman et son cousin sont déjà en train de poser le plancher de la mezzanine et je dois me résoudre à les regarder travailler toute la journée pendant que j’erre de mon lit à un transat, que Nyoman a installé à l’intérieur à mon intention. Je m’ennuie. Je voudrais aller me baigner mais mon corps ne le supporterait pas. En fin d’après-midi, je me résous à descendre sur la plage et effectue ma première sortie depuis mon passage à tabac. En quelques jours, pas mal de choses ont changé. Les voisins sont partis, ce gentil petit couple qui ne connaîtra jamais l’extase et à qui j’aurais volontiers donné un coup de main s’ils m’en avaient laissé le temps.
À mon grand soulagement, le bungalow des Australiens est vide. Toutes leurs affaires ont disparues. Il ne reste plus, comme trace de leur passage, que les mégots qui jonchent la véranda et la plage alentour. Le bungalow est ouvert et je m’y hisse péniblement pour en faire le tour. Les matelas sont empilés les uns sur les autres en un gros sandwich déplaisant. Ce bungalow est plus rudimentaire que le mien et demandera beaucoup de travaux. Je décide que ce sera le premier auquel s’attaqueront les ouvriers, quand ils commenceront. J’ai envie de faire disparaître toute trace de leur passage. Ariel n’est plus qu’un infime souvenir dans ma mémoire et je sais que je l’oublierais bien avant d’avoir oublié les coups que j’ai reçus à cause d’elle.
Le site est pratiquement vide car j’ai refusé toute location jusqu’à ce que les travaux soient terminés. Il ne reste qu’une famille à quelques mètres de là, et moi. Bientôt je serais tout seul et je pourrais profiter à loisir de ce lieu dont je viens officiellement de devenir propriétaire. Pour la première fois depuis que je suis arrivé à Bali, je me sens chez moi, à ma place. Mes projets prennent forme et Chloé me revient peu à peu. Je ne sais pas si nous avons un avenir, je ne sais pas si j’arriverais à la reconquérir mais pour le moment, nous apprenons à nous retrouver, à nous apprécier, et je souhaite de tout mon cœur qu’elle ne veuille plus jamais se passer de moi.

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